06/06/2024
"La rencontre entre Meloni et Rama : les centres pour les migrants seront opérationnels dès août."
Italie. Revue de presse.
La presse titre largement sur la visite de G. Meloni en Albanie et l'accord italo-albanais pour la construction de centres d’accueil des migrants sauvés en mer, fortement critiqué par les partis d’opposition : « Polémique sur les migrants et le système sanitaire » (Corriere della Sera), « Meloni, tensions sur les migrants » (La Stampa), « Meloni en Albanie : « migrants, voici un modèle pour l’UE » » (Messaggero), « La rencontre entre Meloni et Rama : les centres pour les migrants seront opérationnels dès août » (Giornale), « Meloni lance la « campagne d’Albanie » » (Avvenire).
Les JT couvrent essentiellement la guerre en Ukraine et les propos de Vladimir Poutine, qui menace d’armer des pays pour frapper l’OTAN en réponse aux frappes ukrainiennes en Russie, les célébrations du débarquement en Normandie, auxquelles le président Sergio Mattarella assistera, l’annonce de l’ouverture des centres d’accueil de migrants en Albanie à partir d’août, mais aussi la situation au Proche-Orient, où Israël a bombardé une école gérée par l’ONU, faisant 27 morts et le début des élections européennes, notamment aux Pays-Bas.
Sur X le hashtag #Albania, en référence à la visite de G. Meloni en Albanie, fait tendance.
PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de M. Guerzoni, « Migrants en Albanie, Meloni défend l’accord » : « Le secrétaire de +Europa, Riccardo Magi, était hier dans le port de Shengjin pour protester contre le "Guantanamo italien", en réaction à l'annonce de Giorgia Meloni sur les deux centres italiens d'accueil et de détention des migrants sur le sol albanais qui entreront en fonction le 1er août. Cela se produit à l’issue du point presse au cours duquel Edi Rama rejette la "campagne de calomnie" attribuée à certains médias italiens. La leader de la droite salue les policiers et les militaires qui dirigeront le premier centre d'accueil. Lorsque Riccardo Magi tente de forcer le passage pour proteste, il est vivement empoigné par les agents de sécurité de Tirana. "Si un député est traité ainsi devant les caméras, imaginez ce qui arrivera à ces pauvres migrants" s’écrie-t-il en présence de Meloni. Sur les réseaux sociaux, Matteo Renzi exprime sa solidarité. La journée mouvementée de la Présidente du Conseil a commencé à Gjader, où elle arrive en hélicoptère avec le ministre Piantedosi, sans journalistes. La Présidence du Conseil invoque ‘’des raisons de sécurité’, car tout le monde sait bien que les travaux ont pris beaucoup de retard. À Shengjin, en revanche, tout est prêt. Des portes métalliques infranchissables et des conteneurs pour l’identification et le tri des naufragés. Si les travaux se terminent bien le 31 juillet à Gjader aussi, il y aura dans un premier temps mille places pour aller progressivement jusqu’à trois mille". La Présidente du Conseil remercie le Premier ministre albanais pour cet "accord de grande portée européenne qui est déjà un modèle", déplore la "dure campagne de diffamation qui a dépeint l'Albanie comme un narco-État". Elle répond aux oppositions et notamment à la secrétaire démocrate Elly Schlein, qui lui reprochait "800 millions d’euros dépensés pour un coup électoral" : l’accord avec l’Albanie prévoit une dépense de 670 millions sur cinq ans et, si la capacité maximale est atteinte, "136 millions d’euros seront économisés". Au reproche de ne pas avoir investi cet argent pour la santé, elle rétorque que "17 milliards d’euros de fonds publics ont été gaspillés avec la fraude sur le bonus de l’Etat pour la rénovation énergétique des bâtiments, et ainsi soustraits aux personnes malades". Le Président de la région Campanie, Enzo De Luca, se défend se défend des accusations de la Présidente du Conseil sur les flux migratoires réguliers gérés par des réseaux mafieux : "Elle n'aurait pas dû s’adresser au Procureur pour la lutte anti-mafia, mais à Piantedosi. C’est le gouvernement qui s'occupe des migrants". On se souviendra également longtemps de la furieuse invective d'Edi Rama à l'encontre des "journalistes d'investigation" qui ont dévoilé les coulisses des chantiers de ces centres pour migrants. A ces durs propos contre la presse, Meloni hoche la tête et sourit, pour que tout le monde comprenne qu'elle approuve. »
ENTRETIEN, La Stampa, d’Edi Rama, Premier ministre albanais, « Les Italiens jugeront eux-mêmes de l’utilisation de cet argent pour ces centres qui ne seront pas un ‘’Guantanamo’’ européen » : « ‘’Nous sommes prêts. Nous avons donné à l'Italie un lieu afin de résoudre un problème. En ce qui concerne les hotspots, j'ai dit non aux demandes d'autres pays, j'ai seulement accepté celle de l'Italie, qui est spéciale pour moi. Des milliers d'années d'histoire commune nous lient et la mer nous unit. Parler de Guantanamo pour ces centres de migrants, c'est cracher au visage des victimes de cet enfer, alors qu'il ne fait aucun doute qu'il existe des risques potentiels sur le non-respect des droits humains. Le projet a pris en compte ces questions cruciales et nous avons donc limité le nombre de migrants à trois mille. Quant aux fonds investis par