10/05/2023
"L’Italie veut sortir du mémorandum de la Route de la Soie."
Italie. Revue de presse.
Les consultations au Palais Chigi avec les partis d’opposition sur la réforme constitutionnelle proposée par l’exécutif autour d’un nouveau système semi-présidentiel, font encore les gros titres : « Meloni-Schlein, l’accord n’a pas été trouvé » (Corriere della Sera), « Le mur de Schlein [face] à Meloni » (La Repubblica), « Réformes, le défi Meloni-Schlein » (La Stampa), « Réformes, des concessions et des résistances » (Il Messaggero), « Meloni propose des réformes pour la stabilité mais pour Schlein il y a d’autres priorités » (Avvenire) . « Célébrations du 9 mai à Moscou : une parade en berne » (Corriere), « Un seul char pour Poutine » ( Messaggero). « Un reporter français tué dans le Donbass» (Corriere).
EDITORIAL, Repubblica, S. Folli, « Les réformes aux prises avec un manque de volonté » : « Les réformes institutionnelles, éternel dilemme de la vie républicaine, et même cet ‘’esprit constituant’’ qui avait marqué le début des différentes commissions bicamérales dans le passé, font défaut. Aujourd'hui, le problème n'est même pas la distance entre les points de vue, qui reste une évidence, mais plutôt la manière apathique dont le premier cycle de négociations a été mené. Giorgia Meloni a voulu accélérer le rythme et ouvrir la discussion, sans pour autant que le cap soit clair. Seul l'objectif final est esquissé : le renforcement de l'exécutif et la rationalisation des processus décisionnels dans la chaîne gouvernement-Parlement. Compte tenu des leçons du passé et des fractures politiques actuelles, nul ne peut prédire comment se terminera le nouveau volet du roman des réformes. Il est vrai, cependant, que le pavé dans la mare a agité les eaux. L'ouverture de la part de Calenda, Renzi et Boschi sur le point de l'élection directe du premier ministre est un signal qui concerne aussi bien la majorité que l'opposition. Le projet est ambitieux : il s'agit de tracer une ligne dynamique au Parlement en matière de réformes, de manière à mettre en évidence l'immobilisme du centre-gauche, du PD au M5S, tout en intégrant les contradictions qui existent à droite sur divers aspects de l'action gouvernementale. Quant à Elly Schlein, les dernières heures ont montré que le front du "non" (Pd, M5S, gauche, Verts, +Europa, et en arrière-plan les syndicats) a facilement prouvé sa cohésion en rejetant l'initiative melonienne. Le PD a un parti pris : il ne faut pas toucher aux pouvoirs et aux prérogatives du chef de l'État. E. Schlein l’a dit très directement : "nos priorités sont ailleurs, le travail, les salaires, le PNRR". La bataille pour le leadership au centre-gauche est bien là. C'est la même raison qui a poussé Conte à se présenter aux négociations d'hier malgré ses réticences initiales, ou qui pousse Fratoianni à être le plus intransigeant. Chacun joue son propre jeu politique au sein du camp du "non". Meloni n’a pas semblé mécontente du déroulement de la journée. D'une certaine manière, elle a gardé l'initiative, elle a obtenu la main tendue de l'ancien "troisième pôle" avec sa valeur symbolique, elle a incité le centre-gauche à se rapprocher d'une ligne conservatrice. C'est peut-être précisément le défi qu'Elly Schlein devrait relever : ne pas se laisser influencer par le M5S et ne pas donner à la droite une image imméritée de dynamisme institutionnel. »
COULISSES, Il Messaggero, E. Pucci : « Salvini ne lâche pas sur les négociations : aucun moratoire sur l’Autonomie » : « Salvini a interrompu la campagne électorale dans les Abruzzes pour participer aux réunions du gouvernement sur les réformes. Des négociations que le leader de la Ligue associe à celle sur l’autonomie régionale, le cheval de bataille du parti. ‘’ Il est de notre devoir d’écouter les positions de tous les partis politiques, mais aussi, ensuite, de prendre des décisions. La réforme permettra aux citoyens d’élire des gouvernements qui resteront stables pendant cinq ans ; l’autonomie fera finalement de l’Italie un pays plus moderne, efficace et stable ’’ a déclaré Salvini, après avoir rencontré les oppositions. La Ligue revient aussi sur le thème du présidentialisme : ‘’ Notre programme parlait du présidentialisme, et non pas d’une augmentation du pouvoir du Président du Conseil ; désormais, ils veulent l’élection directe du Président du Conseil, mais cela ne faisait pas partie des accords.’’ Sur le fond, il y a le thème de l’autonomie, sur lequel la Ligue ne veut pas négocier et ne veut pas que Meloni recule. Pour le moment, le projet de loi signé par Calderoli est à l’examen de la Commission des affaires constitutionnelles du Sénat, et on pourrait arriver à un premier feu vert au mois de juin, de même que pour le projet de renforcement des pouvoirs du Président du Conseil. La Ligue demande que le thème des réformes ne se superpose pas avec celui de l’autonomie. »
