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06/05/2020

"La majorité divisée sur le revenu d'urgence et sur les régularisations."

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Italie. Revue de presse.

La phase 2, et notamment les divisions au sein de la majorité sur l'adoption du décret prévoyant des aides aux familles et aux entreprises, font les gros titres des médias italiens : « Économie, bras-de-fer au sein du gouvernement » - " La majorité divisée sur le revenu d'urgence et sur les régularisations '' (Corriere della Sera), « Masques et aides, les couacs de la réouverture »  (La Repubblica), « Le bras-de-fer ralentit les aides » - '' Tensions sur le décret'' (Il Messaggero), « Les aides reportées, le gouvernement en difficulté» - ''Le décret d'avril encore reporté en raison des divisions'' (Il Mattino), « Conte : ''voilà comment les régions peuvent ouvrir plut tôt »  (Il Fatto Quotidiano), « Berlusconi : voici mon plan de sauvetage de l’Italie » (Il Giornale).

La sentence de la Cour constitutionnelle allemande sur le programme d'achat des titres d’État par la BCE est également très commentée : « Prodi : ''Berlin n'a plus de confiance dans l'Europe'' » - '''La Cour constitutionnelle allemande met en doute l'action de la BCE'' (La Stampa), « Ultimatum à la BCE par la Cour allemande » (Sole 24 Ore).

Les JT ouvrent sur le coronavirus et tout particulièrement sur la rencontre entre le Président du Conseil et les partenaires sociaux, sur la baisse des contagions et sur le début de la « phase 2 ». Le débat entre la Cour constitutionnelle allemande au sujet des critères d’achat de titres par la BCE est aussi abordé.

ENTRETIEN, Fatto Quotidiano, de Giuseppe Conte, Président du Conseil : « Si les Italiens continuent ainsi, la contagion n’augmentera pas mais la crise économique sera douloureuse » : « ‘’Aucune Cour constitutionnelle ne peut dire à la BCE ce qu’elle doit faire. L’indépendance de la Banque Centrale Européenne est à la base des traités européens et par conséquent reconnue aussi par l’Allemagne. Concernant l’Italie, après les décrets « Liquidité » et « Soins à l’Italie » celui de mai à hauteur de 55 milliards doit, c’est mon souhait, être adopté d’ici la fin de la semaine. Il y a eu des raisons techniques pour le retard : toutes les mesures de soutien des entreprises doivent prendre en considération le ‘’cadre temporaire’’ qui a été revue ces jours par la Commissaire à la concurrence Mme Vestager. Une mesure importante permettra aux citoyens un crédit d’impôt pour rénover les immeubles : nous nous attendons à une hausse de l’emploi dans le secteur du bâtiment. Nous débloquons aussi 3 milliards aux communes pour les travaux de maintenance et les œuvres publiques. Nous travaillons aussi à un plan extraordinaire dans le bâtiment des écoles, en collaboration avec les institutions locales. Le gouvernement est en train de travailler pour prévenir et limiter les effets négatifs sur le plan économique et social. Le président du Patronat, Bonomi, peut nous adresser ses propositions sur le soutien aux entreprises, à condition qu’elles soient spécifiques et concrètes. Dans un système économique qui marche, l’Etat doit être en retrait mais je n’exclue pas, dans le contexte actuel, que l’Etat puisse assumer, avec prudence et attention, un rôle plus actif. Je ne pense pas à un plan de nationalisation comme par le passé, mais nous pouvons élargir l’éventail des soutiens aux entreprises. Pour les réouvertures, puisqu’il existe des seuils d’alarme, nous sommes en mesure d’évaluer une anticipation des ouvertures pour certaines activités avec des distinguos géographiques : cinémas, théâtres, les centres esthétiques, les coiffeurs’’. Sur le Fonds de redressement européen, nous entrons dans une phase décisive. Il y a une demande plus ambitieuse de la part de l’Italie, la France et l’Espagne et une appréciation plus ‘’frugale’’ de la situation par les pays du nord. Nous continuerons à nous battre pour que l’hypothèse plus ambitieuse l’emporte. Mais le fonds de redressement commencera vraisemblablement après l’été. Je reste de l’avis que le MES ne nous sert pas’’. »

ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Luigi Di Maio, ministre des Affaires étrangères : « La Chine est un partenaire mais les valeurs de l'Italie sont celles de l'OTAN. Notre centre de gravité ne change pas »:

Ministre Di Maio, les Etats-Unis affirment que la Chine est responsable du Covid 19, qui s'est échappé d'un laboratoire. La Chine rejette les accusations. Qui a raison ?R. «’’Je ne veux pas entrer dans les détails, nous prenons au sérieux les préoccupations de Washington, ainsi que les positions prises par les services de renseignement américains et leurs experts. Je pense que la chose la plus sage à faire dans ces circonstances est de s'appuyer sur la science. Seule la science peut nous donner des réponses, et je crois que cette discussion sur l'origine du virus ne devrait pas avoir pour but de trouver un coupable, mais de savoir comment nous pouvons nous équiper à l'avenir face à une menace différente, comme la pandémie actuelle».

