Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Sang viennois

”Une course électorale au sein même de la coalition.”

FI-AN.jpg

Ligue.jpg

M5S.jpg

Italie. Revue de presse.

La campagne électorale et notamment les négociations entre les partis en vue de former les alliances, fait toujours les gros titres des médias italiens. C’est notamment la réunion d’hier entre les dirigeants des partis de centre droit qui est mise en avant, les trois leaders ayant trouvé un accord : le parti membre de la coalition de centre-droit en Italie qui obtiendra le plus de vote lors des élections législatives prévues à l'automne décidera de l'identité du chef de gouvernement si l'alliance remporte le scrutin. « Centre droit, l’accord a été trouvé » - Entente entre Meloni, Salvini et Berlusconi sur les sièges et sur le candidat au Palais Chigi (Corriere della Sera, Il Messaggero, Il Giornale). Le décret concernant les aides économiques aux ménages et aux entreprises est lui aussi cité en une et dans les pages intérieures : « Plus d’aides pour les travailleurs et les entreprises » - Le décret annoncé par Draghi à l’occasion de la réunion avec les syndicats (Corriere, Repubblica).

Les JT couvrent essentiellement la campagne électorale, la guerre en Ukraine, alors que la première cargaison de céréales à Odessa s'arrête, des attaques de missiles russes détruisent des infrastructures à Kiev. Les tensions entre les Etats-Unis et la Chine sur Taiwan liée à l’éventuelle visite de Nancy Pelosi à Taipei, sont aussi citées. Enfin, les intempéries dans le nord et la canicule au Sud où 10 régions sont encore en alerte rouge.

Sur Twitter, le hashtag #Poutine, en référence à une possible interférence russe fin mai, avant la chute du gouvernement Draghi, fait tendance.

ARTICLE, La Repubblica, V. Concetto « Meloni parvient à imposer sa ligne, celui qui aura plus de voix sera candidat à la présidence du Conseil » : « C’est finalement la ligne de G. Meloni qui s’impose, après quatre heures de réunion à la Chambre entre les leaders du centre droit : comme en 2018, chaque parti se présentera seul, avec son propre symbole, mais avec une liste unique pour l’étranger. Quant à la répartition des sièges, le bras-de-fer recommence en début de soirée. Berlusconi rejette la proposition de Meloni de les partager selon la cote de popularité actuelle des partis : s’il est attesté à 10%, il sait qu’il peut faire une campagne électorale pouvant augmenter le pourcentage de Forza Italia. Ce n’est qu’à 22h qu’on arrive à une entente : 98 collèges pour Fratelli d’Italia, 70 pour la Ligue et 42 à Forza Italia, UdC, 11 à Noi con l’Italia et Coraggio Italia. La note conjointe a été diffusée à 22h15. Meloni prépare déjà la liste de son équipe, l’idée étant de proposer des ministres qui soient présentables, un gouvernement avec des personnalités compétentes, ainsi que de construire un groupe de parlementaires très fidèles à son leadership. Entretemps, Enrico Letta a commenté sans hésitations ‘’c’est un moment important pour la politique italienne car Berlusconi et Salvini ont décidé de se rendre aux mains de Meloni’’. »

COMMENTAIRE, Corriere della Sera, M. Franco « Une course électorale au sein même de la coalition » : « Avec la réunion d'hier après-midi, le premier depuis des mois, la campagne électorale du centre-droit a démarré. Bien que l'on ait l'impression qu'elle a plutôt commencé au sein même du centre-droit. Les deux partis alliés du gouvernement de Mario Draghi, la Ligue et Forza Italia, semblent s'être fixé un objectif : remporter les élections du 25 septembre, tout en freinant et évitant une affirmation trop évidente de Giorgia Meloni. Finalement, un accord de principe a été trouvé sur le fondement invoqué par le chef de l'opposition de droite : le candidat à la Présidence du Conseil sera désigné par le parti ayant obtenu le plus de voix. Il a été décidé que chacun se présentera avec son propre symbole. Pour Salvini et Berlusconi, c'est un véritable revers qu'ils prétendent transformer en concorde. Mais en attendant, les négociations se poursuivent sur les sièges à attribuer à chacune des partis de centre-droit : c’est là un autre point sur lequel ils peuvent s'unir ou risquer de se disputer. Le fait qu'un accord n'ait pas encore été trouvé sur certains aspects confirme à quel point la dissolution des Chambres et le vote rapproché ont mis à l’évidence une impréparation générale des partis. Il est tout-à-fait normal que le PD et Calenda soulignent les risques de l'impact international d'un gouvernement dirigé par la dirigeante de droite. Tout comme quand ils soulignent l'héritage post-fasciste du FdI. Néanmoins, hier un message de « respect pour tout résultat électoral », à juste titre, est arrivé du Département d'Etat américain. La délégitimation la plus insidieuse de la candidature de Meloni est venue pourtant des berlusconiens et des leghistes. Indirectement, les camarades de parti de Meloni dénoncent ce comportement. En tout état de cause, ces prémisses multiplient les craintes que le centre droit parvienne à gouverner ensemble, dans un contexte économique et international très complexe. Il a été possible aussi de voir à quel point l’expérience de 17 mois avec le gouvernement Darghi ait creusé une faille au sein du centre droit. Il est aussi vrai que la confusion qui règne au centre gauche fait un vrai cadeau à la coalition des conservateurs. »

COULISSES, La Stampa, F. Olivo « Feu vert pour Meloni » : « Surtout pour les circonscriptions, la bataille a été rude. Meloni est arrivé prête. Les obstacles posés par Berlusconi l'ont raidie et elle a réitéré la position qu'elle avait exprimée à plusieurs reprises ces derniers jours : "Si les règles ne sont pas respectées, il ne sert à rien d'avancer ensemble". Cette déclaration implique une menace, notamment parce que, rappellent les dirigeants du FdI, la direction du parti se réunit aujourd'hui et a elle le pouvoir de prendre des décisions tranchées dans un sens ou dans l'autre : jusqu'à la possibilité de faire cavalier seul. Meloni contre Letta. Un scénario improbable, mais brandi lorsque le dialogue s'enlise. Salvini a contribué à l'élaboration de la déclaration finale en se rangeant, au moins sur ce point, du côté de la leader de Fratelli d'Italia. Cela a conduit à l'annonce commune, qui a laissé Meloni satisfaite et Berlusconi pas trop mécontent. Salvini a proposé de faire revenir Giovanni Toti dans la coalition. Les cinq circonscriptions de Ligurie peuvent être décisives, et le gouverneur, avec le groupe à la Chambre de Marco Marin et au Sénat de Gaetano Quagliariello, peut jouer un rôle important pour la majorité au Sénat. FdI est d'accord et Meloni a dit qu'elle était prête à ouvrir ses listes aux petits partis. Sur le partage des collèges uninominaux, le bras de fer a duré jusque dans la nuit. Le parti de Meloni n'a pas l'intention de céder sur ce point, notamment parce qu'il considère qu'il est risqué de "donner" des parlementaires à des alliés auxquels il ne fait fondamentalement pas confiance. »

PREMIER PLAN, La Repubblica, P. Berizzi, « Bannon et Visegrad, les amis de Meloni qui inquiètent l'UE » : « Bannon a fait l’éloge de Meloni en la qualifiant de « fasciste, néo-fasciste ». D’autre part Meloni entretient des liens étroits avec les premiers ministres polonais et tchèque, Mateusz Morawiecki et Petr Fiala, les dirigeants des deux pays du bloc de Visegrad. De Budapest à Marbella. Du selfie avec Orban à la scène de Vox en passant par Steve Bannon condamné pour outrage au Congrès et accueilli comme une star par les « patriotes » du meeting annuel de Fratelli d’Italia.  Pour raconter les liens étrangers de Giorgia Meloni et son réseau de relations construit ces dernières années avec le monde de la droite souverainiste et radicale, il est utile de circonscrire un périmètre temporel. La fenêtre va de 2018 au 12 juin dernier (le jour du rassemblement de Vox à Marbella). Ainsi le 28 février 2018, Meloni se rend à Budapest pour une séance de photos avec Viktor Orbán. « Une réunion pour la défense des racines chrétiennes de l'Europe », a-t-elle tweeté. En outre, dans la propagande des « patriotes européens », le sang et le sol occupent une place centrale. Ce n'est pas un hasard si, il y a trois jours, évoquant la théorie du grand remplacement, Orbàn a déclaré : « Ne nous mélangeons pas aux autres races ». On peut établir un lien avec le racisme théorisé par un leader politique qui a été un point de référence dans la formation de Meloni : Giorgio Almirante. Meloni, pour préparer sa course à la Présidence du Conseil mais aussi pour dissiper le cliché d'une droite italienne pétrie d'anti-américanisme, a cultivé sa connexion américaine en réitérant ses positions atlantistes et son soutien à l'OTAN. Mais il est également vrai qu'il existe différentes sensibilités sur la question au sein de Fratelli d’Italia. Certains sont liés au « ni avec les États-Unis ni avec l'URSS » exprimé entre 1970 et 1982 par les néo-fascistes subversifs de Terza Posizione, considéré comme ADN de l’extrême-droite. »

PREMIER PLAN La Repubblica, A. di Maria, « Letta entame la campagne électorale : sur Renzi le Parti démocrate ne met pas de veto » : « ‘’Aujourd'hui, Berlusconi et Salvini ont décidé de se livrer définitivement aux mains de Meloni. Je crois que c'est un choix qui confirme ce que nous disons depuis le début de cette campagne électorale, à savoir que ce sera une confrontation, et un choix des Italiens, entre nous et Meloni. Berlusconi et Salvini ont choisi d'être les ailiers de Meloni. Le centre de la droite n'existe plus’’. Ensuite, Letta aborde la question du programme électoral, ainsi que les alliances, qui sont le grand le grand problème à ce. C’est là un problème à résoudre le plus rapidement possible. Et sur ce front, le nom de Matteo Renzi reste le plus évoqué et a été éclairci : ‘’Je l'ai déjà dit, nous n'opposons notre veto à personne’’. D’autre part il y a aussi le programme à réaliser. Un programme qui peut convaincre les Italiens de voter pour le centre-gauche : ‘’Nous utiliserons ces jours pour parler du programme, que nous présenterons le 10 août, et pour discuter avec les éventuels partis et mouvements avec lesquels nous ferons une alliance électorale. Notre projet politique s'appuiera sur les grands enjeux du pays, de l'environnement aux droits et, surtout, sur un agenda social permettant une augmentation des salaires, puis la lutte contre la précarité et le salaire minimum. Nous devons réussir à faire sortir les jeunes de chez eux à 25 ans, et non à 31 ans comme aujourd'hui. Ce sont les pierres angulaires. Le vote sera décidé dans la dernière semaine’’. »

ARTICLE « Les ombres russes derrière la crise du gouvernement Draghi » : « Selon les documents des services de renseignement que La Stampa a pu consulter, fin mai, Oleg Kostyukov, un important fonctionnaire de l'ambassade russe, a demandé à un émissaire du leader de la Lega Nord si ses ministres étaient "disposés à démissionner du gouvernement Draghi". Ainsi, il est fait état d'un intérêt factuel de Moscou pour la « déstabilisation » de l'Italie. Ces jours-là, Salvini et le M5S déclenchent l'offensive contre le Président du Conseil, respectivement, avec la campagne d'opinion et la résolution parlementaire appelant à un " non " à l'envoi d'armes en Ukraine. Les Russes estiment que le moment est venu de franchir le pas le plus sérieux : M. Kostuykov demande au conseiller de M. Salvini pour les relations internationales, Antonio Capuano si les léghistes veulent se retirer du gouvernement, ce qui reviendrait à le faire tomber. "Le diplomate, faisant allusion à l'éventuel intérêt russe à déstabiliser l'équilibre du gouvernement italien avec cette opération, aurait demandé si les ministres de la Lega avaient l'intention de démissionner du gouvernement". Tout cela se passe deux mois avant la chute du gouvernement Draghi, alors que tous les acteurs évoluent encore dans le domaine du possible, et commettent donc quelques imprudences. Nous ne savons pas ce qui s'est passé au cours du dernier mois et demi, si les intérêts russes dans les choix des ministres italiens sont réapparus. Certes, en les relisant sous cet angle, les mots prononcés par Draghi dans ce qui reste son dernier discours au Sénat font impression : "En politique étrangère, nous avons assisté à des tentatives pour affaiblir le soutien du gouvernement à l'Ukraine, pour affaiblir notre opposition au projet du président Poutine’’ »

ARTICLE, La Repubblica, F. Bulfon « Sous l’effet de la guerre, l’Italie augmentera ses dépenses militaires. »

ARTICLE, Il Sole 24 Ore, C. Dominelli « Cingolani : pas de réductions drastiques pour les entreprises&nbs

Lire la suite

28/07/2022 | Lien permanent

”L'enquête pour trafic d'influence impliquant le fondateur du M5S, Beppe Grillo.”

M5S.jpg

Ligue.jpg

FI-AN.jpg

Italie. Revue de presse.

La presse italienne titre largement sur l'enquête pour trafic d'influence impliquant le fondateur du M5S, Beppe Grillo, qui aurait reçu des fonds de la part de la société de transport maritime Moby sous le gouvernement Conte, une affaire qui impliquerait aussi l’association Casaleggio, ancien porte-parole sous ce même gouvernement. « Grillo visé par une enquête, le M5S est sous le choc » - L'enquête du Parquet de Milan concerne des contrats publicitaires entre le blog du leader et la société Moby (Corriere della Sera), « Grillo le lobbyiste » - Selon les enquêteurs, le patron de Moby aurait versé de l'argent pour obtenir de la publicité sur le blog du garant du M5S. Conte exprime sa solidarité (La Repubblica). Les discussions entre les dirigeants politiques autour de l'élection du Président de la République sont aussi largement citées « Quirinal, retour à la case Draghi » - La candidature de Berlusconi semblant désormais compromise, Salvini et Meloni annoncent un plan B. alors que Draghi rencontre Mattarella et Fico (La Stampa), « Pressions pour un remaniement après l'élection pour le Quirinal » - Berlusconi pourrait retirer sa candidature. Les partis demandent un remaniement. Le nom de V. Colao est évoqué pour l'après-Draghi (Il Messaggero), « Draghi fait ses consultations » - Tout le monde réclame son maintien au Palais Chigi, sauf lui (Fatto Quotidiano).