l'Italie, ce sont les Italiens qui jugeront de leur utilité, pas moi ni les Albanais. La presse italienne ne fait qu’attaquer un accord entre deux gouvernements. Certains parlent même de propagande électorale. Quant à Riccardo Magi, [un député italien bloqué de force par les services de sécurité], mes forces de sécurité, comme celles des autres chefs de gouvernement, ont agi correctement, ils ne font que leur travail. La responsabilité de la sécurité dans les centres relève des autorités italiennes mais, si besoin, nos forces de l'ordre s'en chargeront. Le personnel italien restera à l’intérieur du périmètre des hotspots. Enfin, concernant l’entrée de l’Albanie dans l’UE, c’est un processus qui n’est pas facile, il y a des conditions à remplir. Ceci dit, tous les gouvernements italiens ont été des ‘’avocats’’ exceptionnels de la cause albanaise". »
COMMENTAIRE, La Stampa, de M. Sorgi, « La tension pré-électorale » : « La campagne électorale demande plus de retenue et de sang-froid que d’autres moments de la vie politique, car le moindre événement peut devenir un sujet de propagande, parfois involontairement. Comme le couac d’hier en Albanie entre Meloni et Magi. Le paradoxe veut que la polémique entre la présidente du Conseil et le dirigeant de +Europa apparait plus importante que l’agression de ce dernier par les forces de l’ordre albanaises, filmée et devenue virale sur les réseaux sociaux. Il est légitime de se demander ce qui aurait pu se passer si Meloni n’était pas intervenue pour dire qu’il s’agissait d’un parlementaire italien. En réalité, c’est surtout l’échange entre les deux sur le terme de « pauvres gens » employé par Magi pour qualifier les migrants pouvant être ainsi détenus, terme que Meloni a tourné en dérision [‘’pauvres gens, tu parles’’, ndt.], qui a fait couler de l’encre. Cela est révélateur de la tension avec laquelle Meloni affronte les derniers jours de campagne électorale. Toutefois, Meloni aurait dû garder son sang-froid. Surtout car il faudra assurer le respect des droits humains pour les migrants qui seront conduits dans les centres albanais pour le compte de Rome. Il est possible que les clandestins transférés en Albanie fassent appel à la justice, cette dernière ayant manifesté leur attention pour ces ‘’pauvres gens’’ et pour le respect des droits fondamentaux. Bref Meloni, décrite comme une experte en communication, s’est sans doute rendue compte de l’effet néfaste et involontaire provoqué par le différend avec Magi. D’autant plus que le déplacement à Tirana avait déjà en soit un air de propagande, puisque les travaux pour la réalisation de ces nouveaux centres sont très en retard. »
ARTICLE, la Repubblica, C. Tito, « Elections européennes : guerre hybride sur les réseaux sociaux, Moscou alimente l’abstentionnisme » : « Une guerre se cache derrière la campagne électorale, une guerre à base de désinformation de la part des Russes afin de discréditer l’UE et ses institutions. À quelques jours des élections, l’alerte a été lancée par la Commission européenne, pour qui l’opération de désinformation va en s’intensifiant. Ce sont les pays les plus grands qui sont touchés : Allemagne, France, Italie (à eux trois presque 50% des électeurs européens), des pays où certaines listes ont été épinglées par le passé pour leur rapport à Moscou, comme c’est le cas du RN ou de l’AfD. 275 profils pro-russes ont été identifiés sur les réseaux Facebook et Instagram, et ils auraient réussi à toucher 1,5 millions d’utilisateurs en Italie, quasi un million en France, et environ 400 000 en Allemagne et en Pologne. L’objectif est de discréditer les partis pro-européens et de renforcer les listes ‘’antisystème’’, principalement d’extrême-droite. La stratégie est simple : alimenter un vote protestataire en pointant du doigt les médias traditionnels, en propageant des fakes news, et en créant la peur d’attentats. L’objectif est aussi d’augmenter le taux d’abstention et de montrer que l’UE ne compte pas. En Italie, l’hashtag « Jenevotepas » a été remis sur le devant de la scène, et les propos « NoEU » ou « NoVax » ont aussi été partagés en masse. Certaines campagnes sont même directement soutenues, comme celle de Vannacci, candidat de la Ligue, par exemple. Une bonne partie de la désinformation concerne la guerre en Ukraine, car Poutine espère pouvoir affaiblir le soutien à Zelensky et éviter la formation d’une Commission déterminée à contrecarrer les plans russes. Vladimir Poutine, depuis Moscou, nie : « Nous ne faisons aucune désinformation sur les élections ». Et il ajoute sur l’Italie : « Chez vous, la russophobie primitive ne prend pas ». L’UE a réagi en mettant en place une veille qui devrait permettre de bloquer ces tentatives, avec la conscience que le plus gros reste à venir : ce sont dans les trois derniers jours que la désinformation pourrait le plus frapper, avec une amélioration des moyens utilisés, notamment l’IA. Les institutions européennes mettent toutefois en garde sur le caractère systémique de cette entreprise, qui n’est pas limitée aux élections et résulte de dynamiques de long terme. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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