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27/03/2023

"Revirement de Berlusconi en faveur du gouvernement."

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Italie. Revue de presse.

Les opérations de secours très nombreuses ce week-end et les accusations réciproques entre la garde côtière italienne et les ONG font la Une de la presse italienne « Débarquements, chaos et saisies. Lampedusa sur le point de céder face aux arrivées de migrants, le navire humanitaire de l’artiste Banksy immobilisé’’ (Corriere della Sera), « Les ONG sont attaquées ; l’UE envisage le rétablissement de l’opération Sophia que Salvini avait sabotée » (La Repubblica), « Les ONG sous les critiques, ‘’elles entravent les missions de sauvetage’’ » (La Stampa), « Les ONG empêchent les secours » (Il Giornale). Les réformes dans le cadre du Plan de Relance sont également évoquées en Une « Appels d’offre, simplification de la bureaucratie » (Il Messaggero).

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Silvio Berlusconi et sa compagne Marta Fascina

COULISSES, La Stampa, de F. Olivo, « Les amertures au sein de Forza Italia » : « Giorgia Meloni suit avec intérêt le remaniement qui a chamboulé Forza Italia ce week-end. Elle voit bien que le changement insufflé par le récent communiqué de Silvio Berlusconi renforce au sein du parti allié l’aile la plus proche du gouvernement. Le ministre de l’Agriculture, Francesco Lollobrigida (Frères d’Italie), dissimule mal sa satisfaction à l’annonce du retour de Paolo Barelli en tant que chef de groupe Forza Italia à la Chambre, à la place d’Alessandro Cattaneo. [Pour Fratelli d’Italia] le soulagement est grand : le parti allié représentait jusqu’à présent une épine dans le pied du gouvernement. Les deux chefs de groupes aux Chambres étaient perçus comme la plus grande entrave potentielle et le fait qu’au moins un des deux soient plus fiables constitue une garantie non-négligeable. La suite logique de cette réorganisation sera une alliance entre le Parti populaire européen et celui des Conservateurs dirigé par Meloni. Toutefois, plusieurs inconnues persistent : ceux qui se sentent lésés par cette réorganisation du parti pourraient se venger et, de façon générale, il n’est jamais bon d’avoir un parti divisé pour allié. L’éviction de Cattaneo et le déclassement de Licia Ronzulli (qui reste cheffe de groupe au Sénat mais perd la direction de la Lombardie) a eu de plus lourdes conséquences que prévu. Au sein du parti, beaucoup identifient Marta Fascina, la députée et compagne de Silvio Berlusconi, comme la cheffe d’orchestre de cette manœuvre. Fascina a de plus en plus de pouvoir au sein de Forza Italia et serait également partisane de la ligne philo-russe de Berlusconi. Elle craindrait une attaque nucléaire de grande ampleur et plusieurs témoignages indiquent qu’elle se préparerait à cette éventualité. Mais surtout, Marta Fascina est parvenue à renouer les liens avec Antonio Tajani (qui a obtenu le retour de Barelli) et avec Giorgia Meloni. Ce revirement de Berlusconi en faveur du gouvernement en a surpris beaucoup. Mais que vont faire ceux qui sont en désaccord ? Pour le moment, l’option de rester dans le parti pour l’affaiblir de l’intérieur l’emporte. L’autre option serait de quitter le parti mais ils reconnaissent qu’il n’y a pas les appuis nécessaires ni de véritable alternative possible à ce gouvernement. Comme prochaine étape, Silvio Berlusconi pourrait remplacer le trésorier du parti par un avocat de Mediaset. Mais surtout, les yeux sont rivés vers le Sénat où la majorité tient à une dizaine de voix, or Forza Italia y occupe 18 sièges. Dès le début de la législature, Fratelli d’Italia avait travaillé sur le groupe allié, faisant en sorte de se garantir un nombre de voix suffisant en cas de problème. »

