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08/07/2024

"Giorgia Meloni ne devrait pas commenter les élections françaises avant que la situation ne se soit clarifiée."

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Italie. Revue de presse. 

Les résultats des élections législatives en France, ainsi que leurs retombées sur la future formation du gouvernement en France et leur impact en Europe, dominent les unes de la presse italienne. La victoire du Front populaire sur le RN et l’absence de majorité absolue sont mises en avant : « La France vire à gauche, Marine Le Pen est battue » (Corriere della Sera)« La Révolution Française – Meloni est désormais plus isolée en Europe » (Repubblica), « Marine Le Pen battue, chaos en France » (Stampa), « En France, le front anti-Le Pen l’emporte » (Il Messaggero), « Le flop de Le Pen, mais Macron est pris en tenaille » (Giornale). Enfin, la perspective d’un accord entre Israël et le Hamas est aussi citée: « Otages, les concessions du Hamas même sans cessez-le-feu » (Corriere). 

Les JT couvrent essentiellement les résultats des élections législatives françaises, notamment la première place du Nouveau Front Populaire et les discussions autour du futur gouvernement, les réactions italiennes à ces résultats français, à l’instar de celle d’Elly Schlein félicitant la gauche pour sa victoire contre l’extrême-droite ou Antonio Tajani (Forza Italia) déclarant que la droite ne peut jamais gagner sans le centre. 

ANALYSE, Corriere della Sera, M. Galluzzo : « La présidence du conseil observe que le pays est divisé et souligne la stabilité de Rome » : « Giorgia Meloni ne devrait pas commenter les élections françaises avant que la situation ne se soit clarifiée, et elle le fera sûrement lorsqu’elle sera à Washington pour le sommet de l’OTAN. Au palais Chigi, quelques phrases fuitent tout de même, et une donnée essentielle pour la présidente du conseil est au cœur des discussions : Emmanuel Macron a été en mesure de stopper l’ascension de Marine Le Pen, dans une certaine mesure, mais il en ressort tout de même affaibli, avec la gauche en tête et un gouvernement qui semble difficile à former. Giorgia Meloni et ses proches peuvent aussi se réjouir d’une chose : ‘’nous sommes l’unique pays stable, parmi les fondateurs de l’UE, avec un gouvernement fort et une cheffe du gouvernement respectée’’, comme le soulignent des sources proches du palais Chigi. Si on sort des équilibres européens, du parlement de Strasbourg, du vote pour ou contre von der Leyen, il apparaît que l’Italie est, aux yeux des marchés financiers, une zone de stabilité, d’atlantisme, ce qui devrait être reconnu au cours du sommet de l’OTAN. Bien sûr, difficile pour Giorgia Meloni de sourire face à la victoire de la gauche mélenchonienne, mais elle peut tout de même se réjouir que les plans européens de Viktor Orban subissent un coup d’arrêt ; de même, la défaite de Marine Le Pen est un coup dur pour Matteo Salvini et la Ligue, qui imaginait la naissance et l’ascension d’un groupe européen d’extrême droite pro-russe, éloigné de la ligne atlantiste de Meloni. Dernière donnée, et pas des moindres : l’instabilité en France, pays qui a vu son économie péricliter ces dernières années, pourrait avoir une influence négative sur l’Italie, qui a la deuxième dette la plus importante d’Europe. C’est pourquoi Giorgia Meloni ne peut qu’espérer la formation rapide d’un gouvernement à Paris. » 

ARTICLE, la Repubblica : « Meloni dans l’impasse, Tajani veut maintenant la pousser à une entente avec le PPE à Strasbourg » : « Giorgia Meloni est dans une impasse, et sa seule chance pour se maintenir dans les instances européennes est de se tourner vers le PPE, comme le suggère Antonio Tajani qui de son côté fanfaronne : ‘’l’extrême-droite est toujours destinée à la défaite’’, a-t-il déclaré. La présidente du conseil pariait plus sur la défaite d’Emmanuel Macron que sur la victoire de Marine Le Pen. Mais de ce point de vue-là, son pari a échoué, car même s’il perd des sièges, sa défaite d’hier n’est pas comparable à la débâcle des européennes. De plus, le discours de Fratelli d’Italia sur la montée de la droite en Europe est partiellement démenti par le scrutin français, ce qui risque de placer Meloni dans une situation de faiblesse, voire de marginalité annoncée, en Europe. Elle se trouve désormais face à un choix : s’éloigner de la droite extrême, marginalisée à Bruxelles, ou alors rester dans un bloc qui est exclu du jeu, ce qui pourrait lui faire perdre le poste de commissaire au Marché Intérieur qu’elle souhaite, et qui est aussi convoité par Paris. En attendant, FdI ne fait toujours pas de choix quant au vote européen du 18 juillet prochain, quand il s’agira d’accorder à Ursula von der Leyen un deuxième mandat ou pas. Pour Raffaele Fitto, ‘’chaque délégation nationale décidera de la façon dont elle souhaite voter’’. Au siège du parti, et surtout après les résultats en France, l’idée encore mal définie d’une ‘’abstention constructive’’ gagne du terrain. Tajani, lui, voudrait plutôt un vote en faveur de von der Leyen. Selon lui, ‘’l’extrême-droite finit toujours par perdre, et la gauche gagne s’il n’y a pas une droite solidement ancrée au centre’’. La Ligue, quant à elle, reste silencieuse. Les seuls commentaires sont ceux de Claudio Borghi et Alberto Bagnai : ‘’En laissant la France en proie à une coalition contre-nature de la gauche, ils offrent à Le Pen la victoire aux présidentielles’’. Matteo Salvini aurait tout de même parlé avec elle dans la nuit, et ils annonceront aujourd’hui qu’ils rejoignent le groupe des patriotes de Viktor Orban. Autre conséquence des élections françaises : la volonté de la droite italienne de supprimer les seconds tours, qui favorisent, selon Carlo Fidanza, ‘’les alliances contre nature qui dupent les électeurs’’, en sort renforcée. » 

