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02/02/2024

""Tu [Viktor Orban] seras suspendu." : la médiation de Meloni entre conseils et menaces."

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Italie. Revue de presse. 

L’approbation par le Conseil européen des 50 milliards d'aides pour l’Ukraine fait les gros titres : « Aides pour l’Ukraine, Orban dit « oui » » (Corriere della Sera), « L’Italie et la France parviennent à convaincre Orban » (Stampa), « Un accord a été trouvé en Europe pour les fonds à Kiev » (Messaggero) « L’Europe retrouve son unité » (Avvenire). La protestation des agriculteurs à Bruxelles est aussi citée avec large couverture photographique : « La marche des tracteurs » (Repubblica) « La colère des tracteurs : scènes de guérilla à Bruxelles » (Stampa, Messaggero). Le sort des usines italiennes du groupe Stellantis « Les sites italiens en danger, le ministre Urso (Frères d’Italie) évoque l'entrée de l’Etat au capital » (Corriere) et l’annonce que le champion de F1 Lewis Hamilton sera le nouveau pilote de Ferrari sont aussi en Une. 

Les JT couvrent essentiellement le feu vert du Conseil Européen au fonds d’aides à l’Ukraine , la rencontre entre G. Meloni et V. Orban pendant laquelle aurait été évoquée l’affaire Ilaria Salis, et les manifestations des agriculteurs à Bruxelles. 

Sur X le hashtag #Salis reste en tendance, en référence à la citoyenne italienne Ilaria Salis, détenue en Hongrie. 

COULISSES, Corriere della Sera, de M. Galluzzo, « ’Tu seras suspendu’ : la médiation de Meloni entre conseils et menaces » : « Les négociations ont parfois pris une tournure comique. Von der Leyen et le Président français Macron, le chancelier Scholz et Giorgia Meloni ensemble, tous réunis dans la même pièce, et lui, Viktor Orban, qui continuait à leur tenir tête. Ses homologues et les chefs des institutions européennes le réprimandent d’une même voix : ‘si nous sommes là aujourd’hui c’est entièrement de ta faute, tu t’en rends compte’. Et Orban de répliquer : ‘pas du tout, c’est à cause de vous et de la façon dont vous traitez mon pays, vous n’avez pas confiance en mon gouvernement’. Giorgia Meloni a eu un rôle de premier plan, en 24h elle a eu trois échanges ou rencontres avec lui sans personne d’autre, par téléphone, à l’hôtel et à son arrivée au Conseil. Ces trois moments en tête-à-tête ont été l’aboutissement d’un processus diplomatique et de médiation que la Présidente du Conseil italienne avait engagé après l’échec du Conseil de décembre. Toutefois la capitulation du dirigeant hongrois sur l’accord pour les fonds destinés à l’Ukraine a surtout été le fruit d’un travail collectif et de la menace d’une peine qui, dans le cadre des mécanismes européens, équivaudrait à une condamnation fatale : l’article 7 du Traité sur l’UE. En effet, alors qu’Orban continuait à tenir tête à ses alliés, lors des rencontres avec Meloni et Macron dans la nuit de mercredi à jeudi, dès son arrivée au Conseil européen, il lui a été expliqué de manière très directe ceci : ‘tu seras suspendu de la vie de l’Union, nous te retirerons le droit de vote, nous congèlerons ton pays, ce ne sont pas des plaisanteries’. Ce recours à la ‘peine maximale’ que les diplomates appellent l’‘option nucléaire’ et qui aurait divisé l’UE, a donc réellement été envisagé et invoqué. Et d’après une consultation menée par la présidence du Conseil européen, les 26 autres pays membres étaient probablement prêts à suivre cette voie. Une menace concrète brandie dès les négociations de ces dernières semaines avec la délégation italienne qui a joué un rôle particulier (par exemple le ministre R.Fitto qui s’est entretenu avec son homologue hongrois) en coordination permanente avec la Présidence de la Commission européenne. Des sources proches du gouvernement italien affirment donc que l’Italie a eu un rôle de poids en vertu de l’amitié entre les deux leaders, une amitié qui serait renforcée si réellement, comme il l’a annoncé hier, Orban rejoignait le groupe des Conservateurs européens dirigé par Meloni. Lorsqu’Orban a compris que ses alliés étaient très sérieux, et que Meloni en particulier lui a fait passer le message de manière très directe, le leader hongrois a fait marche arrière. La Présidente du Conseil italienne a peut-être été la seule à lui dire les choses en face. ‘Cela n’a pas été facile de trouver une solution, nous avons toujours pensé qu’une solution è 26 aurait créé un dangereux précédent, nous sommes très satisfaits d’avoir pu trouver une solution à 27 pour laquelle nous avons beaucoup œuvré’ a déclaré Giorgia Meloni à l’issue du Conseil européen, ‘nous avons travaillé avec Orban afin de ne pas diviser l’Europe dans un moment comme celui-ci, car nous avons d’autres problèmes. Au sein de l’UE il faut savoir dialoguer avec tout le monde, je suis fière d’avoir travaillé pour cette médiation, on ne peut pas résoudre les problèmes en ne parlant qu’avec deux ou trois personnes mais avoir une capacité de dialogue qui tienne compte des points de vue et des intérêts de tous les pays membres’. »  