ARTICLE, Corriere della Sera, de Maria Teresa Meli, « Schlein évite de diviser le PD. Boccia et Braga seront chefs de groupe » : « Elly Schlein a gagné le premier bras de fer de son secrétariat. Ou plutôt, pour être plus précis, la dirigeante du Parti démocrate n'a même pas eu à se lancer dans cette épreuve de force, car elle n'a jamais changé sa position initiale sur les chefs de groupe. Chiara Braga et Francesco Boccia, deux noms et pas de négociations. "Je veux un parti qui fasse ce qu'il dit, comme c'est le cas dans les démocraties occidentales normales, et non un parti qui renie ensuite les promesses faites parce qu'il ne mène pas les batailles au Parlement" : c'est avec ces mots simples que la secrétaire a expliqué pourquoi elle estime que deux représentants du PD qui lui font confiance doivent diriger les troupes démocrates à l'Assemblée et au Sénat. Il ne s'agit pas d'un défi, ont expliqué les loyalistes, mais d'une conséquence de sa façon de comprendre la politique. Il est clair", explique Schlein aux siens, "qu'au cours de ces mois, je serai très présente sur la place, parmi les gens, pour reconquérir notre peuple et au Parlement, le PD devra agir en harmonie“. Pour montrer qu'il n'y a pas d'arrogance ou d'intention de marginaliser la minorité, la secrétaire s'est entretenue à plusieurs reprises non seulement avec Bonaccini, mais aussi avec les leaders qui l'ont soutenue lors de la campagne des primaires : Lorenzo Guerini, Matteo Orfini, Graziano Delrio. Et bien sûr, elle a aussi appelé Simona Malpezzi et Debora Serracchiani, pour leur expliquer qu'il n'y avait rien de personnel dans son choix. Le discours répété à tout le monde était en substance « Je veux vraiment arriver à une gestion unitaire du parti, je pense que ce serait mieux pour nous et pour nos électeurs, parce que nous ne pouvons pas nous permettre des divisions maintenant, donc mon choix sur Francesco et Chiara ne doit pas sembler exagéré parce qu'il ne l'est pas". Le prochain dossier à traiter sera celui du secrétariat, alors qu'il n'y a pas de « shadow cabinet » en vue. Les partisans de la minorité entreront également dans cet organe. Ainsi, l'entrée au secrétariat de Davide Baruffi, bras gauche et droit du président du PD Bonaccini, l'homme qui a mené les négociations internes avec Boccia, et d'Alessandro Alfieri semble acquise. Pour la majorité, les noms de Marco Furfaro, 40 ans, Michela Di Biase et Marco Sarracino, entre autres, s'imposent. » 

ENTRETIEN, Il Messaggero, d’Eugenia ROCELLA (Frères d’Italie), ministre de la famille, «  La GPA est une pratique raciste qui bénéficie d'une trop grande tolérance » par Pietro Piovani : « Pour Eugenia Roccella, ministre de la Famille, de la natalité et de l'Égalité des chances, on a jusqu'à présent trop toléré le phénomène des mères porteuses. Qui, en Italie, "est un délit, mais n'est pas poursuivi". De Paris vient une nouvelle qui, à son avis, devrait suffire à réfuter tant de polémiques italiennes : par une résolution, le Sénat français a rejeté le soi-disant "certificat de filiation européen". Il s'agit du règlement qui obligerait les personnes ayant acquis le statut de parent dans un autre pays européen à être automatiquement reconnues comme parents d'un enfant. En bref, il s'agit d'un vote similaire à celui du Sénat italien, contre lequel tant d'objections ont été soulevées ces derniers jours. Le vote du Sénat français devrait faire l'objet d'au moins autant d'attention que les polémiques spécieuses qui ont suivi le vote du Parlement italien", estime Mme Roccella. Dans les motifs de son rejet, le sénat français rappelle que le certificat européen de filiation ne respecte pas les traités, qui laissent à l'autonomie de chaque pays des questions délicates comme la famille et la parentalité, et risque en outre de légitimer l'utérus en location. “Après la déclaration de notre Sénat, on a parlé d'une Italie rétrograde et éloignée de l'Europe. J'attends maintenant, je ne dis pas un mea culpa, mais au moins une "discussion" moins instrumentale et moins fausse.“

Certains maires, à commencer par Gualtieri à Rome, déclarent qu'ils continueront à transcrire les actes de naissance des enfants nés à l'étranger de parents homosexuels. Pensez-vous qu'une clarification législative soit nécessaire pour éviter les situations confuses ?

Les lois italiennes existent et sont claires. Et, comme l'ont expliqué les récentes décisions des plus hautes juridictions italiennes, elles ne signifient pas que les enfants sont privés de droits. Au contraire, le dernier arrêt de la Cour suprême en la matière indique clairement que la demande de transcription automatique ne protège pas l'intérêt supérieur de l'enfant, mais seulement celui de l'adulte, le partenaire du parent biologique. Je pense que les maires savent tout cela et j'attends des responsables politiques et administratifs qu'ils respectent la loi et les arrêts".

