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09/05/2022

"Le front critiquant la ligne du gouvernement s’élargit ; Salvini invite Draghi à convaincre Biden à assouplir sa position."

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Italie. Revue de presse.

La presse italienne titre largement sur la réunion du G7 de dimanche, en présence du président ukrainien V. Zelensky, et la dénonciation de l’agression russe dans son communiqué. Le défilé russe pour les célébrations du 9 mai et les craintes d’une escalade de l’offensive russe en Ukraine sont également citées, avec large couverture photographique en Une : « Le G7 fait pression : il faut arrêter Poutine » - Les sanctions concerneront également l’énergie. Draghi explique :  ce sont des mesures pour arriver à une trêve. Le Tsar se prépare à fêter le 9 mai à Moscou ; Zelensky : avec lui, le mal est de retour (Corriere della Sera), « Le G7 défie Poutine » - Tous unis contre le Kremlin : il ne doit pas gagner. De nouvelles sanctions ont été décidées avec une entente sur l’embargo sur le pétrole russe. Aujourd’hui se tiendra le défilé à Moscou (La Repubblica), « Poutine ne doit pas gagner cette guerre » - Le G7 fait pression pour augmenter les sanctions. Jill Biden rencontre Mme Zelensky à Uzhhorod. Le groupe U2 chante dans le métro de Kiev (La Stampa), « Voici le réseau européen contre les cyberattaques et la désinformation russe » - Bruxelles met en place des équipes de défense coordonnées (Sole 24 Ore), « Pétrole, l’UE reporte à nouveau sa décision » - Bruxelles est encore divisée sur l’embargo sur le pétrole (Il Messaggero), « L’Italie se divise sur l’Otan » - le front critiquant la ligne du gouvernement s’élargit ; Salvini invite Draghi à convaincre Biden à assouplir sa position (Il Giornale), « L’Otan boycotte la négociation, Draghi obéit mais pas Scholz (Fatto Quotidiano). 

Premier Plan, La Repubblica, d’I. Diamanti, “Ni de droite, ni de gauche : le pacifisme est bipartisan selon les Italiens » : « A ce jour, on ne sait pas combien de temps encore durera le conflit en Ukraine, bien que le déséquilibre des forces soit évident. Le conflit a la particularité d’avoir été très médiatisé, devenant une ‘’guerre en direct’’, donnant une grande importance aux ‘’armes virtuelles’’. Les sondages montrent que le soutien à l’Ukraine est très large mais qu’il n’est pas non plus total : il est exprimé par 3 Italiens sur 4. A noter que 20% des interrogés jugent en revanche que si la Russie n’a pas raison, elle a quand même des justifications de type ‘’géopolitique’’ et ‘’politique’’. Cela va avec une désapprobation non négligeable des aides militaires et des sanctions. Si on peut qualifier cette position de ‘‘pacifiste’’, il s’agit aussi d’une réaction face aux possibles conséquences économiques des choix faits par l’Italie. Cette idée ne se recoupe pas avec une tendance politique particulière et est présente aussi bien parmi l’électorat de gauche que de droite. On observe toutefois que la notion de pacifisme est revendiquée par l’électorat de certains partis (Forza Italia, Ligue d’une part, PD et M5S d’autre part) et qu’elle est donc perçue de manière positive. Par ailleurs, les sondages montrent que la guerre en Ukraine a renforcé le consensus vis-à-vis de l’Union Européenne. Pour ce qui est d’une défense et d’une armée communes, une majorité d’Italiens y est favorable, à 57%. Parmi les 4 Italiens sur 10 qui y sont défavorables, on compte surtout des électeurs de Fratelli d’Italia et de la Ligue, et, dans une moindre mesure, du M5S. A l’inverse, c’est parmi l’électorat du Pd que le consensus est le plus fort, suivi de Forza Italia. La tendance pacifiste et le recours aux armes ne recoupent plus les grandes tendances politiques comme c’était le cas par le passé, traditionnellement promues respectivement par le centre-gauche et par la droite. De façon générale, il semble que la division politique gauche/droite soit devenue incertaine et ne recoupe plus l’opinion des Italiens. Cette tendance semble renforcée par le gouvernement en place, très large et dirigé par un ‘’technicien’’, et par la situation géopolitique actuelle. On note une confusion générale face à des questions importantes. Si tout le monde souhaite la paix, il est difficile de concevoir un moyen ‘’pacifique’’ de l’obtenir. Et il est difficile d’imaginer une Europe plus forte sans qu’elle ne se dote d’une défense –et donc d’une armée- commune. »

