Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

14/05/2024

"Meloni met son véto à la taxe sur les boissons sucrées."

FI-AN.jpg

Ligue.jpg

Italie. Revue de presse. 

Les suites de l’enquête pour corruption visant le président de la région Ligurie Giovanni Toti font toujours la une de plusieurs quotidiens : « Les personnes auditionnées par le juge accusent Toti  » (Corriere della Sera), « Toti : « L’appel d’offre pour la réalisation de la digue de Gênes doit aller à Spinelli » » (Repubblica), « Spinelli avoue au juge avoir versé de l’argent à tous les partis » (Il Giornale), « Spinelli torpille Toti : « j’ai tout dit au juge d’instruction » » (Fatto)Le débat au sein de la majorité autour des nouvelles mesures fiscales est aussi largement cité « La taxe pour les boissons sucrées sera reportée mais l’étau se resserre sur le bonus pour la rénovation des bâtiments » (Sole), « Meloni met son véto à la taxe sur les boissons sucrées » (Messaggero). Les menaces contre la sénatrice [à vie] Liliana Segre, rescapée de la Shoah, font la une de Repubblica et de la Stampa : « Segre dénonce la haine antisémite contre elle ». 

COULISSES, La Repubblica, de T. Ciriaco et G. Foschini, « Des ombres planent sur le Plan de Relance, la Ligue craint la tempête, Meloni prend ses distances et invoque la ‘’lutte contre la corruption’’ » : « Pour Giorgia Meloni, ce n’est qu’une question de temps : l’enquête en cours en Ligurie aboutira inévitablement à la démission du président de la région, Giovanni Toti. Et ce malgré les résistances de Matteo Salvini et la position de Forza Italia. Certains sondages non-officiels souligneraient déjà une baisse inquiétante sa côte de popularité. La Présidente du Conseil ferait donc son possible pour que l’affaire soit close avant les européennes, si possible. C’est ce qui expliquerait son choix de présider hier le tout nouveau comité de lutte contre la fraude sur le Plan de Relance. C’est un message clair, une prise de distance nette vis-à-vis du président de la région Ligurie et de l’affaire de Gênes. Au sein de la Présidence du Conseil, le niveau d’inquiétude est très élevé. On craint en effet que les révélations sur la gestion de projets liés au Plan de Relance dans l’affaire Toti ne soit qu’un bout d’un très vaste problème. L’exécutif craint qu’au cours des prochains mois des erreurs – ou pire – émergent en nombre dans la gestion des projets du PNRR. Cela entrainerait un ralentissement sérieux dans sa mise en œuvre et des répercussions qui affaibliraient considérablement le gouvernement, ou en tous cas une partie, dont le ministre des Infrastructures Matteo Salvini, chargé de gérer la plupart des grands chantiers et qui a misé gros sur le succès du Plan de Relance. Face à cela, Giorgia Meloni semble vouloir se poser en garante de la lutte contre d’éventuels abus. D’où le choix de présider l’inauguration d’un comité dont la plupart ignorait l’existence : le COLAF, l’organisme chargé depuis 2007 de la lutte contre la fraude au détriment de l’UE, transformé en un imposant comité chargé de lutter contre l’escroquerie et les abus sur les fonds du Plan de Relance. Le comité sera dirigé périodiquement par Raffaele Fitto, ministre des Affaires européennes, notamment en charge du Plan national de relance et de résilience (PNRR), et impliquera également la police, la Cour des comptes, la Direction nationale de lutte anti-mafia et anti-terroriste, l’Autorité de lutte contre la corruption, la direction centrale de la police criminelle, la direction d’enquête anti-mafia et les autorités fiscales. ‘’Nous devons non seulement utiliser au mieux les ressources du PNRR mais empêcher que quiconque puisse en profiter pour détourner des fonds qui ne peuvent certainement pas finir entre les mains de criminels’’ a dit clairement Giorgia Meloni. Le ministre Fitto a insisté sur ‘’l’implication maximale du gouvernement pour le respect des lois concernant le PNRR’’. 350 milliards d’euros sont en jeu entre le Plan de Relance, RepowerUE, le Fonds de cohésion 2021-2027 et le fonds de cohésion nationale. Le politique génois et proche de Salvini, Edoardo Rixi, secrétaire d’Etat aux Infrastructures, pointe un ‘’problème qui risque de se poser à Gênes mais également à l’ensemble du pays’’, ‘’aucune entreprise ne voudra plus participer à aucun appel d’offres après avoir été à un dîner électoral, c’est le début d’un scénario qui pourrait durer des années et risque de paralyser tous les chantiers’’ affirme-t-il à la télévision. Pour E. Rixi, l’affaire qui touche Gênes et son port pourrait provoquer une réaction en chaîne et avoir une portée sur les autres grands ports italiens comme Livourne, Naples et Trieste. Cette affaire pourrait donc être le début d’une véritable tempête. » 