PREMIER PLAN, Corriere della sera, de C. Bozza, « L’affaire Grillo, un choc pour les 5 étoiles (divisés sur le Quirinal)» : « Les enquêtes sur Beppe Grillo sont un coup dur pour les 5 étoiles déjà divisés sur le Quirinal. Au cours d’une réunion restreinte qui s’est prolongée jusqu'à tard, Giuseppe Conte aurait tenté d’imposer une ligne commune : ‘Draghi doit rester au Palais Chigi’’, mais sa proposition n’a pas fait l’unanimité. Quant au silence de Luigi Di Maio, il serait très éloquent pour certains participants. Entre l’hypothèse d’un prolongement du mandat de Mattarella, le soutien à un candidat emblématique telle que Liliana Segre ou l’hypothèse d’un boycott du scrutin si Berlusconi ne se retire pas, les 5 étoiles ne parviennent pas à une entente. L’embarras provoqué par les révélations au sujet de Beppe Grillo n’aide pas, et dans les groupes de discussion des parlementaires, c’est le grand silence qui règne. Aujourd’hui, Conte rencontrera Enrico Letta et Roberto Speranza dans l’espoir de parvenir à une convergence sur un candidat suffisamment fort pour être proposé à Salvini. Enfin, demain est prévue une assemblée des députés 5 étoiles au sujet du Quirinal : tout laisse présager un débat enflammé. »

ARTICLE, La Repubblica, G. Vitale « E. Letta et l’allié (5 étoiles) en crise : c’est le moment de garder son sang-froid » : « Lorsque le dirigeant du PD rencontrera Giuseppe Conte et Roberto Speranza ce matin pour discuter de la stratégie commune sur le Quirinal, il ira droit au but. Avec un objectif prioritaire : l’entente PD-M5S doit être renforcée, en évitant les fuites en avant et les négociations séparées avec la Ligue - notamment sur les noms - qui pourraient diviser. Il s'agit d'un message précis adressé au chef du M5S, lequel entretient des contacts avec Salvini, qui, avec Renzi, vise à marginaliser le PD. Mais aussi aux groupes parlementaires 5 Etoiles devenus incontrôlables. Il est nécessaire d'avancer ensemble - dira Enrico Letta aux alliés - en maintenant un dialogue constant entre les dirigeants, sans médiation, afin de donner plus de force à la proposition du centre-gauche et faire comprendre au centre-droit que seul, ce dernier n’ira nulle part. Sinon, comme l'a dit Peppe Provenzano, "le choix délibéré de rompre l'unité nationale aura des conséquences pour le gouvernement et la mandature". L'autre mantra d’E. Letta est de ‘’protéger Draghi". D'autant plus après le soutien de Biden et du New York Times, selon lequel le Quirinal "pourrait prolonger l'inhabituel âge d'or italien". Autant d'arguments que le secrétaire du Parti démocrate tentera d'utiliser pour vaincre la résistance de Conte, qui s'est toujours montré hostile à la candidature du Président du Conseil. Sur ce point, Conte, pour une fois, se trouve en accord avec la plus grande partie de ses députés. Mais sur ces derniers, Di Maio a déjà fait pression, d’autant plus qu’il dispose désormais d'un canal direct avec l'état-major des démocrates pour pousser Draghi à accepter la présidence de la République. Jouant le jeu de Speranza, Letta expliquera sans sophisme à Conte : à part Mattarella qui, s'il devait rester au Quirinal, "serait la meilleure des solutions", la seule candidature utile pour arriver à une élection large et rapide, et pouvant assurer le maintien de la mandature, est celle de Draghi ».

ARTICLE, La Repubblica, G. Casadio et T. Ciriaco « La pression monte pour que les électeurs positifs puissent voter à domicile » : « Les grands électeurs, contaminés et positifs, ne peuvent pas être exclus de l’élection du Président de la République. C’est une conviction qui se renforce de plus en plus et qui pourrait bientôt impliquer les deux Chambres, puisque c’est à celles-ci d’en décider de manière autonome. Elles pourraient demander au gouvernement de fournir les moyens et les instruments pour permettre aux parlementaires de voter depuis chez eux. Une implication des préfectures serait envisageable, car elles disposent de personnel délégué pour récupérer les scrutins et en assurer le transport. Il s’agirait néanmoins d’une nouveauté. Les voix des positifs demeurent déterminantes pour l’élection au Quirinal et le bras de fer entre la droite – favorable à cette hypothèse – et le centre gauche qui s’y oppose, semble ne pas s’arrêter. C’est un imbroglio à la fois constitutionnel, juridique et politique. Certains ont même imaginé un ‘Hôtel’ Covid’’ devant Montecitorio (la chambre des députés, ndlr), permettant aux électeurs positifs de se rendre dans la cour de la Chambre et de voter dans une cabine. C’est le renziste Marco Di Maio qui propose cette solution, soutenue par le centre droit. Parmi les plus sceptiques figure le Président de la Chambre Roberto Fico, en raison des nombreuses objections de nature réglementaire. A ce stade, on compte une trentaine de députés et une dizaine de sénateurs testés positifs au Covid. »

ENTRETIEN, Corriere della sera, de Massimiliano Fedriga, Président du Frioul-Vénétie-Julienne, « Personne ne peut y parvenir tout seul. Une convergence sur Draghi ? Il est capable d’assumer plusieurs postes. » : « L’origine des menaces anti-vax que je reçois est toujours la même, à savoir des personnes qui s’informent sur les réseaux sociaux. Je tiens à rappeler que la Ligue n’est pas anti-vax. J’exclus complètement de pouvoir remplacer Salvini avec Zaia et Giorgetti. Nous avons un leader pour lequel j’ai une très grande estime et en plus, j’aime ce que je fais, l’activité parlementaire est trop abstraite pour moi. Les élections du Quirinal sont une étape fondamentale pour le centre-droit et son unité. Personne n’a les voix suffisantes pour y arriver tout seul et comme Salvini est la première force de la coalition du centre-droit, il est, à juste titre, en train de dialoguer avec tous. Concernant une possible convergence sur le nom de Draghi, je n’exclus rien. J’ai une très haute considération pour sa personne, bien que l’on ne soit pas toujours d’accord. C’est une figure polyvalente qui peut endosser des rôles différents.  Il est vrai que la Ligue d’aujourd’hui est différente de la Ligue de Bossi à laquelle j’ai adhéré à l'âge de 15 ans (Fedriga est aujourd’hui âgé de 41 ans, ndlr). Le ton a changé, aujourd’hui nous voulons offrir un projet pour tout le pays, du Nord au Sud, mais la substance est la même : une organisation fédérale qui prenne place à l’intérieur d’un cadre national. Quant au drapeau tricolore, il continue d’incarner des valeurs fondamentales pour moi. »

ANALYSE, La Repubblica, S, Folli « Le Quirinal et les deux idées du centre-droit » : « Le jour où Draghi se montre particulièrement dynamique avec ses rencontres institutionnelles, le réalisme semble l’emporter sur l’obstination de Berlusconi. Il est assez clair pour ce dernier que sa nomination au Quirinal va au-delà de sa seule volonté et qu’il finira par retirer sa candidature, à moins de vouloir risquer l’autodestruction. Mais les modalités de ce retrait et son timing sont encore inconnus et détermineront le résultat des jeux. Le bon sens devrait pousser Berlusconi à se prononcer avant le 24 janvier, avant le début des élections, ou avant le 4e scrutin. Il est assez probable qu’il le fasse avant, afin de gérer avec Salvini le patrimoine politique du centre droit, en évitant son implosion. A ce moment précis, la coalition de centre droit se retrouvera à un tournant de son histoire : celui de la déchéance du leadership berlusconien. C’est une bifurcation à deux chemins : un premier, déjà confirmé quand Salvini s’est présenté comme ‘’l’homme fort’’, décidé à diriger le convoi jusqu’à l’objectif final, la nomination au Quirinal d’un homme ou d’une femme du centre droit, élu à une large majorité, contre le candidat de centre gauche. Or, les noms évoqués jusqu’ici par la droite sont fragiles et la stratégie apparaît encore floue. A ce stade, Salvini exclut la solution Draghi comme candidat super partes et sur ce point il a l’accord de Berlusconi. Quant à Meloni, elle demeure silencieuse et indéchiffrable. Nous avons ainsi un Salvini devenant le représentant officiel de la droite, un jeu auquel il est peu habitué et dans lequel il doit entrer en réfléchissant également à l’équilibre gouvernemental. L’autre chemin possible est la voie traditionnelle et centriste : proposer un candidat modéré qui évite les ruptures et conduisant le centre droit vers une solution déjà expérimentée. C’est celle du dialogue, rendant possible de soutenir Draghi au Quirinal, ou proposer en accord avec le centre gauche un candidat en commun ayant le bon profil. Mais cette solution prévoit, elle aussi, la nécessité de discuter de la composition du gouvernement avant de décider du profil du président. »  

(Traduction : ambassade de France à Rome)

Lire la suite

19/01/2022 | Lien permanent

”OTAN, plus d’armes à Kiev : Orbàn est isolé.” et ” Meloni, le choix de l’atlantisme : les dépenses militaires vont augm

FI-AN.jpg

Ligue.jpg

Italie. Revue de presse. 

La réaction des pays membres de l’Union Européenne face aux initiatives internationales de la Hongrie depuis le début de sa présidence tournante, notamment en vue de la réunion au Coreper aujourd’hui, domine les unes : « Une alliance pour freiner Orbàn » (Corriere della Sera)« Un procès contre Orbàn » (Repubblica), « La moitié de l’Europe est contre Orbàn » (Giornale). L’ouverture du Sommet de l’Otan à Washington, et les annonces de nouvelles livraisons à l’Ukraine, font aussi la une « OTAN, plus d’armes à Kiev : Orbàn est isolé » (Stampa), « OTAN, un test décisif pour Biden » (Il Messaggero), « L’OTAN encore divisé sur l’entrée de l’Ukraine » (Avvenire). Enfin, les sujets économiques sont cités par certains quotidiens : « Giorgetti (Ligue) assure que la prochaine loi de finances ne sera pas un « sacrifice » pour les Italiens » (Sole 24 Ore), « Baisse des salaires, l’Italie en fin de peloton » (Stampa).  

Les JT couvrent essentiellement le sommet de l’OTAN à Washington, où Giorgia Meloni a déclaré souhaiter poursuivre et intensifier l’aide militaire et logistique à l’Ukraine, les critiques à l’égard de Viktor Orban pour ses visites à Moscou et Pékin, la situation au Proche-Orient et notamment les frappes qui ont touché hier une école, ainsi que le premier vol réussi d’Ariane 6. 

COMMENTAIRE, Sole 24 Ore, L. Palmerini « Meloni et le problème des salaires qui a déjà impacté Londres et Paris » : « Si la majorité semble s’apprêter à présenter une loi électorale excluant un second tour, elle ne pourra pas pour autant fermer les yeux devant la réalité. Une réalité rappelée de manière brutale hier par le rapport de l’OCDE où l’Italie figure en fin de peloton pour les salaires en termes réels. Car si le taux de chômage demeure bas, c’est le pouvoir d’achat – sujet présent dans les dernières campagnes électorales en France et au Royaume-Uni– qui pose problème. Dans nos pays voisins, la droite a été battue selon deux schémas différents (un seul tour et un second tour) mais avec une cause première qui est la même : le mécontentement face à un sentiment d’appauvrissement. Or, ce problème semble toucher surtout l’Italie : -6,9% depuis 2019. L’Italie se retrouve ainsi sur le podium de la zone euro, avec une tendance plus forte à la baisse qu’en Allemagne (-2%) et en France (+0,1%). Ce qui veut dire que, malgré l’engagement du gouvernement à réduire les charges salariales (qui ont augmenté par rapport à l’exécutif Draghi), on ne parvient pas à donner ce bol d’oxygène au pouvoir salarial des familles. La mesure sera reproposée en 2025 mais il n’est pas sûr qu’elle parvienne à résoudre un malaise pouvant commencer à inquiéter la Présidente du Conseil. Surtout si l’on voit ce qui s’est passé dans les pays voisins. Hier le ministre Giorgetti (Ligue) a promis que la loi de finances ne demandera pas « de sacrifices » et se dit confiant sur la croissance. Or, sa lecture pourrait être davantage comptable que politique. Comme l’a reconnu Giorgetti lui-même, la solution repose sur ‘’une politique sérieuse de contrôle de la dépense publique’’. Le gouvernement Meloni va-t-il adopter ce mot d’ordre ? Jusque-là, cela n’a pas été une priorité. Pourtant, le rapport de la Cour des Comptes a relevé un sérieux problème d’évasion fiscale, qui s’ajoute à celui du pouvoir d’achat des employés et des retraités. »   

PREMIER PLAN, Sole 24 Ore, de G. Trovati, « ‘’Un PIB à +1% est à notre portée, ce ne sera pas le sang et les larmes’ lors de la Loi de Finances ‘’ affirme le ministre Giorgetti (Ligue) » : « Lors de l'assemblée de l'Association bancaire italienne (ABI), le ministre de l’Economie Giancarlo Giorgetti a tout d'abord relevé des nouvelles positives pour les comptes publics, avec un PIB aux alentours de +0,3% pour le deuxième trimestre 2024. Le ministre a donc répété que l'objectif de taux de croissance annuel de 1% était ‘'largement à notre portée’'. Il avait été particulièrement critiqué lorsqu'il l’avait été mentionné pour la première fois en avril lors de la publication du Document d’économie et de finances (DEF) alors que d'autres observateurs évoquaient une courbe bien plus plate pour l'économie italienne. Toujours d’après les données de la Banque d’Italie, le taux de croissance en juin atteindrait 0,9% et les chiffres ‘’réels’’ pourraient se révéler encore plus dynamiques que ceux photographiés par les estimations, récompensant la prudence dont a fait preuve le ministère de l’Economie. Pour compléter le cadre dans lequel s’inscrira la première loi de Finances suivant les nouvelles règles budgétaires de l'UE, on peut également mentionner l'augmentation plus importante que prévu des recettes, découlant d'une économie encore dynamique et d'un taux d'emploi en hausse. La tendance ne s'est pas encore répercutée sur les comptes publics, les Chambres travaillent à aligner le budget sur les prévisions du Document d’économie et de finances, et cette marge de quelques milliards a été utilisée afin de financer une série de dépenses, de la gestion des migrants aux catastrophes naturelles. Les comptes-rendus mensuels du ministère des Finances témoignent d’un rythme plus intense que prévu, avec une augmentation de 9,7 % au cours des cinq premiers mois, contre les +2,65 % prévus en avril. Il s’agit bien entendu d’une prévision annuelle et le résultat final dépendra donc des prochains mois, toutefois les indicateurs montrent que ‘’ça aurait pu être pire’’. Ni Fabio Panetta ni Giancarlo Giorgetti ne comptent sur des recettes faciles pour les finances publiques que le Superbonus a remis sur une trajectoire ascendante (notamment avec le ratio dette/PIB). "Le pays doit faire face à des défis nombreux et ardus", prévient Giorgetti, voulant impliquer dans cet objectif les banques présentes dans l’assemblée. Mais pour le ministre, cela ne se traduira pas par "une loi de finances [fortement marquée par l’austérité]", qui "n'est pas nécessaire" selon lui bien qu’évoquée par beaucoup, mais plutôt par "une politique sérieuse de contrôle des dépenses publiques" accompagnée d'une "amélioration de l'efficacité de la collecte des impôts". Le tout est de savoir ce que l’on entend par là exactement. Car, dans un pays habitué depuis de nombreuses années à considérer le déficit comme la principale source de financement des politiques publiques, y renoncer peut en effet sembler douloureux. Mais, au-delà des chiffres, la voie du déficit semble écartée par le cap clair à nouveau indiqué par Giorgetti, à savoir le retour à un "équilibre budgétaire libéré du coût de la dette passée" comme "devoir moral envers les prochaines générations" en plus d'être un "objectif politique", mais aussi pour "sortir de la condition de pays fortement endetté et constamment sous surveillance". Les mesures auront pour objectif prioritaire "le développement de la compétitivité des entreprises". Enfin, Giorgetti ne manque pas d’interpeler la BCE pour demander "une accélération progressive mais décidée" de la baisse des taux. Mais le chemin est encore long, alors que les dépenses effectives dans le cadre du PNRR continuent à ne pas être totalement satisfaisantes. » 