 D'autres pays, en revanche, soupçonnent un manque de transparence de Pékin sur la propagation du virus. Par exemple, la France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne.R. "La question de la transparence est fondamentale, en particulier dans les relations internationales. Lorsque la crise sanitaire a commencé, j'ai assuré à tous mes interlocuteurs étrangers que l'Italie agirait avec un maximum de transparence. Et c'est ce que nous faisons. Nous demandons naturellement à tous nos partenaires la même transparence".

Certains États américains comme le Missouri ont poursuivi la Chine en justice. La Lombardie envisage également des actions.R. «J'en ai vu d'autres, comme celui de New York, remercier la Chine pour son aide. Mais vous voyez, le point n'est pas celui-là, on ne peut pas tout disperser à chaque fois dans l'affrontement entre l'Est et l'Ouest, je crois que ceux qui ont le devoir de représenter les institutions doivent toujours avoir un concept très clair à l'esprit : l'intérêt national. Cela signifie avoir des valeurs auxquelles nous sommes attachés, telles que les valeurs euro-atlantiques. Ce n'est pas une coïncidence si l'Italie est et reste fermement au sein de l'OTAN et de l'UE, non pas parce que c'est une habitude pour nous, mais parce que cela représente un intérêt stratégique. Et puis il y a les partenaires, avec lesquels nous dialoguons franchement. Parmi ceux-ci, il y a aussi la Chine, qui, je tiens à le rappeler, entretient des relations commerciales très étroites avec la France et l'Allemagne dans divers secteurs».

Pour de nombreux observateurs, le gouvernement semble favoriser un axe avec Pékin et Moscou. Certains vous accusent de mettre beaucoup plus l'accent sur l'aide chinoise ou russe que sur l'aide américaine.R. «Laissez-moi vous dire que les États-Unis sont notre principal allié. Nous partageons beaucoup de choses avec les États-Unis, tant en termes de commerce que de valeurs. La même commande remportée par Fincantieri ces derniers jours témoigne des relations très fortes avec Washington, dont nous sommes fiers. Le Président Conte a une excellente relation avec Donald Trump, j'entretiens la même relation cordiale avec mon homologue Mike Pompeo. Ce sont les faits. Le centre de gravité ne bouge pas, la politique étrangère n'a rien à voir avec l'aide dans cette urgence sanitaire où nous avons vu des milliers et des milliers de nos citoyens mourir. L'Italie est un pays fort et autonome qui pense par lui-même. Elle remercie un pays quand on l'aide, mais elle ne se laisse pas conditionner et franchement, je trouve cela singulier d'en parler. Dans aucun autre pays de l'UE, ce débat n'a eu lieu. La chancelière Angela Merkel s'est rendue en Chine à de nombreuses reprises et personne ne l'a accusée d'être pro-chinoise».

Mais vous êtes le ministre qui a signé la route de la soie...R. «Voilà, là aussi. Vous souvenez-vous lorsque l'Italie a pris la présidence du G7 ? Je vous le dis, en 2017. Nous étions à l'opposition. Et même alors, malgré son rôle de pays président du G7, l'Italie a participé à la première édition du forum sur la Belt and Road. La Route de la soie peut ouvrir de nouvelles opportunités commerciales pour le Made in Italy. Dites-moi pourquoi en 2017, il n'y a pas eu le même débat médiatique qu'aujourd'hui. Je le répète : il s'agit de l'intérêt national. Nous sommes avec l'OTAN, aux côtés des États-Unis et de nos alliés et nous entretenons également des relations commerciales avec d'autres partenaires, y compris la Fédération de Russie, je ne vois pas où est le problème».

Si les tensions internationales augmentent, quelle sera la stratégie de l'Italie ?R. «Espérons qu'elles n'augmenteront pas. Dans une telle situation, il est souhaitable que le monde s'unisse et non qu'il se divise».