COMMENTAIRE, Corriere della Sera, de M. Franco, « Une trêve armée avec Bruxelles mais l’accord est un succès » : « On pourra dire qu’Orban n’avait pas le choix : s’aligner avec le reste de l’UE ou perdre son droit de vote au sein des institutions européennes. Mais il semble que la médiation de la Présidente du Conseil italienne ait été bien utile, pour convaincre le leader hongrois et pour rassurer les dirigeants des pays alliés. Il est compréhensible que la Présidence du Conseil exprime sa satisfaction et revendique le rôle joué par Giorgia Meloni qui a rencontré Orban à plusieurs reprises. Il n’est pas impossible que la prochaine étape soit d’obtenir le retour d’Ilaria Salis en Italie. L’affaire embarrasse la droite italienne. Forza Italia a eu des morts très durs en réaction aux images de la jeune femme menottée de la tête aux pieds, la Présidente du Conseil a admis avoir été troublée par les images tout en affirmant que ‘d’autres pays y compris en Occident font la même chose’, alors que Matteo Salvini a quant à lui justifié les agissements des juges. Dans cette affaire aussi, le rôle de la présidence du Conseil et du ministère italien des Affaires étrangères pourrait être précieux. Les relations entre Meloni et Orban sont un atout, même si elles relèvent pour l’instant d’une proximité qui rend les pays européens méfiants. L’accord sur les 50 milliards d’euros d’aides à l’Ukraine d’hier a été arraché après une négociation accompagnée de menaces sur les conséquences d’un refus. La Commission et l’UE ont fait comprendre à Orban qu’il devait sortir de son ambiguïté. Pourtant, l’ambiguïté persiste, le risque de nouvelles prises de distance sur l’immigration et la politique étrangère, faisant preuve d’indulgence pour l’agression russe en Ukraine, persiste. Mais avoir maintenue l’Europe unie reste un succès, ‘inattendu jusqu’au dernier moment’ a souligné Meloni satisfaite. Il s’agit donc d’une ´trêve armée’ avec la Hongrie, soulignant le rôle de ´pont’ que peut avoir la Présidente du Conseil italienne afin d’éviter une division de l’UE. Mais n’oublions pas les propos du ministre italien Tajani, selon qui Orban ‘joue une double-jeu, en utilisant son pouvoir pour obtenir tous les fonds du Plan de relance mais en bloquant les fonds pour l’Ukraine… je n’aime pas ça. S’il se montrait plus ouvert il obtiendrait peut-être encore plus’. La question est donc de savoir ce qu’a obtenu hier Orban en échange de son accord sur l’Ukraine et l’immigration. »  

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PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de C. Voltattorni, « Viande cultivée en laboratoire, l’Europe remet en cause la loi italienne, le gouvernement italien soutient que celle-ci est conforme. »  

PREMIER PLAN, La Stampa, A. Di Matteo « Projet de réforme pour l’élection directe du premier Ministre : une médiation est nécessaire mais le dernier mot revient à Meloni » : « Meloni, Salvini et Tajani vont devoir se rencontrer, ou du moins se parler au téléphone, pour trouver une médiation entre la Ligue et FDI sur le projet de réforme pour l’élection directe du Premier ministre. La Ligue n’accepte pas que le Premier ministre puisse avoir le pouvoir de décider du destin de l'ensemble de la législature – en nommant, comme le voudrait FDI, un successeur de son parti en cas de démission. ‘’ Il faut respecter le rôle central du Parlement ainsi que celui de ‘garant’ du président de la République’’ affirme le vice-président (Ligue) du Sénat, Marco Centinaio. La ministre des réformes Casellati souligne que ‘’ le projet d’accord sera présenté aux leaders politiques de la majorité ’’. Sur certains points de la réforme une médiation a été trouvée : le chef du gouvernement élu aura une limite de deux mandats, avec la possibilité de candidater pour un troisième mandat, si la législature dure moins de deux ans et demi ; la prime de majorité ne correspondra pas systématiquement à 55 % des sièges, mais il s’agira d’un bonus pour assurer la gouvernabilité ; le Premier ministre pourra présenter les ministres au président de la République et aura aussi le pouvoir de les révoquer. Les divergences portent sur la possibilité de remplacer le Premier ministre. FdI voudrait que le Premier ministre ait le pouvoir de demander la dissolution des Chambres, en cas de défiance. Changer de Premier ministre en cours de route semble compliqué, mais il reste la possibilité que le chef du gouvernement soit poussé à démissionner par sa propre coalition. La Ligue conteste le fait que le successeur désigné du Premier ministre aurait plus de pouvoir que le Premier ministre lui-même et n’est pas non plus d’accord sur la limite des deux mandats. Un accord doit être trouvé par les leaders de la majorité avant le 5 février. » 