ARTICLE, la Repubblica, C. Tito : « ‘’C’est un pion de Trump et de Poutine’’ : les Européens prêts à boycotter la présidence européenne d’Orban » : « Un véritable procès dont l’accusé est Viktor Orban. Chef d’inculpation : essayer de ‘’brader’’ l’Ukraine à la Russie et mettre en danger la démocratie européenne. Le Coreper, qui réunit les 27 ambassadeurs de l’UE, a inséré dans son ordre du jour le ‘’cas Budapest’’. Les visites du premier ministre hongrois à Moscou et Pékin deviennent des questions urgentes, dont ont également discuté, informellement, les leaders européens présents au sommet de l’OTAN, avec comme première conclusion la nécessité d’un ‘’boycott’’ de fait : plus personne ne veut s’impliquer dans les manœuvres d’Orban. Une épine dans le pied de l’UE, au point que plusieurs pays réfléchissent à révoquer la présidence hongroise, une procédure possible mais très compliquée. Il est pourtant vrai que, selon les traités, la présidence tournante doit travailler avec le président du Conseil européen et le Haut représentant, actuellement Josep Borell, mais aussi avec les présidences précédentes (Belgique) et surtout à venir (Pologne). Or justement, c’est la Pologne qui a critiqué les liens douteux d’Orban avec la Russie. Mais ce n’est pas tout, car comme le révèle le quotidien russe Izvestia et conformément à ce que prévoyait la Repubblica, le premier ministre hongrois agit pour le compte de Donald Trump, qui souhaite démembrer l’OTAN, faire plier l’UE et livrer Kiev au Kremlin. Dans une lettre envoyée à Charles Michel, Orban a notamment déclaré qu’il y a ‘’une possibilité importante que la Russie accueille positivement une proposition de cessez-le-feu et un plan de route pour des pourparlers de paix’’. En somme, l’opposé des positions occidentales. Les chefs de gouvernement à Washington ce sont mis d’accord sur la nécessité de dresser une digue contre l’activisme d’Orban. La déclaration du Coreper devrait déjà délégitimer ses visites, mais la Pologne a aussi proposé de suspendre le semestre hongrois. La situation pourrait même aller jusqu’à l’activation de l’article 7 des traités européens, qui prévoient la suspension des droits d’un pays membre, soit son expulsion. Un article longtemps considéré comme plus rhétorique que pratique mais dont l’utilisation est maintenant discutée. Cette sanction nécessiterait un vote à majorité qualifiée de 80% des Etats membres, soit 22 sur 27. » 

ANALYSE, il Messaggero, F. Bechis : « Meloni, le choix de l’atlantisme : les dépenses militaires vont augmenter » : « Giorgia Meloni envoie un signal aux alliés. Et à ceux qui, dans l’opposition et au sein de la majorité, alimentent une rhétorique antimilitariste et font les yeux doux à Vladimir Poutine. Elle franchit en effet le seuil du Convention Center de Washington, où l’OTAN se réunit ces jours-ci, en amenant avec elle 750 millions de dépenses militaires en plus, un premier pas important vers l’objectif des 2% du PIB avant 2028. Sans oublier la contribution italienne de 1,7 milliards de dollars au paquet d’aide de 40 milliards pour l’Ukraine, ce qui marque une véritable accélération. Ce sommet est en tout cas un test décisif pour Giorgia Meloni, elle y joue à la fois la crédibilité de son gouvernement dans la famille atlantiste et sa place vis-à-vis de la Commission européenne et des postes importants. Dans une rapide séance de question-réponse avec les journalistes, elle dresse son tableau de la situation en Europe. En France, ‘’aucune force politique n’a clairement gagné’’, une façon de lancer une demi-pique à Marine Le Pen. Sur les postes européens, ‘’l’Italie a un gouvernement solide dans une UE où il y a des gouvernements beaucoup moins stables’’, une pique à peine voilée cette fois-ci à Emmanuel Macron. Et enfin en ce qui concerne la Russie et l’Ukraine, elle parle ‘’d’images terrifiantes’’ qui discréditent ‘’une certaine propagande russe sur une solution ‘pacifique’ au conflit’’, un coup d’estoc destiné cette fois aux patriotes européens. La cheffe du palais Chigi souhaite prendre ses distances, ce qu’elle fait notamment en promettant des investissements dans la défense, fruits d’un long travail avec ses ministres. Guido Crosetto notamment, qui pousse pour que la Commission européenne reconnaisse une prise en compte des investissements pour la défense dans le Pacte de stabilité. Mais le travail a été collectif, et surtout long : depuis plusieurs mois des réunions se tiennent avec les services et Giancarlo Giorgetti pour régler la question des 2%. Giorgia Meloni a donc montré à Washington le visage d’une Italie en règle, un signal important envoyé à Joe Biden mais aussi à Donald Trump, au cas où il devrait revenir à la Maison Blanche. Le neuvième paquet italien, qui prévoit la livraison d’une batterie Samp-T et de missiles Storm Shadow, est un autre signal, envoyé aux alliés mais aussi à la Ligue, qui alimente le discours antimilitariste. » 

(Traduction : ambassade de France à Rome)

Lire la suite

10/07/2024 | Lien permanent

Russiagate : Savoini refuse de répondre aux questions des juges et Salvini ne se rend pas au Parlement.

Ligue.jpg

M5S.jpg

Italie. Revue de presse.

Les tensions croissantes au sein du gouvernement font les gros titres des médias transalpins. La presse fait part de « l’affrontement » entre le président du Conseil G. Conte et M. Salvini sur l’affaire des financements russes et sur la convocation des syndicats, hier, au ministère de l’Intérieur. Les médias italiens relèvent que M. Savoini a refusé de répondre aux questions des juges qui l‘interrogeaient sur ses discussions avec des émissaires russes à l’hôtel Metropol et que M. Salvini ne s’est pas rendu à l’Assemblée : « Conte, double défi à Salvini » - ‘’Le Président du Conseil attaque sur le Budget et l’affaire russe’’ (Corriere della Sera), « Sauve qui peut de l’affaire russe » - Savoini ne répond pas aux juges, Salvini évite l’audition au Parlement’’ (La Repubblica), « Budget et financements russes, Salvini ignore Conte » - ‘’Salvini convoque les syndicats et ne se présente pas au Parlement’’ (La Stampa), « Budget, Conte et Salvini aux couteaux tirés » (Sole 24 Ore), « Budget : duel Conte-Salvini » - ‘’Irritation du Président du Conseil : ‘’impolitesse institutionnelle’’ (Il Messaggero), « Conte : c’est moi qui dicte l’agenda » - ‘’Dur affrontement entre Le Palais Chigi et l’Intérieur’’ (Il Mattino), « A un pas de la crise » - ‘’Salvini irrite Conte et cherche la bagarre sur le budget’’ (Il Giornale).

COMMENTAIRE La Repubblica, S. Folli « Impolitesses et usure » : « Si le Président du Conseil, qui est un homme prudent et attentif aux rapports de force, n’hésite pas à parler d’‘’impolitesse institutionnelle’’ en se référant à M. Salvini et à ses initiatives, cela veut dire que l’homme de la Ligue est aujourd’hui presque dans les cordes. C’est un boxeur qui se défend avec des coups maladroits et prévisibles. Certes, dans n’importe quel pays cela aurait provoqué une crise de gouvernement. Pas en Italie. Du moins, pas encore. Entre l’affaire Strache et Salvini, il y a une grande différence : pour le premier il y a la preuve vidéo. Pour le second, il n’y a pas de preuve écrasante. Ce qui lui permet de se défendre et d’éviter (mais pendant encore combien de temps ?) d’être auditionné par le Parlement. Contrairement à l’Autriche, nous n’avons pas la carte des élections anticipées à jouer. Car l’idée d’un gouvernement technique pouvant impliquer l’assemblage parlementaire de tous les autres, à commencer par le PD et le M5S, c’est un pari risqué ».

COMMENTAIRE Sole 24 Ore L. Palmerini « Le Président du Conseil et la pique empoisonnée sur le ‘’Russiagate’’ » : « Les financements russes présumés sont le nerf à vif du ministre de l’Intérieur et semble devenir un élément crucial pour renverser, à nouveau, les rapports de force au sein du gouvernement. L’opération commencée entre le Palais Chigi et les 5 Etoiles, veut mettre le ‘’Russiagate’’ sur la table afin de bloquer l’ascension politique et de pouvoir de Salvini. Sur l’histoire de la rencontre des syndicats au Ministère de l’Intérieur, l’affrontement d’hier ne portait pas sur la méthode mais sur le fond : sur qui décide quoi. Le ‘’Russiagate’’ est le compte à rebours qui nous rapproche de la dernière date pour déclencher les élections anticipées sont en train de modifier les équilibres internes ».

COMMENTAIRE, Corriere della Sera, M. Franco : « Populistes et souverainistes : ce sillon qui s’étend » : « Deux sensations apparaissent après l’énième affrontement entre M5S et Ligue. La première impression est que le gouvernement de Giuseppe Conte continuera quand même, mais sans vision ni perspectives crédibles. La deuxième est que le conflit entre les deux vice-présidents du Conseil, Di Maio et Salvini, s’intensifiera. L’affrontement sur les liens entre la Ligue et les trois hommes d’affaires russes est une partie de ce règlement de compte entre populistes et souverainistes : pas l’unique, ni la dernière. La nouveauté est que maintenant plus que jamais Salvini apparaît nerveux et désorienté. Il montre qu’il n’a qu’un seul instrument, l’attaque. C’est pour cette raison qu’il ne veut pas s’expliquer devant le Parlement, pour répondre de celles qu’il définit des ‘’fantasmes ‘’ sur le lobbyiste de la Ligue en Russie, Gianluca Savoini, qui a refusé, hier, de répondre aux questions des juges. Et la présence dans la délégation de la Ligue de l’ancien vice-ministre Armando Siri, sous enquête et contraint de démissionner, à la rencontre d’hier au Viminale avec les 43 partenaires sociaux confirme le défi au M5S et la certitude de pouvoir compter sur ‘’ son ‘’ opinion publique. Salvini semble ne pas s’inquiéter des aspects non rituels d’une rencontre économique convoquée au Viminale. Il s’agit d’un défi dangereux : l’insistance de Salvini sur son rôle de président du Conseil ‘’ fictif ‘’ a fortement irrité Di Maio, sortant d’une mauvaise défaite électorale, et qui est en train de travailler sur des dossiers très délicats (Alitalia et ancien Ilva de Tarente). Et la fermeté avec laquelle Conte met en garde que ce sera lui de dicter l’agenda de la prochaine loi de finances est un présage de frustrations pour le leader de la Ligue, auquel il ne suffit pas de dire qu’il fait confiance au président du Conseil et qu’il ne veut « voler le travail de personne ». En outre, l’isolement au niveau européen auquel Salvini est en train de se condamner est devenu considérable, l’Italie devra bientôt proposer son candidat pour la Commission UE et cette question russe exercera une pression négative. Salvini se sentira, peut-être, protégé en Italie, mais il ne sera pas du tout protégé des tensions qui promettent de s’étendre aux relations avec son propre parti ».

COMMENTAIRE, Il Foglio, C. Cerasa : « Le scandale est Salvini, non Savoini » : « L’Italie qui s’éloigne des démocraties libérales est plus fragile et moins sûre. Et au cœur de chaque acte d’extrémisme politique, économique et diplomatique du gouvernement, il y a toujours un homme de la Ligue. Le grave discrédit national, que Salvini doit aujourd’hui affronter, ne concerne pas seulement ses relations avec l’homme qui a demandé 65 millions d’euros aux émissaires russes pour financer la campagne anti-européenne de la Ligue, mais il concerne quelque chose de plus important et de plus profond, c’est-à-dire le grave discrédit qui porte sur tout le pays. C’est la ligne politique de Salvini, et non pas de Savoini, qui a remis en cause tout le système des alliances internationales de la septième puissance industrielle de la planète. Il s’agit de la proximité explicite, évidente, du leader du parti le plus important de l’Italie à une série d’extrémismes dont le ministre de l’Intérieur a du mal à se libérer. Le grave discrédit de l’Italie n’est donc pas lié uniquement à une simple nouvelle d’affaire judiciaire mais plutôt à la capacité de l’Italie de continuer d’être considérée un partenaire crédible par les marchés financiers ainsi que par ses alliés traditionnels. En un an, l’Italie est devenue un pays dirigé par deux partis qui ont nommé à la présidence de deux commissions importantes, de la Chambre et du Sénat, deux membre du parti « non-euro », qui ont conduit l’Italie plus près du triangle Russie-Chine-Iran et plus loin du Pacte atlantique sur les crises internationales (comme celle du Venezuela), qui ont causé la rupture de l’unité de l’Europe dans les relations avec la Chine, en conduisant l’Italie à devenir le seul pays du G7 à avoir signé un mémorandum avec la Chine et qui ont choisi de voter systématiquement « non » à toutes les motions qui demandaient davantage d’attention aux autorités européennes compétentes dans le domaine du recyclage de milliards d’euros à travers l’Union européenne   des sociétés et des individus russes. Et donc, ce n’est pas par hasard que, au cœur de chaque acte d’extrémisme politique, économique et diplomatique du gouvernement, il y a toujours un homme de la Ligue qui conduit le convoi du changement. La Ligue, avec le M5S, a voté « non » à une motion de l’UE  pour intensifier la coopération réciproque avec les services de renseignement et de sécurité : une majorité qui choisit de se marginaliser et de ressembler plus à la Russie qu’à l’Europe est une majorité qui fait davantage qu’embêter les ‘’ bureaucrates de Bruxelles‘’. C’est une majorité qui rend son propre pays moins crédible, moins sûr et qui peut être davantage endommagé. Le scandale n’est pas Savoini mais plutôt Salvini. Peut-être le moment d’en parler est-il arrivé».

