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11/01/2022

"Berlusconi défie Draghi."

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Italie. Revue de presse. 

Le débat politique autour de l'élection du Président de la République est aussi cité « Berlusconi défie Draghi » - Le leader de Forza Italia prévient : si le Président du Conseil devait être élu au Quirinal, mon parti sortira de la majorité et il y aura des élections anticipées. Draghi répond : le gouvernement est uni et ira de l'avant tant qu'il y aura une volonté de continuer. Letta critique Berlusconi : c'est un candidat politique qui divise (La Repubblica, La Stampa). 

Les JT couvrent essentiellement le décès cette nuit de David Sassoli, Président du Parlement, auquel les médias rendent largement hommage, la conférence de presse du Président du Conseil qui a présenté hier soir le dernier décret contre la diffusion du virus ainsi que les tensions entre les leaders de la majorité sur le choix du futur Président de la République, notamment entre Enrico Letta et Silvio Berlusconi. 

PREMIER PLAN, Corriere della sera, d’A. Logroscino, « Record de cas positifs, nous avons dépassé les deux millions. Dans les blocs opératoires, 8 opérations sur 10 sont renvoyées. » 

ARTICLE, Il Giornale « Berlusconi réunit son parti à Rome et lance son ultimatum : Draghi doit rester au Palais Chigi, sinon nous irons aux élections anticipées » : « Aujourd’hui, Berlusconi sera à Rome pour préparer la réunion du centre droit - qui se tiendra très probablement ce vendredi - et pour réunir dès demain son parti afin de discuter du « dossier Quirinal ». Et surtout de l’avenir du gouvernement Draghi. C’est justement sur l’hypothèse d’un passage de ce dernier au Quirinal que Forza Italia a exprimé son intention de sortir de la majorité si on avoir un autre chef de gouvernement. C’est Berlusconi lui-même qui l’a dit : ‘’nous sommes entrés dans un gouvernement soutenu par une large majorité dont Draghi est le garant. Sans lui, il y aura nécessairement des élections anticipées’’. Le leader de Forza Italia n’a pas de doutes à cet égard. Et le raisonnement de Berlusconi, comme répété aux siens, est le suivant : ‘’Draghi ne plaît pas à tout le monde et nombre d’élus ne voteront pas pour lui car son élection ouvrirait les portes aux élections anticipées’’. Quand il dit cela, il fait référence aux parlementaires du groupe mixte : une partie consistante de l’électorat actif pour le Quirinal, pouvant faire pencher l'aiguille d’un côté ou de l’autre des deux coalitions de centre droit et de centre gauche. Plusieurs d’entre eux n’ont pas envie de mettre fin prématurément à la mandature ».   

COULISSES, Corriere della Sera, F. Verderami « L’appel à l’unité, voici comment Draghi a adressé un signal au Parlement » - Toute solution passe par le Palais Chigi et certains imaginent déjà un gouvernement composé des chefs de parti : « Hier, le Président du Conseil a voulu démentir, une fois pour toutes, les bruits selon lesquels il aurait arrêté de gouverner pour se concentrer sur la course au Quirinal. C’est aussi la raison pour laquelle, à chaque donnée indiquée, allant de la baisse du taux de mortalité dû au Covid jusqu’à la reprise économique, il a ajouté que ‘’contrairement à ce qui se passait dans le passé’’. Draghi a voulu revendiquer son rôle et la manière avec laquelle il l’exerce et démentir ceux qui voient une approche différente pour rendre plus simple son chemin vers le Quirinal. S’il s’est mis à l’abri derrière un ‘’je ne peux pas répondre’’, il a néanmoins adressé un signal au Parlement quand il a fait appel à l’unité et souligné ‘’combien l’Italie a su surmonter d’autres moments difficiles grâce à la collaboration entre les citoyens et les institutions’’. Pour le Quirinal, Draghi demeure un candidat sans l’être formellement. Les partis le savent bien, même si quelqu’un aurait d’autres préférences. Certes, le passage de Draghi au Quirinal serait toujours compliqué, pas seulement pour des raisons politiques ou des procédures institutionnelles. Comme l’a dit une source anonyme, ‘’dans les prochaines semaines le pays pourrait compter trois millions de positifs et s’enliser : hormis Draghi et Mattarella, les autres candidatures ne sont pas bipartisanes et ne peuvent pas compter sur des voix sûres’’. Toujours est-il que le début de la course au Quirinal approche et Draghi représente cette plaque tournante autour de laquelle passe toute négociation ou solution, même celle attribuée à Renzi qui prévoit la naissance d’un gouvernement composé des chefs de parti. L’accord semble improbable en cette année qui précède les élections générales mais cela laisse comprendre que le chaos n’est pas à attribuer à la personne qui se trouve au Palais Chigi. »   

