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04/08/2022

"Migrants, état de droit et réformes : pourquoi l'Europe craint la victoire de Meloni."

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Italie. Revue de presse.

A la Une de la Repubblica ce matin, « Meloni inquiète l’Europe ; sur les migrants, les valeurs et les réformes, l’UE craint la victoire de la leader de droite. La souverainiste envisage peut-être une tournée des chancelleries européennes. » Le journal revient sur les positions de la dirigeante du parti Fratelli d’Italia, première dans les sondages pour les prochaines législatives, et cite des sources européennes manifestant leur inquiétude « sur le plan de relance, l’état de droit et les migrations ». En une également, les disputes autour de l’accord à gauche en vue de la campagne de législatives, qui suscite des mécontentements chez les Verts et Sinistra italiana, se sentant trahis par l’accord avec Calenda. « A gauche, des disputes sur l’accord », les verts et sinistra italiana refusent de rencontrer Letta, « nous sommes déçus, on va vers une rupture » (Corriere della Sera) ; « Au centre-gauche, Sinistra italiana et les Verts ne veulent pas rencontrer Letta. Pour Calenda, il n’y a pas de nouvelle négociation à envisager, et Di Maio est en colère, se disant puni par les autres partis » (La Repubblica). « Sur l’accord entre le PD et Calenda, c’est le chaos à gauche, et Di Maio réclame d’être plus respecté (La Stampa) ; « la gauche se divise sur l’OTAN et l’incinérateur de Rome » met en une le Messaggero. « Les gauches explosent, et Renzi et Boschi espèrent » titre le Fatto Quotidiano.

Les JT couvrent essentiellement les discussions au centre-gauche sur les alliances en vue des législatives, la visite de Matteo Salvini à Lampedusa, la validation au Sénat de l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’OTAN, l’agression d’une employée nigériane en Calabre réclamant son salaire, et la vague de canicule en Italie.

PREMIER PLAN, La Repubblica, « Migrants, état de droit et réformes : pourquoi l'Europe craint la victoire de Meloni » par Tonia Mastrobuoni : « Il existe peut-être un moyen de désamorcer Giorgia Meloni, l'éventuelle prochaine première ministre italienne qui fait peur à l'Europe. Sur un sujet prévisible et très présent de la campagne électorale, l'immigration, Paris, Berlin et Bruxelles travaillent depuis des mois. Avant la fin du mois d'août, des milliers de migrants débarqués sur les côtes italiennes, grecques ou espagnoles seront relocalisés dans pas moins de 22 pays. Dans l'immédiat, l'Allemagne et la France en prendront le plus : 3 500 et 3 000 migrants respectivement. Et les "migrants économiques", qui sont au cœur de la propagande de la droite souverainiste, seront aussi concernés. Les pays les plus touchés par l'immigration recevront 160 millions d'euros de fonds européens. "Et l'Italie, annonce une source diplomatique, se taillera la part du lion. Cela devrait enlever de la force à un autre argument de campagne de Fratelli d'Italia. Autre détail piquant : les deux seuls pays qui ont refusé à la fois d'adhérer à l'accord sur les délocalisations et d'accorder des fonds à l'Italie sont Orban et Morawiecki, alliés historiques de Giorgia Meloni. Hier, une rumeur a circulé selon laquelle le leader de Fratelli d'Italia souhaite rencontrer Scholz et Macron. Cette nouvelle n'a pas encore été démentie ou confirmée par Berlin. Autre volet, l’état de droit : si Berlin pense qu’on peut difficilement empêcher le mouvement polonais, une source politique française rappelle que Macron voulait inclure le droit à l'avortement dans la Charte des droits fondamentaux de l'UE. On n'a pas non plus oublié à Paris, rappelle la source, "que Meloni a été la seule à s'opposer au traité" entre la France et l'Italie. Un troisième élément qui désole Paris et Berlin est l'annonce par Meloni qu'elle veut faire prévaloir le droit national sur le droit européen, copié par Marine Le Pen : "cela risque de désintégrer l'Europe", prévient la source. Ensuite, il y a l'économie. Il est vrai que la BCE vient de lancer un bouclier anti-spread. Mais à condition que l'Italie respecte le pacte de stabilité et les paramètres pour recevoir l'argent du Fonds de relance. Le slogan de Meloni "Moins d'Europe mais une meilleure Europe" oublie toujours un détail : c'est l'Italie, avec sa dette publique de 150 %, qui a besoin de l'UE et de la BCE. »