SONDAGES, Libero, A. Gonzato « 46% des Italiens sont favorables à élire directement le Chef de l’Etat » : « D’après le sondage d’Euromedia Research diffusé hier à l’émission Porta a Porta, l’élection directe du Chef de l’Etat plaît à 46,6% des Italiens, 36,8% se disent contre et 16,6% ne se prononcent pas. Cette réforme plait notamment aux électeurs de Fratelli d’Italia (73,9%), de Forza Italia (70%) mais surtout aux électeurs de la Ligue (77,5%). 47,2% des électeurs du Troisième pôle (Italia Viva – Azione) se disent favorables. Parmi ceux qui s’opposent à cette élection directe du Chef de l’Etat, il y a tout d’abord les électeurs de l’alliance Verts-Sinistra, suivi par ceux du PD (74%) et de +Europa (54%). A l’autre question « souhaitez-vous pouvoir élire directement le Président du Conseil et lui donner plus de pouvoirs » 42% des Italiens sont favorables, 32,4% se disent contre et 25,6% ne se prononcent pas. Concernant l’orientation des électeurs, ce sont surtout ceux de Fratelli d’Italia qui sont favorables (75%), suivis de ceux de Forza Italia (67,3%) et de la Ligue (55%). En revanche, cela ne convainc pas les lecteurs Verdi-Sinistra (84%), du PD (62,2%) et de + Europa (54%). Enfin, selon le sondage SWG, les intentions de vote des Italiens varient un peu en un mois : Fratelli d’Italia passe à 29,5% (+0,6 points), le PD à 21,1% (-0,4 points), le M5S à 15,6% (+0,3 points), la Ligue est stable à 9% et Forza Italia à 6,6% (-0,2 points).
ENTRETIEN, La Stampa, de Gilberto Pichetto Fratin (Forza Italia), ministre de l’Environnement et de la sécurité énergétique « Sur le PNRR il faut être réalistes, concentrons-nous sur les grands investissements » : « ‘’C’est une révolution qui est en cours, liée à plusieurs changements, conditionnés par la Covid-19 et une guerre proche de nous. Par ailleurs, à l’époque on ne parlait pas de durabilité, or maintenant c’est un sujet « liquide » allant de la perception finale du consommateur à l’évolution technologique. Le gaz et le nucléaire sont entrés dans la taxonomie. Le Plan de Relance a été conçu dans une époque révolue. Il faut alors réfléchir sur les petites interventions qui concernent des milliers de municipalités, où parfois il est difficile d’acter des délibérations. Il faut être réalistes, il y a des mesures qui vont vers des milliers de réalités des municipalités et régions et il s’agit de vérifier ce qu’il faut garder et ce qu’il faut sacrifier. D’ici quelques jours, nous ferons savoir quels sont projets prévus par le PNRR et lesquels figureront en revanche dans le RePowerEU. Il faudrait se concentrer sur les grands investissements afin de doter l’Italie d’infrastructures, c’est une occasion historique. Il faut comprendre ce qui peut être réalisable d’ici 2026. J’ai proposé au ministre Fitto qu’il serait peut-être préférable de déplacer certains projets vers les fonds de développement et de cohésion’’. »
ARTICLE, Il Messaggero « « L’Italie veut sortir du mémorandum de la Route de la Soie » : « Selon l’agence américaine Bloomberg ‘’l’Italie a fait savoir aux Etats-Unis qu’elle souhaite se retirer du pacte controversé avec la Chine d’ici la fin de l’année’’. C’est ce que Giorgia Meloni aurait dit au Président de la Chambre américain Kevin McCarthy lors d’une rencontre à Rome, la semaine passée. Malgré l’absence de décision définitive, ‘’le gouvernement penche pour la sortie de l’Italie’’, comme le confirment certaines personnes présentes lors de la rencontre. Comme l’a dit Mme Meloni à l’agence taïwanaise CNA en septembre dernier ‘’je vois difficilement les conditions politiques réunies pour signer la reconduction du mémorandum chinois’’. »