EDITORIAL La Repubblica, E. Mauro « La peur d’un leader traqué » : «Matteo Salvini s’échappe. C’est un spectacle auquel on n’avait pas encore participé, une représentation inédite du pouvoir qui renverse tout d’un coup le culte politique du Capitaine, construit autour de l’homme fort et décisionnel, qui chevauche intrépide l’esprit des temps. Il s’échappe. Il se voit isolé par son même gouvernement, dont il était jusqu’à hier le patron, et qui aujourd’hui se retourne contre lui, face à sa faiblesse et à son évidente ambiguïté. Le Président du Conseil Conte qui prend les distances et le vice-président du Conseil Di Maio qui encaisse incrédule les premiers dividendes politiques de l’essoufflement de la Ligue. Bien entendu, la gêne de Salvini n’est que de sa faute».

 EDITORIAL Il Messaggero A. Campi « Le danger d’affaiblir le rôle de l’Italie » : « N’arrivant pas à collaborer de manière loyale et efficace, les deux alliés de majorité tentent de s’affaiblir réciproquement, en exploitant toute occasion. Celle du ‘’Russiagate’’ est objectivement une occasion alléchante pour le M5S qui est en perte de consensus depuis des mois. De cette affaire, le risque le plus grave est que l’Italie en sort affaiblie, en un moment par ailleurs très délicat sur le futur gouvernement européen. Cela risque de devenir une tempête diplomatique parfaite : se brûler devant les yeux de la Russie comme interlocuteur sur la question d’intérêt réciproque des sanctions et être vu avec suspicion par nos partenaires européens ».

ARTICLE La Stampa A. La Mattina « Le Capitaine ignore le Président du Conseil ‘’De toute manière le consensus de la Ligue augmente’’ » : « Garder le sang-froid, parler de choses qui intéressent les citoyens, dont la réduction des impôts prévue dans la ‘’flat tax’’ que la Ligue veut présenter déjà confectionnée sur la table du gouvernement. Voici la stratégie de Salvini. Ce dernier fait savoir à Conte et à Di Maio qu’il n’a aucune intention d’aller devant le Parlement sur des ‘’inventions et fantaisies’’ de l’histoire de l’argent russe pour la Ligue. Et il y a un autre message adressé cette fois-ci aux 5 Etoiles ‘’la Ligue monte dans les sondages, même cette semaine où on a parlé d’espions russes’’. En effet, les sondages donnent la Ligue à 37,7% des intentions de vote. Une nouvelle qui, selon plusieurs hommes de la Ligue, devrait pousser Salvini à provoquer la crise et des élections anticipées pour gouverner sans le M5S. Or, Salvini dit aux siens ‘’on va de l’avant, mais la Flat tax c’est nous qui la décidons’’ ».

RETROSCENA Il Messaggero A. Gentili « Conte hausse les tons mais ne cherche pas la crise » : « Celle de Conte est une colère impuissante. A l’instar de Di Maio, il n’a aucune intention de provoquer une crise de gouvernement. Ils savent que sur les points de la réforme de l’autonomie régionale et de la flat tax, Salvini peut décider de faire sauter la table. Bref, on assiste au Vietnam quotidien Ligue-M5S ».

RETROSCENA (Coulisses), Corriere della Sera, F. Verderami : « Les craintes de la Ligue pour la gestion de l’affaire et la base demande de voter immédiatement » : « Pour comprendre l’impact de « l’affaire Metropol » sur la Ligue, il faut suivre les actions de Berlusconi. Depuis le début de l’affaire, le leader de Forza Italia a imposé le silence à son parti, « en attendant de comprendre le reste ». Les problèmes sont l’improvisation ainsi que la naïveté avec lesquelles certaines relations, qui peuvent devenir dangereuses, ont été traitées. C’est une analyse qui correspond à celle faite par Palais Chigi et qui fait comprendre les raisons pour lesquelles Conte a pris ses distances du leader de la Ligue. Salvini ne peut pas jouer le rôle de la victime « d’un complot judiciaire », étant donné que les juges sont des acteurs non-protagonistes dans cette affaire, et il ne peut pas non plus s’exposer devant les Chambres, sans prendre le risque d’aggraver la situation. C’est une barrière fragile, pas défendue par le Président du Conseil, ni par le M5S, et qui évoque une analogie avec le célèbre « complot international » dont Berlusconi avait prétendu avoir été victime lors de sa présidence du Conseil. La tension au sein de la Ligue est très élevée et une correction de route serait en cours. Et Salvini en a été témoin, à deux reprises, lors des fêtes de rue de son parti, quand la base lui a demandé d’abandonner le gouvernement et d’aller voter immédiatement. Le ministre de l’Intérieur a des difficultés à éteindre le feu, que le PD est prêt, aujourd’hui, à alimenter  par la menace d’arrêter les travaux parlementaires jusqu’à ce que Salvini réfère aux Chambres ».

ARTICLE La Stampa A. Barbera « La vraie flat tax qui arrive sur la table coûte 70 Mlds » : « La réforme a été expliquée hier aux syndicats, au Ministère de l’Intérieur, par A. Siri. L’ancien sous-secrétaire (démissionnaire, pour corruption et dont la présence a été vue comme une provocation pour les 5 Etoiles) propose un système fiscal avec un taux unique à hauteur de 15% pour tous les revenus ne dépassant pas les 55 000€ annuels. Les questions qu’on se pose sont différentes : pourquoi personne n’y avait pensé avant ? Comment fait un pays contraint par la Commission Européenne à faire une loi de finances rectificative de 8 milliards, peut-il financer une réforme fiscale qui en coûterait 70 ? […] ».

ARTICLE La Stampa AM. Peggio « Croix gammées, fusils et un missile : l’arsenal des néofascistes retrouvé dans un garage » : « Coup de filet de la brigade antiterrorisme en Lombardie. Trois personnes arrêtées qui voulaient vendre des armes aux combattants du Donbass. L’opération a été coordonnée par le Parquet de Turin. Par le biais d’écoutes téléphoniques, le groupe d’extrême droite voulait vendre un missile en prenant contact avec des militants du Donbass et avec un fonctionnaire africain. C’est une opération qui a peu de précédents en Italie ».

Lire la suite

16/07/2019 | Lien permanent

”La stratégie du Président du Conseil pour neutraliser Salvini.”

Ligue.jpg

FI-AN.jpg

M5S.jpg

Italie. Revue de presse.

Le vote de confiance obtenu hier au Sénat par le nouveau gouvernement Mario Draghi (262 voix pour, 40 contre et 2 abstentions). fait les gros titres des médias italiens. Le vote de confiance à la Chambre est prévu pour ce jeudi. Dans l'ensemble, les observateurs soulignent un ''discours politique rassembleur'' ayant obtenu un soutien très large parmi les sénateurs, malgré la « fracture » au sein du M5S : « Draghi : unis pour la reconstruction » (Corriere della Sera, Il Messaggero), « Une Italie pour nos enfants » (La Repubblica), « L'unité est un devoir » (La Stampa), « Unis pour la nouvelle reconstruction, nous sommes en guerre contre le virus » (Sole 24 Ore), « Le discours de Draghi » - Une majorité écrasante malgré la grogne (Il Fatto Quotidiano), « Allez Draghi » - Naissance d'un gouvernement libéral (Il Giornale), « La nouvelle Reconstruction » (Avvenire),  « La formidable leçon du Professeur Draghi » (Il Foglio

Les JT couvrent le vote de confiance obtenu hier au Sénat par le nouveau gouvernement Mario Draghi, le risque d’une scission au sein du M5S et l’alerte sur les variants de la Covid-19 ainsi que la possibilité d’ultérieures restrictions de déplacements.

ARTICLE, Corriere della Sera, de Massimo Franco « Un soutien parlementaire large mais les pièges ne manquent pas » : « Le nombre de voix au Parlement représentent un élément de force mais aussi une ambiguïté potentielle de la majorité qui est en train de se former autour de Draghi. Les polémiques entre les partis ont baissé et les applaudissements dans l’hémicycle ont salué un président du Conseil plus ‘’politique’’ que prévu. Les logiques du passé sont toujours bien enracinées et soulignent tous les pièges d’un parcours unitaire qu’il faut construire alors qu’un changement de rythme s’impose. Le commissaire Gentiloni et l’ancien président de la Commission, Romano Prodi, ont demandé ‘’un engagement extraordinaire car nous avons perdu beaucoup de temps précieux avec la dernière crise’’. Il est clair qu’à partir d'aujourd'hui, où la Chambre lui donnera sa confiance, le gouvernement Draghi devra corriger les erreurs commises jusque-là car l’épidémie Covid-19 n’est pas une parenthèse mais un moment plus long qui demande de se préparer au mieux à une phase inédite, comme l’a souligné le Président du Conseil. La clarté avec laquelle Draghi a revendiqué l'ancrage international de l’Italie fixe la vraie feuille de route : Union européenne et Etats-Unis, plus l’ONU. Tout en soulignant l’ ‘’irréversibilité de la monnaie commune’’ : un message destiné à la fois à la Ligue et aux autres secteurs de sa majorité, ainsi qu’aux Chancelleries qui voient en Draghi l’antidote aux souverainistes maintenant en difficulté. La priorité est de surmonter l’épidémie. Le gouvernement sait que sa crédibilité passe par ce qu’il parviendra à faire dans les trois prochains mois. La gestion des aides communautaires ira de pair, mais ce dossier sera plutôt géré sur le long terme. Il faut espérer maintenant qu’aucun parti ne sera irresponsable au point de chercher à bifurquer sur un chemin de traverse. On constate toutefois que le système est en train de se transformer de manière imprévisible et fébrile. »

ARTICLE, Sole 24 Ore, de L. Palmerini « La main tendue aux partis sur le calendrier et les réformes » : «  L’aspect le plus délicat est celui du rapport avec les partis. C’est de là que Draghi devait éclaircir sa pensée et le type de ‘’troc’’ à proposer aux dirigeants politiques. La scène politique est effervescente et cela est visible. En rencontrant hier le ministre Giovannini, Salvini a voulu passer le message qu'il était bien là et qu’il n'était pas en train de se reposer. Tout comme la naissance de l’intergroupe parlementaire PD-M5S-LeU est une initiative politique qui montre que quelque chose bouge pendant que le sort du pays est confié à Draghi. Bref, les deux coalitions n’ont aucune intention d’aller ‘’à la tribune’’ et elles ont besoin de visibilité médiatique. Dans son discours, Draghi leur a tendu une main pour trouver un terrain d’entente sur les réformes et le Plan de Relance. Des réformes trop longtemps reportées et qui sont désormais urgentes pour la survie et la reconstruction du pays. ll est temps de jouer collectif, quitte à se séparer après. Sur la durée de son gouvernement, Draghi a dit ‘’ce ne sont pas les jours qui comptent mais la qualité des décisions et le courage des visions’’.  Certains ont voulu y voir plusieurs significations : l’anticipation du rendez-vous prévu dans un an, l’élection du nouveau chef de l’Etat.  Ou bien une façon de satisfaire les objectifs de Salvini sur la tenue d’élections dès le printemps. Il est vrai aussi que le gouvernement Ciampi a mis un an pour faire ses réformes. »

EDITORIAL, Il Sole 24 Ore , de Fabio Tamburini  « Le courage de changer pour avoir un avenir » : « Il faut rappeler que Draghi ne s’est pas présenté comme candidat à Chigi mais a accepté une offre car elle était fortement voulue par Mattarella (et pas seulement par lui). Actuellement, le consensus dont il bénéficie est presque plébiscitaire, mais il devra également procéder à des réformes impopulaires et il est possible qu'il finisse par en payer le prix. Il est essentiel que le cordon de sécurité représenté par l’approbation des partis au gouvernement lui permette de passer le test. En particulier lorsque débutera, au début du mois d'août prochain, le ‘’semestre blanc’’ qui précède le vote du Parlement pour la présidence de la République, période pendant laquelle la dissolution de la Chambre et du Sénat ne sera plus possible. Le discours de Draghi souligne des priorités d'une importance fondamentale : l'attention à l'environnement ("nous voulons laisser une bonne planète, pas seulement une bonne monnaie"), les écoles et les jeunes (qui ne doivent plus être contraints "d'émigrer d'un pays qui trop souvent ne sait pas mesurer le mérite"), l'égalité des sexes ("l'écart des taux d'emploi en Italie reste parmi les plus élevés d'Europe : environ 18 points sur une moyenne européenne de 10% »). Draghi ne manque pas de compétence et de connaissance de la machine étatique pour des interventions en rupture totale et à contre-courant de l’existant. Bien sûr, il lui faudra du courage. Les conditions du succès sont là, à commencer par la vision des relations internationales, allant des États-Unis à l'Allemagne. Certes, pour mettre en œuvre les réformes prévues, de la fiscalité à l'administration publique en passant par la justice, il devra être encore plus téméraire. Espérons qu'il saura le faire afin de laisser aux jeunes, à nos enfants, comme il l'a dit hier, "un pays capable de réaliser leurs rêves".»