COMMENTAIRE, La Repubblica, de S. Folli, « Matteo Salvini et les autres, les effets collatéraux [des élections en France] » : « On en connait un qui se préparait à trinquer à la victoire de son alliée française et qui a finalement dû remettre le champagne à la cave. Il s’agit de Matteo Salvini et il n'est pas certain qu'il envisageait réellement une majorité absolue pour son amie Marine Le Pen. En tous cas, le leader de la Ligue pensait pouvoir utiliser la France pour se relancer en Italie, montrer que c’est lui - et non Giorgia Meloni - le référent de l'extrême-droite au-delà des Alpes. Et enfin préparer le terrain pour la rencontre avec Trump, à la faveur d'un alignement européen, de Paris à Budapest, et avec en arrière-plan les mots d'encouragement du ministre russe des Affaires étrangères. Si tel était le projet, il a volé en éclats - comme souvent avec les projets politiques de Salvini. La défaite du Rassemblement national pourrait du reste être la première étape du déclin de la droite radicale en Europe, de ceux qui se présentent comme les porteurs d'une alternative profonde, voire d'une rupture historique, avec l'"establishment" européen. Une alternative qui se traduirait immédiatement en matière de politique étrangère par une ouverture à la Russie de Poutine. Ce scénario ne s'est pas complètement dissipé, mais a subi un revers retentissant hier soir. Salvini voit ses objectifs douchés, mais un espace s’ouvre pour Giorgia Meloni, la poussant à aller de l'avant en Europe, en prenant ses distances vis-à-vis de tous les groupes d'extrême-droite, en Italie comme ailleurs. Ces derniers jours, la présidente du Conseil italien a laissé le Hongrois Orbán suivre sa propre voie (une voie qui l'a immédiatement conduit à Moscou) et elle a subi sans regret la sortie du groupe européen des Conservateurs de l’espagnol Vox. Ce sont des avancées importantes car elles rapprochent Fratelli d'Italia des Populaires allemands et l'éloignent de la droite intransigeante. Il faudra voir comment la gauche italienne vivra cette nouvelle phase, une fois passé l'enthousiasme légitime des premiers temps. En France, des fissures sont apparues dès hier soir au sein de la coalition de gauche qui a obtenu une majorité relative. À Paris, on est de plus en plus convaincu que pour tenter de gouverner une Assemblée compliquée, il sera nécessaire d'écarter les ‘’députés extrêmes’’ de la France Insoumise et de s’appliquer à mettre sur pied un centre-gauche sans précédent, une solution qui plaît certainement à Macron. On ne sait pas encore s’il sera possible d’écarter Mélenchon, l'un des vrais gagnants de ce scrutin. Ce n'est pas un hasard s'il s’est exprimé pendant des heures, montrant que c'est lui et lui seul qui est le vainqueur de l'élection. Cela pose un problème, qui n'est pas nouveau, à notre gauche, qui doit décider de la ligne à suivre. Soit Mélenchon, soit le réformiste Glucksmann. Et tous les autres. »

COMMENTAIRE, La Stampa, A. Zafesova « C’est un coup dur pour le parti des « amis » de Poutine » : « Après la visite de Viktor Orban au Kremlin et dans l’attente du vote crucial du 5 novembre aux Etats-Unis, Vladimir Poutine s’attendait à un autre tournant en Occident. Il était facile de voir à quel point le scénario d’une victoire du RN aux législatives était convoité en Russie si l’on reprend les déclarations pleines d’enthousiasme du chef de la diplomatie russe Lavrov, qui avait espéré en un vote ‘’pouvant rompre le diktat des Etats-Unis et de l’UE en faveur d’une politique souveraine’’. S’il est difficile de quantifier le rôle du soutien de Poutine – suffisamment embarrassant pour pousser Marine Le Pen à se démarquer en le qualifiant de ‘’provocation’’ et d’‘’ingérence’’ – l’ombre du Kremlin a néanmoins joué un rôle unificateur pour l’électorat et pour la classe politique en France. Il faut comprendre ensuite si l’excès de zèle de Lavrov était une erreur de calcul ou un choix conscient qui s’expliquerait par des logiques de propagande interne, ou encore une volonté de lier à Moscou celle qui semblait représenter la gagnante probable de ces législatives. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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