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09/08/2023

"Bourses, la taxe fait s’effondrer les banques."

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Italie. Revue de presse. 

Les retombées économiques et politiques suite à l’adoption en Conseil des ministres d’une taxe sur les superprofits des banques, font les gros titres « Bourses et banques, le jour noir » (Corriere della Sera), « Le gouvernement se divise sur les banques » (La Repubblica) « Forza Italia se démarque sur la taxe sur les banques » (La Stampa), « Bourses, la taxe fait s’effondrer les banques » (Sole 24 Ore) « La taxe permettra de financer les aides économiques et les crédits fonciers » (Il Messaggero). Le sommet sur l’Amazonie contre la déforestation et l’hospitalisation du chef mafieux Matteo Messina Denaro sont également cités en Une.

Les JT couvrent l’interruption du trafic ferroviaire sur la ligne à grande vitesse entre Florence et Bologne en raison d’une alerte à la bombe dans un tunnel, la baisse des cours boursiers des banques italiennes après l’annonce d’une taxe sur les superprofits en Conseil des Ministres, l’hospitalisation du chef mafieux Matteo Messina Denaro, la disparition de 1107 enfants depuis le début de la guerre en Ukraine et la célébration des 850 ans de la tour de Pise

Sur les réseaux sociaux, le hashtag #extraprofitti (surprofits bancaires) fait tendance.

PREMIER PLAN, Corriere della Sera, « La chute des banques à la bourse de Milan : plus de 9 milliards de valeurs partis en fumée » par Mario Sensini : «  C’est un massacre. Au lendemain du décret qui taxe les bénéfices accumulés grâce à la hausse des taux, les actions des banques se sont effondrées en bourse. Les sociétés cotées ont perdu 9 milliards de capitalisation, dans une journée noire pour Piazza Affari qui, entraînée par les ventes sur les valeurs bancaires, a enregistré une baisse de 2,12%. Alors que le chef de groupe de Forza Italia, Paolo Barelli, appelle à des changements du texte au Parlement, personne n'a encore pu comprendre l'impact réel de la mesure sur les comptes de pertes et profits des banques. Les estimations des analystes vont de 2 à 3 milliards à 5 milliards, mais certains osent aller beaucoup plus loin. Dans la soirée, le ministère de l'Economie a précisé un peu plus les contours de la nouvelle réglementation : la taxe est plafonnée à 0,1 % des actifs (selon Bankitalia, cela correspond à un total de 3 300 milliards, avec donc un maximum théorique de 3,3 milliards), et à 25 % des actifs. Selon le ministère, en tout état de cause, les banques qui ont répondu à l'invitation d'ajuster les taux de dépôt cette année "ne connaitront pas d'impact significatif". Les nombreuses incertitudes qui entourent la règle expliquent également la prudence de Forza Italia au sein de la majorité, alors que la Ligue et Fratelli d'Italia applaudissent la mesure avec conviction, et que l'opposition elle-même semble divisée. La mesure du Conseil lundi soir est en tout cas beaucoup plus sévère. La taxe s'appliquait aux marges d'intérêt de 2022 supérieures de 3 % à celles de 2021, et aux marges d'intérêt de 2023 supérieures de 6 % à celles de l'année précédente. Des pourcentages qui ont été ajustés au cours de la réunion à 5% et 10%, rendant la pilule moins amère pour les établissements de crédit. "C'est le seul gouvernement qui a la force de taxer les banques, parce que c'est le seul qui n'a pas de relation privilégiée avec le système bancaire", affirme Giovanbattista Fazzolari, secrétaire d’Etat auprès de la présidence du Conseil. En oubliant toutefois que les banques ont payé pendant des années, et paient encore, une surtaxe de 3,5 % à l'IRES, comme s'en plaint toujours le président de l'Association des banques, Antonio Patuelli, aujourd'hui muré dans le silence. Même à gauche, le choix du gouvernement divise. Le secrétaire du M5S, Giuseppe Conte, se réjouit, le PD, avec Andrea Orlando, approuve la décision, mais attend de voir le texte de la mesure. Carlo Calenda, d’Azione, est au contraire très prudent. L'imposition des bénéfices supplémentaires n'est légitime que dans le cas d'événements extraordinaires. “Il s'agit d'un précédent très dangereux", déclare M. Calenda, qui doute de la compatibilité de la mesure avec les règles européennes. » 