OPINION, La Repubblica, Tonia Mastrobuoni, « Du banquier au chef de gouvernement, avec du sentiment » : « Depuis des années, on le surnomme sans fondement l'homme de glace, qui ne perd jamais son sang-froid, qui ne porte jamais de manteau. On l’a décrit comme le super pragmatique, "l'Américain". Depuis des années, Draghi a su charmer les marchés avec quelques mots. Trois mots ont suffi pour sauver l'euro, tout autant pour décrire les qualités parfaites du serviteur de l'État : "Courage, humilité, connaissance ». Draghi a écrit le discours d'hier presque entièrement seul. Et il n'a rien laissé de côté. Pas même des sentiments, qui sont dangereux pour un banquier central, mais essentiels pour un homme politique qui doit maintenir l'unité dans un pays qui sort de l’épidémie du siècle. "Je n’ai jamais encore connu, a-t-il rappelé, un moment d'émotion aussi intense et de responsabilité aussi lourde". En termes d’émotion, Draghi en a donné beaucoup. Par exemple, lorsqu'il a déclaré - hérésie pour un banquier central - que les pays qui pouvaient se le permettre devraient dépenser. Ou lorsqu'il a récemment parlé de "bonnes" et "mauvaises" dettes. Ses phrases incisives mesurées, son souci des faits précis et ses paroles acérées ont depuis longtemps bouleversé les destinées de l'Europe. Lorsqu'il est arrivé à la Banque d'Italie, Draghi a enterré la tradition des banquiers centraux avec un langage obscur. Hier, il a enterré la tradition des premiers ministres distraits sur le changement climatique et les femmes. Par-dessus tout, Draghi a été très clair sur ce qu'il fallait faire. Lorsque nous rallumerons la lumière, a-t-il dit, l'Italie ne sera plus la même et tout ne pourra pas être sauvé. Mais en s'attaquant aux questions prioritaires, aux obsessions qu'il a toujours eues - inégalités, jeunesse, politiques pour la croissance - notre pays peut renaître sous un meilleur jour. »

COMMENTAIRE, La Repubblica, « Assez de réseaux sociaux : le nouveau style de communication façon Bankitalia d'Ansuini » par Roberto Mania : « Pas (ou presque) de réseaux sociaux, pas de groupes WhatsApp, pas de commentaires. Peu de mots, et toujours pour rappeler des faits. Comme hier, pratiquement dès le début de la session au Sénat, en envoyant aux journalistes accrédités le texte du discours du Premier ministre Mario Draghi. Le début - sotto voce - du nouveau style de communication voulu par l'ancien président de la BCE et confié à Paola Ansuini, sa nouvelle porte-parole, qui a fait sa carrière à la Banque d'Italie. Il y a donc des changements au Palazzo Chigi après la longue et controversée saison de Rocco Casalino, puissant porte-parole de Giuseppe Conte dans le premier gouvernement (jaune-vert) et dans le second (jaune-rouge). D'autre part, c'est Draghi lui-même qui a indiqué comment il voyait la communication de l'ensemble du gouvernement : ne parler que lorsqu'il y a quelque chose à dire. Et ce sera le cas. Au moins au Palais Chigi. Comme cela a toujours été le cas à la Banque centrale, comme dans les institutions européennes où l'on ne commente jamais les rumeurs et on n’en crée certainement pas. Avec Ansuini, on retrouve une femme (quatre enfants et une grande passion pour Bach) pour diriger la communication de la présidence du Conseil. Avant elle, il y eu Betty Olivi, porte-parole de Mario Monti. Elle est diplômée en sciences politiques de l'université Luiss, puis a passé le concours pour entrer au Palazzo Koch. Jusqu'en 2000, elle a été chef adjoint de la délégation de Bankitalia à Bruxelles. Puis est rentrée à Rome pour coordonner, en 2001, la campagne d'information pour l'introduction de la monnaie unique. Puis elle a connu le scandale de la tentative de prise de contrôle de la Banque Popolare de Lodi sur Antonveneta et l'implication du gouverneur de l'époque, Antonio Fazio. Draghi est arrivé à la Banque d'Italie pour relancer l'institution et sa crédibilité. Il choisit Paola Ansuini comme responsable de la communication. Le tandem continue. »

COULISSES, La Stampa, d’A. Barbera et I. Lombardo « La stratégie du Président du Conseil pour neutraliser Salvini » : « Au Sénat, Mario Draghi est revenu explicitement sur l’irréversibilité de l’euro, répondant directement à la provocation de Matteo Salvini, alors que Giorgetti était assis à sa droite. Pour Draghi, la Ligue n’a qu’une seule voix au sein de son gouvernement, et c’est celle, modérée, du nouveau ministre du développement économique. Au gouvernement, certains évoquent son intention d’affaiblir la figure de proue de la Ligue ainsi que sa composante la plus ‘’nordiste’’ afin de pousser le parti vers une droite plus modérée, proche du Parti populaire européen. Salvini, ainsi pris en tenaille entre Draghi et Giorgetti, encaisse sans rien dire mais les signaux d’un duel larvé sont déjà là : Salvini veut un vice-ministre de l’Intérieur issu de la Ligue et le thème des arrivées de migrants est encore tabou au sein du nouveau gouvernement. Au cours des prochaines semaines, la Ligue ne sera pas en mesure d’influencer la conduite du gouvernement, tout au plus de la lui compliquer. Mais ensuite, la propagande électorale reprendra sûrement le dessus. Hier, Draghi a nettement rompu avec les ambiguïtés de la Ligue en matière de politique étrangère, mais aussi avec celles des gouvernements Conte I et II. Il s’est défini atlantiste, pro-européen, ami de la France et de l’Allemagne, soulignant que ‘’la pandémie a révélé la nécessité de mieux structurer et renforcer avec eux un rapport stratégique et incontournable’’, accueillant à bras ouverts la nouvelle administration Biden, moins la Chine et la Russie. Sur la question, les temps semblent avoir bien changé depuis le gouvernement Conte I. »

ANALYSE, La Stampa, de M. Sorgi « Ce sont désormais les techniciens qui feront de la politique » : « Il n’y a plus aucun doute sur le fait que Draghi ne se considère pas comme un technicien et revendique plutôt son engagement politique. Hier, il a prononcé un discours comme on en n’entendait plus depuis longtemps à la Chambre, illustrant une perspective claire, allant bien au-delà de l’urgence actuelle. Mais Draghi a surtout fait comprendre qu’au sein de ce gouvernement, ce sont les techniciens qui feront de la politique et les politiques qui devront se comporter en techniciens. Ces derniers devront démontrer concrètement leur capacité à administrer et à mener à bien des projets, que le nouveau cœur de l’exécutif – ministères de l’économie, de la transition numérique, de la transition écologique - n’aura de cesse de mettre sur la table. C’est la réponse qu’a choisi d’apporter Draghi à la question qui divise les forces politiques depuis des mois - les objectifs et la gestion des fameux 209 milliards – tout en évitant de rentrer dans les polémiques. Concernant un changement de la bureaucratie, cela ne pourra passer pour lui que par un réel passage au numérique.»

COMMENTAIRE, La Repubblica, Stefano Folli, « Conte, l'alchimie et l'intergroupe » : « Personne ne recule sur son identité", a déclaré Mario Draghi au Sénat : "au contraire, ils font un pas en avant", a-t-il ajouté, faisant allusion à la nécessité pour les forces politiques de profiter de cette période de répit et d'unité pour se régénérer et redécouvrir leur relation avec la société, "avec les vrais problèmes des familles et des entreprises ». Que cela se produise est non seulement opportun, mais indispensable : il est clair que le tissu parlementaire sur lequel repose le gouvernement technico-politique est fragile. La stagnation des partis ne peut qu'aggraver la situation, tandis qu'un élan réformateur issu de l'effort conscient et conjoint de l'exécutif et des courants politiques - chacun avec sa propre sensibilité - peut renforcer les deux. Et ici, la citation de Cavour, un nom qui n'a pas été entendu au Parlement depuis des années, équivaut à une invitation à gravir la pente contre la résignation et le déclin. Au point de capter "l'esprit républicain", le même esprit qui a animé la renaissance de l'après-guerre et qui doit présider à une autre reconstruction. Nous verrons comment ces "identités" seront déclinées dans les temps à venir. Les groupes qui ont soutenu Giuseppe Conte jusqu'à il y a quelques jours : ce front Pd-5S-LeU a applaudi Draghi, mais non sans un certain maniérisme. Par rapport à un Premier ministre qui nous demande de réfléchir au contenu, c'est-à-dire aux choses à faire et aux idées à proposer, il y a une tendance inquiétante. En écho à Mattarella, Draghi présente un gouvernement qui échappe à "l'alchimie politique", mais le PD et les M5S (plus l'aile gauche de LeU) ont déjà répondu en créant un "intergroupe" au Sénat. Officiellement pour contrer le poids de la droite, mais il est difficile de ne pas voir l'ambiguïté de l'initiative. Le PD devra confirmer par les faits les intentions exprimées par Zingaretti tandis que le fossé avec le centralisme renzien se creuse. Le premier à saluer la naissance de l’intergroupe PD-5 étoiles- LeU a été l'avocat du peuple. Conte est toujours l'anti-Draghi, au-delà des courtoisies formelles, et a lié son avenir à l'accord stratégique Pd-5S-LeU : proposant ainsi l'héritage de son gouvernement comme base et ciment du nouveau bloc. La contradiction avec l'invitation de Draghi à la nouvelle dynamique de réforme est évidente. Mais il y a surtout - ou il y aura bientôt - une autre contradiction : celle entre le programme de Draghi, destiné à offrir des "sacrifices pour tous", et la recherche du consensus à tout prix typique de Conte ou en tout cas du front qui l'a soutenu. Ce n'est pas un hasard si les réformistes vivent cette affaire comme une défaite. » 

TRIBUNE, La Repubblica, Giorgia Meloni, dirigeante de Fratelli d’Italia, ‘Nous sommes dans l'opposition parce que notre idée de l'Europe ne va pas de pair avec une démocratie réduite de moi

Lire la suite

18/02/2021 | Lien permanent

”Les présidents des régions de la Ligue s’opposent à l’accueil des réfugiés.”

Ligue.jpg

M5S.jpg

Italie. Revue de presse.

La question migratoire, avec la reprise des flux venant d’Afrique du Nord et le problème de la relocalisation au niveau national et européen, est aussi citée : « Migrants, le plan européen : l’Italie ne sera pas abandonnée »  - La commissaire Johansson annonce des accords avec la Libye et la Tunisie et un pacte pour la relocalisation. Draghi demande à ce que le sommet européen se consacre aussi à cette urgence. Di Maio se rend à Tripoli pour discuter des nouvelles mesures (La Repubblica), « Migrants, l’opposition des régions du Nord » - La Lombardie et le Piémont disent non à la relocalisation de 110 réfugiés. Lamorgese demande plus de solidarité pour la Sicile (La Stampa), « Carola Rackete acquittée » - C’est l’immigration sauvage qui l’emporte, les juges enterrent l’enquête : les ONG peuvent très bien s’en prendre aux policier de la « guardia di finanza » (Il Giornale). Enfin, la politique intérieure, avec les déclarations de Sergio Mattarella écartant tout souhait de briguer un second mandat à la Présidence de la République, est aussi largement citée en Une et dans les pages intérieures. 

COMMENTAIRE, Repubblica, de Stefano Folli, « [Ce qui se cache] derrière les mots du Président » : « Le Président de la République demande que son nom ne soit pas inclus dans le manège médiatique qui, dans les mois à venir, portera le titre de "Toto Quirinale". Il s'agit du jeu politique le plus prenant et il est renouvelé tous les sept ans. Mattarella veut s'en sortir par avance, pour éviter que les journaux mesurent de manière obsessionnelle le degré de probabilité d'un second mandat, avec diverses déductions sur la propension de l'intéressé à l'accepter ou à le refuser. Cependant, il ne serait pas exact de dire que rien ne se passe autour du palais présidentiel. Au regard de la prudence et du style auxquels il nous a habitués, le chef de l'État parle plus que d'habitude. Deux discours en deux jours, quelques phrases qui se prêtent à être lues successivement dans le cadre d'une même réflexion. On sent l’irritation, car si Salvini est agité, avec un pied dans le gouvernement et un autre en dehors, on ne sait pas si Letta devrait être la colonne vertébrale de l'exécutif et ou s’il est encore plus nerveux que l'autre, soucieux qu'il est de l'envoyer dans l'opposition. Un été passé à polémiquer sur les migrants ou à se diviser sur la réforme de la justice - nécessaire mais gênante pour environ un tiers de la coalition (le M5S) - risque de compromettre l'architecture institutionnelle à laquelle Mattarella tient au plus haut point. D'où la fatigue personnelle à laquelle le président a fait référence hier, le sentiment de son âge sur ses épaules. Il est clair que si ce gouvernement, né au-delà des anciennes formules, est enterré, il n'y a pas de solution à portée de main. Il n'y a pas d'autre Draghi à l'horizon. Cela vaut également pour l'élection présidentielle de janvier. Le système ne peut pas se permettre une guerre entre factions pour imposer un candidat ou l'autre sur la base de majorités minces. »

ARTICLE, Corriere della Sera, F. Fubini : « Toutes les réserves européennes sur le Plan de relance italien» : « La Commission Européenne fera attention à chaque euro dépensé et aux engrenages du Plan, non seulement avec le gouvernement Draghi mais aussi avec ceux qui viendront après, jusqu’en 2026. Il s’agira donc d’une attention constante aux détails. La Commission est maintenant très attentive. Elle a demandé des éclaircissements concernant notamment les réformes de la justice, les aides pour les entreprises, jusqu’aux pouvoirs de décision et de contrôle sur les dépenses. Le 19 février, environ 40 questions sont parvenues depuis Bruxelles. Rome a répondu par une quarantaine de ‘’oui’’. Le défi, pour Draghi et le ministre de l’Economie Franco sera de concrétiser ces ‘’oui’’ par des lois qui manquent encore à l’appel. Parmi les commentaires de Bruxelles, il n’y a pas de projets recalés. Toutefois, sur la réforme de la justice, la discussion est encore formellement ouverte. Parmi les parties en attente de validation par Bruxelles figure l’embauche des personnels auxiliaires pour la justice et l’accélération de la procédure judiciaire. En réalité, le gouvernement a déjà répondu : une partie du personnel concernera les prisons, une autre l’accélération du système judiciaire, et seuls les fonctionnaires des tribunaux se verront verser des primes pour coordonner l’entrée des nouveaux personnels au secrétariat des procès. Cela devrait être suffisant pour débloquer les choses. Il y a ensuite des observations sur l’argent pour les entreprises. Bruxelles souhaiterait savoir pourquoi l’on offre des subventions et des prêts facilités au lieu des garanties. Elle souhaiterait aussi savoir comment sera réutilisé l’argent non dépensé. A ce stade, le gouvernement répond au point par point. Ce n’est que le début d’un parcours qui se terminera (peut-être) en 2026 ».

