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26/11/2008

Joerg Haider a disparu. Un mythe est né.

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article paru dans Synthèse nationale n°11

 

 

par Lionel Baland

 

 

 

            Le samedi 18 octobre 2008, l’Autriche rend un dernier hommage à Joerg Haider. Des dizaines de milliers de personnes assistent à la cérémonie. De nombreuses personnalités politiques autrichiennes et internationales se recueillent devant le cercueil de celui qui fut une superstar de la politique.

 

            Joerg Haider naît à Bad Goisern en Haute-Autriche en 1950. Son père est cordonnier. Durant le conflit mondial, il a combattu sur le front de l’Est et de l’Ouest et termine la guerre en tant que lieutenant.

 

            Joerg entreprend ses études à Bad Goisern, puis Bad Ischl. Il poursuit son parcours scolaire à Vienne où il obtient en 1973 le diplôme de docteur en droit. Il milite au sein du FPÖ, le parti libéral autrichien, et gravit les échelons. Il devient en 1979 le plus jeune député fédéral de l’époque en entrant au parlement national. En 1983, le Parti social-démocrate autrichien (SPÖ) perd sa majorité absolue et établi une coalition gouvernementale avec le FPÖ. Á l’époque, Joerg Haider ambitionne le poste de ministre des affaires sociales.

 

            Au cours des années qui suivent, Joerg Haider critique l’aile libérale de son parti et son représentant Norbert Steger. Le 13 septembre 1986 a lieu à Innsbruck, au Tyrol, un congrès du FPÖ. Joerg Haider, soutenu par l’aile nationale allemande du parti, expulse Norbert Steger de la tête du mouvement et prend sa place. Suite à ce changement d’orientation du FPÖ, le Chancelier social-démocrate Franz Vranitzky rompt la coalition entre son parti (SPÖ) et le FPÖ.

 

L’irrésistible ascension

 

            Des élections ont lieu suite à cet événement. Joerg Haider mène une campagne contre les privilèges et le comportement des politiciens du régime. Il qualifie l’Autriche de fausse-couche de l’histoire. Le FPÖ double son score électoral.

 

            En 1989, Joerg Haider devient gouverneur du Land de Carinthie, grâce au soutien des élus de son parti, et du Parti social-chrétien (ÖVP). En 1991, il est éjecté de son poste de gouverneur suite à une procédure de destitution engagée par les sociaux-démocrates et les sociaux-chrétiens. Cet événement est la conséquence d’une déclaration controversée de Joerg Haider lors d’un débat sur le problème du chômage au parlement de Carinthie. “Même le Troisième Reich n’a pas mené à cela, car sous le Troisième Reich il y avait une politique du plein emploi, ce que votre gouvernement de Vienne n’est pas arrivé une seule fois à réaliser. Ca, on doit aussi le dire.“

 

            En 1999, Joerg Haider et son parti obtiennent 42 % des voix lors des élections pour le parlement de Carinthie. C’est la première fois que le FPÖ est le premier parti dans un des Länder d’Autriche. Joerg Haider redevient gouverneur de Carinthie. Lors des élections nationales qui ont lieu la même année, Joerg Haider amène son parti en deuxième position, devant les conservateurs de l’ÖVP. Le FPÖ et l’ÖVP forment une coalition.

 

            Suite à l’entrée du FPÖ dans le gouvernement autrichien, des sanctions sont imposées par certains gouvernements de pays de l’Union européenne à l’Autriche. Dans le but d’infléchir les dispositions prises à l’égard de l’Autriche, Joerg Haider quitte ses fonctions au sein du FPÖ et en devient simple membre.

 

            Lors des élections au parlement de Carinthie en 2004, Joerg Haider obtient avec le FPÖ 42,5% des voix. Le 31 mars 2004, Joerg Haider est réélu gouverneur de Carinthie par les députés du parlement du Land. Lors de cette élection, il reçoit le soutient des députés de son parti (FPÖ), de ceux du parti conservateur social-chrétien (ÖVP) et des députés sociaux-démocrates (SPÖ). Il conclut une convention avec les sociaux-démocrates afin de gouverner le Land.

 

            En 2005, des dissensions éclatent au sein du FPÖ, toujours au pouvoir en Autriche. En avril, le BZÖ (Mouvement pour l’Avenir de l’Autriche) est créé. Joerg Haider quitte le FPÖ et  emmène avec lui la plupart des ministres et députés du parti. Hans-Christian Strache, l’homme fort du FPÖ de Vienne prend le contrôle du FPÖ au niveau national. Sa méthode: faire du "Haider" sans Haider. Il reprend les slogans et la méthodologie de son ancien mentor.

