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10/10/2022

"La leader accélère, il faut une équipe gouvernementale d’ici mercredi ; "nous ne prétendons rien"’ assure Salvini."

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Italie. Revue de presse.

La presse italienne titre largement sur les bombardements russes sur Zaporijjia à la suite de l’explosion qui a touché le pont de Kertch en Crimée, attribuée par la partie russe aux Ukrainiens. Les observateurs craignent dans l’ensemble que le Kremlin puisse envisager une escalade dangereuse n’excluant pas l’utilisation d’armes nucléaires « Frappes sur les civils, la vengeance de Poutine » - une tuerie à Zaporijjia, avec une vingtaine de victimes dont plusieurs enfants. Le tsar qualifie la destruction du pont d’ « acte terroriste » (Corriere della Sera), « Les seigneurs de la guerre » - La montée en puissance du chef de la brigade Wagner et de Kadyrov pour torpiller le ministre Shojgu et reprendre la main sur le conflit. D’après le Fsb, une centaine de frappes auraient touché le territoire russe (La Repubblica), « La vengeance de Poutine » (La Stampa), « Zelensky et ses agents de renseignement sont hors de contrôle » - Les Etats-Unis sont de plus en plus irrités après l’attentat contre Duguina et le pont en Crimée (Fatto Quotidiano). L’intervention en visioconférence de G. Meloni au meeting du parti espagnol Vox est elle aussi largement citée. La presse rapporte aussi les réactions des partis d’opposition, inquiets sur ses propos faisant de la Pologne un modèle à suivre « Meloni : Nous ne sommes pas des monstres, nous sommes des patriotes » - Giorgia Meloni galvanise les droites européennes. La Présidente du Conseil pressentie intervient au meeting de Vox (La Stampa), « Meloni invite l’UE à avoir plus de courage » - La dirigeante de Fdi secoue l’Europe sur le gaz : il faut être tous solidaires. Un prolongation d’aides contre la flambée des prix à hauteur de dix milliards est envisagée (Il Messaggero).

Les JT couvrent essentiellement les frappes russes qui ont touché la ville de Kiev ce matin, l’ouverture mercredi de la première séance de la 19e législature italienne, ainsi que la participation de G. Meloni au meeting de Vox en visioconférence, et l’éruption du volcan de Stromboli.

PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de M. Cremonesi et P. Di Caro, « La leader accélère, il faut une équipe gouvernementale d’ici mercredi ; ‘’nous ne prétendons rien’’ assure Salvini » : « L’idée est que d’ici mercredi, veille de la première réunion des deux Chambres, l’équipe ministérielle et le portefeuille de chacun, les présidents de la Chambre et du Sénat, ainsi que les trois sous-secrétaires à la présidence du Conseil aient été identifiés. Or des zones grises demeurent et Giorgia Meloni, un peu irritée, semble dire ‘’si on ne résout pas la question rapidement, c’est moi qui m’en occuperai’’. Adolfo Urso, de Fratelli d’Italia, rappelle que s’il y aura bien quelques techniciens proches de la droite, il s’agira bien d’un gouvernement politique. Pour lui, c’est même en passe de devenir le ‘’gouvernement doté de la plus large majorité parlementaire de l’histoire de la République, le premier gouvernement politique depuis 11 ans’’. Parmi les zones grises à dissiper, il y a celle de la vice-présidence du Conseil, mais Giorgia Meloni n’en veut pas. Il y a le ministère de l’Economie pour lequel elle attend que des techniciens de premier plan manifestent leur intérêt. Outre Fabio Panetta, le nom de Gaetano Miccichè, président de la division Imi de la banque Intesa San Paolo, a commencé à circuler. L’option politique la plus en vue est celle de Giancarlo Giorgetti, la Ligue se verrait ainsi attribuer le ministère de premier plan demandé et il serait difficile pour Matteo Salvini de refuser. Au sein de la Ligue certains parlent de ‘’méthode Draghi’’ à propos de Giorgia Meloni et de sa façon de choisir les ministres. L’actuel ministre du Développement économique pourrait également être en vue pour la présidence de la Chambre, au cas où Salvini renoncerait à la présidence du Sénat pour Roberto Calderoli, ce qui reste peu probable. La personnalité la plus en vue pour la deuxième fonction de l’Etat italien est toutefois Ignazio La Russa, qui appartient au parti de la majorité. Au Viminal, on continue d’évoquer le préfet de Rome Matteo Piantedosi. Fratelli d’Italia souligne par ailleurs que le gouvernement Draghi comptait sept femmes et qu’il est très difficile que Giorgia Meloni repasse sous cette barre. Les femmes en vue pour faire partie de l’exécutif sont Daniela Santachè et Isabella Rauti chez FdI, Giulia Bongiorno, Vannia Gava, Erika Stefani, Lucia Borgonzoni et Alessandra Locatelli à la Ligue. Pour la Justice, Giulia Bongiorno est d’ailleurs en lice même si le plus en vue reste Carlo Nordio alors que le ministère des Affaires étrangères pourrait être confié à Antonio Tajani de Forza Italia. L’Energie pourrait repasser de la Transition écologique au Développement économique et être dirigé par Guido Crosetto. »