ENTRETIEN, Repubblica, avec Ylva Johansson, commissaire européenne aux affaires intérieures, "L'Europe soutiendra l'Italie sur les migrants pendant l’été" : "Nous sommes déjà en train de parler avec les autorités libyennes et avec le gouvernement intérimaire d'Abdel Hamid Dbeibah il y a des retours positifs et des opportunités, je suis prête à m'engager pour explorer la possibilité de conclure un nouvel accord avec la Libye sans attendre les élections de décembre." C'est la première fois qu'un responsable européen parle de négociations avec le nouveau gouvernement de Tripoli pour mettre fin aux départs incontrôlés, et souvent mortels, de migrants vers Lampedusa. La Suédoise Ylva Johansson, commissaire européenne aux Affaires intérieures, l'a fait avec Repubblica alors qu'elle était à Rome, en attendant de partir aujourd'hui, avec la ministre Luciana Lamorgese pour la Tunisie, un pays avec lequel l'Europe, poussée par la diplomatie italienne, est prête à conclure le premier grand accord mondial ("d'ici la fin de l'année") pour la gestion des migrants. Toutefois, le calendrier de ces accords n'est pas immédiat et Yohansson l’explique : "Je contacte les gouvernements de l'UE pour mettre en place un système de redistribution volontaire et temporaire afin d'aider l'Italie à affronter l'été. Il est fondamental que l'Italie reçoive la solidarité européenne. Nous avons appris que la redistribution volontaire ne suffit pas et qu'il est donc essentiel d'approuver la réforme des politiques migratoires avec des relocalisations obligatoires. Je cherche à savoir dans quelle mesure les partenaires sont disposés à s'engager. Je pense que l'Italie recevra une aide pour la redistribution, mais je ne peux pas en dire plus pour le moment. Je ne sais pas encore si nous allons procéder à une deuxième déclaration comme celle de Malte ou si nous allons utiliser un mécanisme différent. Dans l'intervalle, nous nous efforçons également de bloquer les départs. Je serai avec le ministre Lamorgese en Tunisie pour un accord global qui, d'une part, permet au pays de se remettre de la forte crise économique provoquée par le Covid, d'autre part, de lui donner les moyens de lutter contre les trafiquants d'êtres humains. Il y aura des financements européens pour l'économie, les investissements et l'emploi tandis que les autorités tunisiennes s'engageront à gérer les frontières, à reprendre leurs citoyens partis en Europe (15% des migrants en Italie, ndlr) et à rapatrier les étrangers dans leur pays qui ne sont pas des réfugiés. Sur la Libye, nous avons des retours très positifs avec le gouvernement intérimaire, il y a des possibilités de bien travailler avec Tripoli. Je suis prêt à m'engager avec la Libye pour explorer les possibilités d'un nouvel accord. Cela dit, chaque pays a ses propres spécificités, on ne peut pas se contenter de copier-coller d'autres accords comme celui avec la Turquie. La Libye a également besoin d'outils et de capacités dans la gestion des migrants et il est également inacceptable de laisser les gens dans les camps dans lesquels ils sont actuellement confinés".

COMMENTAIRE, Corriere della Sera, de Francesca Basso, « ‘’Pas de chantage’’ déclare l’UE ; Lamorgese en mission à Tunis » : « ‘’Les frontières de l’Espagne sont celles de l’Union européenne’’ a souligné dans un tweet il y a deux jours le Président du Conseil européen, employant une formule similaire à celle qu’on a souvent entendue lorsque l’urgence se situait à Lampedusa. Et elle vaut également pour l’île de Lesbos en Grèce. Ce sont en effet les trois portes de l’Europe pour les désespérés en quête d’un futur, que les pays de provenance utilisent parfois comme une arme. ‘’L’Europe ne se laissera intimider par personne et ne cédera au chantage d’aucun pays tentant d’instrumentaliser la migration’’ a donc tenu à rappeler Margaritis Schinas, vice-président de la Commission. Mais en ne s’accordant pas sur le nouveau pacte pour la migration et l’asile, les pays membres laissent au Maroc, à la Libye et à la Turquie la prérogative de la gestion du phénomène. Pour l’instant, l’accord ne progresse pas. La commissaire européenne aux Affaires internes et arrivée hier en Italie pour s’entretenir avec son homologue italienne, la ministre Luciana Lamorgese, avant de s’embarquer ensemble pour la Tunisie, deuxième pays de provenance des embarcations clandestines de migrants. Avec la pandémie, la Tunisie connait une crise économique importante et la Commission se dit prête à mettre sur la table des aides ‘’conséquentes’’. L’intervention de l’UE serait triple : le contrôle et la surveillance renforcés des frontières, des projets pour l’emploi et la formation, favoriser l’immigration légale. Hier l’ambassadeur italien auprès de l’UE a demandé à ce que la question soit traitée lors du prochain sommet européens, les 24 et 25 mai. »

PREMIER PLAN, Repubblica, « "Un accord avec la Libye" : Voici le plan de l'UE pour arrêter les débarquements [de migrants] » : « Sur la question des migrants, l'Europe tente de reprendre le dossier en main. Après la tragédie de Ceuta, à la frontière entre le Maroc et l'Espagne, et après les débarquements massifs à Lampedusa, un premier pas pourrait être franchi la semaine prochaine. Le commissaire européen à l'élargissement et à la politique de voisinage, le Hongrois Oliver Varhelyi, ainsi que le ministre italien des affaires étrangères, Luigi Di Maio, et le Maltais, Carmelo Abela, prévoient une mission en Libye. Dans un délai très court, peut-être dès la semaine prochaine. Dans le but de jeter les bases d'une entente totalement nouvelle avec le gouvernement unitaire d'Abdul Hamid Al Dbeibah. Un geste que beaucoup considèrent comme un saut qualitatif dans la gestion de cette urgence. Les négociations devraient  concerner surtout trois points. D’abord un véritable accord de partenariat, en partie inspiré du traité que notre pays a signé en 2008 avec le président libyen de l'époque, Mouammar Kadhafi, et qui a été progressivement oublié au fil du temps. Il prévoyait une mesure qui pourrait maintenant être rétablie : la télédétection des frontières libyennes. Deuxièmement, la sécurité de la frontière sud de la Libye. C'est de là, en effet, que passe la principale route des migrants : le Niger et le Tchad. Un paquet de ressources économiques sera mis sur la table : de l'argent pour protéger les frontières sud. Le troisième point concerne toujours les garde-côtes. La coopération reprendrait dans son intégralité. Pour rétablir le contrôle de la côte et aussi pour empêcher que cette zone ne passe sous l'influence solitaire et exclusive de la Turquie. Il est clair que les résultats de cette négociation et les effets sur le contrôle de la traite des êtres humains dépendront largement de la solidité de l'exécutif libyen. Les capitales européennes sont conscientes que le tandem Tripolitaine-Cyrénaïque avance sur un fil très fragile. Et le chemin qui mènera aux élections reste à vérifier. Ceci représente un des éléments de faiblesse du cadre dans lequel l'Italie s'insère. Contrairement à la Turquie - en ce qui concerne la route des Balkans - et au Maroc - en ce qui concerne l'avant-poste espagnol de Ceuta en Afrique du Nord - l'État libyen ne garantit pas l'efficacité des fonds à transférer. Le gouvernement italien a demandé que la question des migrants soit inscrite à l'ordre du jour du prochain Conseil européen. »

ARTICLE, La Stampa, « Les présidents des régions de la Ligue s’opposent à l’accueil des réfugiés mais Lamorgese fait pression » : « Les arrivées des migrants sont en train d’augmenter. L'immigration revient donc enflammer le débat politique. Matteo Salvini, avec le flair habituel d'un animal politique, ayant désormais encaissé une victoire sur le front des ouvertures, repart immédiatement à la charge. S'il avait auparavant le ministre Roberto Speranza dans son collimateur, il vise maintenant Luciana Lamorgese. Les porte-parole de Salvini ont fait savoir ces derniers jours : "Les territoires gouvernés par notre parti n'accepteront pas la répartition des immigrés illégaux qui est envisagée par l’Intérieur’’. C’est une position qui a été réitérée hier également par les léghistes présents au sein du Comité Schengen. Face à ce véritable boycott, même Lamorgese, qui garde souvent son sang-froid, s'est emportée : "Il n'est pas juste de tout laisser sur les épaules de la Sicile, juste parce que c’est par cette région que les migrants arrivent’’. "La redistribution est une procédure normale que nous avons fait ces derniers mois", a ajouté la ministre. Lamorgese place désormais ses espoirs dans le protocole actuellement en préparation avec la France et l'Allemagne, et qui devrait revitaliser l'accord de Malte de 2019. »

COMMENTAIRE, La Stampa, de G. Linardi « Carola Rackete a défendu l’Etat de droit » : « Après environ deux ans, l’enquête sur Carola Rackete a été classée sans suite : la capitaine du Sea-Watch 3 a fait son devoir. Il aura fallu un acte de désobéissance civile afin de respecter celui d’un droit supérieur, qui établit le principe du secours en mer. Il s’agissait ainsi d’un acte contre les interdictions - injustes -prévues par l’ancien décret signé par Salvini et qui criminalisaient l’entrée dans les eaux italiennes des ONG ayant sauvé des vies dans des eaux internationales. Du coup, la vraie violence n’était pas celle de ‘’résistance contre un navire de guerre’’ comme le demandaient les enquêteurs mais au contraire, la violence avait été faite par le biais de l’obstructionnisme de l’autorité. Le patrouilleur de la brigade des finances qui a reçu l’ordre de se mettre entre le dock du port de Lampedusa et le Sea-Watch 3 reste le symbole de l’Etat qui se dresse physiquement entre la responsabilité individuelle d’une personne, le capitaine, devant son accomplissement : assurer le débarquement des rescapés, après des semaines en mer et des mois passés en Libye dans les mains des tortionnaires face auxquels l’Europe a choisi de renoncer à sa responsabilité de les protéger. Carola, après l’avis des médecins à bord évoquant une ‘’situation insoutenable’’, avait dû prendre toute seule la décision de prendre la barre et d’entrer dans le port ». 

(Traduction : ambassade de France à Rome)

Lire la suite

20/05/2021 | Lien permanent

”La Ligue sous pression et Salvini est tenté [de dire oui].”

M5S.jpg

Ligue.jpg

FI-AN.jpg

Italie. Revue de presse.

Les consultations menées par Mario Draghi en vue de former un gouvernement et les premières déclarations d'adhésion à un futur exécutif soutenu par une large coalition de partis (PD, FI, LeU, +Europa) font les gros titres des médias italiens. La presse relève notamment le soutien apporté hier par le premier ministre sortant, Giuseppe Conte, pouvant ouvrir la voie à une adhésion du M5S, jusque-là fortement divisé et dont l’appui est essentiel à la formation du gouvernement Draghi : « Le front du Oui à Draghi s'étoffe » (Corriere della Sera), « Draghi, le jour des oui » - Conte lève sa réserve, Di Maio favorable mais les dissidents du M5S résistent (La Repubblica), « Conte se dit ouvert à un gouvernement Draghi » - Berlusconi enclin à dire oui (La Stampa), « Conte travaille au oui du M5S à Draghi » - Le Spread sous la barre des 100 points (Sole 24 Ore), « Draghi : plus d'investissements et moins de bonus » - Voici les premiers thèmes évoqués. Le plan de vaccination et le Plan de Relance seront prioritaires (Il Messaggero), « Gouverner avec Berlusconi? » - Conte demande un exécutif politique et se pose en dirigeant de la coalition PD-M5S (Il Fatto Quotidiano), « Berlusconi est favorable à Draghi, Salvini le sera peut-être » (Il Giornale).

COMMENTAIRE, Corriere della Sera, de M. Franco « La trêve est le fruit du dialogue » : « Petit à petit, ce qui semble être une trêve est en train de se consolider. Une sorte de suspension des hostilités au nom de l’urgence sanitaire et de l’exigence d’allouer les fonds européens de manière efficace et partagée. Voici donc la nouvelle phase qui s’ouvre et qui a été favorisée aussi par l’appel adressé à tous les partis politiques, sans distinctions ou préjugés, de la part du Chef de l’Etat S. Mattarella. Pour les consultations à la Chambre, Mario Draghi est en train de mettre en place la méthode Mattarella : un dialogue qui pourrait bientôt  porter ses fruits. Il y avait un doute qu’il fallait dissiper, la résistance éventuelle du Président du Conseil sortant. Or, Conte a lui-même apporté une réponse hier. C’est comme si, avec l’approche mise en place par le Quirinal, le dialogue était en train de lever les vétos et les préjugés des partis. Le pari est donc le suivant : oublier les vieilles résistances pour affronter avec méthode et en se projetant dans l’avenir, l’urgence sanitaire économique et sociale. C’est une métamorphose qui vient  juste de commencer et on sent qu’elle est difficile pour les deux coalitions. Ce weekend, le nouveau scénario devrait être plus clair. A ce stade, on remarque qu’en très peu de temps, on est passés d’un sentiment de peur face à un gouvernement Draghi ne tenant qu’à un fil à un consensus de presque l’intégralité du spectre politique. Le vrai problème de Draghi sera de trouver un équilibre entre les demandes des différents partis et de jouer, de la manière la plus juste possible, avec les  ‘’non’’ inévitables de partis qui ne sont pas d’accord sur bien des sujets. Tout le monde reconnait  que la tâche sera difficile. Mais Draghi sait qu’il s’agit d’un passage obligé. Il veut par conséquent l’expliquer clairement à ses interlocuteurs, avec la politesse qui s’impose. Son alliance avec le Quirinal est solide. Et ce qui pourrait le renforcer davantage, c’est la conviction d’avoir à ses côtés tout le pays, lassé par les politiques amateurs, des narcissismes et des querelles qui ont déjà trop coûté. »

ARTICLE, Corriere della Sera, « Confier des portefeuilles à des « personnalités d’envergure » pour rassembler une majorité large » : « Il a déjà reçu la confiance de l’Europe et des marchés, et il recevra bientôt celle du parlement. Il y a 48 heures, Mario Draghi n’avait pas le nombre de voix suffisant pour former un gouvernement, à présent il en a presque trop. D’abord les 5 étoiles libérés par les paroles de Conte, le PD et bien sûr Renzi, et puis Berlusconi et peut-être aussi Salvini, poussé vers l’ancien directeur de la BCE par les entreprises du Nord de l’Italie, bien plus encore que par les présidents de région et chefs de la Ligue. C’est l’unité nationale. Même Draghi n’imaginait pas que le dégel aurait lieu en si peu de temps. Et le PD, qui a longtemps repoussé l’idée de voter avec la Ligue, semble avoir revu sa position avec les propos de Zingaretti hier : « Le PD et la Ligue ne peuvent pas être associés mais c’est au Premier ministre désigné qu’il revient de construire sa majorité. Nous trouverons l’équilibre qui nous permettra de tenir jusqu’à l’élection du président de la République [début 2022, NDLR] ». L’homme fort de Francfort prend son temps, et a déjà prévu un deuxième tour de consultations au début de la semaine prochaine. Lors de ce premier tour, il pose la même question à chaque interlocuteur à la fin de l’entretien : « Vous avez une préférence pour un gouvernement politique ou technique ? ».  La frontière semble subtile entre les deux possibilités, mais la différence est claire. Devant les groupes, il présente les points majeurs du programme, sur la bonne et la mauvaise dette, les investissements et les aides, pour la relance de l’emploi notamment : rien que sur cette méthode, on sent un changement radical au Palais Chigi. Aujourd’hui Berlusconi le rencontrera et lui apportera sa confiance, et les léghistes qui connaissent bien les entrepreneurs dans les territoires ont confié à Salvini le message qu’ils ont reçu de leur part : « Ne pas faire l’imbécile face à Draghi ».  Car presque tous voient en lui un investissement politique sur l’avenir pour le parti, la légitimation de la Ligue en Italie et en Europe. Car la ligue se souvient qu’à l’époque du « catastrophique gouvernement Monti », en restant dans l’opposition, elle n’avait récolté que 4% des voix aux élections suivantes ».

