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”Une course électorale au sein même de la coalition.”
Italie. Revue de presse.
La campagne électorale et notamment les négociations entre les partis en vue de former les alliances, fait toujours les gros titres des médias italiens. C’est notamment la réunion d’hier entre les dirigeants des partis de centre droit qui est mise en avant, les trois leaders ayant trouvé un accord : le parti membre de la coalition de centre-droit en Italie qui obtiendra le plus de vote lors des élections législatives prévues à l'automne décidera de l'identité du chef de gouvernement si l'alliance remporte le scrutin. « Centre droit, l’accord a été trouvé » - Entente entre Meloni, Salvini et Berlusconi sur les sièges et sur le candidat au Palais Chigi (Corriere della Sera, Il Messaggero, Il Giornale). Le décret concernant les aides économiques aux ménages et aux entreprises est lui aussi cité en une et dans les pages intérieures : « Plus d’aides pour les travailleurs et les entreprises » - Le décret annoncé par Draghi à l’occasion de la réunion avec les syndicats (Corriere, Repubblica).
Les JT couvrent essentiellement la campagne électorale, la guerre en Ukraine, alors que la première cargaison de céréales à Odessa s'arrête, des attaques de missiles russes détruisent des infrastructures à Kiev. Les tensions entre les Etats-Unis et la Chine sur Taiwan liée à l’éventuelle visite de Nancy Pelosi à Taipei, sont aussi citées. Enfin, les intempéries dans le nord et la canicule au Sud où 10 régions sont encore en alerte rouge.
Sur Twitter, le hashtag #Poutine, en référence à une possible interférence russe fin mai, avant la chute du gouvernement Draghi, fait tendance.
ARTICLE, La Repubblica, V. Concetto « Meloni parvient à imposer sa ligne, celui qui aura plus de voix sera candidat à la présidence du Conseil » : « C’est finalement la ligne de G. Meloni qui s’impose, après quatre heures de réunion à la Chambre entre les leaders du centre droit : comme en 2018, chaque parti se présentera seul, avec son propre symbole, mais avec une liste unique pour l’étranger. Quant à la répartition des sièges, le bras-de-fer recommence en début de soirée. Berlusconi rejette la proposition de Meloni de les partager selon la cote de popularité actuelle des partis : s’il est attesté à 10%, il sait qu’il peut faire une campagne électorale pouvant augmenter le pourcentage de Forza Italia. Ce n’est qu’à 22h qu’on arrive à une entente : 98 collèges pour Fratelli d’Italia, 70 pour la Ligue et 42 à Forza Italia, UdC, 11 à Noi con l’Italia et Coraggio Italia. La note conjointe a été diffusée à 22h15. Meloni prépare déjà la liste de son équipe, l’idée étant de proposer des ministres qui soient présentables, un gouvernement avec des personnalités compétentes, ainsi que de construire un groupe de parlementaires très fidèles à son leadership. Entretemps, Enrico Letta a commenté sans hésitations ‘’c’est un moment important pour la politique italienne car Berlusconi et Salvini ont décidé de se rendre aux mains de Meloni’’. »
COMMENTAIRE, Corriere della Sera, M. Franco « Une course électorale au sein même de la coalition » : « Avec la réunion d'hier après-midi, le premier depuis des mois, la campagne électorale du centre-droit a démarré. Bien que l'on ait l'impression qu'elle a plutôt commencé au sein même du centre-droit. Les deux partis alliés du gouvernement de Mario Draghi, la Ligue et Forza Italia, semblent s'être fixé un objectif : remporter les élections du 25 septembre, tout en freinant et évitant une affirmation trop évidente de Giorgia Meloni. Finalement, un accord de principe a été trouvé sur le fondement invoqué par le chef de l'opposition de droite : le candidat à la Présidence du Conseil sera désigné par le parti ayant obtenu le plus de voix. Il a été décidé que chacun se présentera avec son propre symbole. Pour Salvini et Berlusconi, c'est un véritable revers qu'ils prétendent transformer en concorde. Mais en attendant, les négociations se poursuivent sur les sièges à attribuer à chacune des partis de centre-droit : c’est là un autre point sur lequel ils peuvent s'unir ou risquer de se disputer. Le fait qu'un accord n'ait pas encore été trouvé sur certains aspects confirme à quel point la dissolution des Chambres et le vote rapproché ont mis à l’évidence une impréparation générale des partis. Il est tout-à-fait normal que le PD et Calenda soulignent les risques de l'impact international d'un gouvernement dirigé par la dirigeante de droite. Tout comme quand ils soulignent l'héritage post-fasciste du FdI. Néanmoins, hier un message de « respect pour tout résultat électoral », à juste titre, est arrivé du Département d'Etat américain. La délégitimation la plus insidieuse de la candidature de Meloni est venue pourtant des berlusconiens et des leghistes. Indirectement, les camarades de parti de Meloni dénoncent ce comportement. En tout état de cause, ces prémisses multiplient les craintes que le centre droit parvienne à gouverner ensemble, dans un contexte économique et international très complexe. Il a été possible aussi de voir à quel point l’expérience de 17 mois avec le gouvernement Darghi ait creusé une faille au sein du centre droit. Il est aussi vrai que la confusion qui règne au centre gauche fait un vrai cadeau à la coalition des conservateurs. »
COULISSES, La Stampa, F. Olivo « Feu vert pour Meloni » : « Surtout pour les circonscriptions, la bataille a été rude. Meloni est arrivé prête. Les obstacles posés par Berlusconi l'ont raidie et elle a réitéré la position qu'elle avait exprimée à plusieurs reprises ces derniers jours : "Si les règles ne sont pas respectées, il ne sert à rien d'avancer ensemble". Cette déclaration implique une menace, notamment parce que, rappellent les dirigeants du FdI, la direction du parti se réunit aujourd'hui et a elle le pouvoir de prendre des décisions tranchées dans un sens ou dans l'autre : jusqu'à la possibilité de faire cavalier seul. Meloni contre Letta. Un scénario improbable, mais brandi lorsque le dialogue s'enlise. Salvini a contribué à l'élaboration de la déclaration finale en se rangeant, au moins sur ce point, du côté de la leader de Fratelli d'Italia. Cela a conduit à l'annonce commune, qui a laissé Meloni satisfaite et Berlusconi pas trop mécontent. Salvini a proposé de faire revenir Giovanni Toti dans la coalition. Les cinq circonscriptions de Ligurie peuvent être décisives, et le gouverneur, avec le groupe à la Chambre de Marco Marin et au Sénat de Gaetano Quagliariello, peut jouer un rôle important pour la majorité au Sénat. FdI est d'accord et Meloni a dit qu'elle était prête à ouvrir ses listes aux petits partis. Sur le partage des collèges uninominaux, le bras de fer a duré jusque dans la nuit. Le parti de Meloni n'a pas l'intention de céder sur ce point, notamment parce qu'il considère qu'il est risqué de "donner" des parlementaires à des alliés auxquels il ne fait fondamentalement pas confiance. »