Il existe des agences étrangères, américaines ou d'autres pays, qui viennent clandestinement en Italie pour proposer à des couples (en grande majorité hétérosexuels) le service de gestation pour autrui, une pratique interdite par nos lois : ferez-vous quelque chose pour contrer ce phénomène ?

"Je voudrais tout d'abord rappeler qu'en Italie, ce n'est pas seulement la gestation pour autrui qui est interdite, mais aussi sa propagande. Même ceux qui offrent ce type de "service" commettent donc un délit dans notre pays. Il est regrettable que, depuis que ce délit a été introduit dans notre système juridique, il n'ait jamais été réellement poursuivi et que l'on n'explique pas vraiment au public en quoi consistent les contrats de maternité de substitution. Une proposition est en cours de discussion au Parlement pour rendre cette pratique punissable même si elle est commise à l'étranger. Je pense que c'est un pas important pour lutter contre cette forme d'exploitation".

L'enfant d'un couple homosexuel, qui n'est pas fautif d'être né en dehors de la loi italienne, est néanmoins pénalisé par une série de limitations législatives et bureaucratiques : il ne peut recevoir de l'un de ses parents un héritage, une pension de survie, et si le parent biologique meurt, il perd le droit de grandir avec l'autre. Une solution ne peut-elle pas être imaginée ?

"Comme nous l'avons déjà dit, en Italie, les enfants ne sont privés d'aucun droit. Dans notre pays, tous les enfants sont traités sur un pied d'égalité. Tout d'abord, le parent biologique peut immédiatement enregistrer l'enfant, qui jouit dès lors de tous les droits. En ce qui concerne la relation avec le partenaire du parent biologique, la solution a été indiquée par la Cour suprême dans des sections unies : l'adoption dans des cas particuliers, beaucoup plus simple et rapide que l'adoption classique. Et, comme l'a établi la Cour constitutionnelle, parfaitement adaptée pour assurer légalement à l'enfant un contexte parental complet".

L'opposition présente un projet de loi qui admet la maternité de substitution dans des conditions très strictes pour éviter qu'elle ne devienne une pratique commerciale : le gouvernement exclut-il toute ouverture dans ce sens ?

"Je crains que ceux qui tiennent ces propos ne cherchent qu'à ouvrir une brèche dans l'interdiction. La location d'utérus est une pratique commerciale : il y a des foires internationales, des catalogues pour choisir l'ovocyte en fonction de caractéristiques génétiques (n'est-ce pas du racisme ?), différents critères pour choisir la femme qui portera l'enfant. Certains, pour camoufler cette horrible réalité, parlent de remboursement des frais au lieu de rémunération. Mais le fond ne change pas : il s'agit d'un commerce de la maternité, qui humilie les femmes et les enfants." » 

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Eugenia Rocella

PREMIER PLAN, Corriere della Sera, « Il ne s'est pas limité à une seule intervention » : Le bateau de Banksy bloqué au port » par Giusi Fasano : « Le Louise Michel, le bateau qui porte le même nom que l'ONG à laquelle il appartient, est bloqué au port. L'artiste Banksy a financé et décoré avec l’un de ses dessins typiques : une petite fille, en fait, qui porte une bouée de sauvetage sur elle et une autre en forme de cœur, tenue d'une main et prête à être lancée. La capitainerie du port de Lampedusa a soumis le Louise Michel à une immobilisation administrative (qui entraîne des sanctions allant de deux à dix mille euros) dès la fin des opérations de débarquement de 178 migrants recueillis en Méditerranée sur quatre embarcations différentes en difficulté. "Ils nous empêchent de quitter le port et de porter secours en mer", protestent les militants présents à bord, à commencer par sa capitaine, l'Allemande Pia Klemp. "Nous savons qu’il y a des dizaines d'embarcations en détresse devant l'île en ce moment même", écrivent-ils dans un tweet à la mi-journée. Et pourtant, "ils nous interdisent de sortir et de porter assistance. C'est inacceptable". Et encore : "Les autorités européennes sont pleinement conscientes des personnes en danger dans leur zone Sar. Plusieurs vies ont été perdues hier (samedi, ndlr) dans deux naufrages. Ces décès ne sont ni un accident ni une tragédie. ".La Garde côtière a répondu par un communiqué publié dans l'après-midi. A commencer par le motif de l'immobilisation du Louise Michel : la violation du décret Piantedosi. "L'unité, en particulier, après une première opération de sauvetage dans les eaux libyennes, a enfreint l'ordre de rejoindre le port de Trapani, se dirigeant plutôt vers trois autres bateaux de migrants vers lesquels, en outre, les navires des garde-côtes italiens se dirigeaient déjà pour le sauvetage.“  Un acte de désobéissance qui a conduit à un changement d'itinéraire du Louise Michel "pour des raisons de sécurité et d'urgence" : du port assigné de Trapani à celui de Lampedusa, "déjà pressé par les nombreuses arrivées de migrants ces derniers jours", écrit la Garde côtière. Celle-ci accuse les activistes du bateau de Banksy d'avoir compliqué "avec un tel comportement, le délicat travail de coordination des opérations de sauvetage", et l'ONG d'avoir "surchargé les systèmes de communication du Centre national de coordination en dupliquant les signaux des avions de l'Etat déjà présents" avec "les appels continus" de leurs moyens aériens. » 

