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26/06/2024

"UE : un accord sans Meloni."

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Italie. Revue de presse.

L'accord sur les nominations à la tête des institutions européennes à la veille du Conseil européen informel fait les gros titres de la presse : « Europe : entente sur les nominations » (Corriere della Sera, Avvenire), « UE : un accord sans Meloni » (Repubblica, La Stampa), « Nominations dans l’UE, l'offre pour l'Italie [d'une vice-présidence à la Commission] mais Meloni pourrait décider de s'abstenir » (Il Messaggero, Giornale). La libération de Julian Assange et le rapport annuel au Parlement sur la consommation de drogues, faisant état d'une hausse significative sont aussi cités en une.

Les JT couvrent essentiellement l’accord entre les négociateurs sur les nominations en vue du Conseil européen, la situation au Proche-Orient, ainsi que l’interdiction de diffusion visant plusieurs médias européens en Russie, donc quatre italiens, et les inondations et glissements de terrain dus aux intempéries dans le nord de l’Italie.

COMMENTAIRE, La Repubblica, de S. Folli, « Le vrai dilemme du premierato » : « On ne peut pas dire que le centre-droit (ou plus exactement Fratelli d’Italia) ait choisi le meilleur moment pour relancer le débat autour de la loi électorale pour les municipales, c’est-à-dire au soir de résultats décevants pour son camp. Le modèle en vigueur depuis plus de 30 ans est contesté parce qu'il a davantage profité au centre-gauche qu'au centre-droit. Alors que cela devrait peut-être inciter ce dernier à mieux choisir ses candidats, avant de modifier le système électoral au lendemain d'une défaite. A vrai dire, l’agacement suscité par le système à deux tours n’est pas nouveau. La majorité a déjà tenté de rebattre les cartes en rusant mais elle a échoué. L'idée est d'abaisser le seuil assurant l’accès au second tour. Il est actuellement fixé à 50 % : on passe au second tour si personne n'obtient la majorité absolue au premier tour. Le centre-droit voudrait l’abaisser à 40% : pour l’emporter, un candidat devrait obtenir 40 % plus une voix. Cela renforcerait une dynamique qui favorise souvent - mais pas toujours - les candidats de droite au premier tour et les candidats de gauche au second, lorsque les différentes forces d’opposition doivent se rassembler. Pour l'instant, les critiques émises contre la loi électorale ressemblent davantage à un alibi pour justifier l'échec de la majorité au gouvernement, qu'à un véritable objectif. Toutefois, l’autre débat central de la réforme constitutionnelle sur le "premierato" est aussi présent et fait écho au point soulevé par le centre-droit concernant les élections municipales. Quelles sont les conditions pour légitimer le Président du Conseil élu directement par le peuple ? Le centre-droit estime que 40 % des voix suffiraient, comme pour les maires, et envisage un système à un tour basé sur ce seuil. Le candidat obtenant les 40% plus une voix remporterait une importante prime de majorité au Parlement. Mais certains émettent l'objection suivante : le chef de l’exécutif serait élu par une minorité mais avantagé à la Chambre de manière disproportionnée. Cela créerait une distorsion qui, au niveau national, ne manquerait pas de susciter des doutes et des interrogations. Avec plus de 50 % des voix, la question ne se poserait pas, comme c’est le cas dans tous les pays qui élisent directement le chef de l’exécutif. Autrement, il y a la solution du système à deux tours : les deux premiers candidats ayant remporté le plus de voix s'affrontent au second tour et le vainqueur est pleinement légitimé. Ce système est toutefois contesté par une droite qui déteste le scrutin à deux tours. La polémique sur les élections municipales semble donc être un faux prétexte pour tâter le terrain en vue du "premierato". »