EDITORIAL, Corriere della Sera, d’A. Panebianco, « Changer (en mieux) la réforme » : « Il est impossible que Giorgia Meloni n’ait pas compris que la réforme dite du ‘’premierato’’ telle qu’elle a été conçue et présentée par le gouvernement jusqu’à présent ne va pas. Mais alors pourquoi s’obstine-t-elle à la soutenir sous cette forme, pourquoi n’apporte-t-elle pas les corrections nécessaires pour en faire un projet crédible et, probablement, gagnant ? Sûrement qu’à ce stade elle ne veut pas risquer de déstabiliser la majorité, les corrections nécessaires n’étant apparemment pas acceptables pour certains membres (Matteo Salvini, par exemple). Mais Giorgia Meloni sait sûrement aussi qu’après les élections européennes, si ces corrections ne sont pas apportées, elle risquera gros lors d’un éventuel référendum constitutionnel sur la réforme. Les changements à apporter portent par exemple sur l’élection à deux tours, nécessaire pour l’élection d’un Président du Conseil doté d’une majorité absolue, la définition du système électoral, la question de la prise en compte des voix des Italiens résidents à l’étranger… Autant de points déjà soulevés par ceux qui ne sont pas foncièrement contre la réforme à condition qu’elle soit menée correctement, comme certains journalistes ou associations. A défaut, on peut s’attendre à un référendum marqué par l’habituelle opposition intransigeante qui associe la Constitution à la résistance et toute réforme constitutionnelle à une nouvelle ‘’marche sur Rome’’, comme on l’a vu lors des propositions de Bettino Craxi puis Matteo Renzi. L’opposition pourra compter sur ceux qui, dans une situation inconfortable, choisissent le status quo plutôt que le changement, et s’en prendra à un gouvernement qui sait que beaucoup d’Italiens sont séduits par l’idée d’élire directement leurs dirigeants mais reste pénalisé par leurs divisions internes. Il n’est pas exclu que certains membres de la majorité puissent favoriser une défaite de l’exécutif : Giorgia Meloni serait ainsi politiquement disqualifiée et cela pourrait amener à de nouveaux équilibres. Mais si la réforme est présentée en l’état, un troisième groupe pourrait émerger : ceux qui seraient bien contents que la loi électorale soit réformée mais qui, d’un autre côté, ne pourraient pas voter pour cette proposition en l’état, et s’abstiendraient. Même s’ils n’étaient que 4 ou 5%, dans un référendum aussi incertain, cela suffirait à être déterminant pour l’issue du scrutin. L’erreur de G. Meloni pourrait être d’ignorer la nécessité de revoir sa proposition de réforme. Sachant par ailleurs que les ‘’conservateurs constitutionnels’’ se trompent : l’Italie pouvait se permettre un système électoral favorisant l’instabilité et la brièveté des exécutifs lorsque la situation internationale était plus tranquille. Aujourd’hui, les tambours de guerre et les tempêtes soufflent de toute part, or les démocraties ont besoin d’exécutifs stables. Le monde change et en mal, et pour y faire face il nous faut des chefs de gouvernements qui puissent travailler sur le long terme et tenir fermement les rênes jusqu’à la fin de leur mandat. » 