EN COULISSES, Corriere della Sera, « Révolte des instituts de crédit : “nous avons été pris de court“. Ce sont les petites banques qui paieront la facture la plus lourde » par Andrea Rinaldi : «  Un cauchemar au cœur de l'été. L’impact de la nouvelle taxe sur les bénéfices inquiète les banquiers italiens. Ils se retranchent derrière un "no comment", mais sont en réalité perplexes et irrités. Perplexes parce que la loi n'est toujours pas claire à comprendre. Irrités parce qu'aucune communication préalable n'a abouti à une décision à laquelle personne ne s'attendait. Même l'Abi, l'association des banques, choisit de ne pas s'exprimer, mais prévoit une réunion du comité dans les prochains jours. Quelques-uns, les plus petits, brisent le silence, comme Mario Alberto Pedranzini, numéro un de la Banca Popolare di Sondrio, qui résume ainsi les préoccupations du secteur : "Nous avons été pris par surprise et nous attendons la publication du décret pour en évaluer les effets sur le bilan de la banque". Angelo Campani, directeur général du Credem, est également prudent : "Nous attendons le texte de la mesure, que nous étudierons dans les prochaines semaines pour en analyser l'impact". On peut comprendre leur inquiétude : contrairement aux cinq grands du secteur, qui ont des revenus diversifiés (et ont enregistré au premier semestre des bénéfices de plus de 10,5 milliards d'euros, soit plus du double qu'en 2022), les résultats des petites banques proviennent exclusivement des marges d'intérêt, et ce sont donc elles qui seraient le plus durement touchées. À l'étranger, en revanche, la charge supplémentaire est déjà une réalité. L'Espagne a été la première à demander aux banques et aux entreprises de services publics de faire leur part en introduisant une taxe sur les superprofits. Une taxe sur les bénéfices supplémentaires est également envisagée au Royaume-Uni après que les banques ont été accusées de "profiter" et, le mois dernier, l'autorité de régulation financière a demandé aux banques d'accélérer leurs efforts pour améliorer l'accès à leurs meilleurs taux d'épargne. En Lituanie, le prélèvement de 60 % sur la part des revenus nets d'intérêts qui dépasse de 50 % la moyenne des quatre années précédentes devrait rapporter 410 millions d'euros à l'État. Mais quelqu'un fait remarquer qu'en attendant de connaître le montant exact du prélèvement italien, la bourse de Milan a pulvérisé hier plus de 9 milliards. »

COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Folli « Le choix populiste du gouvernement » : « La mesure adoptée par le gouvernement de droite a ce goût typique d’une certaine culture de gauche marquée par une vocation populiste. Cette même droite antipopulaire qui abolissait le revenu de citoyenneté se transforme maintenant en droite sociale en adoptant à la surprise générale une mesure visant le secteur bancaire qui n’est certainement pas le favori de la grande masse des électeurs. En faisant cela, la droite s’empare d’une mesure-étendard de l’extrême gauche, des 5 Etoiles et une partie du PD. Il est assez évident que Meloni, mais surtout Salvini, ont voulu les concurrencer sur le terrain du populisme de gauche. C’est Giuseppe Conte qui le dit : ‘’vous êtes enfin arrivés à nos conclusions’’. Mais il faut voir aussi les dynamiques au sein de la coalition de droite : la rivalité latente entre Fdi et la Ligue. L’abolition du revenu de citoyenneté avait soulevé les polémiques sur la cruauté d’un exécutif qui ‘’livrait bataille contre les pauvres’’. Maintenant, elle tente de rééquilibrer les choses par une mesure qui risque de déstabiliser les parties du secteur bancaire les moins structurées et de transmettre un signal ambigu à l’étranger. Cela malgré les efforts de Meloni de gagner en crédibilité auprès de l’UE, car cette décision semble aller dans une direction opposée. Ce qui fait croire que ce décret a été voulu surtout par Salvini (Ligue), en quête de popularité, malgré les réticences de son collègue ministre de l’Economie G. Giorgetti (Ligue). L’effondrement des titres bancaires a fait comprendre immédiatement le prix à payer pour une mesure démagogique. La liquidité obtenue pour favoriser l’accès aux crédits fonciers est bien modeste par rapport à celle partie en fumée hier sur les marchés. Ceux qui critiquaient l’Italie pour ne pas avoir ratifié le MES auront maintenant d’autres arguments valides. La mise en place d’une droite sociale se révèle encore une fois une chimère. »