ARTICLE, Il Messaggero, M. ALLEGRI, « Encore des accusations contre les ONG : « elles gênent les secours ». Stop au navire de Banksy » : « Près de quatre mille migrants sauvés en 48 heures et un flot de polémiques. D’abord, concernant les déclarations de l'ONG « SOS Méditerranée », qui dit avoir été attaquée par un patrouilleur libyen lors d'une tentative de sauvetage. Ensuite, au sujet de l'immobilisation à Lampedusa du navire Louise Michel, financé par l’artiste Banksy. Hier après-midi, les garde-côtes ont affirmé que les demandes d'intervention continues des ONG finissent par entraver les opérations de sauvetage, car elles surchargent le système d'urgence avec des rapports de sauvetages déjà effectués. Cela s'est produit, selon la Garde côtière, lors de nombreux épisodes dans la « zone Sar » ( zone de recherche et de sauvetage ) italienne, mais également dans les eaux internationales. Une réponse directe a été adressée à Sos Méditerranée, en référence à l'attaque subie après des tirs d’un patrouilleur libyen contre le bateau de l’ONG : "L'épisode relatif aux prétendus coups de feu tirés par les garde-côtes libyens dans la zone Sar n'a pas été signalé au pays du pavillon, comme le prévoit la réglementation, mais au Centre de coordination italien, ce qui a fini par surcharger le Centre dans des moments particulièrement intenses". Au sujet de l’immobilisation du Louise Michel, l’explication avancée est la suivante : après avoir effectué une opération de sauvetage dans les eaux libyennes, le navire a violé le décret sur les ONG : "Les instructions données au navire de l'ONG, compte tenu de sa petite taille, visaient à éviter qu'il n'embarque un nombre de personnes qui aurait mis en péril sa propre sécurité et celle des embarcations auxquelles il aurait porté assistance. Le non-respect de ces dispositions a ralenti l'obtention d'un port de débarquement pour les migrants". Les tragédies ne s'arrêtent pas là, puisque les garde-côtes tunisiens ont récupéré 29 corps de naufragés qui se trouvaient à bord de deux embarcations ayant chaviré. Cette situation inquiète le gouvernement, conscient que l’Italie seule ne pourra faire face à l'urgence. Fin avril, le ministre de l'Intérieur, Matteo Piatendosi, se rendra en Tunisie, pour un premier voyage de coopération européenne avec les pays d'origine des migrants. Il devrait être accompagné de la commissaire européenne aux affaires intérieures, Ylva Johansson, et du ministre français Gérald Darmanin. Le ministre des affaires étrangères, Antonio Tajani, s'est également exprimé sur le sujet : "Nous ne pouvons pas abandonner la Tunisie, nous risquons d'avoir les Frères musulmans qui peuvent créer de l'instabilité. Nous ne pouvons pas nous permettre l'islamisation de la Méditerranée. Nous espérons que tout le monde entendra les raisons de l’Italie". Le dernier protocole d'accord entre l'Italie et la Tunisie prévoyait une allocation de 200 millions d'euros entre 2021 et 2023. Des patrouilleurs pourraient également être fournis au pays, ainsi que des drones pour renforcer les patrouilles. » 

