16/08/2023
"Le choix de Giorgia Meloni de taxer les superprofits des banques agite ses alliés."
Italie. Revue de presse.
Les divisions au sein du gouvernement Meloni sur la taxation des banques et les alliances pour les élections européennes font les gros titres : “Le choix de Giorgia Meloni de taxer les superprofits des banques agite ses alliés. Le mécontentement de la Ligue : nous ne sommes pas ses servants”(Corriere della Sera), “Tajani : Giorgia Meloni et moi nous avons des opinions divergentes sur les banques et Marine Le Pen” (La Repubblica), “Tajani : je dis non à l’Etat interventionniste” (Il Messaggero). Les coulées de boue qui se sont abattues sur la ville de Bardonecchia dans le Piémont sont également citées en Une, avec couverture photographique en appui : “Le tsunami de boue sur Bardonecchia : “c’est un miracle qu’il n’y ait pas eu de victimes”” (Il Messaggero), “Bardonecchia, la boue et la peur” (La Stampa), “Tempête et coulée de boue sur Bardonecchia” (Corriere della Sera). Enfin, les déclarations de Roberto Mancini sur les raisons de sa démission en tant que sélectionneur de l’équipe italienne de football font aussi la Une.
Les JT couvrent essentiellement le départ en vacances des Italiens pour la deuxième quinzaine d’août, marquée par plusieurs cas de noyades ; les coulées de boue qui se sont abattues sur Bardonecchia, dans le Piémont; l’éruption de l’Etna en Sicile ; l’augmentation du litre d’essence à 2,72 euros sur l’autoroute A8 et la plainte d’une association de consommateurs ; et l’alourdissement du bilan humain des incendies à Hawaï, qui s’élève à 101 morts.
ENTRETIEN, Il Messaggero (15 août 2023), de Matteo Piantedosi (Indépendant), ministre de l’intérieur : "Accélérons les reconductions de migrants illégaux. Pour les passeurs, le crime de piraterie" par Mario Ajello : « Lors de la réunion avec les maires, je leur ai dit que pas un euro de financement ne sera perdu pour les projets des villes et aucun de ces projets ne sera perdu. Des projets ont été sortis du PNRR car les délais pour la réalisation des travaux n’étaient pas compatibles. Il n’y aura pas de report non plus sur les travaux prévus pour la restructuration des périphéries urbaines. Sur le volet sécurité, nous prévoyons globalement de prendre une mesure d'ici le mois de septembre pour renforcer notre dispositif, avec davantage de recrutements et de ressources financières. En ce qui concerne plus particulièrement l'immigration, nous renforcerons le système d'expulsion, en particulier des personnes qui se sont révélées dangereuses, et nous fournirons des ressources et des procédures plus rapides pour la création des centres de rétention, les centres où sont détenus les immigrés en situation irrégulière à expulser. Nous proposerons en concertation avec le ministère de la Justice un nouveau texte, destiné à être approuvé d'ici le mois de septembre. Nous avons déjà obtenu une augmentation de 30 % des expulsions l'année dernière. Nous voulons augmenter ce pourcentage. Grâce au décret Cutro, nous avons étendu le réseau de premier accueil en Calabre et en Sicile, ce qui nous a permis de gérer le phénomène de manière plus ordonnée. Sur le nombre de débarquements en Italie, c'est le résultat d'une pression migratoire historique liée à une crise socio-économique dramatique en Tunisie. La preuve en est que si les statistiques suivaient celles des autres pays de départ traditionnels (Algérie, Libye, Turquie, etc.), les données sur les arrivées dans notre pays seraient même en recul. La Tunisie est une anomalie. De nombreux bateaux de pêche ont une autre activité. Nous avons découvert l'activité d'équipages de bateaux de pêche qui escortent au large des côtes des nuées d'embarcations qui sont vidées de leurs moteurs, en vue du sauvetage des migrants par nos garde-côtes. Il y a quelques jours, en liaison avec le parquet d'Agrigente, nous avons mis en place une patrouille de police avancée en haute mer avec la police, la Guardia