Les tensions politiques sont également à Rome. Le président du Conseil a été attaqué par Renzi, mais la gestion de la phase 2 a également fait l'objet de critiques au sein du PD. Le gouvernement tient-il le coup ?R. «Nous nous demandons depuis des décennies si le gouvernement tient le coup. C'est seulement en Italie, pendant une pandémie, avec des médecins, des infirmières et des travailleurs sociaux travaillant 24 heures sur 24, que nous commençons à discuter de la possibilité de changer de gouvernement. Nous devrions tous travailler au service de ceux qui combattent le virus en première ligne. Nous n'avons pas besoin de polémiques pour l'instant, mais de faire repartir le pays et l'économie, avec la prudence que la science suggère».

 

Le M5S pourrait-il se joindre à un gouvernement d'union nationale ? Voudriez-vous voter sur la plateforme Rousseau ?R. «Il y a un gouvernement et il doit être soutenu. Point final. Restons loin des calculs politiciens. Nous ne sommes pas intéressés».

Au sein de la base du M5S, il y a un malaise sur les propos du procureur Di Matteo, que vous avez toujours considéré comme un modèle, sur le ministre Bonafede.R. «Nous sommes entrés au Parlement avec l'intention claire d'arrêter les mauvaises pratiques et d'éradiquer les mafias. Le ministre Bonafede a toujours montré qu'il était droit et il ne me semble pas qu'il y ait eu la réaction que vous décrivez, au contraire Alfonso a été soutenu par tout le monde et par le gouvernement...».

La Cour constitutionnelle allemande a émis une réserve sur leQuantitative easing. Que pensez-vous de l'affaire ?R. «La question est ici beaucoup plus large et tourne autour d'une question : l'Europe veut-elle assurer son avenir, croit-elle en son projet ? Notre avenir réside dans cette réponse. L'UE ne peut pas se considérer comme l'UE uniquement lorsqu'il y a des règles à dicter sur le marché intérieur. Nous devons comprendre qu'il s'agit d'un défi commun’’».

ARTICLE, Repubblica, T. Ciriaco, A. Cuzzocrea : « Le décret dans l'impasse. Conte réfléchit à une réduction fiscale pour les entreprises » : « La bataille fait rage dans la majorité autour du 'décret de mai'. Conte prépare une relance pour convaincre Italia Viva et la Confindustria d’accepter les mesures. Italia Viva voudrait que soit prévue une réduction des impôts pour les entreprises en difficultés, ou des interventions illimitées. Le ministre Gualtieri n'est pas d'accord, son système prévoit que l'argent distribué par l'État soit égal aux sommes que l'entreprise investit pour se moderniser, ou pour augmenter l'emploi. Les affidés de Renzi ne digèrent pas non plus le 'revenu d'urgence' : le PD voudrait le limiter au mois de mai et juin mais le M5S le revendique comme une de ses mesures-clé. Conte rencontre aujourd'hui le patronat. À l'étude il y a aussi une proposition de la ministre du Travail, Nunzia Catalfo, qui prévoit une réduction des horaires de travail en maintenant le même niveau de salaire et avec la conversion des heures en formation. Un accord semble possible sur la régularisation des immigrés qui travaillent dans l'agriculture et pour les auxiliaires de vie. Il reste à résoudre le problème des entreprises qui facturent plus de 50 millions : l'accord politique est conclu mais on attend les nouvelles règles européennes. »

ARTICLE, Corriere della Sera, A. Ducci: « Migrants et aides aux entreprises. Haute tension dans le gouvernement » : « La majorité est divisée sur les mesures économiques. Le 'revenu d'urgence' du M5S et la régularisation des immigrés proposée par la ministre Bellanova (Italia Viva) sont les points les plus problématiques. La ministre du Travail Catalfo veut réduire l'horaire de travail sans que soient touchés les salaires. Il n’y a pas encore d'entente sur les modalités d'utilisation d'environ 10 milliards d'euros pour les petites et moyennes entreprises. Italia Viva et M5S ne sont pas d'accord sur la participation de l'État dans le capital des sociétés. »

ANALYSE, Corriere della Sera, M. Breda « Si le gouvernement Conte tombe, pour le Quirinal il n’y a que les élections anticipées » : « Certains, entre Montecitorio et les plateaux télévisés, entrevoient le scénario suivant : la chute du gouvernement Conte avant l’été, l’ouverture d’une négociation tous azimuts d’où naîtrait un exécutif de ‘’santé publique’’ auquel confier la croissance économique de l’Italie. Or les choses ne vont pas ainsi. La crainte de Mattarella est un encerclement systématique de Conte par les oppositions. Ce dernier pourrait tomber même pour un banal accident parlementaire. Ce serait alors une crise « dans le noir total » qui préoccupe le chef de l’Etat. Mattarella a sur son bureau l’arme de la dissolution des Chambres. Il serait prêt à l’utiliser immédiatement car il a déjà dit que, toute formule politique ayant été tentée, Conte est le dernier président du Conseil de cette législature. Sinon, les élections anticipées auraient lieu en septembre. Et d’après les récents sondages, aucun camp n’est en mesure d’en prévoir le résultat. »