 

            En Carinthie, le 28 février 2006, suite à une dispute au sein de la coalition entre le BZÖ et le SPÖ qui gouverne le Land, à propos de la politique sociale, la coalition éclate.  Joerg Haider reste à la tête de la Carinthie.

 

            En 2006 ont également lieu des élections législatives. Le BZÖ obtient 4,1%  des voix (juste au dessus de la barre des 4%) et le FPÖ 11%. Les sociaux-démocrates et les conservateurs forment un gouvernement ensemble et rejettent les deux formations politiques nationalistes dans l’opposition.

           

Le retour

 

            Lors de l’été 2008, le BZÖ est en mauvaise posture. Des élections nationales sont annoncées. Le BZÖ est crédité de 2% des voix dans les sondages. Hors, pour avoir des élus, le parti doit passer la barre des 4% (ou obtenir des mandats directs). Joerg Haider déboule sur la scène nationale autrichienne en annonçant le 18 août 2008 qu’il sera le candidat de tête du BZÖ pour les élections de septembre 2008. Á la fin du mois d’août, lors d’un congrès, Joerg Haider est élu président du BZÖ. Le 28 septembre 2008, les résultats tombent. Le BZÖ obtient 10, 7 % des voix. Le FPÖ, ancien parti de Joerg Haider, reçoit 17,5  % des votes.

 

Le décès

 

            Dans la nuit du 11 octobre 2008, Joerg Haider est victime d’un accident de voiture. Il décède. Une semaine plus tard a lieu la cérémonie funèbre. Plusieurs dizaines de milliers de personnes convergent vers Klagenfurt, la capitale de la Carinthie.

 

            Ils sont venus de Carinthie en habits traditionnels rendre un dernier hommage à leur gouverneur. Ils sont venus d’Autriche saluer une dernière fois l’homme qui a tant imprégné la politique de leur pays. Ils sont venus de toute l’Europe, nationalistes, patriotes, assister à la cérémonie d’adieu à la superstar de la politique qui a ouvert la voie de la renaissance nationale.

 

            Parmi les invités figure le gotha de la politique autrichienne. Le Président social-démocrate de la République Heinz Fischer, le Chancelier fédéral social-démocrate Alfred Gusenbauer, d’anciens ministres, de hauts représentants des autres Länder d’Autriche et aussi des responsables de régions italiennes proches de la Carinthie ainsi que le fils du Colonel Kadaffi, ami personnel de Joerg Haider.

 

            Joerg Haider disparu, laisse derrière lui deux partis nationalistes qu’il a façonné. Il laisse surtout une influence politique considérable et un bastion: la Carinthie, où près d’un électeur sur deux vote pour les formations nationalistes lors des élections pour le parlement du Land.

 

            Joerg Haider n’est plus. Mais l’Autriche peut-elle échapper à la Haidérisation?

 

Déclarations d’hommes politiques autrichiens suite au décès de Joerg Haider

 

Heinz Fischer, président d’'Autriche, social-démocrate (SPÖ) :   

 

évoque une "tragédie humaine". Il salue la mémoire d'"un homme politique de grand talent", qui a su "susciter l'enthousiasme mais aussi de fermes critiques". (Déclaration, samedi 11 octobre)


Werner Faymann, nouveau dirigeant social-démocrate (SPÖ):

 

évoque un "homme politique d'exception" dont la disparition le touche "profondément". (Déclaration, samedi 11 octobre)



Wilhelm Molterer,
vice-chancelier conservateur (ÖVP) sortant :

 

s'est dit "profondément choqué" par la mort du dirigeant, soulignant son "profond respect" pour son courage politique. (Déclaration, samedi 11 octobre)



Wolfgang Schüssel,
ancien chancelier conservateur (ÖVP) :

 

salue "un homme politique extrêmement doué", qui vivait son métier "dans sa chair et dans son âme", "savait écouter et se sentait lié aux gens". (Déclaration, samedi 11 octobre)



Heinz-Christian Strache,
chef de fil du FPÖ (nationaliste) :

 

"Malgré le fait que nos chemins se soient séparés il y a quelques années, Haider a été une des figures les plus marquantes de la Seconde république" autrichienne, et regrette "la perte d'un homme politique de premier plan". (Déclaration, samedi 11 octobre)



Eva Glawischnig,
nouvelle dirigeante des Verts (écologistes):

 

a fait part de son "affliction" après la "mort tragique d'une des figures les plus marquantes et controversées de la politique autrichienne de ces dernières décennies". (Déclaration, samedi 11 octobre)              

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