Premier plan, La Repubblica, T. Ciriaco et G. Foschini : « L’alerte des services secrets : ‘’à la télé, des commentateurs à la solde de Poutine’’ » : « Il n’y aurait pas que du journalisme derrière la présence de commentateurs étrangers dans les talk-shows italiens. Il s’agirait, au contraire, d’une ‘’opération de désinformation organisée et pensée en amont par des hommes du gouvernement russe’’. C’est, en effet, ce que suspecte le Comité parlementaire pour la Sécurité de la République italienne qui a programmé pour les prochains jours une série d’auditions : le directeur de l’Agence de l’Information et de la Sécurité Intérieure (AISI), Mario Parente, le 11 mai, Carlo Fuortes, directeur général de la Rai, le 12 mai et le président de l’Agcom, Giacomo Lasorella, le 18 mai. S’il est certain que certains commentateurs agissent pour le compte de Poutine (comme Nadana Fridirkhson, récemment à Cartabianca, qui travaille pour la télévision du ministère de la Défense russe), nos services de renseignement ont reçu le même type d’informations à l’égard d’au moins trois autres personnes. Il s’agit, pour le Copasir, de procéder progressivement : pour le moment, ne seront auditionnés que les membres de la direction de la télé publique afin de comprendre les dessous de l’intrigue. Mais restera à savoir, si d’un côté, Moscou décide des messages à faire passer et des personnes à qui les confier ; et si de l’autre, ces commentateurs sont bien choisis et invités par quelqu’un. »

Commentaire, La Repubblica, Marta Dassù « Italie-Etats-Unis, les convergences nécessaires » : « La politique de J. Biden sur l’Ukraine est soutenue par une large majorité de la population américaine, qui considère nécessaire de fournir davantage d’aides militaires et de renseignement, sans toutefois prévoir l’implication directe des soldats américains. Les Etats-Unis sont prêts à une nouvelle guerre froide avec la Russie. Leur priorité n’est pas d’arrêter la guerre mais d’affaiblir la Russie. En revanche, Mario Draghi a derrière lui une opinion publique qui est caractérisée par des impulsions différentes et se montre divisée sur les décisions à prendre. Ce qui veut dire que plus le conflit va de l’avant, plus le front interne italien se fragilisera. Draghi aura ainsi un double objectif à Washington : assurer que son gouvernement tiendra une ligne cohérente de soutien à la résistance ukrainienne et expliquer en parallèle que l’aide économique et militaire à Kiev a besoin de servir des objectifs clairs et définis. Car Draghi sait bien la différence entre une paix et une reddition : sans armes, Kiev ne serait pas en condition de négocier un accord et devrait se soumettre aux convoitises néo-impérialistes de Poutine. Chose qui ne correspond pas à la volonté des Ukrainiens, aux valeurs démocratiques de l’UE et à la sécurité européenne. Il existe aussi des asymétries entre les pays membres de l’UE et la Maison Blanche devra ainsi prendre en considération ce risque politique, tout comme les Européens devront comprendre les ressorts de la politique étrangère américaine : si la guerre en Ukraine ouvre le scénario une nouvelle guerre froide avec le Russie, la cohésion et la tenue des fronts internes occidentaux seront un facteur décisif. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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