COMMENTAIRE, Corriere della Sera F. Fubini « Un revers pour l’Europe. L’objectif est de remettre en discussion tout le système d’aides anti-crise” - ‘’Du résultat de ce bras-de-fer il sera possible de comprendre si dans la zone euro le dernier pouvoir est dans les mains des institutions communes ou à celles nationales. Et surtout de comprendre quelles seront les conséquences pour l’Italie. C’est maintenant à la Chancelière de décider si mettre en crise les fondements de la zone euro en restant silencieuse. : « Le piège politique et légal mis en charge par la Cour constitutionnelle allemande, avec des mots de mépris envers la sentence des collègues européens qui serait ‘’intenable’’. Selon Karlsruhe, les achats de titres d’Etat de la BCE ne devraient pas dépasser le tiers de chaque titre émis par un pays. Or, à ce stade la BCE est en train d’acheter en large mesure des titres français, espagnols et italiens. Si le plafond d’un tiers devait être confirmé, la conséquence serait que d’ici 18 mois la BCE ne pourrait plus soutenir la dette de Rome. Si la Cour allemande devait ne pas être satisfaite par les explications de Francfort, elle serait prête à demander au Bundesbank de sortir des opérations de la BCE. Or, un euro-système, sans le poumon allemand, serait vu par les marchés comme sur le point d’imploser. La BCE a immédiatement répété son indépendance et Lagarde en a informée Merkel. Pour cette bataille (peut-être) finale pour l’euro, l’Italie a une place spéciale ».  

ENTRETIEN, La Stampa, de Romano Prodi, ancien président du Conseil et ancien président de la Commission Européenne: « 'Une décision dangereuse. Berlin a perdu confiance dans l'UE'’ » : « ''Je ne crains pas des revers dramatiques, mais il faudra connaître le dispositif dans les détails. C'est une décision ambiguë et qui, dans la substance, reflète l'attitude actuelle de l'Allemagne envers l'Europe, qui n'est ni chaude ni froide mais plutôt tiède. Malheureusement la dispute en Europe continuera tant que les pouvoirs et les règles des institutions européennes ne seront pas changés et la solidarité européenne restera toujours limitée par la faiblesse de ses institutions. La chose la plus importante est que la réponse du porte-parole de la présidente von der Leyen peut se résumer ainsi : la loi européenne est supérieure à celle nationale. Il existe le risque que l'insuffisance d'une politique européenne forte prolonge la crise et qu'un ressentiment populaire envers l'Europe soit convoité par les forces anti-européennes. '' »

ENTRETIEN, La Stampa, de Pierre Moscovici, ancien commissaire européen pour les Affaires économiques : « "Nous devons éviter une crise de la dette. Si nous laissons seule l'Italie, ce sera la fin ’’ » : « " C'est le moment de la solidarité, la crise que nous sommes en train de vivre montre qu'une Union politique est indispensable. Il faut organiser un plan ambitieux pour faire face à cette grave situation économique, le programme de la BCE a contribué à sauver la Zone euro " ».

ARTICLE, La Repubblica, A. D’Argenio « Italie, le PIB à -9,5% et reprise en 2021 » : « Aujourd’hui la Commission Européenne rendra publiques ses prévisions. L’Italie s’écroule avec une récession bien plus profonde par rapport à la moyenne européenne. Les prévisions sont même plus pessimistes par rapport à celles du gouvernement d’il y a quelques semaines (-8%). Les chiffres des prévisions de la Commission ressemblent à ceux d’un bulletin de guerre. L’Italie, toutefois, ne sera pas la lanterne rouge du peloton. Il s’agit de chiffres qui circulaient déjà dans les couloirs du gouvernement. Conte avait déjà affirmé ‘’Il y aura un brusque arrêt du PIB, il faudra nous remonter les manches’’. La question politique de cette crise se pose toujours : peut-on permettre qu’un virus où personne en Europe n’a de responsabilité, déclenche une récession où les faibles en sortiront plus faibles et les forts plus forts ? Si l’Europe est une communauté, ne devrait-elle pas réagir avec solidarité ? Ce sont là les arguments avec lesquels les gouvernements du Sud et la Commission européenne reviendront faire pression sur le fonds européen de redressement et ses obligations communautaires appelés à donner aux pays les plus endettés les mêmes munitions de ceux avec les granges pleines. » 

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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