di Finanza et la marine. Ces opérations de lutte contre les actes réels de piraterie ont déjà permis l'arrestation de plusieurs personnes. Les pirates recyclent les moteurs et les bateaux. Si l'on rompt le cycle d'approvisionnement des trafiquants, on peut s'attendre à une réduction des débarquements. Le délit de piraterie retenu par le parquet d'Agrigente est particulièrement grave et passible d'une peine de 10 à 20 ans de prison. Nous sommes convaincus que cette sévérité et notre détermination absolue à la mettre en pratique peuvent avoir un effet dissuasif fondamental. Concernant les ONG, l'application du décret de février sur le code de conduite des ONG avait pour seul but d'affirmer que, dans un scénario aussi complexe, il n'y avait pas d'entités privées agissant de manière autonome, en échappant à la coordination des autorités nationales prévue par le droit international. A présent, même les ONG agissent selon les directives des garde-côtes italiens. Et si l'on considère le nombre de sauvetages en mer, les ONG n'effectuent aucun travail de suppléance particulier. Le sauvetage en mer est assuré par l'État : sur 72 046 sauvetages dans la zone Sar, la quasi-totalité a été effectuée par l'État, tandis que les ONG en ont effectué 4 113. »
Matteo Piantedosi
COMMENTAIRE, La Repubblica (15 août 2023), C. Tito, « Des erreurs qui se paient » : « La tromperie est maintenant dévoilée. Les données sur les débarquements de migrants en 2023 sont impitoyables. Elles réduisent à néant non seulement les promesses faites par la droite lors de la dernière campagne électorale, mais surtout l'arrogance avec laquelle elles ont été prononcées. Près de 100 000 débarquements au cours des sept premiers mois de l'année. Un record. Au cours de la même période de 2022, il y en a eu moins de la moitié (48 000), et en 2021, à cause de la pandémie, encore moins. L'incapacité de la droite italienne à gérer un phénomène complexe et à obtenir l'aide de l'UE se traduit désormais dans les faits. Dans le même temps, l'UE s'avère absente. Par choix, mais aussi par contrainte. En fait, les insuffisances ne manquent pas dans une Communauté qui continue de privilégier les intérêts nationaux et la méthode intergouvernementale. Mais l'exécutif italien n'a rien fait pour briser le moule. Il a d'abord cédé aux pulsions les plus réactionnaires et les plus viscérales du front souverainiste avec la Hongrie et la Pologne, puis s'est enfermé dans l'immobilisme. Il s'est rendu compte avec une extrême lenteur - cela s'est passé au dernier Conseil européen de juin - que le pacte avec le Hongrois Orbán et le Polonais Morawiecki avait des pieds d'argile. Giorgia Meloni a donc accepté l'inaction en la présentant comme un grand succès. "La dimension extérieure de la question migratoire était impensable il y a encore quelques mois et elle est aujourd'hui partagée par tous", a-t-elle déclaré le 30 juin. Mais qu'est-ce que la "dimension extérieure" ? C'est un concept présent dans les documents des institutions européennes depuis des années, mais c'est surtout une déclaration de principe stérile. Nous sommes pris au piège des mouvements dits secondaires, c'est-à-dire des migrants qui arrivent sur nos côtes et se rendent ensuite illégalement dans d'autres pays. L'Italie ne fait rien pour empêcher ces mouvements. Le récent mémorandum signé en Tunisie en présence de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et du Premier ministre néerlandais de l'époque, Mark Rutte, montre toutes ses limites. À commencer par le maigre montant mis à la disposition du gouvernement tunisien : 150 millions. Ce n'est rien quand on sait que l'Allemagne, à l'occasion de la crise migratoire syrienne, a réussi à faire mettre 6 milliards sur la table en faveur de la Turquie. Une série, en somme, d'erreurs de calcul et d'occasions manquées qui retombent exclusivement sur le Palais Chigi. Et qui ont été accompagnées d'au moins deux autres erreurs politiques. La décision de ne pas