ARTICLE, La Repubblica, « Fratoianni et Bonelli se rebellent. L'alliance avec Letta vacille déjà » par Giovanna Vitale : « Après avoir réussi in extremis à rattraper Calenda, Enrico Letta risque maintenant de perdre Fratoianni et Bonelli. Et peut-être aussi Di Maio : le ministre des Affaires étrangères, qui a rencontré le secrétaire démocrate avec Tabacci dans l'après-midi, demande "le respect et l'égalité de traitement, sinon le principe fondateur d'une coalition est perdu". Le pacte signé avec Azione, jugé " totalement déséquilibré ", a fait voler en éclats le chantier progressiste et ouvert une plaie très profonde dans le flanc démocrate-écologiste. Hier, les Verts et Sinistra italiana ont annulé la réunion prévue avec Letta : "Nous constatons un profond malaise dans le pays, et en particulier dans l'électorat de centre-gauche", écrivent les deux secrétaires. "Comme les conditions sur lesquelles nous avons travaillé ces derniers jours ont changé, des réflexions et des évaluations sont en cours qui nécessitent plus de temps". Sinistra italiana dit avoir eu beaucoup de mal à convaincre ses adhérents de signer l’accord avec le PD. Mais l'accord Letta-Calenda semble pour eux avoir déplacé le centre de gravité vers la droite. Et une partie pousse pour faire alliance avec les M5S, Conte les ayant clairement invités à une alliance. Le vert Bonelli le dit clairement : "Cet accord ne parle pas au centre-gauche et doit être renégocié, à la fois dans les points programmatiques, en mettant la justice sociale et climatique au centre, et dans la subdivision des circonscriptions. Le parti de Calenda ne mérite pas 30 % ». S'ils quittent la coalition, le centre-gauche pourrait perdre plus ou moins le même nombre de circonscriptions (16) qu'il aurait perdues sans un accord avec Calenda. Par conséquent, Letta a tout intérêt à les ramener à bord ».

ARTICLE, La Repubblica « La dernière course de Renzi, qui se présentera dans 5 circonscriptions pour sauver Italia Viva » par Lorenzo De Cicco : « Matteo Renzi joue son va-tout. Objectif : un million de votes. Juste assez pour atteindre les 3%, le seuil minimum du Rosatellum pour entrer au Parlement avec un groupe de fidèles, 8-10 députés et 3-5 sénateurs. L'ancien premier ministre sait que les votes décisifs viendront des villes. C'est pourquoi il envisage de se présenter, en plus de Florence, dans les quatre grands centres de la Botte : Rome, Milan, Naples et Turin. En tête de liste proportionnelle (mais dans certains cas il pourrait dévier vers la liste uninominale), pour tirer la marque d'Italia Viva et attirer les votes des modérés de centre-droit, déçus par FI, et surtout des sympathisants d'Azione. Le pari est fait sur les mécontents, ceux qui ont désapprouvé l'étreinte Calenda-Letta. Cela sera-t-il suffisant ? L'autre terrain de chasse est la Toscane, sa terre, où sa liste Iv doit être forte, voire approcher les 10%, pour équilibrer les régions où elle sera moins bonne. Sur son refus de rejoindre la coalition autour du PD, il dit « Mon nom est Matteo Renzi, moi, pas Luigi Di Maio. Mieux vaut risquer de perdre son siège que d'être certain de perdre la face". »

SONDAGE, La Repubblica « Fratelli d’Italia et le PD font toujours la course en tête, dans une Italie orpheline de Draghi et qui s’inquiète pour son pouvoir d’achat » par Ilvo Diamanti : « Le sondage réalisé par Demos pour la Repubblica révèle des tendances plutôt claires, avec une nette prédominance des partis de centre-droit. FdI, dirigé par Giorgia Meloni, reste en tête, avec 23,4%. Et ils maintiennent leur distance par rapport à leur principal "concurrent", le PD, qui, à son tour, monte aussi et dépasse 22%. Derrière eux, à une grande distance, on retrouve ceux qui ont marqué la fin de la législature et  " résistent " avec difficulté et tente de s’imposer comme "alliés" nécessaires. Dans le cas de la Ligue, pour assurer la (large) victoire du centre-droit. On a vu aussi dernièrement monter l'axe entre Azione et +Europa. Ensemble, ils pèsent "juste" plus de 5%. Ce qui, en vue des prochaines élections, "n'est pas peu". Italia Viva reste toujours en dessous de 3%. Mario Draghi reste, encore aujourd'hui, le Premier ministre préféré, placé en tête des personnalités mentionnées par les sondés (21%), et fait presque le double de tous les autres leaders cités par les Italiens. D'abord, Giuseppe Conte - le prédécesseur qui, aujourd'hui, l'a " sabordé " - et Giorgia Meloni, tous deux à 12%. Le fait d’avoir provoqué des élections anticipées a été reçu avec inquiétude voire de la colère par une large partie des citoyens (41%). Mais il y a une grande volatilité dans ces prévisions : lors des élections précédentes, une composante importante (environ 13%) s'est décidée la veille ou le jour du vote. Et presque 1 sur 4 au cours de la dernière semaine.’