ARTICLE, La Repubblica, « L'UE, pour l'après Ursula, la tentation par Tajani (Forza Italia) du pacte entre le PPE et les droites » par Claudio Tito : « "Plus de démocratie pour l'Europe, c'est pouvoir choisir un candidat ou une candidate avec un contenu et des idées. Cela vaut pour les maires, pour les gouvernements et jusqu'à la présidence de la Commission européenne". Ces mots prononcés dans l'hémicycle du Parlement européen par le chef du groupe populaire, l'Allemand Manfred Weber sont passés inaperçus mais ont leur importance. Ils représentaient une véritable attaque contre la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen et s’inscrivent dans un dessein politique de plus en plus précis pour le leader du PPE : éviter un nouveau mandat à sa compatriote. Et peut-être créer les conditions pour qu'un autre populaire prenne sa place. Quelqu'un comme l'actuel ministre italien des affaires étrangères, Antonio Tajani. Il est clair qu'une bataille de partis se déroule en Allemagne pour la direction des futures institutions de l'UE après les élections européennes de mai prochain. Le leader du parti populaire rappelle implicitement que Mme Von der Leyen n'a pas été choisie par le biais de l'élection des "Spitzenkandidaten", les concurrents officiels qui se présentent au Parlement, mais par le biais d'un accord entre les gouvernements nationaux. Et les Populaires savent que l'actuel exécutif berlinois, dirigé par les sociaux-démocrates, préférerait conserver le poste européen actuel, qui répond à un équilibre politique basé sur un accord entre les Populaires et les Socialistes. L'objectif de Weber est exactement l'inverse. Viser à droite pour une alliance avec les conservateurs, le parti dont Giorgia Meloni est membre. Et pour cela, il doit d'abord démonter l'hypothèse d'un nouveau mandat pour Von der Leyen. “Nous savons", a déclaré hier le président du groupe socialiste, Iratxe Garcia Perez, "de quel côté se trouve Weber : il est beaucoup plus à l'aise avec Meloni qu'avec le chancelier Scholz. Chacun décidera de son côté". En effet, le nœud se resserre autour des relations de plus en plus intenses entre le PPE et les conservateurs. Et dans les salons réservés du Parti Populaire, le débat s'est ouvert sur qui pourrait être le successeur d'"Ursula", d’autant plus si celle-ci prenait la direction de l’OTAN, ouvrant la porte à un intérim du vice-président exécutif le plus haut placé Frans Timmermans. Le nom qui circule le plus dans les réunions populaires est celui d'Antonio Tajani. Comme on pouvait s'y attendre, le PPE se confirmera comme le premier parti européen. Un autre Allemand est considéré comme improbable. Le ministre italien des affaires étrangères pourrait quant à lui devenir le meilleur symbole pour légitimer l'éventuelle nouvelle coalition de centre-droit en Europe. »
ARTICLE, Il Foglio, D. Carretta : « L’Europe géopolitique de Scholz défie la souveraineté de Macron » : « Devant le Parlement européen, Olaf Scholz s'est présenté hier comme l'alternative à Emmanuel Macron sur la direction que devrait prendre l'UE après la guerre de la Russie contre l'Ukraine. Oui, l'UE doit devenir géopolitique. Oui, elle doit renforcer la défense européenne. Oui, elle doit procéder à des réformes institutionnelles pour s'adapter aux futurs élargissements, en abolissant l'unanimité en matière de politique étrangère et de fiscalité. Des accords commerciaux à la révision du pacte de stabilité, du positionnement dans le conflit entre les Etats-Unis et la Chine jusqu’à l'élargissement de l’UE aux Balkans et à l'Ukraine, Scholz ne semble pas se laisse envoûter par les sirènes de Macron. Hier, à l’occasion de la Fête de l’Europe, Scholz a dit beaucoup de choses justes : "Une Ukraine prospère, démocratique et européenne est vraiment la meilleure chose que nous puissions opposer aux politiques impérialistes, révisionnistes et illégales de Poutine". Ces propos lui permettent également de prendre ses distances avec Macron sur d'autres sujets brûlants de l'UE. Le président français rencontre Xi Jinping, laissant entrevoir une équidistance entre la Chine et les États-Unis ? "Les États-Unis restent l'allié le plus important, tandis que la concurrence et la rivalité avec la Chine augmentent“, a déclaré Scholz. La France veut utiliser