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11/07/2023

"Le bras-de-fer Meloni-magistrats et l’heure des négociateurs."

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Italie. Revue de presse. 

Plusieurs sujets se partagent les gros titres ce matin : le « Sommet de l’Otan à Vilnius : un tournant est possible, Erdogan accepte l’adhésion de la Suède » (Corriere della Sera), « Le rapport de la revue Nature Medicine sur le climat : « un climat meurtrier » » (La Repubblica), « Plan de relance national : la 4e tranche sera elle aussi reportée » (La Stampa), « Stellantis, l’objectif est de produire un million de voitures en Italie [après la rencontre entre le ministre pour les entreprises A. Urso (Frères d'Italia) et le DG C. Tavares] » (Sole 24 Ore). 

Les JT couvrent le Sommet de l’OTAN à Vilnius aujourd’hui et demain et notamment la question de l’adhésion de la Suède et de l’Ukraine, la visite de Giorgia Meloni hier en Lettonie, la subvention de l’Etat à destination des familles aux faibles revenus pour faire face à la hausse des prix, l’ouverture d’une enquête suite à l’incendie dans une maison de retraite de Milan et l’alerte climatique face à la vague de chaleur record.

COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Folli « Le bras-de-fer Meloni-magistrats et l’heure des négociateurs » : « La nouvelle saison de tension entre la politique et la magistrature aura des conséquences inévitables, mais plus imprévisibles qu’on ne le croit pour la majorité et pour les partis d’opposition. La présidente du Conseil ne peut pas se permettre de laisser s’installer l’idée d’un affaiblissement ou pire encore de craindre les enquêtes judiciaires qui ont visé certains membres de la majorité. Certes, cela a soulevé un débat sur une classe dirigeante peu préparée et parfois aussi franchement désemparée. Toutefois, Meloni demeure le pivot de la coalition de droite et c’est à elle de ne pas gaspiller la popularité obtenue lors des élections. Il est assez improbable qu’elle décide d’aller de l’avant comme un bélier contre la magistrature (surtout au vu du rôle silencieux mais considérable du Quirinal). Le sentier est étroit, mais le compromis doit être possible afin d’éviter une crise démocratique. Les oppositions non plus ne peuvent espérer que l’action judiciaire puisse arriver à obtenir ce que l’initiative politique ne parvient pas à faire. L’expérience du passé n’a laissé aucun exemple positif. Quant à la réforme du ministre de la Justice, le gouvernement ne peut pas se borner à la brandir comme un symbole de la défense de la présomption d’innocence. L’heure est donc aux médiateurs. Le secrétaire d’Etat à la présidence du Conseil Mantovano, qui est par ailleurs magistrat, possède toutes les qualités pour jouer ce rôle. La réforme ne peut ni être vidée de son contenu ni avoir un caractère punitif à l’égard de la magistrature. L’opposition peut contribuer à donner un apport constructif en ce sens. »

COMMENTAIRE, Sole 24 Ore, L. Palmerini « Réforme de la justice, les regards son rivés sur le Quirinal avant le passage au Parlement » : « Le Président de la République s’apprête donc à examiner le texte de la réforme. L’entourage du Quirinal est toutefois surpris par l’attention jugée excessive pour ce passage institutionnel de routine. Il ne s’agit pas d’un décret mais d’un simple projet de loi, qui sera donc soumis à l’examen des deux Chambres. C’est donc d’un texte provisoire dont le contenu est destiné à être modifié lors des discussions et des scrutins du Parlement. Le ministre de la Justice Nordio se montre lui aussi ouvert à l’idée d’amendements de son texte. A la limite, le Quirinal effectuera un examen plus approfondi au moment où il y aura la version définitive du texte. Enfin, sur certains passages clivants comme l’abolition de l’abus de pouvoir, cela devra être évalué au regard de la conformité aux obligations internationales. De possibles articles critiques n’échapperont pas au contrôle du Quirinal ni du Parlement. Le Chef de l’Etat tentera plutôt de faire baisser la tension, favorisant le début de l’examen du texte dans un contexte de respect du rôle de chacun et sur un principe d’équilibre pouvant éviter le retour d’un bras-de-fer entre les magistrats et le monde politique. »