PREMIER PLAN, Il Messaggero, « Le Parti Démocrate risque de perdre les circonscriptions à scrutin uninominal récupérées grâce à l’accord avec Azione » par Martina Pigna : « Une simulation qui tient compte des circonscriptions à scrutin uninominal que Letta et Calenda obtiendraient à la Chambre et au Sénat, avec ou sans les deux partis Sinistra Italiana et Europa Verde, dans le cas où ils s'allieraient plutôt au Mouvement 5 Etoiles. Si à la Chambre, le centre-gauche uni peut compter sur 27 circonscriptions, contre 116 pour la droite, le chiffre tomberait à 18 en cas de scission de la gauche, avec une perte de 9 circonscriptions. Le même scénario s'applique également au Sénat où les circonscriptions uninominales perdues seraient au nombre de 5 (7 criconscription gagnées seulement contre 12 en cas de maintien de la coalition de gauche). Au total, l'axe Europa Verde, Sinistra Italiana et Mouvement 5 Etoiles étoiles coûterait au centre-gauche 14 circonscriptions uninominales : un nombre très proche des 16 circonscriptions uninominales que l‘on risquait de perdre auapravant si on arrivait pas à une alliance PD-Azione. Toujours selon l'analyse de YouTrend, sur les 14 circonscriptions uninominales perdues, 11 reviendraient au centre-droit tandis que les 3 autres iraient à l'alliance entre le Mouvement 5 Etoiles, Europa Verde et Sinistra Italiana. Les 11 circonscriptions uninominales qui iraient à la coalition de centre-droit seraient situées en Ligurie, Toscane, Emilie-Romagne, dans le Trentin et entre Rome et Fiumicino. Alors que les 3 circonscriptions qui iraient à l'alliance entre le Mouvement 5 Etoiles, Europa Verde et Sinistra Italiana seraient toutes en Campanie. Une autre simulation réalisée par le site de sondage Bidi-Media prévoit pour la coalition menée par Enrico Letta une perte encore plus importante de 22 circonscriptions uninominales, sans Europa Verde et Sinistra Italiana.  En ajoutant les 5,9% de Europa Verde et Sinistra Italiana aux 10,9% du Mouvement 5 Etoiles, le nouveau pôle pourrait viser un score de 15-16% et aspirer à un gain de 5 circonscriptions uninominales. »

COMMENTAIRE, La Repubblica, « L'aimant Calenda et ses contradictions » par Stefano Folli : «  Selon toute vraisemblance, cela ne se produira pas, mais la logique politique voudrait que Fratoianni et Bonelli, rendus célèbres par les événements de ces dernières semaines, quittent la "coalition Letta" et concluent un pacte avec Conte et le M5S. Un tel bloc serait basé sur pas mal d'affinités, tout d'abord l'hostilité à l'Ukraine et par conséquent une politique étrangère très attentive aux raisons de Poutine. Ce n'est pas un hasard si Fratoianni vient de voter à la Chambre contre l'adhésion de la Finlande et de la Suède à l'OTAN : il fait partie des vingt qui ont dit "non", presque tous élus du M5S. On se demande alors quelle harmonie existe entre lui et le pacte qui vient d'être signé entre le Pd et Azione/+Europa, qui s'appuie au contraire sur la ligne atlantiste déclinée sans hésitation par le Premier ministre Draghi. Contre laquelle - cela a également été mentionné - Fratoianni a toujours lutté avec constance. Nous savons que l'accord Letta-Calenda trouve l'un de ses points de de force dans la politique étrangère pro-Ukraine, pro-Otan et pro-Union, ainsi que dans la revendication du fameux " agenda Draghi " (essentiellement des réformes et une bonne administration pour recevoir les fonds du PNRR). Selon le secrétaire du Pd, l'accord avec Calenda crée "un aimant qui servira à attirer les votes de la droite modérée". C'est le rêve de drainer en partie ce vote modéré, majoritairement berlusconien, frustré par la dérive vers la droite radicale. Toutefois, il reste à voir si l'"aimant" fonctionnera encore, même avec Fratoianni et les autres membres de la coalition. Le risque est que le Calenda réconcilié avec le PD ne soit pas aussi attrayant que le Calenda du troisième pôle. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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