ENTRETIEN, Fatto Quotidiano, de Giovanbattista Fazzolari (Frères d’Italie), secrétaire d’Etat à la Présidence du Conseil « Nous ne sommes pas aux ordres des banquiers et nous ferons payer ceux qui ont fait les malins » : « ‘’Par rapport aux autres gouvernements, le nôtre n’agit pas pour le compte des banques. Si l’Association des banquiers ABI affirme qu’ils n’étaient pas au courant, c’est faux. Ils ont été informés à plusieurs reprises. Avec cette mesure nous allons viser ces banques malignes qui, ces derniers mois, ont réalisé des recettes record. Il y a une grande unité entre le Palais Chigi et le Ministère de l’Economie et des Finances. C’est Giorgetti lui-même qui a écrit cette mesure. Nous sommes intervenus sur un problème qui générait un déséquilibre de marché. Certaines banques se comportaient correctement, d’autres pas. Nous taxerons l’écart entre les taux appliqués aux familles et entreprises et les taux appliqués pour ceux qui déposent de l’argent. Il n’y a aucune guerre entre le gouvernement et le secteur banquier. Je ne sais pas qui, au sein de Forza Italia, s’est plaint. En conseil des ministres le décret a été voté par tous. Il n’y a pas de divisions internes, autrement il y aurait eu des fuites dans la presse avant son adoption. Or cela n’a pas été le cas. Quant à la chute des titres bancaires en Bourse, c’est une dynamique normale. La mesure avait été annoncée, tout rentrera dans l’ordre.’’ »

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Giovanbattista Fazzolari

ARTICLE, Sole 24 Ore, E. Patta-G. Pogliotti, « Salaire minimum : les oppositions s'unissent sur le seuil de 9 euros/heure » - « Réunion en visio hier des leaders de l'opposition sur le salaire (à l'exception de Renzi) avant la réunion de vendredi avec Meloni. Schlein : ‘’nous voulons des réponses, j'espère que ce n'est pas juste de la poudre aux yeux’’ » : « L'initiative de Giorgia Meloni de demander un débat avec l'opposition sur le salaire minimum a sans aucun doute étonné l'opposition, et surtout les leaders du Parti démocrate et du M5S, Elly Schlein et Giuseppe Conte, qui prévoyaient déjà d’en faire leur cheval de bataille contre le gouvernement dans les mois à venir. En effet, l'invitation au Palais Chigi intervient quelques jours seulement après le vote parlementaire suspendant pour deux mois la proposition unitaire du PD, du M5S, de Gauche-Verts, d’Azione et de +Europa de 9 euros de l'heure minimum. Ce n'est pas un hasard si l'initiative de G. Meloni a été rendue publique au moment où l'on apprenait que le Conseil des ministres venait d’adopter un décret sur l'imposition des bénéfices supplémentaires des banques pour réduire les charges sur le travail et aider les familles en difficulté à cause du coût élevé des emprunts bancaires : une proposition qui est aussi celle du PD et du M5S. Ainsi, les premières réactions sont presque timides : '’Les M5S seront là'’, assure Conte tout en précisant : ‘’Mais nous ne pouvons pas ne pas voir que cette convocation au mois d'août est une fuite en avant médiatique de Meloni après avoir réalisé que le gouvernement devrait finir par s'opposer au salaire minimum légal". E. Schlein a ajouté : ‘’Le gouvernement choisit d'abord de reporter le débat parlementaire et nous convoque ensuite pour une rencontre à huis clos. Nous serons présents, mais nous attendons des actes et des réponses conséquents et non de la poudre aux yeux’’. Une réunion en visio des dirigeants des partis auteurs de la proposition - Schlein, Conte, Calenda, Magi, Fratoianni et Bonelli, mais pas Renzi, qui s'est retiré de l'initiative commune et ne se rendra donc pas au Palais Chigi - s'est tenue hier après-midi pour se mettre d'accord sur la ligne : ‘’Avancez avec notre proposition’’. »

ENTRETIEN, La Stampa, de Carlo Nordio (Frères d’Italie), ministre de la Justice « Voici comment je réformerai la justice. Je m’entends très bien avec Meloni » : « ‘’La question n’est pas de choisir entre la présomption d’innocence à tout prix ou la ligne de l’incarcération à tout-va :  la réalité est plus complexe. Dans le décret adopté en Conseil des ministres, c’est la certitude du droit et de la sanction qui sont mises en valeur. Mon décret est un premier pas vers la réalisation du code libéral de type anglo-saxon mis au point par le ministre Vassalli, héros de la Résistance et socialiste, dont la nature a été modifiée au cours des années. La commission que j’ai instituée veut retrouver cet esprit et éviter, par exemple, que s’ouvre un procès alors que même le juge d’instruction y renonce. Quant à la séparation des carrières entre juges enquêteurs et magistrats, c’est une réforme qui nécessite un long délai, il faut une modification constitutionnelle. La priorité, maintenant, est l’efficacité des services judiciaires et les engagements pris avec l’Europe. Concernant l’abolition du délit d’abus de pouvoir, l’UE ne s’y oppose pas mais souhaite que l’on garantisse la lutte contre la corruption. J’ai déjà eu l’occasion d’en faire part au Commissaire Reynders : sur 5 000 procès, le nombre de condamnations pour abus de pouvoir est vraiment insignifiant’’. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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