PREMIER PLAN, La Repubblica, P. Berizzi, « Bannon et Visegrad, les amis de Meloni qui inquiètent l'UE » : « Bannon a fait l’éloge de Meloni en la qualifiant de « fasciste, néo-fasciste ». D’autre part Meloni entretient des liens étroits avec les premiers ministres polonais et tchèque, Mateusz Morawiecki et Petr Fiala, les dirigeants des deux pays du bloc de Visegrad. De Budapest à Marbella. Du selfie avec Orban à la scène de Vox en passant par Steve Bannon condamné pour outrage au Congrès et accueilli comme une star par les « patriotes » du meeting annuel de Fratelli d’Italia. Pour raconter les liens étrangers de Giorgia Meloni et son réseau de relations construit ces dernières années avec le monde de la droite souverainiste et radicale, il est utile de circonscrire un périmètre temporel. La fenêtre va de 2018 au 12 juin dernier (le jour du rassemblement de Vox à Marbella). Ainsi le 28 février 2018, Meloni se rend à Budapest pour une séance de photos avec Viktor Orbán. « Une réunion pour la défense des racines chrétiennes de l'Europe », a-t-elle tweeté. En outre, dans la propagande des « patriotes européens », le sang et le sol occupent une place centrale. Ce n'est pas un hasard si, il y a trois jours, évoquant la théorie du grand remplacement, Orbàn a déclaré : « Ne nous mélangeons pas aux autres races ». On peut établir un lien avec le racisme théorisé par un leader politique qui a été un point de référence dans la formation de Meloni : Giorgio Almirante. Meloni, pour préparer sa course à la Présidence du Conseil mais aussi pour dissiper le cliché d'une droite italienne pétrie d'anti-américanisme, a cultivé sa connexion américaine en réitérant ses positions atlantistes et son soutien à l'OTAN. Mais il est également vrai qu'il existe différentes sensibilités sur la question au sein de Fratelli d’Italia. Certains sont liés au « ni avec les États-Unis ni avec l'URSS » exprimé entre 1970 et 1982 par les néo-fascistes subversifs de Terza Posizione, considéré comme ADN de l’extrême-droite. »
PREMIER PLAN La Repubblica, A. di Maria, « Letta entame la campagne électorale : sur Renzi le Parti démocrate ne met pas de veto » : « ‘’Aujourd'hui, Berlusconi et Salvini ont décidé de se livrer définitivement aux mains de Meloni. Je crois que c'est un choix qui confirme ce que nous disons depuis le début de cette campagne électorale, à savoir que ce sera une confrontation, et un choix des Italiens, entre nous et Meloni. Berlusconi et Salvini ont choisi d'être les ailiers de Meloni. Le centre de la droite n'existe plus’’. Ensuite, Letta aborde la question du programme électoral, ainsi que les alliances, qui sont le grand le grand problème à ce. C’est là un problème à résoudre le plus rapidement possible. Et sur ce front, le nom de Matteo Renzi reste le plus évoqué et a été éclairci : ‘’Je l'ai déjà dit, nous n'opposons notre veto à personne’’. D’autre part il y a aussi le programme à réaliser. Un programme qui peut convaincre les Italiens de voter pour le centre-gauche : ‘’Nous utiliserons ces jours pour parler du programme, que nous présenterons le 10 août, et pour discuter avec les éventuels partis et mouvements avec lesquels nous ferons une alliance électorale. Notre projet politique s'appuiera sur les grands enjeux du pays, de l'environnement aux droits et, surtout, sur un agenda social permettant une augmentation des salaires, puis la lutte contre la précarité et le salaire minimum. Nous devons réussir à faire sortir les jeunes de chez eux à 25 ans, et non à 31 ans comme aujourd'hui. Ce sont les pierres angulaires. Le vote sera décidé dans la dernière semaine’’. »
ARTICLE « Les ombres russes derrière la crise du gouvernement Draghi » : « Selon les documents des services de renseignement que La Stampa a pu consulter, fin mai, Oleg Kostyukov, un important fonctionnaire de l'ambassade russe, a demandé à un émissaire du leader de la Lega Nord si ses ministres étaient "disposés à démissionner du gouvernement Draghi". Ainsi, il est fait état d'un intérêt factuel de Moscou pour la « déstabilisation » de l'Italie. Ces jours-là, Salvini et le M5S déclenchent l'offensive contre le Président du Conseil, respectivement, avec la campagne d'opinion et la résolution parlementaire appelant à un " non " à l'envoi d'armes en Ukraine. Les Russes estiment que le moment est venu de franchir le pas le plus sérieux : M. Kostuykov demande au conseiller de M. Salvini pour les relations internationales, Antonio Capuano si les léghistes veulent se retirer du gouvernement, ce qui reviendrait à le faire tomber. "Le diplomate, faisant allusion à l'éventuel intérêt russe à déstabiliser l'équilibre du gouvernement italien avec cette opération, aurait demandé si les ministres de la Lega avaient l'intention de démissionner du gouvernement". Tout cela se passe deux mois avant la chute du gouvernement Draghi, alors que tous les acteurs évoluent encore dans le domaine du possible, et commettent donc quelques imprudences. Nous ne savons pas ce qui s'est passé au cours du dernier mois et demi, si les intérêts russes dans les choix des ministres italiens sont réapparus. Certes, en les relisant sous cet angle, les mots prononcés par Draghi dans ce qui reste son dernier discours au Sénat font impression : "En politique étrangère, nous avons assisté à des tentatives pour affaiblir le soutien du gouvernement à l'Ukraine, pour affaiblir notre opposition au projet du président Poutine’’ »
ARTICLE, La Repubblica, F. Bulfon « Sous l’effet de la guerre, l’Italie augmentera ses dépenses militaires. »
ARTICLE, Il Sole 24 Ore, C. Dominelli « Cingolani : pas de réductions drastiques pour les entreprises&nbs
28/07/2022 | Lien permanent
”L'enquête pour trafic d'influence impliquant le fondateur du M5S, Beppe Grillo.”