ANALYSE, Corriere della sera, de M. Franco, « Draghi et le sens de la marche » : « Il est évident que le premier objectif de Draghi est de préserver l’exécutif des potentielles attaques dans le climat tendu qui s’annonce avec les élections du président de la République. Le principal objectif du Président du Conseil est de rassurer une opinion publique inquiète et désorientée. Il doit réaffirmer que le gouvernement ne se défile pas face aux décisions à prendre telles que la reprise des cours entièrement en présence. La défense des décrets qu’il a pris participe de la même stratégie. Les décisions prises sont expliquées comme une conséquence nécessaire non seulement en raison de l’évolution de l’épidémie, mais aussi de la campagne vaccinale. Et dans ce deuxième cas, Draghi s’adresse notamment aux partis de sa majorité, laquelle est de plus en plus agitée et difficile à contenir. À ceux qui dramatisent, Draghi dédramatise et à ceux qui lui demandent plus de clarté quant à ses projets futurs, il répond par le silence et un sourire énigmatique. Le Président du Conseil semble inviter à avoir une vision d’ensemble et à comprendre que se faire la guerre au lieu de recherche l’unité nationale risque d’impacter violemment l’Italie. » 

COMMENTAIRE, La Repubblica, « Le poids de l'après qui affecte Draghi », par Stefano Folli : « Avec l'instinct de la théâtralité qu’on lui connait bien depuis en un quart de siècle, Silvio Berlusconi a trouvé hier le moyen de faire de l’ombre à Draghi. Ainsi, alors que toute l'attention des médias se portait sur le palais Chigi, dans la vaine attente de nouvelles sur le Quirinal de la part du Premier ministre, le candidat du centre-droit a annoncé que Forza Italia ne soutiendra pas d'autres gouvernements d’union nationale en dehors de l’actuel. Par conséquent, si le Premier ministre est élu à la présidence, les parlementaires - ceux-là mêmes qui devraient voter pour lui - doivent s'attendre à des élections anticipées. C'est la tentative évidente de Berlusconi, peut-être la plus extrême, d'empêcher ses grands électeurs de s'échapper comme des sardines du filet qui se resserre. Cela montre, bien sûr, le peu de confiance que le vieux leader a dans le groupe qui est censé le soutenir. Mais dans son obsession pour le Quirinal, la stratégie révèle la faiblesse de Berlusconi. N’est-ce qu’une menace en l’air ? En effet, les jeux tactiques font fureur en ce moment, et ce jusqu'au 24 janvier, voire plus tard. Pourtant, il convient de noter que le fondateur de Forza Italia et le leader de la Ligue utilisent presque les mêmes arguments : aucun d'entre eux ne semble disposé à suivre Draghi comme Président de la République. Hier, Draghi a choisi un ton clair et sans ambiguïté en parlant des écoles, et très prudent dans le reste de la conférence de presse (il s'est même excusé d'avoir sous-estimé l'importance d'une bonne communication le soir du dernier décret). Cette prudence l'a conduit à invoquer l'unité du pays et des forces politiques contre la pandémie, mais aussi à rester évasif sur les questions politiques. De plus, il avait exclu d'emblée la question du Quirinal. Cela suscite une certaine perplexité car il est clair, comme on l'a dit, que le problème du gouvernement est déjà ouvert et qu'il est lié à l'élection présidentielle. Pour l'instant, il n'y a aucun signe d'un accord sur la suite des événements - c'est-à-dire quel gouvernement, quelle majorité, quel premier ministre - au cas où Draghi ne serait plus là. C'est le point crucial qui bloque l'actuel premier ministre. Mais cela l'obligera à prendre une initiative pour remettre la coalition sur pied, une fois que le brouillard sur le Quirinal se sera levé. »