EDITORIAL du directeur, Il Foglio, C. Cerasa « L’opération de maquillage dont a besoin la droite italienne » : « Le futur gouvernement devra choisir comment sauvegarder l’intérêt national : par le nationalisme, qui le condamnerait à l’isolement international, ou plutôt en construisant de nouvelles alliances. La solitude de Meloni n’est pas une question abstraite mais concerne une réalité concrète liée aux rapports avec les trois pays avec qui le gouvernement de droite devra adopter une approche différente par rapport au passé : la France, l’Allemagne et l’Espagne. Jusque-là, Meloni a tenu à faire savoir que ses partenaires étaient l’Angleterre, la Hongrie d’Orban et la Pologne, soit des pays qui ont fait de l’euroscepticisme leur bataille identitaire. Certains conseillers de Meloni font remarquer que sa légitimation européenne pourrait venir du soutien de Washington. Or, pour Meloni il pourrait être plus facile de construire une relation non conflictuelle avec les chancelleries européennes. Plus facile, certes, mais cela n’est pas un fait acquis. Car Meloni sait que l’Europe sera le test décisif de ses ambitions, de sa capacité de se montrer fiable, de sa capacité à construire des alliances avec des leaders bien différents. Meloni devra choisir si décevoir ses partisans en rejetant l’agenda du nationalisme, en construisant des alliances et en transformant le souverainisme européen en la seule forme de souverainisme possible pour protéger les intérêts nationaux. La droite italienne pourrait ainsi se présenter, non plus comme ce nouveau modèle à éviter mais celui sur lequel miser. »

COMMENTAIRE, Repubblica, par Luca Ricolfi (fondazione Hume) « Les trois droites et l’économie » : « Il y a un aspect assez étrange : à l’étranger, on s’interroge sur les éventuelles mesures que le nouveau gouvernement pourrait adopter pouvant limiter les droits civils alors qu’il est assez clair que le grand problème concerne la politique économique. Et cela pas seulement en référence à la hausse des factures mais parce que les trois alliés de la coalition de droite ont des points de vue différents sur la gestion de l’économie. Berlusconi vise à une réforme de la fiscalité avec un taux unique à 23%, tout en l’accompagnant de promesses de dépense, allant de l’augmentation des retraites au moratoire fiscal. Salvini a une vision encore plus radicale, avec un taux unique d’imposition à 15%, un départ à la retraite avec un quota de 41 ans (entre cotisations versées et ancienneté) au coût élevé pour la dette publique, un moratoire fiscal et surtout le recours à l’endettement public pour aider les ménages et les entreprises à payer les factures énergétiques. Enfin, il y a Meloni, très froide à l’égard du taux unique (flat tax), préférant un système basé sur le revenu supplémentaire (le surplus par rapport à l’année précédente, qui présente toutefois plusieurs problèmes) et l’allègement du coût du travail, notamment pour les entreprises qui augmentent le nombre de leurs employés et enfin l’hostilité à un endettement pour combattre la hausse des factures par crainte d’alimenter la spéculation. La nouveauté, c’est qu’un gouvernement de droite pour la première fois ne mise pas, afin de compenser les dépenses, sur une réduction des effectifs de la fonction publique. Ce qui nous fait penser que, de toute manière, nous verrons une dégradation des comptes publics. Par conséquent, le vrai match se fera à Bruxelles. La véritable différence, en fait, n'est pas entre un grand et un petit écart budgétaire, mais entre une intervention budgétaire sans filet de sécurité et une intervention approuvée (et au moins partiellement soutenue financièrement) par l'UE et la BCE. Il est facile de croire que l’inertie de l’Europe pour une stratégie commune sur l’énergie ne laissera pas grand choix au prochain gouvernement italien. Mais on pourrait aussi observer qu'une crise financière échappant à tout contrôle en raison de l’inertie de Bruxelles, et la désintégration de l'Union européenne qui s'ensuivrait, serait un grand cadeau pour Poutine. »

ENTRETIEN, Libero, de Francesco Lollobrigida, élu de Fratelli d’Italia « Moi, Giorgia, le PD et l’Europe » : « Je travaille avec Giorgia Meloni depuis une trentaine d’années et nous avons eu plusieurs discussions. L’amitié te conduit à dire ce que tu penses sans utiliser un langage édulcoré. Meloni se fâche de moins en moins, elle a compris que cela ne sert à rien, elle a appris à métaboliser. Les critiques qui viennent de l’étranger ? C’est le fruit de la mauvaise propagande que la gauche italienne a fait dans le monde afin de garder le pouvoir. Un gouvernement de droite signifie avant tout la lutte contre la migration clandestine, mais aussi défense de la migration légale, des politiques pour soutenir la famille comme pilier de la société et la relance de l’économie réelle. Je crois que le message fort est celui d’un gouvernement qui mette les intérêts de l’Italie avant ceux des autres pays. C’est un changement de posture qui – je crois - est en train d’obtenir ses fruits : la France et Von der Leyen, qui nous ont attaqués, ont été poussés à faire rapidement marche arrière. Orban ? Le pays le plus antieuropéen en ce moment est l’Allemagne qui fait cavalier seul et qui travaille contre une solution commune. Quand j’ai vu Letta se rendre à Berlin quatre jours avant les élections, je croyais qu’il allait critiquer l’Allemagne car elle s’oppose au plafonnement du prix du gaz. Or, il est allé quémander un soutien contre la droite qui allait s’imposer. Draghi a eu un comportement très correct et très collaboratif envers nous. Il a même adressé une circulaire à ses ministres en les invitant à faire de même. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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