ARTICLE, Corriere della Sera, « L’accord entre Di Maio et Grillo pour accepter le gouvernement Draghi : on ne peut pas dire non au président de la République” : « Un groupe farouchement opposé qui s’enflammait rien qu’à l’évocation du nom de Draghi, parlant de « massacre social », du « sang et des larmes », du « banquier Dracula », et on disait même qu’au Sénat 90% du groupe Cinq étoiles le rejetterait. A la chambre des députés, les insultes pleuvaient. Dans ce contexte, Di Maio n’avait d’autre choix que d’agir avec prudence, en évitant les pièges, en nuançant ses propos en disant « non à un gouvernement technique, mais», en rappelant que Draghi lui avait fait « bonne impression » et  en renouvelant le souhait  passe-partout d’un « gouvernement politique ». Mais c’est grâce à la prise de position de deux figures clés du mouvement, Beppe Grillo et Giuseppe Conte, que les lignes ont pu bouger. Ces deux derniers se sont appelés à plusieurs reprises pour sortir le mouvement de l’impasse dans laquelle il risquait de plonger complètement. Depuis des mois, Di Maio est en réalité le leader de facto du mouvement, car il a appris à faire de la politique, en abandonnant certains mantras idéologiques et réactions spontanées comme en son temps, la demande d’impeachment contre Mattarella pour avoir refusé la nomination comme ministre de Paolo Savona [NDLR : favorable à la sortie de l’euro]. Di Maio est convaincu de pouvoir convaincre au moins 80% des parlementaires de son groupe de soutenir Draghi et on a senti un changement chez lui, d’abord en nuançant sur le revenu de citoyenneté, Di Maio estimant qu’il est désormais nécessaire «  de distinguer les aides destinées à lutter contre la pauvreté des aides aux chômeurs », et proposait dans le Foglio « 10 points clés pour la relance », en parlant de « bonne dette », une expression empruntée à Draghi. La prise de parole de Conte a semblé signifier qu’il prenait la tête du mouvement : il y aurait en réalité un partage des rôles possible, entre celui qui reste à la tête des 5 étoiles, Di Maio, et celui qi chapeaute l’alliance M5S-PD-LEU pour les prochaines municipales, Conte ».

COULISSES, La Repubblica, dE. Lauria « L’avocat descend dans l’arène avec ses alliés et parle en tant que chef du M5S » : « G. Conte n’imaginait sans doute pas qu’il entrerait dans l’arène politique par une conférence de presse en plein air, sur la place Colonna, devant une table en verre comme tremplin pour son nouveau départ. Il lui aura fallu deux nuits et un jour de réflexion pour dissiper les doutes sur son avenir. Le passage clé de son intervention était certainement la déclaration suivante : ‘’je ne suis pas un saboteur’’. Celle-ci a clairement levé tout doute sur son souhait de collaborer, comme l’y a invité le Quirinal, pour rendre moins difficile le passage du témoin et favoriser un climat constructif. Conte a compris que son silence pouvait être mal interprété et le faire passer pour un opposant à la mission de Draghi. La seule manière de survivre à la tornade Draghi, et aussi de rebondir et repartir, était de renforcer ce qui reste de la coalition du gouvernement Conte II afin de se placer sous l’aide de « Supermario ». Un gouvernement qui doit être, souligne Conte, ‘’politique’’ car c’est la seule issue permettant d’éviter la scission du M5S. Il le sait parce qu’il en a longtemps parlé avec Grillo. C’est donc aux ‘’amis du Mouvement’’ qu’il s’adresse de manière directe, et qu’il présente pour la première fois comme sa famille d’appartenance. ‘’Je suis là et je serai là’’ signifie qu’il se pose comme chef du M5S. Di Maio est en réalité favorable à cette solution. Plusieurs ont remarqué cependant que l’ancien chef politique a annoncé sa disposition à soutenir Draghi quelques minutes avant que Conte ne le fasse. Le Président du Conseil sortant joue de fait sur deux tableaux. Juste après son appel au M5S, Conte en a lancé un autre au PD et à LeU, évoquant la perspective d’une ‘’alliance autour du développement durable’’. Conte a donc ainsi également lancé sa candidature comme chef d’une coalition jaune-rouge pouvant se présenter devant les électeurs. Il peut aussi compter sur une cote de popularité encore importante. Toutefois, dans la perspective d’un gouvernement Draghi pouvant durer jusqu’en 2023, bien des choses peuvent arriver. Raison pour laquelle Conte, malgré les démentis, pourrait décider d’accepter un ministère d’envergure. Une chose est sûre, l’avocat est redescendu dans l’arène politique pour survivre, sauver son expérience de gouvernement, les 5 Etoiles et le projet progressiste qui risquait d’être dissous dans le nouveau gouvernement d’unité nationale. »

PREMIER PLAN, La Repubblica, de G. Vitale « Zingaretti réconcilie la coalition et mise sur la formule ‘Ursula’ » : « ‘’Nous avons été critiqués, qualifiés de subalternes des 5 Etoiles, mais aujourd’hui nous récoltons les fruits de nos efforts’’. Zingaretti est fier de son coup : le ‘oui’ à Draghi est unanime. Le secrétaire du Parti démocrate revendique le mérite du revirement de Conte et se félicite d’une majorité «Ursula » [rassemblant des votes de droite et de gauche, NDLR], étendue à Forza Italia et permettant de neutraliser Renzi. C’est donc grâce à lui et à son parti (il ne faut pas négliger la contribution de Bettini, Franceschini, Delrio et Marcucci) que naîtra bel et bien un exécutif Draghi. A noter également l’éloignement d’un possible parti de Conte, qui, avec ses déclarations, s’est de fait placé à la tête du M5S. Pour Zingaretti, un tel exécutif serait à-même d’arriver jusqu’au terme de la législature, ce qui éloigne l’hypothèse de possibles élections anticipées. Ce ne sera en tous cas pas le PD qui entravera la bonne marche de ce gouvernement : ‘’Nous demanderons un gouvernement politique, avec des ministres compétents, ensuite ce sera à Draghi de faire sa synthèse et nous en prendrons acte’’. » 

PREMIER PLAN, La Repubblica, « Berlusconi se démarque et Forza Italia prend position en faveur du oui à Draghi, ‘’Je suis de retour, je veux participer’’ » : « Le chef de file de Forza Italia veut sa revanche sur les 5 Etoiles : aujourd’hui, sous le feu des projecteurs, il conduira sa délégation à la Chambre des députés pour être reçu par Mario Draghi. Marta Carfagna, députée de Forza Italia et vice-présidente de la Chambre, a remporté la bataille interne. Cette semaine, une cinquantaine de députés se sont présentés à sa porte, prêts à signer pour Draghi. Cela aurait marqué le début d’une scission. Mais les ténors du parti (Tajani, Ronzulli, Ghedini) ont pris les devants face au risque d’implosion du groupe et décidé ensemble de prendre ouvertement parti pour Mario Draghi et même de faire connaitre leur entière disponibilité. En coulisses, Ghedini exprime tout de même quelques réticences sur la Justice et Paola Severino. En somme, les 143 parlementaires de Forza Italia, indépendamment de ce que décideront les alliés du centre-droit, sont bien décidés à soutenir Draghi. Tout au plus, la fameuse « majorité Ursula » naîtra, sans les souverainistes. Giovanni Toti de Cambiamo! dit pour sa part souhaiter que le nouveau gouvernement soit approuvé par un nombre de partis le plus large possible après son entretien avec le nouveau Premier ministre hier soir. Les chiffres sont presque déjà là.»

ARTICLE, Corriere della Sera, « la Ligue sous pression et Salvini est tenté [de dire oui]. Giorgetti : Draghi, c’est Ronaldo ». « Ils étaient divisés lors des consultations et seront sûrement divisés au gouvernement. L’unité du centre-droit se fissure visiblement, après avoir tenu pour empêcher l’émergence d’un gouvernement Conte III. Comme l’a dit Salvini, aujourd’hui chacun peut aller voir Draghi pour exprimer ce qu’il pense vraiment, sans avoir à faire des compromis avec les autres partis. « C’est mon devoir d’écouter Draghi, sans préjugés et sans véto ». Dans une situation qui semble évoluer d’heure en heure, ce qui reste certain c’est le oui de Forza Italia et le non clair de Meloni, qui n’envisage que le vote contre ou l’abstention, en disant qu’elle « ne met pas en doute Draghi mais ceux qui vont le rejoindre au gouvernement », c’est-à-dire Renzi, pour ne pas le nommer. Mais elle ne comprend pas la position de Salvini et lui dit « qu’il faut que Draghi choisisse entre la Ligue et les 5 étoiles. Pourquoi cela irait-il de s’associer avec le PD ? Boldrini, LEU, cela nous va ? Il y a quelque chose qui m’échappe ». Le vice-secrétaire de la Ligue, Giorgetti, explique la position du parti avec emphase : « Draghi joue hors-catégorie, il est comme Ronaldo, quelqu’un de son calibre ne peut pas rester sur le banc de touche ». Puis il explique que la Ligue ne s’abstiendra pas, elle choisira simplement entre le oui et le non, et prévient qu’on ne peut pas faire sans « le premier parti » dans ce gouvernement. Pour Salvini, « on pourrait se contenter de dire non à tout, de rester tranquillement dans l’opposition, d’attendre les élections puis récolter les voix, mais ce n’est pas ce qu’il faut faire à présent ». Car il se dit « inquiet de la situation économique pour les entreprises et les familles, » et rappelle qu’il est « de son devoir d’écouter Draghi ».

(Traduction : ambassade de France à Rome)

Lire la suite

05/02/2021 | Lien permanent

”Le centre-droit contraint à recomposer ses rapports hiérarchiques.”

FI-AN.jpg

Ligue.jpg

M5S.jpg

Italie. Revue de presse.

La presse italienne titre largement sur le décret prévoyant des aides aux ménages et aux entreprises pour faire face à la flambée des prix énergétiques, voté hier en Conseil des ministres, malgré l’abstention des voix du M5S : « Draghi : des aides à hauteur de 14 milliards » - Un « bonus » de 200 euros sera destiné à 28 millions d’Italiens, outre une remise des taxes sur le carburant (Corriere della Sera), « La taxe sur l’extra-profit pour le gaz et le pétrole à 25% » - Le décret pour les aides économiques a été adopté. Les 5 Etoiles s’opposent à l’incinérateur de Rome (La Repubblica), « Le bonus Draghi : 200 euros contre la crise » - Un chèque pour les revenus en dessous de 35 000€ annuels, mais les 5 Etoiles ne votent pas le décret pour protester contre l’incinérateur (La Stampa), « Carburants, feuilles de paie, chantiers : feu vert aux aides à hauteur de 14 milliards » (Sole 24 Ore), « Des aides pour un Italien sur deux » - Le décret anticrise prévoit un bonus de 200€ pour les factures. Draghi assure : nous sommes prêts à faire d’autres efforts et sur le gaz nous nous alignons à l’Europe (Il Messaggero). La polémique autour de l’entretien du chef de la diplomatie russe S. Lavrov diffusé dimanche sur une des chaines du groupe Mediaset, dont les contenus ont été qualifiés d’« aberrants » par le Président du Conseil, est aussi citée : « Lavrov, des mots choquants » - Selon le ministre russe, « Hitler était juif comme Zelensky ». Israël proteste, Draghi parle de « mots aberrants » mais Salvini prépare une visite à Moscou (La Repubblica), « La colère de l’Occident sur les mots de Lavrov » - La chaine Rete 4 dans la tourmente pour l’entretien au ministre russe (La Stampa), « Avec l’alibi de Poutine, on veut censurer les scoops » - Un entretien exclusif est qualifié de « propagande » par la gauche et Draghi s’aligne au PD (Il Giornale). L’évacuation de civils de Marioupol est également citée avec large couverture photographique en Une. Enfin, le Corriere propose quant à lui l’entretien exclusif du Pape François « Je suis prêt à rencontrer Poutine à Moscou ».

Les JT couvrent essentiellement les mesures prévues par le décret d’aide aux familles et aux entreprises par le gouvernement Draghi ainsi que la poursuite de l’offensive russe sur l’aciérie de Marioupol et les tirs de missiles sur Kiev et Odessa. La polémique autour des propos tenus par Lavrov et les condamnations exprimées par Draghi et le secrétaire d’Etat des Etats-Unis, Anthony Blinken, sont abondamment commentées. La baisse du chômage et la croissance de record de l’emploi font également l’objet de sujets.