ARTICLE, La Repubblica, C. TITO, « Une nouvelle opération Sophia négociée entre Rome et l'UE après le veto de Salvini en 2018. » : « La semaine dernière, lors du Conseil européen, les dirigeants de l'UE ont ignoré l'urgence de la situation des migrants au cours des sessions officielles. Pour autant, le sujet est revenu à plusieurs reprises à l’occasion de discussions officieuses lors des entretiens bilatéraux, et notamment celui entre Giorgia Meloni et Emmanuel Macron. C’est d’ailleurs précisément de ces dialogues qu'a commencé à émerger un plan qui viserait à ressusciter l'opération Sophia, lancée par l'Union européenne en 2015 et qui a échoué fin 2018 en raison du veto exprimé par le ministre de l'Intérieur italien de l'époque, Matteo Salvini. Le postulat de départ est que de nombreuses chancelleries des 27 ont pointé du doigt le manque de volontarisme de l'Italie sur l'urgence migratoire, accusant Rome de se plaindre sans présenter d'initiatives concrètes. Hier, le ministre Tajani l'a répété : "Nous sommes seuls face à l'urgence, nous ne sommes donc pas en mesure d'y faire face ». Face à la "timidité" improductive de l'équipe de Meloni, Berlin et Paris proposent une approche globale, qui prend en compte ce qui se passe sur le sol africain : de la Tunisie à la Libye en passant par la Corne de l'Afrique. Dans ce contexte, l’aide que Macron s'est déclaré prêt à accorder devrait passer par l'implication de toutes les institutions. Ce modèle d’approche est celui de l'opération Sophia, qui comprenait l’engagement de navires militaires européens dans la patrouille de la mer entre l'Afrique et l’Italie, et avait pour objectif la surveillance des réseaux de trafic d'êtres humains, mais aussi la recherche de navires suspects ainsi que la destruction des embarcations utilisées par les passeurs. Ainsi, l’Union africaine devrait également être appelée à gérer les rapatriements, par le biais d'une extension des accords sur les procédures volontaires assistées. L’ONU, comme elle l’a déjà fait par le passé, serait chargée de gérer les centres d'accueil dans les territoires d'où partent les bateaux des migrants. Un tableau aussi complexe nécessiterait que les centres d'identification en Italie jouent un rôle, mais également qu’un plus large éventail d'initiatives soit déployé. L'élargissement des accords de rapatriement par exemple, en commençant par la Tunisie. Sans engagement économique dans ces domaines, le commissaire aux affaires économiques, Paolo Gentiloni, estime qu’il sera difficile de convaincre les pays d'où partent les trafiquants d'êtres humains, et ceux où arrivent les migrants, d'accepter des mesures de sécurité, même de la part des Nations unies. Certains des chefs d'État et de gouvernement qui en ont discuté avec Meloni se demandent si la majorité de droite en Italie est en mesure de convaincre Matteo Salvini qu'il s'agit de la seule voie possible. Il devra, en effet, accepter de revenir sur la décision qu'il a prise il y a un peu moins de cinq ans : le choix appartient désormais au gouvernement Meloni ». 