ARTICLE, Corriere della sera, de M. Sensini : « La ligne dure de Giorgetti (Ligue) : « il n’y a plus d’argent, il est temps de mettre un terme à l’endettement » : « Alors que la majorité est en pleine campagne et continue de demander des fonds, le ministre de l’Econome Giancarlo Giorgetti doit trouver des milliards d’euros sans creuser le déficit, tandis que l’Italie ne respecte déjà pas les règles du pacte de stabilité d’après l’UE. « Il n’y a pas d’argent. Fini. Stop » répète le ministre, qui n’écarte pas de mettre son poste en jeu. Ces quatre dernières années, l’Etat a accumulé 632 milliards d’euros de dette, et Giorgetti appelle à y mettre fin. Problème : selon lui, la majorité ne se rend pas compte de l’état des finances publiques et continue à faire des promesses, tout en refusant la taxe sur les boissons sucrées (« sugar tax ») par exemple. À ce sujet, le ministère ne s’inquiète pas. Lors des précédents renvois de la taxe, les recettes manquantes ont toujours été compensées. Mais la renvoyer une nouvelle fois coûterait 70 millions par semestre et 170 par an. Le ministère souligne que la mise en œuvre de la taxe en juillet a été votée par toute la majorité, et que désormais il n’est plus possible de compenser les recettes qui viendraient à manquer. « Si vraiment ils ne veulent pas de la taxe, alors ils peuvent aller regarder les comptes des ministères » déclare Giorgetti, qui a proposé à Antonio Tajani, il y a deux jours de cela, d’économiser sur les missions diplomatiques. En revanche, sur le fonds pour la rénovation énergétique des bâtiments (Superbonus), c’est un non franc : « c’est lui ou moi » répète Giorgetti. Désormais, toutes les déductions depuis janvier 2024 seront étalées sur dix ans. Pour celles qui datent d’avant 2024 et qui sont liées à des prêts bancaires avec des taux d’intérêts supérieurs à 25%, « de l’usure » selon Giorgetti, l’étalement sera sur six ans. Ces mesures devraient permettre d’endiguer la crue du déficit public : 211 milliards de déductions fiscales depuis 2020, dont 160 rien qu’avec le « Superbonus » déductible sur 4 ans, qui pèsera donc encore 35 milliards par an jusqu’en 2027. Des mesures justes selon Giorgetti, qui rappelle que des efforts ont été faits pour éviter de désavantager les situations précaires, par exemple les zones touchées par des catastrophes naturelles. « Ce n’est pas une obsession personnelle, c’est une question de réalisme », clarifie le ministre qui n’essaie même pas de trouver des soutiens politiques, et qui explique que dans le cas où sa ligne de la rigueur est rejetée, « ils n’ont qu’à se trouver un nouveau ministre ». Pendant ce temps, les dossiers de 2025 sont déjà sur la table, et il faudra trouver 20 milliards afin de financer l’allègement des charges fiscales et la réduction de l’impôt sur le revenu. Si diverses économies sont pour l’heure envisagées, manquent toujours à l’appel sept milliards, sans compter les 70 millions qu’il faudrait dégager dans le cas où la mise en place de la « sugar tax » serait décalée d’un semestre. » 

ARTICLE, il Messaggero, de G. Franzese : « Mer Rouge, le gouvernement rassure les entreprises : la protection des cargos est notre priorité. » 

ARTICLE, Sole 24 Ore, B. Fiammeri « L’affaire Ursula s’invite au sein de Forza Italia » : « La campagne sur le futur gouvernement de l’UE s’intensifie. Hier à Rome, pendant que Giorgia Meloni recevait au Palais Chigi le Premier ministre tchèque Petr Fiala (son allié dans le groupe des Conservateurs et dans plusieurs prises de position au sein du Conseil Européen), la présidente de la Commission von der Leyen (et candidate du PPE) était reçue par le dirigeant de Forza Italia Antonio Tajani (qui est aussi vice-président du Conseil). Pour Ursula Von der Leyen, il ne s’agissait pas d’une visite institutionnelle mais politique, raison pour laquelle aucune rencontre avec Meloni n’était au programme. C’est du moins ce qu’a fait savoir l’entourage de la présidente de la Commission. Cette dernière, toutefois, n’a pas participé à l’ouverture d’hier de la campagne électorale de Forza Italia. Le parti fait savoir que ‘’cela n’était pas prévu’’. Sans doute l’entourage d’Ursula avait discerné l’hostilité à son égard manifestée par plusieurs représentants de Forza Italia. Un peu avant le déjeuner entre Von der Leyen et Tajani, l’ancienne cheffe de groupe de FI Licia Ronzulli avait qualifié l’Allemande de ‘’canard boiteux’’. A cela s’est ajoutée la déclaration du vice-président de la Chambre Giorgio Mulé : ‘’il faut réfléchir si von der Leyen représente une candidature pouvant mettre tout le monde d’accord’’. Tajani a donc essayé de faire baisser la tension en rappelant que von der Leyen avait été démocratiquement désignée par les membres du PPE. Il est toutefois évident que la faille provoquée par le courant minoritaire de FI n’aide pas les choses. Meloni aussi se tient à l’écart : son rapport avec Ursula est excellent mais en ce moment elle travaille à l’alliance PPE-Conservateurs. Si pour atteindre ce but il faut sacrifier Ursula von der Leyen, elle ne s’y opposera pas. Meloni ne veut pas non plus favoriser le dirigeant de la Ligue : Salvini a fait de la démonisation de la présidente de la Commission sortante sa bannière électorale. C’est donc dans ce contexte électoral que s’insère la rencontre d’hier avec le Tchèque Fiala. Les convergences avec Meloni sont nombreuses. Le communiqué commun diffusé à l’issue de leur rencontre soulignait : ‘’nous nous sommes accordés sur la nécessité que l’Union Européenne qui sortira des élections se concentre sur certaines priorités concrètes et stratégiques’’, allant de l’économie – notamment le soutien à l’industrie– à la défense, et de l’élargissement (Balkans, Ukraine, Moldavie et Géorgie) à l’immigration illégale, qui selon Fiala doit se gérer en multipliant le ‘’modèle Albanie’’. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

Les commentaires sont fermés.