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17/05/2008

La Belgique expliquée.

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                                                                                                                                                                              par Lionel Baland

Au cours des derniers mois, la Belgique a fait beaucoup parler d’elle. Ces tensions, qui paraissent surgir de nulle part, existent en réalité depuis des siècles. Elles sont réapparues, de manière récurrente, au cours de l’histoire. Au sein de cet article, nous allons tenter de fournir des pistes afin de mieux comprendre cet imbroglio incompréhensible qu’est la Belgique.

Dans la Belgique de l’Antiquité vivent les Belges, une peuplade combattue par Jules César. Ensuite, la Belgique fait partie de l’Empire Romain. Lors des invasions germaniques, le pays est submergé par les tribus germaniques. Les langues germaniques s’imposent.

Pourtant, au fil des siècles, une frontière linguistique se forge. D’un côté de cette ligne fictive, les dialectes germaniques l’emportent définitivement sur le latin. De l’autre, les parlés latins reprennent le dessus sur les parlés germaniques.

 

Au XVIème siècle, le latin est remplacé en tant que langue de culture par le français, le néerlandais et l’allemand. Chaque village parle son dialecte latin ou germanique et doit se choisir une langue de culture. Les villages optent pour la langue de culture la plus proche de leur dialecte. Par exemple, un village de dialecte wallon (donc latin) choisit le français comme langue de culture.

 

Des exceptions existent : le village de Baelen qui parle un dialecte allemand décide de prendre le français comme langue de culture, car ce village situé sur la frontière linguistique est proche de Verviers, ville de dialecte latin et de langue de culture française. Des villes ou villages situés sur la frontière linguistique changent de dialecte au cours de l’histoire. Ils sont de dialecte wallon ou flamand, selon les époques.

 

Bruxelles est au départ une ville flamande. Une partie de la population, surtout au sein des couches sociales les plus élevées, parle le français à côté du flamand. C’est également le cas dans d’autres cités de Flandre et même à Maëstricht, ville qui se situe actuellement aux Pays-Bas.

 

En 1815, le congrès de Vienne construit un royaume des Pays-Bas qui comprend les actuels Pays-Bas et la Belgique. Le Luxembourg est octroyé au roi des Pays-Bas avec un statut particulier.

 

En 1830, la révolution belge éclate. Une guerre a lieu et les Néerlandais sont chassés du territoire. La Belgique est consacrée par les puissances internationales. Un roi est trouvé : il règne sous le nom de Léopold Ier. Il est prince allemand, marié avec une princesse anglaise qui est décédée. Il se marie avec la fille du roi des Français. En 1839, un traité régit les relations entre les Pays-Bas et la Belgique. La partie germanophone du Luxembourg devient un État indépendant qui revient au roi des Pays-Bas. La partie francophone du Luxembourg devient belge. Le découpage du Luxembourg entre la partie germanophone et  francophone ne se fait pas seulement sur ce critère et des territoires germanophones se trouvent en Belgique. C’est le cas de la ville d’Arlon.

 

La Belgique de 1830 étant une réaction contre les Pays-Bas, la langue qui prime au sein de l’État belge est le français. La Belgique est un territoire où, selon les régions, la population parle un dialecte de type flamand, latin, allemand ou luxembourgeois et où les langues de culture sont le néerlandais, l’allemand et le français. Á ces différentes composantes le français fut imposé par la bourgeoisie. Á l’école primaire, le français, le néerlandais ou l’allemand sont les langues utilisées. Les études secondaires et supérieures sont seulement possibles en français.

 

Á Bruxelles, ville d’origine flamande, un citoyen a le choix entre mettre son enfant à l’école primaire en français ou en néerlandais, sachant que les études d’un niveau supérieur sont seulement possibles en français. Ce phénomène conduit nombre de Bruxellois à choisir le français comme langue d’éducation pour leurs enfants. La cité se francise progressivement.

 

En Flandre naît, au cours du XIXème siècle, un mouvement nationaliste dont le fer de lance est  la flamandisation de la société et des instances officielles. En effet, comment un agriculteur flamand peut-il être par exemple jugé en français, langue qu’il ne comprend pas ? Le clivage est en premier lieu social. La bourgeoisie est en Flandre, comme dans le reste du pays, francophone. Le peuple en Flandre est de langue flamande.

 

Peu à peu, pas à pas, la conscience du peuple flamand s’aiguise. Hendrik Conscience publie en 1838 Le Lion des Flandres. Cet ouvrage retrace la lutte du peuple flamand, contre l’envahisseur français, et sa victoire lors de la bataille des Éperons d’Or (1302).

 

Lorsque la Première guerre mondiale éclate, les paysans flamands sont envoyés au front combattre les Allemands en étant dirigé par des officiers francophones.  De nombreux soldats flamands meurent car ils ne comprennent pas les ordres qui leurs sont donnés en français par des officiers francophones. D’autres flamands accueillent les Allemands en libérateurs.

 

Les nationalistes flamands enrôlés au sein de l’armée belge sont envoyés au casse-pipe. L’Etat belge est ainsi débarrassé de ces troublions. Les autres, ceux qui ont collaboré avec les Allemands, sont brisés par l’État belge au sortir de la Première guerre mondiale.

 

Lorsque la deuxième guerre mondiale éclate, l’État belge fait arrêter, alors qu’ils sont protégés par la constitution, les députés d’opposition ainsi que de nombreux opposants politiques. Face à l’avancée des troupes allemandes, ces gens sont refilés par l’État belge à la République française. Joris Van Severen, un des chefs de file du nationalisme flamand, est assassiné par des soldats français à Abbeville. Les autres déportés terminent leur périple dans les camps de concentration de la République.

 

Au sortir de la deuxième guerre mondiale, la répression aveugle s’abat sur les nationalistes flamands qui ont choisit de faire un bout de chemin avec l’Allemagne.

 

Mais dés la fin des années 40, le mouvement nationaliste flamand est reconstitué. Le combat se poursuit. Pendant que les nationalistes flamands engrangent des succès, la Flandre devient, au fil des ans, économiquement de plus en plus prospère. L’économie wallonne périclite. 

 

La Flandre prend de plus en plus de poids au sein de l’État belge, mais les zones de langue flamande reculent. De nombreux Bruxellois vont habiter dans la périphérie de Bruxelles, c’est-à-dire en Flandre et ne parlent pas le Flamand. Des communes flamandes de la périphérie bruxelloise sont peuplées de francophones qui refusent de s’exprimer en néerlandais lors de leurs contacts avec les autorités.

 

Bruxelles, devenue capitale de l’Union Européenne, attire de nombreux fonctionnaires et entreprises internationales. Ces ressortissants d’autres pays préfèrent parler le français, langue plus internationale et plus répandue, plutôt que le néerlandais.

 

Les revendications des nationalistes flamands sont tout à fait justifiées et ne sont pas extrémistes. Elles se limitent à la défense de la langue, de la culture et de l’identité flamande au sein de la Flandre et de Bruxelles. Quoi de plus légitime ?

 

Cet article est paru dans Synthèse nationale N°7.

 

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