02/02/2022
"Le ''règlement de comptes'' se poursuit au sein des coalitions au lendemain de l'élection du Chef de l'Etat."
Italie. Revue de presse.
Le « règlement de comptes » se poursuit au sein des coalitions au lendemain de l'élection du Chef de l'Etat et continue de faire la une de la presse italienne : « Centre droit, la paix s'éloigne » - Salvini se veut rassembleur de la coalition, Meloni demande des élections et Berlusconi garde ses distances avec ses alliés (Corriere della Sera), « Quirinal, la côte de popularité de Salvini et de Conte s'effrite » - Sondages, les Italiens saluent la réélection de Mattarella. Fratelli d'Italia devient le premier parti (La Stampa), « La conjuration Di Maio » - Des relations à couteaux tirés au sein du M5S, le ministre rassemble ses troupes contre Conte (Il Giornale). La crise ukrainienne, et notamment l'appel téléphonique entre M. Draghi et le Président russe V. Poutine, est également citée en Une : « Draghi-Poutine, des contacts sur le gaz » - Lors de l'appel téléphonique d'hier, Moscou assure qu’elle maintiendra les fournitures de gaz. Le Palais Chigi demande une désescalade dans la crise ukrainienne (Il Messaggero), « Poutine va de l'avant : « les Etats-Unis utilisent Kiev contre nous » (La Repubblica), « Poutine : « ce sera la guerre si Kiev entre dans l'Otan » (La Stampa). Enfin, les réformes économiques du Plan de relance sont aussi citées : « Orlando : embauchons des jeunes et des femmes » - Le ministre du travail propose l'introduction de l'obligation de quotas pour les entreprises avec une participation de l'Etat (La Repubblica), « Plan de Relance, les trois défis de 2022 » (Sole 24 Ore), « Le faux boom économique de Draghi » - Seuls les emplois précaires augmentent après un an de SuperMario (Fatto Quotidiano).
PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de Paola di Caro, « Berlusconi se montre froid avec la Ligue et Fratelli d’Italia, et temporise un éventuel rapprochement avec les centristes » : «Après une semaine d’hospitalisation, Silvio Berlusconi s’affiche en forme sur les réseaux sociaux. A peine sorti de l’hôpital, il a tout de suite montré qu’il se remettait au travail, des questions énergétiques au futur de la coalition de centre-droit, ‘’pour résoudre les problèmes des Italiens !’’. Hier après-midi il a reçu Matteo Salvini qui se dit heureux d’avoir revu un ami. Pourtant, le comportement de Salvini au cours de l’élection présidentielle avait causé le mécontentement de Berlusconi. Il n’est pas évident de comprendre quel sera le rôle de Berlusconi, même si le mot d’ordre que tous répètent est « Forza Italia d’abord ». Il s’agit de ne pas rompre avec les alliés mais pas non plus de leur déléguer aveuglément les plus grandes responsabilités. L’objectif est de se concentrer sur la relance du parti, pas sur les alliances ou sur une remise sur pied de la coalition. D’ailleurs, le dialogue avec Giorgia Meloni lui semble pour l’instant impossible, car il n’a pas apprécié les remarques de la leader de Fratelli d’Italia sur le fait de ‘’ne rien devoir [à Berlusconi]’’. Et puis, Forza Italia doit gagner davantage d’autonomie grâce à une confirmation par les chiffres, sinon le parti est destiné à être parasité par la Ligue qui ne semble pas vouloir lâcher prise. ‘’Forza Italia doit être protagoniste’’ répète Silvio Berlusconi, l’idée étant d’obtenir plus de voix et plus de sièges pour être davantage représenté. Il affirme qu’il ne se laissera pas « écraser par les autres ». Il n’a pas envie non plus d’apporter à une fédération centriste l’identité et la force de son parti. Collaborer est une chose, fusionner en est une autre. Un potentiel parti du centre a encore toutes ses preuves à faire, surtout s’il est guidé par d’autres que lui. À voir donc lorsque le moment de discuter de la loi électorale sera venu. Pour le moment la reconstruction du centre-droit reste donc d’actualité. Mais à condition que Forza Italia ait un rôle moteur, pas question de laisser ce rôle aux souverainistes ni de jouer les roues de secours. »
PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de T. Labate, « Renzi joue en équipe et Casini devient le point de référence ; chantier pour un ‘troisième pôle’ » : « Pour le moment, ce sont principalement Italia Viva et Coraggio Italia qui sont prêts à fusionner et travaillent au projet d'une ‘Entité modérée’, mais d’autres membres devraient les rejoindre pour la formation de cette nouvelle force centriste. Matteo Renzi use de la métaphore du ballon rond pour affirmer qu’il est bien décidé à jouer en équipe et à faire les passes décisives. En somme, il veut être le fédérateur de ces forces politiques qui cherchent des raisons pour s’allier. Le projet est prêt à être lancé, mais les nouveaux alliés doivent encore s’accorder sur la méthode. Par exemple, Renzi n’est pas convaincu par l’évolution de la loi électorale vers la proportionnelle. Par ailleurs, la figure de Pier Ferdinando Casini a été identifiée pour représenter, et être le point de référence, du projet. La méthode reste toutefois à définir. L’idée est de rassembler –idées, personalités publiques, associations…- en suivant le parcours en apparence impossible qu’avait suivi Mitterand qui avait réussi à réunir la gauche à travers le Parti socialiste en partant de rien. Mais il faut pour cela un fédérateur, ce rôle qu’au sein du centre-droit Berlsuconi a jalousement gardé pour lui ou qui avait été confié à Romano Prodi dans le vieux centre-gauche. A ce stade, Renzi joue les milieux de terrain, Toti peut revendiquer ses quelques années comme conseiller de Berlusconi et qui sait si tôt ou tard Luigi Di Maio ne voudra pas se détacher du M5S et être de la partie lui aussi… Ainsi, la ‘Créature du centre’ est à la recherche de sa figure fédératrice. »
ENTRETIEN, Il Mattino, d’Emanuele Fiano, parlementaire du Parti démocrate et auteur de la proposition de réforme de la loi électorale, « J’ai présenté ma proposition à la Chambre : pour la fin des coalitions et un seuil fixé à 5% » : « Cette élection présidentielle a montré sans équivoque que la loi électorale doit évoluer. Il faut un système électoral qui puisse garantir une majorité homogène et davantage de stabilité. Pour sortir de cette impasse, je pense qu’il faut relancer le dialogue sur la question en commençant par une entente entre les démocrates, les 5 Etoiles et LeU, puis comprendre quelle est la position des autres partis. La proposition déposée auprès de la Commission des Affaires Constitutionnelles est d’ailleurs le fruit d’un accord avec le Mouvement 5 Etoiles qui date de l’époque de la majorité formée par ces deux forces au gouvernement. Historiquement, le PD est attaché au système majoritaire, mais l’apparition du Mouvement 5 Etoiles dans le paysage politique italien a marqué la fin de la bipolarisation des forces politiques. Or dans ce contexte tripolaire, l’ancien système a montré ses limites. Le centre-droit a démontré comment les partis peuvent s’unir lors des élections pour ensuite complètement s’éparpiller au moment clef. En effet, le système majoritaire génère des alliances de façade qui ne résistent pas au temps ou aux épreuves. Notre projet de loi propose notamment un système proportionnel avec un seuil de représentation fixé à 5%, mais le débat est ouvert et la proposition peut évoluer. Certains ont proposé d’abolir les collèges, qui représentent 36%, pour ne garder que les 28 circonscriptions et les 8 sièges pour l’étranger. Un ‘droit de tribune’ est également prévu pour ceux qui n’ont pas atteint les 5% nécessaires pour siéger à la Chambre. La question des listes est un point important qui reste à débattre, entre listes prédéfinies ou choix des électeurs. Pour moi, il est clair qu’il faut laisser davantage de choix aux électeurs, le PD devrait donc au moins recourir à des primaires, ce qu’a d’ailleurs annoncé Enrico Letta. Je pense aussi qu’il faut davantage de représentation territoriale. La situation du centre-droit semble confirmer la nécessité d’un changement de configuration. »