ARTICLE, Il Foglio, de S. Canettieri « Elections municipales : Fratelli d’Italia est dans un déni de réalité et se replie sur lui-même » : « On assiste à un déni de réalité, à des opérations de distraction de masse, à des réactions à chaud qui proposent même de supprimer les seconds tours. Sur les réseaux sociaux, Meloni parle d’autonomie régionale différenciée, puis des propos déplacés d’une élue du M5S : ‘’selon cette personne, on voudrait me massacrer et me pendre’’ et encore ‘’les oppositions utilisent un ton de guerre civile’’. Aucune référence donc aux résultats de Bari, Florence et Pérouse. On a l’impression d’un déjà-vu, c’est-à-dire le syndrome du mauvais candidat qui ne parvient pas à étendre sa coalition. Mais le problème vient d’une classe dirigeante qui n’est pas à la hauteur du défi, d’un parti renfermé sur lui-même, qui adopte une gestion familiale de la politique et a du mal à s’ouvrir à des cultures politiques différentes de par sa méfiance (‘’puis-je lui faire confiance ?’’ est devenue le refrain de la Présidente du Conseil). C’est une histoire qui se répète, malgré le fait que son parti a obtenu 28,8% de voix aux européennes. Pourtant, ces caractéristiques sont devenues des tabous dont personne ne parle. Mieux vaut fuir la réalité. Les propos du Président du Sénat Ignazio La Russa sur l’idée de supprimer le second tour au cas où un candidat obtiendrait 40% des voix donne l’impression d’un timing mal choisi et d’une envie de vengeance. A aucun moment, une réflexion et une analyse n’ont été menées pour comprendre pourquoi le ‘’parti de la nation’’ ne parvient pas à choisir les bons candidats dans les villes qui comptent. »    

ARTICLE, Repubblica, de L. Sabbadini, « L’abstention vient de l’électorat modéré du centre » : « L’abstention s’est invitée de manière radicale comme l’une des possibilités de choix des électeurs. Le vote n’est plus vu comme un devoir du citoyen, comme par le passé. C’est un droit acquis qui est toutefois considéré comme une simple option. Ce qui ne se traduit pas par une défiance totale mais plutôt comme la manifestation de l’attente de propositions convaincantes. Il est vrai aussi que depuis la naissance de la République, on n’avait jamais assisté à un taux de participation aussi bas, en dessous de la barre des 50%. Le processus de refonte structurelle des partis et leur crise se poursuit de manière inexorable, la complexité a augmenté et il est de plus en plus difficile pour les citoyens de savoir vers qui se tourner. L’électorat est devenu plus fluide, ce qui a permis de voir, ces dix dernières années, le succès inattendu et vertigineux du PD de Renzi, puis du M5S, de la Ligue de Salvini et enfin de Frères d’Italie avec Meloni. Concernant les électeurs, ils s’informent de moins en moins sur la politique. D’après les données Istat, la population qui dit s’informer au moins une fois par semaine (en moyenne 50,6%) a baissé de 12 points en dix ans. Ce chiffre baisse en particulier chez les femmes (44,6%) et chez les jeunes (20-24 ans) pour qui le pourcentage atteint à peine 38,2%. Le suivi des débats politiques baisse de 11 points aussi sur ces dix dernières années et la lecture des quotidiens, c’est-à-dire ces instruments permettant un approfondissement supplémentaire, diminue. Les instruments informels (l’information par ses amis, parents ou collègues) ont baissé également. Il était donc prévisible que l’abstention finisse par augmenter. Selon l’Ipsos, c’est surtout vrai parmi le public des femmes, des jeunes, des ouvriers, des personnes au chômage, des petits entrepreneurs, des artisans et de la population la moins diplômée. Ce qui devrait représenter, normalement, la base électorale d’un camp progressiste. Ipsos nous dit aussi que ce sont surtout les électeurs modérés situés au centre qui se sont abstenus, et ils représentent un bassin de 40% de voix. Ce qui veut dire qu’il y a un potentiel énorme d’espace politique pour un parti pouvant incarner leurs attentes et leurs demandes. Cela dit, le gouvernement semble sous-estimer l’impact de la réforme de l’autonomie régionale sur le pays, notamment au Sud. Une partie de la population se sentira inévitablement trahie et abandonnée. »  