ARTICLE, Il Sole 24 Ore, F. Greco : « Tavares : "Mirafiori et Pomigliano sont en danger" » : « La réponse, agacée, du numéro un de Stellantis à la Présidente du Conseil Giorgia Meloni, lors d'un entretien avec Bloomberg, ne se fait pas attendre. Carlos Tavares refuse de devenir " un bouc émissaire" et répond aux accusations du gouvernement italien, en déclarant que  " l’exécutif n’assume pas la responsabilité du fait que, s’il n’accorde pas des subventions pour l'achat de véhicules électriques, les usines italiennes sont mises en péril ". Mirafiori (où sont produites la Fiat 500 bev et les Maserati GT et GC) et Pomigliano (usine de la Fiat Panda, de l'Alfa Romeo Tonale SUV et de la Dodge Hornet) seraient les deux usines les plus menacées, selon Tavares, par l'absence d'une politique efficace de soutien à la demande de voitures électriques. Selon le point de vue du PDG, l'Italie devrait donc faire davantage pour protéger les emplois dans le secteur automobile au lieu de s'en prendre à Stellantis. Tavares souligne que le marché italien des voitures électriques reste encore très limité, comme le confirment les données sur les immatriculations en janvier, en hausse de 10,6 %, mais avec des modèles entièrement électriques représentant seulement 2,1%. Tavares répond également à la critique de Meloni selon laquelle la fusion entre Fca et Psa aurait ressemblé davantage à une cession de Fca aux Français : "Je ne suis pas toujours d'accord avec le gouvernement français. Stellantis n’appartient pas au gouvernement français". Tavares met aussi l'accent sur un élément clé auquel les constructeurs européens doivent faire face, à savoir la concurrence de plus en plus agressive de la Chine. La stratégie de réduction des coûts menée par le numéro un de Stellantis est une conséquence du fait que la Chine est en mesure de vendre des modèles électriques au même prix que les modèles motorisés, c'est-à-dire entre 30 et 40 % moins cher que les fabricants européens. Ceux qui n'ont pas fait en sorte de réduire les coûts sont ceux qui auront des problèmes", déclare le PDG de Stellantis. » 

ARTICLE, Il Messaggero, M. Ventura « Mer Rouge, l’Italie déploie les jets-radar pour « intercepter les missiles des Houthis » » : « La frégate militaire « Federico Martinengo », déployée en Mer Rouge dans l’opération européenne « Atalanta » prendra le large dimanche 11 février depuis les côtes de Djibouti. Le but de sa nouvelle mission sera désormais la surveillance maritime pour assurer la liberté de circulations sur les routes commerciales et la protection des navires contre les attaques des rebelles yéménites pro-iraniens, dans le cadre de l’autre opération européenne « Aspides ». C’est le ministre de la Défense Guido Crosetto (Frères d’Italie), au lendemain de la réunion avec ses homologues à Bruxelles, qui a informé les Commissions Défense des deux Chambres sur la mission de la « Federico Martinengo » et sur l’emploi, possible, de nos avions-radar qui sont déjà opérationnels sur le front Est de l’Otan : les G550 Caew de l’Aéronautique militaire. Ces avions sont dotés d’un système multisensoriel avec des fonctions de surveillance aérienne, de commandement et de communications. Voici, à ce stade, la contribution de l’Italie pour la mission « Aspides » dirigée par la Grèce et dont le commandement pourrait passer, un jour, à l’Italie. Le ministre Crosetto souhaite ‘’la participation des pays arabes modérés voulant s’unir à cet effort collectif de sécurité, et de l’Inde’’. Selon le ministre, l’Italie participera à la mission « Aspides » ‘’avec au moins un navire en Mer Rouge pendant 12 mois et nous évaluons la possibilité de fournir un soutien aérien avec capacité de surveillance et de collecte de données’’. Car les actions des Houthis ‘’menacent aussi notre stabilité économique, avec le risque de marginaliser nos ports dans la Méditerranée’’. Et puisque les Houthis n’attaquent pas les navires russes et chinois ‘’cela crée un déséquilibre compétitif qui aura un impact asymétrique violent sur nous et sur nos économies’’. Crosetto rappelle que la puissance des Houthis est ‘’dix fois plus forte’’ que celle du Hamas. Quant à la direction de la mission européenne, le ministre Tajani souligne pour sa part que ‘’l’Italie a joué un rôle majeur, l’initiative politique vient de l’Italie, qui a invité la France et l’Allemagne à s’unir à elle’’. Concernant la rotation du commandement de la mission, ‘’l’essentiel est qu’elle soit opérationnelle et que la sécurité des navires commerciaux soit assurée’’. Cette mission ne frappera pas directement le territoire du Yémen mais il n’est pas exclu que le commandement passe ensuite aussi à l’Italie. »   

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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