Italie. Revue de presse.
La presse italienne titre largement sur l'enquête pour trafic d'influence impliquant le fondateur du M5S, Beppe Grillo, qui aurait reçu des fonds de la part de la société de transport maritime Moby sous le gouvernement Conte, une affaire qui impliquerait aussi l’association Casaleggio, ancien porte-parole sous ce même gouvernement. « Grillo visé par une enquête, le M5S est sous le choc » - L'enquête du Parquet de Milan concerne des contrats publicitaires entre le blog du leader et la société Moby (Corriere della Sera), « Grillo le lobbyiste » - Selon les enquêteurs, le patron de Moby aurait versé de l'argent pour obtenir de la publicité sur le blog du garant du M5S. Conte exprime sa solidarité (La Repubblica). Les discussions entre les dirigeants politiques autour de l'élection du Président de la République sont aussi largement citées « Quirinal, retour à la case Draghi » - La candidature de Berlusconi semblant désormais compromise, Salvini et Meloni annoncent un plan B. alors que Draghi rencontre Mattarella et Fico (La Stampa), « Pressions pour un remaniement après l'élection pour le Quirinal » - Berlusconi pourrait retirer sa candidature. Les partis demandent un remaniement. Le nom de V. Colao est évoqué pour l'après-Draghi (Il Messaggero), « Draghi fait ses consultations » - Tout le monde réclame son maintien au Palais Chigi, sauf lui (Fatto Quotidiano).
PREMIER PLAN, Corriere della sera, de C. Bozza, « L’affaire Grillo, un choc pour les 5 étoiles (divisés sur le Quirinal)» : « Les enquêtes sur Beppe Grillo sont un coup dur pour les 5 étoiles déjà divisés sur le Quirinal. Au cours d’une réunion restreinte qui s’est prolongée jusqu'à tard, Giuseppe Conte aurait tenté d’imposer une ligne commune : ‘’Draghi doit rester au Palais Chigi’’, mais sa proposition n’a pas fait l’unanimité. Quant au silence de Luigi Di Maio, il serait très éloquent pour certains participants. Entre l’hypothèse d’un prolongement du mandat de Mattarella, le soutien à un candidat emblématique telle que Liliana Segre ou l’hypothèse d’un boycott du scrutin si Berlusconi ne se retire pas, les 5 étoiles ne parviennent pas à une entente. L’embarras provoqué par les révélations au sujet de Beppe Grillo n’aide pas, et dans les groupes de discussion des parlementaires, c’est le grand silence qui règne. Aujourd’hui, Conte rencontrera Enrico Letta et Roberto Speranza dans l’espoir de parvenir à une convergence sur un candidat suffisamment fort pour être proposé à Salvini. Enfin, demain est prévue une assemblée des députés 5 étoiles au sujet du Quirinal : tout laisse présager un débat enflammé. »
ARTICLE, La Repubblica, G. Vitale « E. Letta et l’allié (5 étoiles) en crise : c’est le moment de garder son sang-froid » : « Lorsque le dirigeant du PD rencontrera Giuseppe Conte et Roberto Speranza ce matin pour discuter de la stratégie commune sur le Quirinal, il ira droit au but. Avec un objectif prioritaire : l’entente PD-M5S doit être renforcée, en évitant les fuites en avant et les négociations séparées avec la Ligue - notamment sur les noms - qui pourraient diviser. Il s'agit d'un message précis adressé au chef du M5S, lequel entretient des contacts avec Salvini, qui, avec Renzi, vise à marginaliser le PD. Mais aussi aux groupes parlementaires 5 Etoiles devenus incontrôlables. Il est nécessaire d'avancer ensemble - dira Enrico Letta aux alliés - en maintenant un dialogue constant entre les dirigeants, sans médiation, afin de donner plus de force à la proposition du centre-gauche et faire comprendre au centre-droit que seul, ce dernier n’ira nulle part. Sinon, comme l'a dit Peppe Provenzano, "le choix délibéré de rompre l'unité nationale aura des conséquences pour le gouvernement et la mandature". L'autre mantra d’E. Letta est de ‘’protéger Draghi". D'autant plus après le soutien de Biden et du New York Times, selon lequel le Quirinal "pourrait prolonger l'inhabituel âge d'or italien". Autant d'arguments que le secrétaire du Parti démocrate tentera d'utiliser pour vaincre la résistance de Conte, qui s'est toujours montré hostile à la candidature du Président du Conseil. Sur ce point, Conte, pour une fois, se trouve en accord avec la plus grande partie de ses députés. Mais sur ces derniers, Di Maio a déjà fait pression, d’autant plus qu’il dispose désormais d'un canal direct avec l'état-major des démocrates pour pousser Draghi à accepter la présidence de la République. Jouant le jeu de Speranza, Letta expliquera sans sophisme à Conte : à part Mattarella qui, s'il devait rester au Quirinal, "serait la meilleure des solutions", la seule candidature utile pour arriver à une élection large et rapide, et pouvant assurer le maintien de la mandature, est celle de Draghi ».