ENTRETIEN, Libero, de Carlo Nordio (Frères d’Italie), ministre de la Justice et ancien magistrat, « La politique doit arrêter de se plier aux magistrats » : « J’ai souligné l’incongruité de la norme sur le renvoi devant la justice même après un classement sans suite, et ce dès 1997 alors que j’étais juge d’instruction, bien avant que le secrétaire d’Etat Andrea Delmastro soit victime de cette norme, comme le disent mes détracteurs. C’est une question purement technique, une contradiction du système. Nous avons donné un fort signal réformateur, le projet de loi est en cours d’examen et, après l’approbation de la Présidence de la République, il passera au Parlement, par la Commission Justice. J’ai fait ma part du travail, cela ne dépend plus de moi. Une commission a déjà été mise en place pour la réforme du code pénal. Notre objectif est de tendre vers un système de type accusatoire, à l’anglosaxonne. Je ne pense pas que les affaires qui visent actuellement Daniela Santanchè (Frères d’Italie), Andrea Delmastro (Frères d’Italie), [le fils de] La Russa (Frères d’Italie) aient été pensées par les juges pour interférer avec l’action du gouvernement et entraver la réforme. Il est toutefois vrai qu’à chaque fois qu’une réforme de la justice a été tentée, elle a été bloquée par des interventions judiciaires. Mais c’est la faute de la politique qui se plie aux critiques de la magistrature et a renoncé à son rôle prépondérant. Personne ne veut empêcher la magistrature de commenter les lois mais la politique aurait dû réaffirmer le concept suivant ‘’nous écoutons vos opinions mais au bout du compte c’est nous qui décidons et seulement nous car nous avons un mandat qui, d’après la Constitution, nous est confié par le peuple’’. Une réforme constitutionnelle pour la séparation des carrières a été proposée par d’autres forces politiques, pas par nous, mais cela fait partie de notre programme de gouvernement. Quant au délit d’abus de pouvoir, personnellement je me suis battu avec ferveur pour sa suppression. La proposition a été acceptée, y compris en Conseil des ministres, et je suis certain qu’elle aboutira. Ce n’est pas vrai que l’Europe était contre, j’ai rencontré le commissaire chargé de la Justice Didier Reynders qui s’est dit parfaitement satisfait des explications fournies. Presque tous les maires d’Italie, y compris démocrates, sont d’accord pour dire que ce délit a causé beaucoup de tort. L’accusation de l’association nationale de la magistrature contre la Présidente du Conseil de délégitimer la magistrature n’a aucun fondement. Dans un monde idéal, les magistrats ne devraient pas critiquer les lois et les politiques ne devraient pas critiquer les jugements. Nous sommes en train de travailler sur les peines alternatives, car les délits mineurs ne doivent pas forcément donner lieu à un emprisonnement classique. Nous pensons à la rénovation de prisons pour détenus non dangereux avec une place importante pour le travail et le sport, tournés vers la réinsertion sociale. »

ENTRETIEN, La Repubblica, d’Antonio Tajani (Forza Italia), vice-ministre du Conseil et ministre des Affaires étrangères, « Je parle tous les jours avec Marina [Berlusconi], Forza Italia survivra” : “D’après un sondage Youtrend-Skytg24 du 19 juin, 4 jours après les funérailles de Silvio Berlusconi, Forza Italia bénéficiait de 9,5% d’intention de vote. Hier, elle était à 6,1%. On ne sait pas ce qu’il en sera après l’été. Antonio Tajani doit être nommé président du parti dans quatre jours, jusqu’au congrès du printemps prochain. « Depuis 1994, une poignée de parlementaires prédit chaque année la disparition de Forza Italia. D’autres sondages, comme celui de Tecnè, nous donnent à 10%, devant la Ligue. Forza Italia a une véritable ligne au sein du gouvernement : sur la contestation des positions de la BCE, nous nous sommes manifestés en premier, puis Salvini et Meloni nous ont suivis. Sur l’autonomie différenciée, nous avons fait valoir la ligne de la prudence. Nous avons pris nos distances quant à une possible alliance avec l’AfD ou Marine Le Pen en Europe. Avec les néo-nazis ou avec l’extrême-droite, je ne m’allierai jamais et il n’y a pas de compromis possible. On ne pourra pas me reprocher de ‘’m’aplatir’’ face aux souverainistes. Je suis la ligne de Silvio Berlusconi et dans les classements de popularité des leaders je suis troisième, après Draghi et Meloni, le premier parmi les ministres actuels. C’est également faux de dire que la famille Berlusconi se désintéresse de Forza Italia et m’a demandé de les représenter en n’entravant pas la politique de la Présidente du Conseil. La famille suit la situation, je parle tous les jours avec Marina et son frère. Il y a un dialogue constant avec Gianni Letta et avec Fedele Confalonieri. Après le Conseil national du parti, nous lancerons des congrès locaux car Forza Italia est encore très ancrée sur le territoire. Enfin, au printemps, il y aura le congrès national, avant les élections européennes. Je n’ai aucune inquiétude quant à la survie du parti, le risque de ne pas atteindre le seuil des 4% aux élections européennes n’a jamais existé. C’est plutôt Matteo Renzi qui devrait s’inquiéter des fuites parmi ses rangs, dans les prochains jours d’autres personnes rejoindront Forza Italia et une personne en particulier devrait beaucoup faire parler d’elle. »

