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19/04/2013

"Allemagne, retour du nationalisme."

 

« Allemagne, retour du nationalisme » (Adriana Cerretelli, Il Sole 24 Ore) : « Dimanche à Berlin, le nationalisme est revenu de manière officielle dans l’arène politique allemande. Avec le visage démocratique et irréprochable d’Alternative pour l’Allemagne, le nouveau parti qui prône le retour à la devise allemande en détruisant de manière ordonnée et pacifique la devise européenne. Un parti qui ne se proclame pas anti-européen mais uniquement anti-euro. Toujours dimanche, dans un château pas loin de Berlin, Angela Merkel clôturait un weekend passé avec le Premier ministre britannique David Cameron et sa famille pour parler d’Europe, des réformes à mettre en chantier et de son avenir (au lieu de le passer avec le président français François Hollande, comme voudrait la tradition). Londres veut renégocier son partenariat et remettre la main sur certaines politiques. La Chancelière souhaiterait éviter cela à tout prix. Alors qu’une grande partie des gouvernements de l’Union saluerait un divorce consensuel et la fin des exceptions britanniques qui entravent les progrès sur la voie de l’intégration. Il ne s’agit pas de simples coïncidences mais de profonds changements qui sont en cours dans l’Allemagne réunifiée : la nouvelle perception de l’Europe et de la défense des intérêts nationaux allemands dans l’UE. Le tabou est donc tombé : aujourd’hui à Berlin le nationalisme fait son retour dans toutes ses expressions, y compris celle qui rêve et qui s’organise en un parti pour le retour du mark, obtenant le consensus potentiel d’un quart des Allemands. L’axe privilégié avec Paris (qui a perdu son rôle de démiurge incontesté du projet européen) étant tombé, le dialogue avec Londres – ancien ennemi d’hier car eurosceptique – devient désormais un choix logique. Et les différences qui les séparent sont beaucoup moins profondes de ce que l’on pourrait croire. L’euro devient de moins en moins un projet politique commun, avec un nationalisme germanique sans complexes ni pudeurs dans une Allemagne de plus en plus ‘anglaise’ en ce qui concerne l’Europe. Qu’Alternative pour l’Allemagne arrive ou pas en septembre à atteindre le seuil de barrage des 5% pour entrer dans le Bundestag, cela passe au deuxième plan. Du reste Bernd Lucke, son chef, est un ancien militant du parti de Mme Merkel. Lucke affirmait hier sous les applaudissements de son public : ‘Si l’euro coule à pic, ce n’est pas l’Europe qui coule mais la Chancelière’. Lucke ne fait que porter le nouvel esprit des temps (qui s’est déjà exprimé dans la gestion de la crise monétaire unique) à ses conséquences extrêmes. La soi-disant responsabilité a pris la place de la vieille solidarité : celui qui se trompe paye l’addition et si les plus forts se renforcent au détriment des plus faibles, tant pis pour ces derniers. Ils auront alors compris la leçon. Cela a été constaté en Grèce et à Chypre. Personne n’a été tendre avec le Portugal ou l’Espagne, du reste. Dans cette logique, la dissolution du club souhaité par Alternative pour l’Allemagne ne semble plus si improbable. Cela est déjà dans l’ordre des choses. C’est uniquement grâce à la majorité de la classe dirigeante allemande – pour qui l’effondrement de l’euro coûterait plus cher que sa survie – que cela n’a pas encore eu lieu. Avec cette Europe qui voit une Allemagne de plus en plus en accord avec ceux qui savent se sauver tous seuls, l’Italie ne devrait pas se leurrer. Elle ne doit pas croire pouvoir s’en sortir avec quelques petites bricoles sur son modèle politique et économique en crise. Ou de faire encore partie du club des grands en tant que cofondateur de l’Union. L’Italie devrait plutôt apprendre à devenir auto-immune de toute aide européenne et marcher toute seule sur ses jambes si elle ne veut pas aller vers des temps difficiles. Bien plus difficiles que maintenant. Le prochain gouvernement ne pourra pas l’ignorer. »

 

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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