ARTICLE, La Repubblica, G. Casadio et T. Ciriaco « La pression monte pour que les électeurs positifs puissent voter à domicile » : « Les grands électeurs, contaminés et positifs, ne peuvent pas être exclus de l’élection du Président de la République. C’est une conviction qui se renforce de plus en plus et qui pourrait bientôt impliquer les deux Chambres, puisque c’est à celles-ci d’en décider de manière autonome. Elles pourraient demander au gouvernement de fournir les moyens et les instruments pour permettre aux parlementaires de voter depuis chez eux. Une implication des préfectures serait envisageable, car elles disposent de personnel délégué pour récupérer les scrutins et en assurer le transport. Il s’agirait néanmoins d’une nouveauté. Les voix des positifs demeurent déterminantes pour l’élection au Quirinal et le bras de fer entre la droite – favorable à cette hypothèse – et le centre gauche qui s’y oppose, semble ne pas s’arrêter. C’est un imbroglio à la fois constitutionnel, juridique et politique. Certains ont même imaginé un ‘Hôtel’ Covid’’ devant Montecitorio (la chambre des députés, ndlr), permettant aux électeurs positifs de se rendre dans la cour de la Chambre et de voter dans une cabine. C’est le renziste Marco Di Maio qui propose cette solution, soutenue par le centre droit. Parmi les plus sceptiques figure le Président de la Chambre Roberto Fico, en raison des nombreuses objections de nature réglementaire. A ce stade, on compte une trentaine de députés et une dizaine de sénateurs testés positifs au Covid. »
ENTRETIEN, Corriere della sera, de Massimiliano Fedriga, Président du Frioul-Vénétie-Julienne, « Personne ne peut y parvenir tout seul. Une convergence sur Draghi ? Il est capable d’assumer plusieurs postes. » : « L’origine des menaces anti-vax que je reçois est toujours la même, à savoir des personnes qui s’informent sur les réseaux sociaux. Je tiens à rappeler que la Ligue n’est pas anti-vax. J’exclus complètement de pouvoir remplacer Salvini avec Zaia et Giorgetti. Nous avons un leader pour lequel j’ai une très grande estime et en plus, j’aime ce que je fais, l’activité parlementaire est trop abstraite pour moi. Les élections du Quirinal sont une étape fondamentale pour le centre-droit et son unité. Personne n’a les voix suffisantes pour y arriver tout seul et comme Salvini est la première force de la coalition du centre-droit, il est, à juste titre, en train de dialoguer avec tous. Concernant une possible convergence sur le nom de Draghi, je n’exclus rien. J’ai une très haute considération pour sa personne, bien que l’on ne soit pas toujours d’accord. C’est une figure polyvalente qui peut endosser des rôles différents. Il est vrai que la Ligue d’aujourd’hui est différente de la Ligue de Bossi à laquelle j’ai adhéré à l'âge de 15 ans (Fedriga est aujourd’hui âgé de 41 ans, ndlr). Le ton a changé, aujourd’hui nous voulons offrir un projet pour tout le pays, du Nord au Sud, mais la substance est la même : une organisation fédérale qui prenne place à l’intérieur d’un cadre national. Quant au drapeau tricolore, il continue d’incarner des valeurs fondamentales pour moi. »
ANALYSE, La Repubblica, S, Folli « Le Quirinal et les deux idées du centre-droit » : « Le jour où Draghi se montre particulièrement dynamique avec ses rencontres institutionnelles, le réalisme semble l’emporter sur l’obstination de Berlusconi. Il est assez clair pour ce dernier que sa nomination au Quirinal va au-delà de sa seule volonté et qu’il finira par retirer sa candidature, à moins de vouloir risquer l’autodestruction. Mais les modalités de ce retrait et son timing sont encore inconnus et détermineront le résultat des jeux. Le bon sens devrait pousser Berlusconi à se prononcer avant le 24 janvier, avant le début des élections, ou avant le 4e scrutin. Il est assez probable qu’il le fasse avant, afin de gérer avec Salvini le patrimoine politique du centre droit, en évitant son implosion. A ce moment précis, la coalition de centre droit se retrouvera à un tournant de son histoire : celui de la déchéance du leadership berlusconien. C’est une bifurcation à deux chemins : un premier, déjà confirmé quand Salvini s’est présenté comme ‘’l’homme fort’’, décidé à diriger le convoi jusqu’à l’objectif final, la nomination au Quirinal d’un homme ou d’une femme du centre droit, élu à une large majorité, contre le candidat de centre gauche. Or, les noms évoqués jusqu’ici par la droite sont fragiles et la stratégie apparaît encore floue. A ce stade, Salvini exclut la solution Draghi comme candidat super partes et sur ce point il a l’accord de Berlusconi. Quant à Meloni, elle demeure silencieuse et indéchiffrable. Nous avons ainsi un Salvini devenant le représentant officiel de la droite, un jeu auquel il est peu habitué et dans lequel il doit entrer en réfléchissant également à l’équilibre gouvernemental. L’autre chemin possible est la voie traditionnelle et centriste : proposer un candidat modéré qui évite les ruptures et conduisant le centre droit vers une solution déjà expérimentée. C’est celle du dialogue, rendant possible de soutenir Draghi au Quirinal, ou proposer en accord avec le centre gauche un candidat en commun ayant le bon profil. Mais cette solution prévoit, elle aussi, la nécessité de discuter de la composition du gouvernement avant de décider du profil du président. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
19/01/2022 | Lien permanent
”OTAN, plus d’armes à Kiev : Orbàn est isolé.” et ” Meloni, le choix de l’atlantisme : les dépenses militaires vont augm
Italie. Revue de presse.
La réaction des pays membres de l’Union Européenne face aux initiatives internationales de la Hongrie depuis le début de sa présidence tournante, notamment en vue de la réunion au Coreper aujourd’hui, domine les unes : « Une alliance pour freiner Orbàn » (Corriere della Sera), « Un procès contre Orbàn » (Repubblica), « La moitié de l’Europe est contre Orbàn » (Giornale). L’ouverture du Sommet de l’Otan à Washington, et les annonces de nouvelles livraisons à l’Ukraine, font aussi la une « OTAN, plus d’armes à Kiev : Orbàn est isolé » (Stampa), « OTAN, un test décisif pour Biden » (Il Messaggero), « L’OTAN encore divisé sur l’entrée de l’Ukraine » (Avvenire). Enfin, les sujets économiques sont cités par certains quotidiens : « Giorgetti (Ligue) assure que la prochaine loi de finances ne sera pas un « sacrifice » pour les Italiens » (Sole 24 Ore), « Baisse des salaires, l’Italie en fin de peloton » (Stampa).
Les JT couvrent essentiellement le sommet de l’OTAN à Washington, où Giorgia Meloni a déclaré souhaiter poursuivre et intensifier l’aide militaire et logistique à l’Ukraine, les critiques à l’égard de Viktor Orban pour ses visites à Moscou et Pékin, la situation au Proche-Orient et notamment les frappes qui ont touché hier une école, ainsi que le premier vol réussi d’Ariane 6.