ARTICLE, La Stampa, A. Barbera : « Fitto (Frères d'Italie) assiégé de toutes parts » : « Lors de son intervention hier devant le Parlement européen, Paolo Gentiloni a énuméré les pays qui avaient déjà soumis des amendements au vaste plan de relance de l’UE. "Le Danemark, l'Espagne, le Portugal, la Lituanie, la République tchèque et les Pays-Bas. Nous nous attendons à ce que de nombreux autres pays soumettent des plans révisés dans les semaines à venir". L'utilisation de l'euphémisme "semaines à venir" pourrai traduire l'inquiétude de l'ancien premier ministre quant aux intentions et aux capacités du gouvernement Meloni d’amender le texte à temps, soit avant la date butoir fixée par Bruxelles, au 31 août. Les travaux sur la quatrième tranche ont en effet pris du retard alors même que le versement de la troisième tranche est toujours suspendu, car l’Italie n’a pas atteint les objectifs fixés par Bruxelles (en matière de construction de logements étudiants notamment). En cause, comme le reconnaît un ministre interrogé, "la centralisation des pouvoirs au Palais Chigi et les sept mois perdus autour de cet objectif". Au-delà des retards qu’elle induit, les conséquences politiques de cette centralisation suscitent de toutes parts des critiques à l'égard de Fitto et de sa nouvelle structure de coordination. La semaine dernière, lors d'une conférence organisée par l'Association des municipalités, Matteo Salvini a ainsi prononcé cette phrase : "Je suis un autonomiste de naissance et de conviction, et donc convaincu que le territoire sait bien dépenser. Ceux qui disent qu'il faut enlever de l'argent aux municipalités et centraliser ne savent pas comment fonctionne le monde". Dans les intentions de Fitto, le plan devait supprimer quelques quatre-vingt mille micro-projets, d'un montant inférieur à soixante-dix mille euros. Mais les maires, forts des améliorations apportées ces derniers mois et de la pression exercée par Salvini, refusent de se voir retirer ces postes de dépenses. Fitto doit également faire face aux plaintes des gouverneurs régionaux, auxquels le ministre pour les affaires européennes a gelé la programmation des fonds de cohésion pour la période 2021-2027 qui relèvent de la procédure législative ordinaire. Ainsi, tandis que Fitto est engagé dans un processus de médiation laborieux, plus d'un collègue réclame de nouveaux fonds et de nouveaux amendements dans la prochaine révision du plan. Entre autres, les demandes habituelles de Salvini (Infrastructures), d’Orazio Schillaci (Santé), d'Andrea Abodi (Sport) et de la très critiquée Daniela Santanché (Tourisme). »

ARTICLE, Sole 24 Ore, F. Greco « Le plan de Stellantis : produire un million de véhicules en Italie » : « Au cours d’une entrevue, le PDG de Stellantis, Carlos Tavares, et le Ministre de l’Industrie et du Mady in Italy, Adolfo Urso (Frères d’Italie), se sont accordés sur un document programmatique sur lequel ont travaillé conjointement les partenaires sociaux, les industriels et les sept présidents des Régions accueillant des usines Stellantis. ‘’Les parties ont partagé la nécessité d’inverser immédiatement la tendance négative de la production de ces vingt dernières années’’. Dans un communiqué, Tavares a souligné qu’‘’avec Adolfo Urso, nous construirons ensemble un projet pour produire un million de véhicules en Italie’’. Stellantis doit désormais mettre en place des actions « systémiques » en soutenant à la fois la demande grâce à des incitations plus efficaces capables d’ouvrir le marché de l’électrique à une catégorie plus large de consommateurs et l’offre, avec des politiques industrielles pour la transition et la production de véhicules électriques de dernière génération. En 2022, la production de voitures en Italie est restée sous le seuil de 500 millions d’unités produites pour la troisième année consécutive, soulevant de sérieuses inquiétudes chez les syndicats et les industriels sur l’avenir de la filière automobile en Italie. Un comité technique de travail devrait voir le jour ‘’d’ici la fin du mois pour aboutir à un ‘’accord de transition’’ dans le cadre d’une politique industrielle européenne renouvelée qui devra protéger la production et les emplois internes’’. L’entreprise a annoncé à cet égard un plan pour produire un cinquième modèle de véhicules dans les usines de Melfi, en Basilicate. Se pose de manière plus générale la question du maintien de la production de minicitadines dans les principaux pays producteurs européens, du fait de la concurrence chinoise sur ce segment et des marges de plus en plus difficiles à conserver en l’absence de politiques de délocalisation de la production vers l’Europe de l’Est ou les pays africains. Le Ministre Urso rencontrera de nouveau les partenaires sociaux et les représentants des Régions pour échanger sur les actions à appliquer dans le document programmatique qui sera présenté fin juillet. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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