inviter la France à la conférence sur les migrants qui s'est tenue à Rome était inutilement provocatrice. Enfin, la dernière ouverture de crédit accordée par la présidente du Conseil à la cheffe de file de l’extrême droite française, Marine Le Pen, représente également une nouvelle chute en termes de fiabilité. Car cette droite dans les chancelleries les plus importantes et les plus incisives d'Europe représente une frontière infranchissable. Meloni l'a franchie. Et maintenant, elle ne peut pas s'attendre à recevoir un quelconque soulagement en retour. Sur les migrants et pas même sur les dossiers les plus délicats en discussion dans l'Union, comme la réforme du pacte de stabilité. »
ARTICLE, Il Corriere della Sera version en ligne (16/08), C. Zapperi, « La pétition des partis d’opposition sur salaire minimum dépasse les 200 000 signatures » : « La pétition mise en ligne par les partis d’opposition pour soutenir le projet de loi commun sur le salaire minimum a atteint et dépassé les 200 000 signatures au cours des vacances d'août. ‘’Un grand résultat qui montre que le pays est avec nous. Continuez à signer" écrivait Carlo Calenda, secrétaire d'Azione, sur X. Pour la première fois, la bataille sur le salaire minimum unit les oppositions (à l’exception d’Italia Viva de Renzi). La pétition du Pd, du M5S, d'Azione et de l’Alliance des Verts et de la Gauche (Avs) a été officiellement lancée vendredi dernier (11 août), après la discussion au palais Chigi avec la présidente du Conseil Giorgia Meloni. L'idée de Giorgia Meloni de confier au Conseil national de l’Économie et du Travail (Cnel), dans un délai maximum de 60 jours, l'élaboration d'une proposition de loi "sur le travail pauvre" n'a pas convaincu les dirigeants de l'opposition qui, en réponse, ont décidé de lancer une collecte de signatures en faveur d'un salaire horaire minimum de 9 euros.»
ENTRETIEN, Il Messaggero (15 août 2023), de Antonio Tajani (Forza Italia), Vice-président du Conseil et ministre des affaires étrangères : « "Forza Italia est prête à modifier la taxe sur les surprofits ; il y aura une discussion avec les banques" par Corrado Castiglione : « Monsieur le Ministre, quelles sont les chances d'un accord de paix en Ukraine ? "Un accord ne semble malheureusement pas du tout proche, car pour entamer des négociations de paix, il faut être deux. Bien sûr, quelques timides avancées sont réalisées, comme ce fut le cas à Djeddah, où un envoyé de Pékin était également présent. Nous regardons nous-mêmes avec beaucoup d'attention les nombreuses initiatives prises par la Chine et la Turquie. D'autre part, il n'est même pas possible de penser qu'un accord puisse être conclu avec une reddition inconditionnelle de Kiev. Un accord ne peut être conclu qu'avec le retrait des troupes russes du territoire ukrainien. Nous sommes favorables à une solution pour la création d'un corridor en mer Noire. Nous avons insisté sur la sauvegarde de la centrale nucléaire de Zaporizhzhya, mais pour l'instant la paix est encore loin". Sur le chapitre Afrique : quelles avancées voyez-vous dans la mise en œuvre du plan Mattei ? "Le plan Mattei se poursuit et doit être absolument bénéfique pour les deux parties. L'Italie se tourne vers l'Afrique sans visées colonisatrices. La preuve en est la volonté de renforcer la présence des industries, non seulement pour l'extraction des matières premières mais aussi pour les processus de raffinage. Nous n'avons pas l'intention de piller un territoire qui, au contraire, doit être soutenu sur la voie du développement économique. Notre stratégie est celle d'une présence forte et notamment sur le front de la paix, du climat, sur l'atténuation des risques environnementaux. La Méditerranée ne doit plus être un cimetière, et nous voulons lutter fermement contre le trafic d'êtres humains et d'armes". C'est là que se trouve la grande opportunité du G7. "À partir du 1er janvier 2024, l'Italie présidera ce forum qui réunit les sept pays les