COMMENTAIRE, Sole 24 Ore, L. Palmerini « Meloni et le problème des salaires qui a déjà impacté Londres et Paris » : « Si la majorité semble s’apprêter à présenter une loi électorale excluant un second tour, elle ne pourra pas pour autant fermer les yeux devant la réalité. Une réalité rappelée de manière brutale hier par le rapport de l’OCDE où l’Italie figure en fin de peloton pour les salaires en termes réels. Car si le taux de chômage demeure bas, c’est le pouvoir d’achat – sujet présent dans les dernières campagnes électorales en France et au Royaume-Uni– qui pose problème. Dans nos pays voisins, la droite a été battue selon deux schémas différents (un seul tour et un second tour) mais avec une cause première qui est la même : le mécontentement face à un sentiment d’appauvrissement. Or, ce problème semble toucher surtout l’Italie : -6,9% depuis 2019. L’Italie se retrouve ainsi sur le podium de la zone euro, avec une tendance plus forte à la baisse qu’en Allemagne (-2%) et en France (+0,1%). Ce qui veut dire que, malgré l’engagement du gouvernement à réduire les charges salariales (qui ont augmenté par rapport à l’exécutif Draghi), on ne parvient pas à donner ce bol d’oxygène au pouvoir salarial des familles. La mesure sera reproposée en 2025 mais il n’est pas sûr qu’elle parvienne à résoudre un malaise pouvant commencer à inquiéter la Présidente du Conseil. Surtout si l’on voit ce qui s’est passé dans les pays voisins. Hier le ministre Giorgetti (Ligue) a promis que la loi de finances ne demandera pas « de sacrifices » et se dit confiant sur la croissance. Or, sa lecture pourrait être davantage comptable que politique. Comme l’a reconnu Giorgetti lui-même, la solution repose sur ‘’une politique sérieuse de contrôle de la dépense publique’’. Le gouvernement Meloni va-t-il adopter ce mot d’ordre ? Jusque-là, cela n’a pas été une priorité. Pourtant, le rapport de la Cour des Comptes a relevé un sérieux problème d’évasion fiscale, qui s’ajoute à celui du pouvoir d’achat des employés et des retraités. »
PREMIER PLAN, Sole 24 Ore, de G. Trovati, « ‘’Un PIB à +1% est à notre portée, ce ne sera pas le sang et les larmes’ lors de la Loi de Finances ‘’ affirme le ministre Giorgetti (Ligue) » : « Lors de l'assemblée de l'Association bancaire italienne (ABI), le ministre de l’Economie Giancarlo Giorgetti a tout d'abord relevé des nouvelles positives pour les comptes publics, avec un PIB aux alentours de +0,3% pour le deuxième trimestre 2024. Le ministre a donc répété que l'objectif de taux de croissance annuel de 1% était ‘'largement à notre portée’'. Il avait été particulièrement critiqué lorsqu'il l’avait été mentionné pour la première fois en avril lors de la publication du Document d’économie et de finances (DEF) alors que d'autres observateurs évoquaient une courbe bien plus plate pour l'économie italienne. Toujours d’après les données de la Banque d’Italie, le taux de croissance en juin atteindrait 0,9% et les chiffres ‘’réels’’ pourraient se révéler encore plus dynamiques que ceux photographiés par les estimations, récompensant la prudence dont a fait preuve le ministère de l’Economie. Pour compléter le cadre dans lequel s’inscrira la première loi de Finances suivant les nouvelles règles budgétaires de l'UE, on peut également mentionner l'augmentation plus importante que prévu des recettes, découlant d'une économie encore dynamique et d'un taux d'emploi en hausse. La tendance ne s'est pas encore répercutée sur les comptes publics, les Chambres travaillent à aligner le budget sur les prévisions du Document d’économie et de finances, et cette marge de quelques milliards a été utilisée afin de financer une série de dépenses, de la gestion des migrants aux catastrophes naturelles. Les comptes-rendus mensuels du ministère des Finances témoignent d’un rythme plus intense que prévu, avec une augmentation de 9,7 % au cours des cinq premiers mois, contre les +2,65 % prévus en avril. Il s’agit bien entendu d’une prévision annuelle et le résultat final dépendra donc des prochains mois, toutefois les indicateurs montrent que ‘’ça aurait pu être pire’’. Ni Fabio Panetta ni Giancarlo Giorgetti ne comptent sur des recettes faciles pour les finances publiques que le Superbonus a remis sur une trajectoire ascendante (notamment avec le ratio dette/PIB). "Le pays doit faire face à des défis nombreux et ardus", prévient Giorgetti, voulant impliquer dans cet objectif les banques présentes dans l’assemblée. Mais pour le ministre, cela ne se traduira pas par "une loi de finances [fortement marquée par l’austérité]", qui "n'est pas nécessaire" selon lui bien qu’évoquée par beaucoup, mais plutôt par "une politique sérieuse de contrôle des dépenses publiques" accompagnée d'une "amélioration de l'efficacité de la collecte des impôts". Le tout est de savoir ce que l’on entend par là exactement. Car, dans un pays habitué depuis de nombreuses années à considérer le déficit comme la principale source de financement des politiques publiques, y renoncer peut en effet sembler douloureux. Mais, au-delà des chiffres, la voie du déficit semble écartée par le cap clair à nouveau indiqué par Giorgetti, à savoir le retour à un "équilibre budgétaire libéré du coût de la dette passée" comme "devoir moral envers les prochaines générations" en plus d'être un "objectif politique", mais aussi pour "sortir de la condition de pays fortement endetté et constamment sous surveillance". Les mesures auront pour objectif prioritaire "le développement de la compétitivité des entreprises". Enfin, Giorgetti ne manque pas d’interpeler la BCE pour demander "une accélération progressive mais décidée" de la baisse des taux. Mais le chemin est encore long, alors que les dépenses effectives dans le cadre du PNRR continuent à ne pas être totalement satisfaisantes. »
