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12/08/2008

Autriche: vers une coalition socialiste-nationale-nationale?

Un article paru sur le site Internet du journal Le Monde, nous dit que le nouveau leader social-démocrate est eurosceptique.

Les sociaux-démocrates autrichiens se sont dotés d'un nouveau leader pour affronter les élections, mais celui-ci marche dans les pas de son prédécesseur et maintient sa position eurosceptique. Il réclame, lui aussi, un référendum pour chaque nouveau traité européen. Position rejetée par les conservateurs de l'ÖVP.

Verrons-nous les sociaux-démocrates autrichiens s'allier avec les deux partis nationalistes FPÖ et BZÖ? Ce n'est nullement impossible. Joerg Haider a gouverné deux fois la Carinthie avec l'appui des sociaux-démocrates.

Les sociaux-démocrates nous disent qu'ils n'accepteront jamais une telle alliance au niveau national. Mais, au lendemain des élections, tout sera possible. 

Si tel était le cas, la coalition SPÖ-FPÖ-BZÖ serait-elle dirigée par un chancelier social-démocrate ou nationaliste? Et si ce chancelier est nationaliste, qui de Joerg Haider ou HC Strache obtiendra le poste?

Lionel Baland

Voici l'article du journal Le Monde:

 

Les sociaux-démocrates autrichiens

 

misent sur un nouveau leader affable

VIENNE CORRESPONDANCE

A un mois et demi des élections législatives autrichiennes, le Parti social-démocrate (SPÖ), sorti K.-O. de l'épreuve de grande coalition avec les conservateurs, intronise son nouveau chef et présente son programme de campagne.

L'élection de Werner Faymann par 98,36 % des voix, vendredi 8 août, lors du 40e congrès du SPÖ, n'est que la régularisation statutaire du coup de force opéré le 16 juin. Ce jour-là, le chancelier Alfred Gusenbauer, accusé d'être le principal responsable de la crise traversée par le SPÖ, avait remis ses fonctions de chef de parti à son ministre des transports.

Trois semaines plus tard, le Parti conservateur (ÖVP), prenant prétexte d'un revirement du SPÖ sur la politique européenne, a rompu la coalition. Des élections anticipées ont alors été fixées pour le 28 septembre, ne laissant qu'une période très brève au SPÖ pour reconquérir un électorat désenchanté.

"Assez de querelles". Ce surprenant slogan, leitmotiv de la campagne, semble aller comme un gant au nouveau leader social-démocrate. Figure lisse et toujours souriante, Werner Faymann, âgé de 48 ans, est issu du sérail viennois dominé par le puissant maire Michael Häupl. Son principal trait de caractère est d'avoir peu d'ennemis. A l'inverse de son prédécesseur, Alfred Gusenbauer, porté en 2000 à la tête du parti et en 2006 à la chancellerie, qui était parvenu à s'aliéner la plupart des courants et des cadres du SPÖ. Pour beaucoup, il était devenu "celui qui capitule" devant le partenaire conservateur. Une image qui avait fini par déteindre sur le parti : le SPÖ est passé pour la première fois de son histoire sous la barre des 30 % dans les sondages.

Le Parti social-démocrate mise désormais sur un homme neuf pour sortir de la crise. Werner Faymann suscite la sympathie auprès de l'électorat (44 % des sondés), mais il n'est pas encore jugé crédible (30 %). Homme de réseaux, l'ancien ministre des transports, qui dispose aussi de nombreuses accointances dans la presse populaire, a su se réconcilier avec les syndicats et s'assurer leur appui dans la campagne. Pour rallier les jeunes sociaux-démocrates, il a placé leur représentante en quatrième position de la liste électorale.

 

VIRAGE EUROSCEPTIQUE

 

Son programme de campagne, placé sous le signe de la lutte contre la vie chère, promet une réforme fiscale en faveur des classes moyennes, un contrôle des prix de l'énergie et l'abolition des frais universitaires. Il reprend les grandes lignes du programme de 2006. A une variante près : le nouveau chef du parti social-démocrate confirme son virage eurosceptique. Il a affirmé que toute nouvelle modification du traité de Lisbonne serait soumise à un référendum.

Ce revirement avait déclenché l'ire de nombreux cadres. Prise sans consultation, la décision avait été annoncée sous forme de lettre ouverte à la Kronen Zeitung, quotidien populaire à grand tirage, réputé pour ses campagnes antieuropéennes. Sur le plan tactique, le calcul est rationnel. D'après les sondages, le SPÖ, tombé dans les suffrages entre 24 % et 27 %, aurait perdu un quart à un tiers de ses électeurs séduits par le parti d'extrême droite FPÖ. Celui-ci obtiendrait entre 16 % et 19 % des suffrages, tandis que le second parti d'extrême droite (BZÖ de Jörg Haider) récolterait encore 5 % des voix.

Le Parti conservateur, pour sa part, atteindrait 26 à 30 % des suffrages ; les Verts entre 14 % et 15 %. Aucun des deux grands partis ne pourrait donc former une coalition avec ces derniers.

A ce stade, sociaux-démocrates et conservateurs récusent vigoureusement une alliance avec le FPÖ. Cependant, ni la population ni les acteurs politiques n'ont plus le goût d'une nouvelle expérience de grande coalition paritaire.

Laurence Monnot

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