les objectifs climatiques comme prétexte pour bloquer les accords de libre-échange et protéger l'agriculture ? “Une Europe géopolitique doit "conclure rapidement de nouveaux accords de libre-échange avec le Mercosur, le Mexique, l'Inde, l'Indonésie, l'Australie, le Kenya et, à l'avenir, de nombreux autres pays", a expliqué le chancelier." Paris imagine déjà comment entraver l'adhésion des pays qui attendent pour rejoindre l'UE ? ‘’ Nous avons assuré aux citoyens des pays des Balkans occidentaux, de l'Ukraine, de la Moldavie et, en perspective, de la Géorgie : vous serez à nos côtés", a rappelé Scholz : "Une Europe géopolitique sera aussi jugée sur le fait qu'elle tient ses promesses à ses voisins ". La France veut-elle un pacte de stabilité sans véritable frein budgétaire ? ‘’La dette n'est pas une réponse aux crises", a répondu Scholz. L'Europe géopolitique de Scholz a plus de chances d'être approuvée par les autres États membres, en particulier par ceux du nord et de l'est, que la souveraineté européenne de Macron, qui, pour d’autres, semble trop française et anti-américaine. Toutefois, le problème du Chancelier est que son leadership européen est faible. »
ARTICLE, La Repubblica, « Rome et Paris au travail : des contacts pour surmonter la crise » par Anaïs Ginori : « Faire baisser la tension, éviter de nouvelles déclarations polémiques et gagner du temps pour trouver une issue à la nouvelle crise diplomatique entre Rome et Paris. Près d'une semaine après les propos du ministre Gérald Darmanin contre le Premier ministre Giorgia Meloni, aucune solution n'a encore été trouvée pour clore l'affaire. Mais le tournant pourrait venir d'un contact bilatéral entre Mme Meloni et Emmanuel Macron avec un appel téléphonique, peut-être en saisissant l'occasion d'un cycle d'actualité internationale chargé. Les occasions de se rencontrer et de se parler ne manqueront pas dans les semaines à venir, à commencer par le G7 au Japon dans moins de dix jours, jusqu'au Conseil européen à la fin du mois de juin. Entre les deux, plusieurs rendez-vous à Paris, comme le sommet organisé par l'Elysée pour un nouveau pacte financier mondial et le salon du Bourget, haut lieu de l'industrie européenne de la défense. Jusqu'à présent, l'Élysée a évité de commenter directement l'affrontement. Idem pour la présidente du Conseil italienne qui a réagi lundi soir, en réponse à une question. "J'avais parlé à M. Macron la veille", a-t-elle expliqué, soulignant une "discordance entre les déclarations publiques et privées" dans la relation bilatérale. “Il me semble qu'il s'agit plutôt d'une question de politique intérieure des Français", a poursuivi Mme Meloni, "mais je recommande d’être prudent quand on parle d’autres gouvernements pour régler des questions de politique intérieure, c'est quelque chose qui ne se fait pas normalement". Les déclarations de Meloni - qui contextualisent la controverse dans le jeu interne entre les macronistes et Marine Le Pen - ont été interprétées positivement côté français. Darmanin n'a pas été désavoué publiquement, mais a reçu peu de soutien. Il n'a pas non plus recueilli les applaudissements de la droite des Républicains vers laquelle la majorité se tourne pour se stabiliser au Parlement. "Une instrumentalisation pour détourner l'attention", a commenté Eric Ciotti, secrétaire des Républicains. Les signaux émanant du gouvernement français ont presque tous été des signaux de détente, du communiqué du ministère des Affaires étrangères publié en un temps record à l'intervention de la Première ministre Elisabeth Borne qui a appelé à un "dialogue apaisé". Une fois de plus, c'est Sergio Mattarella qui pourrait sceller la réconciliation. Le chef de l'Etat est invité à Paris le 8 juin - sans confirmation officielle du Quirinal - pour l'inauguration de l'exposition "Naples à Paris", l'un des événements culturels de l'année avec le prêt exceptionnel d'œuvres du musée de Capodimonte. Mais si les relations institutionnelles redémarrent, les relations politiques restent tendues. En effet, en vue des élections européennes du printemps prochain, Macron rêve de réunir un front progressiste contre les conservateurs. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
12:44 | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.