ARTICLE, la Repubblica, C. Tito : « ‘’C’est un pion de Trump et de Poutine’’ : les Européens prêts à boycotter la présidence européenne d’Orban » : « Un véritable procès dont l’accusé est Viktor Orban. Chef d’inculpation : essayer de ‘’brader’’ l’Ukraine à la Russie et mettre en danger la démocratie européenne. Le Coreper, qui réunit les 27 ambassadeurs de l’UE, a inséré dans son ordre du jour le ‘’cas Budapest’’. Les visites du premier ministre hongrois à Moscou et Pékin deviennent des questions urgentes, dont ont également discuté, informellement, les leaders européens présents au sommet de l’OTAN, avec comme première conclusion la nécessité d’un ‘’boycott’’ de fait : plus personne ne veut s’impliquer dans les manœuvres d’Orban. Une épine dans le pied de l’UE, au point que plusieurs pays réfléchissent à révoquer la présidence hongroise, une procédure possible mais très compliquée. Il est pourtant vrai que, selon les traités, la présidence tournante doit travailler avec le président du Conseil européen et le Haut représentant, actuellement Josep Borell, mais aussi avec les présidences précédentes (Belgique) et surtout à venir (Pologne). Or justement, c’est la Pologne qui a critiqué les liens douteux d’Orban avec la Russie. Mais ce n’est pas tout, car comme le révèle le quotidien russe Izvestia et conformément à ce que prévoyait la Repubblica, le premier ministre hongrois agit pour le compte de Donald Trump, qui souhaite démembrer l’OTAN, faire plier l’UE et livrer Kiev au Kremlin. Dans une lettre envoyée à Charles Michel, Orban a notamment déclaré qu’il y a ‘’une possibilité importante que la Russie accueille positivement une proposition de cessez-le-feu et un plan de route pour des pourparlers de paix’’. En somme, l’opposé des positions occidentales. Les chefs de gouvernement à Washington ce sont mis d’accord sur la nécessité de dresser une digue contre l’activisme d’Orban. La déclaration du Coreper devrait déjà délégitimer ses visites, mais la Pologne a aussi proposé de suspendre le semestre hongrois. La situation pourrait même aller jusqu’à l’activation de l’article 7 des traités européens, qui prévoient la suspension des droits d’un pays membre, soit son expulsion. Un article longtemps considéré comme plus rhétorique que pratique mais dont l’utilisation est maintenant discutée. Cette sanction nécessiterait un vote à majorité qualifiée de 80% des Etats membres, soit 22 sur 27. »
ANALYSE, il Messaggero, F. Bechis : « Meloni, le choix de l’atlantisme : les dépenses militaires vont augmenter » : « Giorgia Meloni envoie un signal aux alliés. Et à ceux qui, dans l’opposition et au sein de la majorité, alimentent une rhétorique antimilitariste et font les yeux doux à Vladimir Poutine. Elle franchit en effet le seuil du Convention Center de Washington, où l’OTAN se réunit ces jours-ci, en amenant avec elle 750 millions de dépenses militaires en plus, un premier pas important vers l’objectif des 2% du PIB avant 2028. Sans oublier la contribution italienne de 1,7 milliards de dollars au paquet d’aide de 40 milliards pour l’Ukraine, ce qui marque une véritable accélération. Ce sommet est en tout cas un test décisif pour Giorgia Meloni, elle y joue à la fois la crédibilité de son gouvernement dans la famille atlantiste et sa place vis-à-vis de la Commission européenne et des postes importants. Dans une rapide séance de question-réponse avec les journalistes, elle dresse son tableau de la situation en Europe. En France, ‘’aucune force politique n’a clairement gagné’’, une façon de lancer une demi-pique à Marine Le Pen. Sur les postes européens, ‘’l’Italie a un gouvernement solide dans une UE où il y a des gouvernements beaucoup moins stables’’, une pique à peine voilée cette fois-ci à Emmanuel Macron. Et enfin en ce qui concerne la Russie et l’Ukraine, elle parle ‘’d’images terrifiantes’’ qui discréditent ‘’une certaine propagande russe sur une solution ‘pacifique’ au conflit’’, un coup d’estoc destiné cette fois aux patriotes européens. La cheffe du palais Chigi souhaite prendre ses distances, ce qu’elle fait notamment en promettant des investissements dans la défense, fruits d’un long travail avec ses ministres. Guido Crosetto notamment, qui pousse pour que la Commission européenne reconnaisse une prise en compte des investissements pour la défense dans le Pacte de stabilité. Mais le travail a été collectif, et surtout long : depuis plusieurs mois des réunions se tiennent avec les services et Giancarlo Giorgetti pour régler la question des 2%. Giorgia Meloni a donc montré à Washington le visage d’une Italie en règle, un signal important envoyé à Joe Biden mais aussi à Donald Trump, au cas où il devrait revenir à la Maison Blanche. Le neuvième paquet italien, qui prévoit la livraison d’une batterie Samp-T et de missiles Storm Shadow, est un autre signal, envoyé aux alliés mais aussi à la Ligue, qui alimente le discours antimilitariste. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
10/07/2024 | Lien permanent
Russiagate : Savoini refuse de répondre aux questions des juges et Salvini ne se rend pas au Parlement.
Italie. Revue de presse.
Les tensions croissantes au sein du gouvernement font les gros titres des médias transalpins. La presse fait part de « l’affrontement » entre le président du Conseil G. Conte et M. Salvini sur l’affaire des financements russes et sur la convocation des syndicats, hier, au ministère de l’Intérieur. Les médias italiens relèvent que M. Savoini a refusé de répondre aux questions des juges qui l‘interrogeaient sur ses discussions avec des émissaires russes à l’hôtel Metropol et que M. Salvini ne s’est pas rendu à l’Assemblée : « Conte, double défi à Salvini » - ‘’Le Président du Conseil attaque sur le Budget et l’affaire russe’’ (Corriere della Sera), « Sauve qui peut de l’affaire russe » - Savoini ne répond pas aux juges, Salvini évite l’audition au Parlement’’ (La Repubblica), « Budget et financements russes, Salvini ignore Conte » - ‘’Salvini convoque les syndicats et ne se présente pas au Parlement’’ (La Stampa), « Budget, Conte et Salvini aux couteaux tirés » (Sole 24 Ore), « Budget : duel Conte-Salvini » - ‘’Irritation du Président du Conseil : ‘’impolitesse institutionnelle’’ (Il Messaggero), « Conte : c’est moi qui dicte l’agenda » - ‘’Dur affrontement entre Le Palais Chigi et l’Intérieur’’ (Il Mattino), « A un pas de la crise » - ‘’Salvini irrite Conte et cherche la bagarre sur le budget’’ (Il Giornale).
COMMENTAIRE La Repubblica, S. Folli « Impolitesses et usure » : « Si le Président du Conseil, qui est un homme prudent et attentif aux rapports de force, n’hésite pas à parler d’‘’impolitesse institutionnelle’’ en se référant à M. Salvini et à ses initiatives, cela veut dire que l’homme de la Ligue est aujourd’hui presque dans les cordes. C’est un boxeur qui se défend avec des coups maladroits et prévisibles. Certes, dans n’importe quel pays cela aurait provoqué une crise de gouvernement. Pas en Italie. Du moins, pas encore. Entre l’affaire Strache et Salvini, il y a une grande différence : pour le premier il y a la preuve vidéo. Pour le second, il n’y a pas de preuve écrasante. Ce qui lui permet de se défendre et d’éviter (mais pendant encore combien de temps ?) d’être auditionné par le Parlement. Contrairement à l’Autriche, nous n’avons pas la carte des élections anticipées à jouer. Car l’idée d’un gouvernement technique pouvant impliquer l’assemblage parlementaire de tous les autres, à commencer par le PD et le M5S, c’est un pari risqué ».