ARTICLE, La Stampa, G. Longo, F. Olivo, « Moyens et soutiens économiques à Tunis, pression pour débloquer les fonds du FMI » : « Le gouvernement voit d’un œil inquiet la vague d’arrivées. Le nombre record de débarquements de ces dernières heures prouve, selon le Gouvernement, que les propos très vifs de Giorgia Meloni au Conseil européen n'étaient pas une stratégie pour dramatiser les négociations, mais bien la réalité. Tout tourne autour de la Tunisie, c'est désormais clair. D’ailleurs, la conviction de l'exécutif est qu'à ce stade il n'y a pas besoin de nouvelles réglementations, mais plutôt d'un réseau diplomatique pour intervenir dans les zones de départs. Le décret émis à la suite de la tragédie de Cutro est en train d'être discuté au Parlement, et des corrections ainsi que des changements pourraient y être apportés. Ces modifications pourraient tenter de renforcer ce qui préoccupe le plus le gouvernement en ce moment : agir sur la relocalisation des migrants débarqués ces derniers jours ( afin de délester la Sicile et la Calabre ) et, par la suite, forcer les rapatriements. Demain, lors du Conseil des ministres, la question de l'immigration pourrait donc être encore discutée. L'objectif est de reproduire le modèle libyen à Tunis, évidemment non pas dans les résultats, mais dans la méthode : former les forces de sécurité locales, fournir des moyens et des aides financières, commencer par des patrouilleurs et des drones pour intensifier les patrouilles. Cela sera un des objectifs de la visite du ministre Piantendosi en Tunisie fin avril, en compagnie de la commissaire européenne à l'Intérieur Ylva Johansson et du ministre français Gerald Darmanin. Concernant les fonds européens, l’Italie fait pression pour que le prêt soit débloqué en échange de réformes, à la suite d'un accord préliminaire conclu en octobre entre les services du Fonds et les autorités tunisiennes. Lors d'un appel téléphonique, Tajani a proposé un compromis à Kristalina Georgieva, directrice du Fonds monétaire : "Donnez l'argent par tranches ; si, après la première tranche, ils poursuivent les réformes, vous donnerez la deuxième tranche, et ainsi de suite". Le gouvernement espère obtenir le soutien de la France sur ce point, notamment après la rencontre bilatérale entre Georgia Meloni et Emmanuel Macron. Aujourd'hui, le commissaire aux affaires économiques, Paolo Gentiloni, se rendra à Tunis pour discuter des modalités d'une nouvelle opération potentielle d'assistance macrofinancière, que la Commission européenne pourrait envisager si les conditions préalables sont remplies. En attendant, le Ministère de l’Intérieur a déjà préparé le plan de renforcement des CPR, les Centres de rapatriement des migrants : un par région sera mis en place, sachant que 90% des personnes arrivant en Italie "sont des migrants économiques en situation irrégulière à renvoyer chez eux". Il faudra ensuite réussir à passer des accords qui n'ont jamais vu le jour, jusqu’à présent, avec les pays d’origine. »

ENTRETIEN, Corriere della Sera, d’A. Tajani, ministre des Affaires étrangères, « Nous devons aider la Tunisie ; désormais la France aussi est plus attentive

SONDAGES, La Repubblica, d’I. Diamanti, “La confiance en l’UE recule, atteignant son plus bas niveau depuis trois ans : les Italiens sont ‘’eurodistants’’ mais contre un Italexit » : « La confiance des italiens vis-à-vis de l’Union européenne connait à nouveau une baisse après plusieurs années de tendance croissante. D’après une étude de Démos, elle se limite à 38% en février dernier alors qu’elle avait atteint 45% en 2022. En effet après une importante baisse de confiance suite à la crise financière de 2008 imputée à l’UE, le climat avait peu à peu changé ces dernières années compte tenu des fonds européens dont l’Italie avait bénéficié : près de 200 milliards d’euros au total. Des fonds déterminants pour le budget pour la relance du pays. Un rôle de la finance européenne qui s’était concrétisé dans la figure de Mario Draghi. Mais depuis la chute de son gouvernement l’été dernier et les élections de septembre ont à nouveau changé le scénario et on voit réémerger les préoccupations. Le conflit en Ukraine, dans lequel l’Europe ne semble pas en mesure de jouer un véritable rôle décisif et de premier plan notamment dans les négociations. Mais ce n’est pas la première raison de ce recul : les Italiens ont toujours eu une attitude ‘’détachée’’ vis-à-vis de l’UE, non pas qu’ils veuillent s’en détacher car elle a toujours été un point de repère nécessaire à leurs yeux, mais plutôt comme s’il y avait une certaine distance. Si 7 Italiens sur 10 affirment être contre une sortie de l’UE à la façon du Royaume-Uni, ils ont moins confiance en l’UE que d’autre pays membres. Ils sont européens ‘’par prudence’’ plus que par sentiment d’appartenance. Les scandales de corruption, notamment le récent Qatargate, pèsent sur cette confiance. Toutefois, les profils socio-politiques restent inchangés : l’euroscepticisme prévaut auprès de l’électorat de droite, en particulier de la Ligue. Chez l’électorat du Mouvement 5 Etoiles aussi on observe un recul sensible depuis la fin du gouvernement Conte. On note toutefois un regain du sentiment européiste parmi ceux qui votent pour Fratelli d’Italia. Le soutien le plus fort vient tout de même du Parti démocrate, de manière assez traditionnelle. D’un point de vue générationnel, les jeunes sont les européens les plus convaincus (près de 60% des moins de trente ans), et cela vaut particulièrement pour les étudiants, conscients que leur parcours et leur carrière se déroulera aussi hors des frontières nationales. Une donnée particulièrement encourageante car si les jeunes sont l’avenir, il n’y a pas d’avenir sans Europe. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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