plus industrialisés du monde. Nous voulons avoir un rôle moteur pour relever les défis de l'avenir. Je peux prévoir que, parmi les réunions préparatoires au sommet des chefs d'État, il sera bientôt confirmé que la réunion des ministres des affaires étrangères des sept pays se tiendra à Capri.". Forza Italia n'était pas d'accord sur la taxe sur les surprofits. Je comprends la position de la première ministre, mais nous ne changerons pas d'avis. Nous avons déjà défini une série d'amendements pour que les citoyens puissent continuer à bénéficier du soutien du système de crédit. Il y a trois moyens : tout d'abord, nous demandons d'exclure de l'imposition les banques qui ne sont pas sous le contrôle de la BCE. Il s'agit des petites institutions. Celles qui collectent principalement l'épargne des Italiens du Centre et du Sud et qui sont plus proches des besoins des familles et des entreprises. Et ce sont précisément ces banques qui pourraient souffrir le plus des conséquences de la mesure. Elles finiraient par être plus exposées que les mêmes banques étrangères présentes en Italie. Nous nous efforcerons de faire en sorte que la taxe soit déductible des impôts. Enfin, il doit s'agir d'une mesure unique. Au sein de la majorité, nous sommes des alliés, mais chacun d'entre nous a sa propre identité politique. Forza Italia est l'expression d'une pensée libérale, pro-européenne et modérée, pleinement cohérente avec son appartenance au PPE. La Ligue ou Fratelli d'Italia ont leur propre identité. Pour nous, l'État doit fixer les règles, mais il ne doit pas être interventionniste. Enfin, Forza Italia veut continuer à être l'âme populaire de la coalition. Nous ne sommes pas en compétition électorale avec nos alliés. Il est certain que la collaboration, la consultation préalable sur chaque aspect de l'activité gouvernementale sont la méthode nécessaire pour renforcer nos succès".
Antonio Tajani
ARTICLE, Il Giornale, P. Napolitano, « La visite éclair de Giorgia Meloni en Albanie pour rencontrer le Premier ministre Edi Rama et la tentative d’apaiser les alliés sur la taxe sur les superprofits des banques » : « Aller-retour express en Albanie pour la Présidente du Conseil Giorgia Meloni. La cheffe du gouvernement a suspendu ses vacances dans les Pouilles pour répondre à l'invitation du Premier ministre albanais, Edi Rama. Une visite éclair de quelques heures à Vlora, perle surplombant la mer Adriatique et la mer Ionienne, pour une rencontre privée avec son homologue dans la résidence d'été du gouvernement albanais. De nombreux dossiers ont été mis sur la table des négociations bilatérales, de l'agriculture à la lutte contre le trafic de drogue. L'adhésion de l'Albanie à l'Union européenne est une question prioritaire. La présidente Meloni a garanti un soutien total au processus d'intégration, qui doit être achevé d'ici 2030. Le lieu du G7 de 2024 a également été défini : le choix, pour des raisons de sécurité, s'est porté sur Borgo Egnazia, dans les Pouilles. Sur le plan intérieur, dans l'interview accordée aux principaux quotidiens lors de son séjour à Ceglie Messapica, Giorgia Meloni a clarifié un certain nombre de points qui ont rendu nerveuse la majorité ces derniers jours. Meloni a revendiqué le choix de l'introduction d'une taxe sur les superprofits des banques. Quant à la dissidence de Giancarlo Giorgetti, ministre de l’Économie : "il était pleinement impliqué en tant que ministre rédacteur de la mesure’’, précise la locataire du Palais Chigi. La dirigeante de Fdi reconnaît toutefois les intérêts de Forza Italia : 'Il peut certainement y avoir une question de méthode'’. Et elle profite de la triple interview (Repubblica, Stampa et Corriere) pour dissiper les malentendus avec la Ligue sur le projet d'alliances européennes : ‘’Je ne mets pas de veto (en référence à Marine Le Pen)’’ »
Edi Rama et Giorgia Meloni
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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