COMMENTAIRE Sole 24 Ore L. Palmerini « Le Président du Conseil et la pique empoisonnée sur le ‘’Russiagate’’ » : « Les financements russes présumés sont le nerf à vif du ministre de l’Intérieur et semble devenir un élément crucial pour renverser, à nouveau, les rapports de force au sein du gouvernement. L’opération commencée entre le Palais Chigi et les 5 Etoiles, veut mettre le ‘’Russiagate’’ sur la table afin de bloquer l’ascension politique et de pouvoir de Salvini. Sur l’histoire de la rencontre des syndicats au Ministère de l’Intérieur, l’affrontement d’hier ne portait pas sur la méthode mais sur le fond : sur qui décide quoi. Le ‘’Russiagate’’ est le compte à rebours qui nous rapproche de la dernière date pour déclencher les élections anticipées sont en train de modifier les équilibres internes ».
COMMENTAIRE, Corriere della Sera, M. Franco : « Populistes et souverainistes : ce sillon qui s’étend » : « Deux sensations apparaissent après l’énième affrontement entre M5S et Ligue. La première impression est que le gouvernement de Giuseppe Conte continuera quand même, mais sans vision ni perspectives crédibles. La deuxième est que le conflit entre les deux vice-présidents du Conseil, Di Maio et Salvini, s’intensifiera. L’affrontement sur les liens entre la Ligue et les trois hommes d’affaires russes est une partie de ce règlement de compte entre populistes et souverainistes : pas l’unique, ni la dernière. La nouveauté est que maintenant plus que jamais Salvini apparaît nerveux et désorienté. Il montre qu’il n’a qu’un seul instrument, l’attaque. C’est pour cette raison qu’il ne veut pas s’expliquer devant le Parlement, pour répondre de celles qu’il définit des ‘’fantasmes ‘’ sur le lobbyiste de la Ligue en Russie, Gianluca Savoini, qui a refusé, hier, de répondre aux questions des juges. Et la présence dans la délégation de la Ligue de l’ancien vice-ministre Armando Siri, sous enquête et contraint de démissionner, à la rencontre d’hier au Viminale avec les 43 partenaires sociaux confirme le défi au M5S et la certitude de pouvoir compter sur ‘’ son ‘’ opinion publique. Salvini semble ne pas s’inquiéter des aspects non rituels d’une rencontre économique convoquée au Viminale. Il s’agit d’un défi dangereux : l’insistance de Salvini sur son rôle de président du Conseil ‘’ fictif ‘’ a fortement irrité Di Maio, sortant d’une mauvaise défaite électorale, et qui est en train de travailler sur des dossiers très délicats (Alitalia et ancien Ilva de Tarente). Et la fermeté avec laquelle Conte met en garde que ce sera lui de dicter l’agenda de la prochaine loi de finances est un présage de frustrations pour le leader de la Ligue, auquel il ne suffit pas de dire qu’il fait confiance au président du Conseil et qu’il ne veut « voler le travail de personne ». En outre, l’isolement au niveau européen auquel Salvini est en train de se condamner est devenu considérable, l’Italie devra bientôt proposer son candidat pour la Commission UE et cette question russe exercera une pression négative. Salvini se sentira, peut-être, protégé en Italie, mais il ne sera pas du tout protégé des tensions qui promettent de s’étendre aux relations avec son propre parti ».
COMMENTAIRE, Il Foglio, C. Cerasa : « Le scandale est Salvini, non Savoini » : « L’Italie qui s’éloigne des démocraties libérales est plus fragile et moins sûre. Et au cœur de chaque acte d’extrémisme politique, économique et diplomatique du gouvernement, il y a toujours un homme de la Ligue. Le grave discrédit national, que Salvini doit aujourd’hui affronter, ne concerne pas seulement ses relations avec l’homme qui a demandé 65 millions d’euros aux émissaires russes pour financer la campagne anti-européenne de la Ligue, mais il concerne quelque chose de plus important et de plus profond, c’est-à-dire le grave discrédit qui porte sur tout le pays. C’est la ligne politique de Salvini, et non pas de Savoini, qui a remis en cause tout le système des alliances internationales de la septième puissance industrielle de la planète. Il s’agit de la proximité explicite, évidente, du leader du parti le plus important de l’Italie à une série d’extrémismes dont le ministre de l’Intérieur a du mal à se libérer. Le grave discrédit de l’Italie n’est donc pas lié uniquement à une simple nouvelle d’affaire judiciaire mais plutôt à la capacité de l’Italie de continuer d’être considérée un partenaire crédible par les marchés financiers ainsi que par ses alliés traditionnels. En un an, l’Italie est devenue un pays dirigé par deux partis qui ont nommé à la présidence de deux commissions importantes, de la Chambre et du Sénat, deux membre du parti « non-euro », qui ont conduit l’Italie plus près du triangle Russie-Chine-Iran et plus loin du Pacte atlantique sur les crises internationales (comme celle du Venezuela), qui ont causé la rupture de l’unité de l’Europe dans les relations avec la Chine, en conduisant l’Italie à devenir le seul pays du G7 à avoir signé un mémorandum avec la Chine et qui ont choisi de voter systématiquement « non » à toutes les motions qui demandaient davantage d’attention aux autorités européennes compétentes dans le domaine du recyclage de milliards d’euros à travers l’Union européenne des sociétés et des individus russes. Et donc, ce n’est pas par hasard que, au cœur de chaque acte d’extrémisme politique, économique et diplomatique du gouvernement, il y a toujours un homme de la Ligue qui conduit le convoi du changement. La Ligue, avec le M5S, a voté « non » à une motion de l’UE pour intensifier la coopération réciproque avec les services de renseignement et de sécurité : une majorité qui choisit de se marginaliser et de ressembler plus à la Russie qu’à l’Europe est une majorité qui fait davantage qu’embêter les ‘’ bureaucrates de Bruxelles‘’. C’est une majorité qui rend son propre pays moins crédible, moins sûr et qui peut être davantage endommagé. Le scandale n’est pas Savoini mais plutôt Salvini. Peut-être le moment d’en parler est-il arrivé».