ARTICLE, Corriere della Sera, M. Galluzzo : « ‘Il faut plus de respect pour un des pays fondateur’ : Meloni, exclue, envisage l’abstention » : « La seule chose qui soit certaine, c’est que rien n’est certain. Face à l’énième célébration des négociateurs sur le sujet des top jobs, Giorgia Meloni est prête à un geste fort : l’abstention lors du prochain Conseil européen, qui débute demain, sur les nominations dont l’Italie est restée exclue. Cela peut sembler un détail, mais dans la pratique européenne, une décision de ce genre serait en rupture avec le consensus unanime qui est normalement de mise. Lorsque quelques informations ont fuité hier de Bruxelles, la nouvelle n’a pas été accueillie positivement au palais Chigi. ‘Ils pouvaient attendre demain pour officialiser la décision, ils pouvaient avoir plus de respect pour un des pays fondateurs de l’UE, et ils ont décidé d’avancer sans nous, alors plus rien n’est évident, pas même le soutien d’ECR à Ursula von der Leyen’, commente une source gouvernementale. Difficile d’obtenir des informations de la présidence du conseil, car l’ordre a été donné de ne pas parler aux journalistes. Voilà le climat. Meloni en veut aussi à Elly Schlein, qui a fait comprendre au PSE qu’il n’était pas légitime de parler avec ECR, donc avec les représentants du pays : ‘une folie antipatriotique’ pour elle. La réalité, c’est que tout ou presque a été décidé sans consulter notre gouvernement. Giorgia Meloni a eu des échanges téléphoniques avec quelques-uns des négociateurs, mais sans avoir de réel poids. Les informations qui parviennent de Bruxelles sur les contreparties pour l’Italie apparaissent comme des excuses hypocrites. Et le palais Chigi de répondre : ‘Nous ne savons rien, et la nomination de Fitto comme commissaire est aussi à prendre avec des pincettes car nous manquons d’informations pour examiner à fond la question’. Il faut également mettre en parallèle les sommets européens et les élections françaises qui auront lieu juste après. Pour la présidence du conseil ‘vu la méthode que [les négociateurs] ont choisi, il est aussi possible que de grosses surprises arrivent, et en ce qui nous concerne tout peut sauter et à la fin. Il est aussi possible que cette classe dirigeante toute entière, qui n’a pas été légitimée par le vote [aux européennes] mais qui croit pouvoir dicter l’agenda, rentre chez elle’. Ce sera alors à Meloni de décider, en fonction des nombreux facteurs, si elle préfère avaler cette couleuvre ou bien prendre clairement le chemin de la rupture. »

ANALYSE, Il Sole 24 Ore, A. Cerretelli : « Le choix de la continuité dans une Europe assiégée » : « C'est un moment décisif pour l'Europe, assaillie par une vague de changements historiques. À l'extérieur, les guerres en Ukraine et au Moyen-Orient s'intensifient, la belligérance et les menaces de Vladimir Poutine augmentent, les tensions commerciales avec la Chine s'accroissent, les relations avec les États-Unis et, par conséquent, avec l'OTAN dépendent des résultats des élections présidentielles de novembre. A cela s'ajoute depuis hier la question des négociations d'adhésion de l'Ukraine et de la Moldavie, signe d'un processus d'élargissement de l'UE qui sera long et très compliqué. Au niveau des politiques internes, on retrouve la tempête politique qui fait rage en France qui pourrait balayer le ‘macronisme’, catapultant au pouvoir l'extrémisme ou l'ingouvernabilité. Inutile de se bercer d'illusions : si tel était le cas, la stabilité européenne n’en sortirait pas indemne. C'est pourquoi, après le renouvellement du Parlement européen, il était absolument urgent de nommer rapidement les postes à responsabilité dans les institutions européennes. L'accord entre les 6 médiateurs a permis de reconfirmer la populaire allemande Ursula von der Leyen à la tête de la Commission, de nommer le socialiste portugais Antonio Costa à la tête du Conseil et la libérale estonienne Kaja Kallas comme Haute représentante pour la politique étrangère. Il appartiendra désormais aux 27 chefs d'État et de gouvernement de nommer officiellement la nouvelle triade gouvernementale européenne, entre demain et après-demain. Puis, à la mi-juillet, ce sera au tour du Parlement d'apposer le sceau final. Le plus frappant dans toute cette opération est le choix de la continuité plutôt que de la stabilité, qui semble être fait presque en apnée par rapport aux nouvelles réalités politiques qui bouillonnent à l'extérieur des salles des Palais. Les élections ont certes reconfirmé l'alliance traditionnelle qui dirige l'assemblée depuis des décennies, mais seuls les Populaires ont gagné 13 sièges supplémentaires, ce qui n'est pas le cas des Socialistes et des Libéraux (-3 et -28). De plus, les libéraux, avec 74 sièges, sont devenus le quatrième groupe le plus important, évincés par les conservateurs de l'Ecr qui sont passés de 69 à 83 sièges. La force de la tradition a prévalu également dans la répartition des sommets institutionnels, qui reflètent très grossièrement l'équilibre politique entre les 27 gouvernements. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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