ENTRETIEN, La Repubblica, d’Enrico Letta, secrétaire du Parti démocrate, « Ses propos à l’égard de Draghi sont graves, Berlusconi doit les démentir ; le départ de Mattarella sera un moment triste» : « Concernant l’école, je suis favorable à la ligne de Draghi et à l’ouverture. Même si les dommages sont moins visibles, à moyen terme, l’enseignement à distance a de lourdes conséquences, notamment en termes d’inégalités. Mais je ne suis pas contre toutes les fermetures par principe : le ministre de l’Education Bianchi a expliqué qu’il y avait des protocoles pour la fermeture des classes si nécessaire et cela doit rassurer les parents. Il est juste de passer à l’enseignement à distance dans certains cas, c’est la fermeture généralisée et pour tous qui n’a pas de sens. Concernant l’obligation vaccinale, il faut bien voir qu’il n’est pas évident de composer avec une majorité comme celle que nous avons, mais malgré nos nombreuses divergences, nous nous sommes accordés sur l’obligation décidée par le gouvernement. Nous cherchons des alternatives à la fermeture totale. A propos de majorité compliquée, les déclarations de Berlusconi qui se retirerait du gouvernement avec Forza Italia si Mario Draghi devait être élu Président de la République sont très graves. Comme le souligne souvent Mario Draghi, à l’approche de l’élection, c’est le moment de la confiance et de l’unité. Au Parti Démocrate, nous nous efforçons de trouver un accord sur une présidente ou un président qui rassemble la plupart des forces politiques et qui ne divise pas. Que ce soit Berlusconi, moi, Conte ou Salvini, nous serions [en tant que candidats] des figures trop clivantes car nous sommes des chefs de partis : le chef de l’Etat doit être une figure institutionnelle. Je ne crois donc pas à la solution de Salvini pour un président issu du centre-droit, d’autant plus que le Parlement est particulièrement morcelé. Il faut une majorité large pour soutenir le nouveau président de la République, je ne crois plus aux gouvernements qui risquent de tomber à chaque mesure qu’il faut voter. » 

ARTICLE, La Stampa, F. Sforza « La Méditerranée et les Balkans sont au centre du plan d’action entre l’Italie et l’Allemagne » : « Un triangle solide pour une Europe qui va de Paris à Rome en passant par Berlin. Les frontières sont scellées par le traité du Quirinal d'une part, signé par Macron et Draghi le 26 novembre, et par le plan d'action italo-allemand d'autre part, qui a été mis en place juste après. Hier à Rome, le jour même de l'ouverture officielle de la présidence française de l’Union, les ministres des affaires étrangères de l'Italie et de l'Allemagne, Luigi Di Maio et Annalena Baerbock, en ont défini les modalités : un sommet bilatéral prévu au milieu de cette année sera l'occasion de la signature de ce plan d’action. L'objectif est déjà très clair, comme l'a résumé M. Di Maio : "renforcer les relations entre les États membres afin de renforcer l'Union européenne’’. Le cadre méthodologique est très semblable à celui du Traité entre l'Italie et la France (qui avait lui-même pour modèle le Traité de l'Elysée signé par De Gaulle et Adenauer en 1963) et prévoit essentiellement un mécanisme renforcé de consultations périodiques à différents niveaux, tant politiques que ministériels, et d'échanges entre la société civile. Comme l'a déclaré la ministre allemande Baerbock lors d'une conférence de presse conjointe avec le ministre Di Maio hier à Rome, "les partenariats entre villes et les plateformes de rencontres entre jeunes seront au cœur de ce plan d'action". Des sources diplomatiques ont expliqué que les intérêts à défendre en Méditerranée sont au premier plan – en commençant par la stabilisation de la Libye - suivis de ceux des Balkans. Une combinaison qui montre la convergence entre l'Italie et l'Allemagne dans leur volonté de défendre des secteurs productifs stratégiques et, en même temps, de gérer les flux migratoires. Sur ce point, une triangulation avec la France sera essentielle. Par ailleurs, sur le plan énergétique, Berlin et Rome se trouvent à une certaine distance quant à l’énergie nucléaire. Les deux choses sont liées et il est inimaginable qu’à l’avenir les grands pays européens puissent se contenter ‘’d’être d’accord sur le fait de ne pas être d’accord’’, comme il est possible de lire dans l’ébauche d’il y a quelques jours où l’on proposait de classifier le nucléaire avec le gaz naturel comme source propre à inclure dans les investissements en vue de la réduction des émissions. Le sens de ces accords est totalement différent : faire en sorte d’arriver unis à Bruxelles ou, du moins, d’éviter des compromis au rabais. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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