EDITORIAL La Repubblica, E. Mauro « La peur d’un leader traqué » : «Matteo Salvini s’échappe. C’est un spectacle auquel on n’avait pas encore participé, une représentation inédite du pouvoir qui renverse tout d’un coup le culte politique du Capitaine, construit autour de l’homme fort et décisionnel, qui chevauche intrépide l’esprit des temps. Il s’échappe. Il se voit isolé par son même gouvernement, dont il était jusqu’à hier le patron, et qui aujourd’hui se retourne contre lui, face à sa faiblesse et à son évidente ambiguïté. Le Président du Conseil Conte qui prend les distances et le vice-président du Conseil Di Maio qui encaisse incrédule les premiers dividendes politiques de l’essoufflement de la Ligue. Bien entendu, la gêne de Salvini n’est que de sa faute».
EDITORIAL Il Messaggero A. Campi « Le danger d’affaiblir le rôle de l’Italie » : « N’arrivant pas à collaborer de manière loyale et efficace, les deux alliés de majorité tentent de s’affaiblir réciproquement, en exploitant toute occasion. Celle du ‘’Russiagate’’ est objectivement une occasion alléchante pour le M5S qui est en perte de consensus depuis des mois. De cette affaire, le risque le plus grave est que l’Italie en sort affaiblie, en un moment par ailleurs très délicat sur le futur gouvernement européen. Cela risque de devenir une tempête diplomatique parfaite : se brûler devant les yeux de la Russie comme interlocuteur sur la question d’intérêt réciproque des sanctions et être vu avec suspicion par nos partenaires européens ».
ARTICLE La Stampa A. La Mattina « Le Capitaine ignore le Président du Conseil ‘’De toute manière le consensus de la Ligue augmente’’ » : « Garder le sang-froid, parler de choses qui intéressent les citoyens, dont la réduction des impôts prévue dans la ‘’flat tax’’ que la Ligue veut présenter déjà confectionnée sur la table du gouvernement. Voici la stratégie de Salvini. Ce dernier fait savoir à Conte et à Di Maio qu’il n’a aucune intention d’aller devant le Parlement sur des ‘’inventions et fantaisies’’ de l’histoire de l’argent russe pour la Ligue. Et il y a un autre message adressé cette fois-ci aux 5 Etoiles ‘’la Ligue monte dans les sondages, même cette semaine où on a parlé d’espions russes’’. En effet, les sondages donnent la Ligue à 37,7% des intentions de vote. Une nouvelle qui, selon plusieurs hommes de la Ligue, devrait pousser Salvini à provoquer la crise et des élections anticipées pour gouverner sans le M5S. Or, Salvini dit aux siens ‘’on va de l’avant, mais la Flat tax c’est nous qui la décidons’’ ».
RETROSCENA Il Messaggero A. Gentili « Conte hausse les tons mais ne cherche pas la crise » : « Celle de Conte est une colère impuissante. A l’instar de Di Maio, il n’a aucune intention de provoquer une crise de gouvernement. Ils savent que sur les points de la réforme de l’autonomie régionale et de la flat tax, Salvini peut décider de faire sauter la table. Bref, on assiste au Vietnam quotidien Ligue-M5S ».
RETROSCENA (Coulisses), Corriere della Sera, F. Verderami : « Les craintes de la Ligue pour la gestion de l’affaire et la base demande de voter immédiatement » : « Pour comprendre l’impact de « l’affaire Metropol » sur la Ligue, il faut suivre les actions de Berlusconi. Depuis le début de l’affaire, le leader de Forza Italia a imposé le silence à son parti, « en attendant de comprendre le reste ». Les problèmes sont l’improvisation ainsi que la naïveté avec lesquelles certaines relations, qui peuvent devenir dangereuses, ont été traitées. C’est une analyse qui correspond à celle faite par Palais Chigi et qui fait comprendre les raisons pour lesquelles Conte a pris ses distances du leader de la Ligue. Salvini ne peut pas jouer le rôle de la victime « d’un complot judiciaire », étant donné que les juges sont des acteurs non-protagonistes dans cette affaire, et il ne peut pas non plus s’exposer devant les Chambres, sans prendre le risque d’aggraver la situation. C’est une barrière fragile, pas défendue par le Président du Conseil, ni par le M5S, et qui évoque une analogie avec le célèbre « complot international » dont Berlusconi avait prétendu avoir été victime lors de sa présidence du Conseil. La tension au sein de la Ligue est très élevée et une correction de route serait en cours. Et Salvini en a été témoin, à deux reprises, lors des fêtes de rue de son parti, quand la base lui a demandé d’abandonner le gouvernement et d’aller voter immédiatement. Le ministre de l’Intérieur a des difficultés à éteindre le feu, que le PD est prêt, aujourd’hui, à alimenter par la menace d’arrêter les travaux parlementaires jusqu’à ce que Salvini réfère aux Chambres ».
ARTICLE La Stampa A. Barbera « La vraie flat tax qui arrive sur la table coûte 70 Mlds » : « La réforme a été expliquée hier aux syndicats, au Ministère de l’Intérieur, par A. Siri. L’ancien sous-secrétaire (démissionnaire, pour corruption et dont la présence a été vue comme une provocation pour les 5 Etoiles) propose un système fiscal avec un taux unique à hauteur de 15% pour tous les revenus ne dépassant pas les 55 000€ annuels. Les questions qu’on se pose sont différentes : pourquoi personne n’y avait pensé avant ? Comment fait un pays contraint par la Commission Européenne à faire une loi de finances rectificative de 8 milliards, peut-il financer une réforme fiscale qui en coûterait 70 ? […] ».
ARTICLE La Stampa AM. Peggio « Croix gammées, fusils et un missile : l’arsenal des néofascistes retrouvé dans un garage » : « Coup de filet de la brigade antiterrorisme en Lombardie. Trois personnes arrêtées qui voulaient vendre des armes aux combattants du Donbass. L’opération a été coordonnée par le Parquet de Turin. Par le biais d’écoutes téléphoniques, le groupe d’extrême droite voulait vendre un missile en prenant contact avec des militants du Donbass et avec un fonctionnaire africain. C’est une opération qui a peu de précédents en Italie ».