PREMIER PLAN, Repubblica, d’E. Lauria, « Salvini offre un accord aux gouverneurs. Giorgetti : ‘’je ne sais pas si le gouvernement va survivre’’ » : « La Ligue ne sera plus la Ligue de Salvini, mais la Ligue de Salvini et des autres. Le Conseil fédéral de la Ligue qui s’est tenu hier et qui a duré plus de trois heures peut être interprété comme un tournant vers une plus grande ouverture et une plus importante participation des autres ‘’bigs’’ du parti. Le document signé à l’unanimité à l’issue du conseil réaffirme des classiques de la Ligue telles que l'opposition à d’autres taxes sur l’habitation, à de nouvelles restrictions ainsi qu’aux distinctions entre les enfants vaccinés et non vaccinés lorsque les cours passent à distance. Mais avec un Giorgetti qui craint que le gouvernement n’arrive pas à la fin de la législature, il semble bien que continuent de coexister une Ligue de combat <incarnée par Salvini, ndlr> et une ligue de gouvernement <incarnée par les présidents de régions et les ministres léguistes, ndlr>. La volonté de ‘’créer, élargir et renforcer une alliance alternative à la gauche’’ a également été rappelée dans le communiqué final. Si l’invitation s’adresse surtout à FI, Salvini ‘’ne dit jamais non à personne’’ mais il semblerait que Meloni ait déjà pris une autre voie. Cependant, le chemin vers la constitution d’un parti républicain sur le modèle américain est encore long : ‘’nous sommes contraires aux fusions à froid faites dans la foulée des élections du Quirinal. Il faut partager les mêmes valeurs’’ affirme la sénatrice de FI Licia Ronzulli. »
ANALYSE, Corriere della sera, de P. Valentino, « Les deux visages de Matteo, qui ne rate pas la réunion des souverainistes. » : « Un drôle trouble bipolaire semble atteindre le leader de la Ligue. Alors qu’il se rendait chez Berlusconi en espérant constituer un parti républicain à l’américaine, un de ses fidèles, le député européen Paolo Borchi, participait à un événement inquiétant. Le week-end dernier a en effet eu lieu la seconde réunion des souverainistes organisée par Vox, le parti d’extrême droite espagnol. Parmi les participants, on pouvait apercevoir Viktor Orban, Mateuz Morawiecki, Marine Le Pen ou encore Marlene Svazek. Comme Salvini, Meloni était elle aussi retenue à Rome par les élections du Quirinal mais elle n'a pas manqué d'envoyer Vincenzo Sofo, compagnon de Marion Maréchal Le Pen, la nièce rebelle de Marine et encore plus à droite que sa tante. Aucune grande décision n'a été prise à l'issue de la réunion, mais sont apparues quelques divisions au sujet de l'Ukraine. Si dans le communiqué final, le Président du Conseil polonais a inséré une critique adressée à Poutine, Marine Le Pen a quant à elle décidé de la retirer de la version française. Quant à Orban, qui est aussi bien favorable que contraire, il rappelle le chat de La Ferme des animaux de George Orwell. Dans tous les cas, il est légitime de se demander où veut en arriver Salvini : comment concilier cette participation ainsi que le rêve de constituer un groupe européen des souverainistes avec la visite à Berlusconi, qui se présente comme un des pères du PPE, dans l'espoir de constituer un grand parti républicain italien ? Il est donc l’heure de choisir son camp. »
SONDAGES, La Stampa, Ghisleri : « L’effet du Quirinal sur les sondages : la popularité de Salvini et de Conte s’effrite » : « Si la plupart des Italiens a salué la réélection de Sergio Mattarella, force est de constater que leur avis sur la politique est très sévère. Tous les leaders politiques qui ont participé activement à l’élection du Président de la République, exception faite pour Renzi (+4,2 %) et Meloni (+2,7 %), ont perdu un peu de leur cote de popularité en un an. Les grands perdants sont Salvini (-5,3%) et Conte (-5,2%). Ce n’est pas un hasard si 70% des Italiens considèrent que la politique s’en est sortie très mal lors des négociations pour l’élection pour le Quirinal. 32,3% des Italiens se sont sentis même « moqués » par la politique alors que 21% ont eu la perception d’assister à une « mise en scène ». La popularité de Draghi a elle aussi baissé 52,1% (-3,7 points) tout comme celle de son gouvernement 45,2% (-3,5%). Voici la situation des partis, qui a vu Fratelli d’Italia devenir le premier parti 21,1% (+2,2 points en deux semaines), suivi du Parti Démocrate à 20,8% (-0,8 points), la Ligue 16,7% (-1,8 points), le M5S 14,2% (-0,2 points), Forza Italia 7,4 % (-0,8 points), +Europa et Italia Viva 3% (+0,7 points). Pour ce qui concerne les priorités de l’agenda gouvernemental, la reprise économique est au sommet de la liste des Italiens, avec 23%, suivi de l’emploi 19,6%, du renforcement de la structure sanitaire et de la campagne vaccinale 16,2%, des mesures contre la hausse cout de la vie 5,7% et les investissements pour l’école 3,9%. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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