Editorial, La Repubblica, E. Mauro « Poutine et l’idéologie ultime » : « Arrivera-t-on vraiment à une « guerre totale » en Ukraine ? Poutine a déjà montré que les plans militaires peuvent changer selon la convenance du moment. Ses collaborateurs ont commencé à reconnaitre que la résistance du pays envahi et occupé a pris de court le Kremlin, désormais prisonnier de sa propre propagande. Or, ce sont justement ces insuccès qui poussent Moscou à une escalade, dans un défi qui est à la fois régional et universel. L’enjeu est la hiérarchie du pouvoir dans le nouvel ordre mondial. La théorie-obsession de Poutine est que nous nous retrouvons face au rendez-vous pour l’affrontement final où la civilisation eurasiatique devrait régler les comptes avec celle européenne considérée comme à bout de souffle. Par ailleurs, Kiev représente pour Poutine ce fondement de la genèse de ce « peuple triparti et unique », celui russe, biélorusse et ukrainien. Du coup, il ne pouvait pas accepter la conversion de l’Ukraine au dispositif culturel et politique de l’Occident allant contre la « Russie des origines ». Poutine n’est pas nostalgique de l’URSS mais de cet exercice technique et métaphysique de l’autorité absolue d’un empire, d’une mission. Si l’Ukraine s’adresse à l’UE et à l’Otan, le passé et le présent se rebellent face au dessein du Kremlin. Poutine ne peut pas faire marche arrière, car il n’a pas seulement lancé un défi pour le territoire mais quelque chose de plus important. Et nous, nous ne pouvons que continuer notre soutien à Kiev, puisque l’enjeu concerne l’Europe entière et son destin démocratique. » 

Commentaire, La Repubblica, S. Folli « Draghi, les partis et l’affaire Lavrov » : « L’entretien télévisé désastreux de Lavrov a marqué une ligne rouge dans la narration médiatique de la guerre de Poutine. Jusque-là, au nom de la liberté d’expression, un certain nombre de chaines et quelques journaux invitaient des personnalités qui justifiaient, comprenaient ou relativisaient les positions russes. Mais après l’exhibition sans intermédiaires de Lavrov, tout le monde a compris qui est réellement en train de chercher à dominer les médias. Les propos antisémites du ministre de Poutine ont fait le tour du monde et certains se demandent pourquoi on a choisi l’Italie pour une telle opération de désinformation. Cela a paru une tentative implicite de déstabiliser la politique. L’insistance sur la « déception » russe quant à la ligne adoptée par Rome n’est pas un hasard. « Nous nous attendions un comportement différent » a dit explicitement Lavrov. Certes, les deux gouvernements dirigés par Conte avaient offert une image différente, persuadant Moscou qu’en cas de crise, l’Italie aurait choisi une position neutre, voire ambigüe. Mais avec Draghi au Palais Chigi, dont on connait les très bonnes relations avec Washington, et la confirmation de S. Mattarella au Quirinal, la donne a changé. Il est vrai qu’une fissure s’est ouverte entre plusieurs Italiens inquiets par un avenir incertain et la ligne adoptée par le gouvernement, soutenu par une majorité unie. Enrico Letta (PD) et ses alliés mineurs, les 5 Etoiles de Di Maio et Forza Italia, soutiennent avec conviction Draghi, qui se rendra bientôt à Washington. Puis, il y a G. Conte qui demande au Président du Conseil un pas contre « l’escalade » (c’est-à-dire l’envoi des armes à Kiev) et Salvini qui redore sa position prorusse. Conte et Salvini tentent de séduire l’électorat en faisant appel à des peurs collectives. Toutefois, les sondages nous disent que l’opération n’est pas en train de marcher. »

ENTRETIEN, La Repubblica, d’Enrico Borghi, responsable sécurité du PD et membre du Copasir : « ’Les chaînes télé privées contournent les sanctions imposées à Moscou’’ » : « ‘’Les discours de Lavrov et de Solovyev à la télé italienne mettent en danger la sécurité nationale. Le Copasir a ouvert une enquête : il ne s’agit pas ici de liberté d’expression ou de pluralisme de l’information. Il faut comprendre qui sont ces personnes qui offrent aux tenants de la propagande russe la possibilité de polluer notre débat public en diffusant de fausses nouvelles et pourquoi elles le font. C’est un problème dans la mesure où la manipulation de l’information et la distorsion des faits est un des piliers de l’offensive du Kremlin. Plus on pousse l’opinion publique des pays de l’OTAN à mettre en cause les gouvernements, plus le front hostile à la Fédération de Russie s’affaiblit. Pourquoi ce phénomène se propage chez nous alors qu’il est inexistant en France et en Allemagne ? Pourquoi Lavrov choisit l’Italie pour nier les crimes de Boutcha et donner du crédit aux thèses insensées et antisémites sur le sang juif d’Hitler, en faisant comprendre, de manière sibylline, que de la part de notre pays, la Russie se serait attendue à un comportement différent ? L’on pourrait faire en sorte que, les personnes touchées par des sanctions directes, comme Lavrov, ou indirectes, comme Solovyev, ne puissent pas accéder aux médias publics italiens ni à ceux faisant l’objet de subventions publiques. Ce qui s’est passé sur Mediaset et La7 peut s’apparenter à un contournement des sanctions.’’ »

Entretien, La Verità, de Matteo Salvini, dirigeant de la Ligue « Plus d’armes à l’Ukraine signifie plus de morts. Il faut dialoguer avec Moscou » : « ‘’Avec Moscou, il est nécessaire de dialoguer, aussi parce que, tôt ou tard, il y aura le cessez-le-feu. L’Italie et l’Europe devront alors arriver à ce rendez-vous en tant qu’acteurs principaux. Celui qui bombarde ne peut pas avoir raison mais cela n’est pas une raison suffisante pour fermer tous les canaux diplomatiques ou, pire encore, croire que l’ennemi soit tout le peuple russe. Je crois fermement dans la liberté, les droits et les valeurs de l’Occident et représentent dans les alliances dont l’Italie fait partie. Des alliances, toutefois, où il ne faut pas qu’il y ait des membres de « deuxième division ». Concernant les propos de Lavrov, l’Italie ne doit se faire intimider par personne et nous devons être en première ligne pour la paix, sans subir une escalade pouvant engendrer une guerre mondiale. Plus d’armes on envoie à l’Ukraine, plus la paix s’éloigne. Ce conflit risque de provoquer plus de dégâts en Ukraine et en Europe que chez Biden. L’Italie est en train de payer un prix élevé en termes de coût énergétique : plusieurs secteurs productifs sont en difficulté en raison d’absence de matières premières. Et dans cette perspective il y aura une augmentation de l’immigration venant de l’Afrique. L’Europe manque d’unité et de courage : l’Italie, l’Allemagne et la France devraient s’unir et avancer des propositions sans se limiter à courir après ce que proposent les Etats-Unis. Certes, avec les sanctions, il y a des conséquences en Russie, elles sont si lourdes qu’elles ont accéléré le rapprochement entre Moscou et Pékin. Les contre-sanctions, inévitables, sont un coup dur pour l’Italie et je ne crois pas que l’Europe soit en mesure d’allouer les ressources nécessaires aux pays qui paient le prix le plus élevé.’’ »

Entretien, La Stampa, de Giuseppe Conte, président du M5S et ancien Président du Conseil italien, « Sur les incinérateurs, il s’agit d’un chantage [de la part du gouvernement] ; Draghi doit référer devant la Chambre avant de se rendre à Kiev » : « [Le gouvernement] cherche à nous humilier sur la question des incinérateurs de déchets mais nous en pouvons pas revenir en arrière. La norme introduite dans le dernier décret de soutien aux familles et aux entreprises n’a aucun rapport avec les prix de l’énergie et le coût de la vie, et nous sommes fermement contre ces incinérateurs qui ne sont pas respectueux de l’environnement et constituent une régression. En revanche, l’augmentation de la taxe sur les extra-profits réalisés en ce moment par le secteur énergétique est positive. Cela pourrait être étendu au secteur pharmaceutique et aux assureurs qui ont bénéficié de la spéculation de marché dernièrement. Cela permet de financer les aides aux familles et aux entreprises, qu’il faut continuer à soutenir. L’embargo sur le gaz russe est un objectif que nous partageons mais il faut surtout intensifier les efforts diplomatiques pour trouver, avec la communauté internationale, une solution politique. Il faut aussi un Energy Recovery Fund. Nous sommes contraires à l’envoi d’armes lourdes et létales en Ukraine, nous nous opposerons à un décret dans ce sens. Il faut une discussion au Parlement autour de la ligne politique que portera l’Italie à Washington et à Kiev. Draghi doit venir au Parlement et se prononcer contre l’escalade des tensions. Il n’y a pas de fossé qui se creuse avec le PD sur la question des dépenses en armement et nous n’avons pas l’intention de mettre en difficulté l’actuel gouvernement. Concernant la loi électorale, j’estime que le système proportionnel est le plus efficace pour faire face à la nouvelle législature, compte tenu notamment de la réduction du nombre de parlementaires, afin de garantir à tous une meilleure représentativité. »

Commentaire, Sole 24 Ore, L. Palmerini « Le bouclier social de Draghi contre les craintes sur la guerre » : « Les raisons de notre posture face à la guerre en Ukraine ont la nécessité de s’accompagner à une série de mesures économiques pouvant garder le plus possible la cohésion de l’opinion publique. Comme nous le montrent les sondages, les craintes d’une escalade militaire ont un fort impact sur les citoyens. Toutefois, cela ne se traduit pas en un effet de consensus : le PD (Parti démocrate)  et FdI (Frères d’Italie), les partis qui soutiennent le plus la cause ukrainienne, continuent à voir leur électorat s’élargir. Alors que la Ligue n’a obtenu aucun bénéfice de sa position prudente et pacifiste. »

Entretien, La Repubblica, de Roberto Cingolani, ministre de la Transition écologique : « Cingolani : ‘’D’ici 2024, nous aurons des solutions alternatives à l’importation du gaz russe’’ » : « ‘’D’ici à la seconde moitié 2024, nous devrions être autonomes : nous devrions pouvoir nous passer d’importer du gaz de Russie. Nous cherchons à augmenter le volume du gaz qui arrive en Italie par gazoducs : par exemple, il y aura, en trois ans, rien que pour l’Algérie, une augmentation de l’importation de gaz à hauteur de 9 milliards de mètres cube. Puis, nous misons sur l’augmentation des volumes de gaz liquéfié qui nous arrive par bateau. Grâce aux accords passés avec l’Algérie, l’Angola, le Congo et le Qatar, les importations de gaz liquéfié augmenteront d’1.5 milliard de mètres cube cette année pour atteindre, à la seconde moitié de 2024, 12.7 milliards de mètres cubes. Notre stratégie prévoit également un plan d’économie d’énergie et d’exploitation des ressources renouvelables qui nous permettra d’économiser 7 milliards de mètres cubes de gaz en 2025. En combinant trois approches, nous atteindrons 29 milliards de mètres cube en 2024. L’idéal serait d’être autonome du point de vue énergétique. Mais vu que l’Italie ne l’est pas, je crois que ce sera plus simple de traiter avec six ou sept pays de dimensions moyennes, plutôt qu’avec un seul pays qui couvrirait seul 40% de nos besoins et qui serait également une puissance géopolitique. En dépit de la guerre en Ukraine, nous sommes déterminés à atteindre l’objectif que nous nous sommes donnés : réduire de 55% les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 et faire en sorte qu’à cette date, 72% de notre production d’électricité soit issue de sources renouvelables. Nous avons quatre centrales à charbon qui étaient destinées à être cédées. Nous les ferons fonctionner à plein régime pour 12 à 24 mois maximum, car elles nous permettent d’économiser 3.5 milliards de mètres cubes de gaz. Elles émettront plus de CO2 mais, entretemps, nous accélérons tant sur les énergies renouvelables que ce sera compensé. Du reste, ce n’est qu’une mesure transitoire.’’ »

Article, Il Corriere della Sera, M. Franco : « Le centre-droit contraint à recomposer ses rapports hiérarchiques » : « L’accroc de Milan dépasse la simple compétition pour le leadership entre Meloni et Salvini. La façon avec laquelle Fratelli d’Italia a refusé, lors de sa conférence, la présence du leader de la Ligue dans sa propre ville a le goût d’un défi et celui d’une humiliation. Elle renferme l’idée que le centre-droit tient pour acquis le déclassement de Salvini au sein de l’alliance. La victoire qu’il a obtenue lors des élections européen

Lire la suite

03/05/2022 | Lien permanent

”Les suites de la rébellion du groupe Wagner en Russie.”

FI-AN.jpg

Ligue.jpg 

M5S.jpg

Italie. Revue de presse.

Les suites de la rébellion du groupe Wagner en Russie et les possibles retombées sur les équilibres au Kremlin dominent les gros titres « Mystère sur le sort du chef des rebelles russes » (Corriere della Sera), « La roulette russe » (La Repubblica), « Tajani (Forza Italia) : ''et maintenant faisons entrer l’Ukraine dans l’Otan'' » (La Stampa), « Putsch en Russie, Biden savait » (Il Messaggero), « Les risques et les inconnues pour les marchés après la révolte » (Sole 24 Ore), « Mystère sur le trésor du putsch, Prigojine a disparu des radars » (Il Giornale). 

PREMIER PLAN, Corriere della Sera, « Départ des tanks et fin des barbelés. Moscou prétend retourner à la normalité mais Poutine est plus seul » par Marco Imarisio : « En ce premier dimanche d'été, les seules personnes au travail sont les ouvriers qui descendent les dizaines d'affiches accrochées aux lampadaires de la perspective Leninskiy. “Patrie, honneur, sang, courage“. La nouvelle campagne de recrutement de la Brigade Wagner n'a plus de raison d'être. Si les hommes d'Evgenij Prigozhine avaient décidé d'aller jusqu'au bout, ils seraient entrés dans la ville par cette grande avenue qui relie l'autoroute au centre de la capitale. Plus tôt, à l'aube, nous avions vu quelques soldats de l'armée russe déplacer les chars qui rétrécissaient l'espace de la chaussée, enlevant aussi les sacs de sable et les barbelés mis en place pour les protéger. C'est vraiment fini. Les doutes sur un éventuel retournement de l'insurrection militaire disparaissent. Devant le ministère de la Défense deux soldats fument une cigarette devant l'unique camion de garde. La Douma semble sans surveillance. Les camions de l'armée qui, samedi, surveillaient Kitay Gorod, le quartier commerçant, ont abandonné leur poste pendant la nuit. Seule la place Rouge reste fermée, mais c'est devenu une habitude, depuis cet hiver elle est de plus en plus rarement ouverte au public.  Ce qu'il reste de la marche de Wagner sur Moscou est impossible à voir à l'œil nu, mais on peut l'entendre. Malgré sa brièveté, l'insurrection a montré la vulnérabilité du système de pouvoir poutinien, frappant son cœur de force, sa charnière. Prigozhine a montré qu'en Russie, il est possible de conquérir une ville d'un million d'habitants comme Rostov sans tirer un seul coup de feu, puis d'arriver aux portes de Moscou sans rencontrer la moindre résistance. Le match nul sur lequel s'est achevée l'épreuve de force ne change rien à l'ampleur de cette blessure. Ce n'est pas un hasard si, hier après-midi, la première chaîne publique a diffusé des "images exclusives" de Poutine au Kremlin pendant le soulèvement, en fait des séquences de son discours prises dans un autre coin du studio, comme pour dissiper l'idée que le commandant en chef ne contrôlait pas totalement la situation. Immédiatement après, une courte interview a été diffusée, enregistrée le 21 juin, dans laquelle il déclare que sa journée "commence et se termine par l'opération militaire spéciale". Konstantin Malofeev, quant à lui, bénit la Vierge Marie de ne pas avoir plongé la Russie "dans l'abîme d'une guerre civile". Mais lorsqu'il passe aux remerciements terrestres, l'oligarque mystique qui a joué en 2014 un rôle majeur dans le financement des milices pro-russes du Donbass, aujourd'hui propriétaire du réseau Tsargrad devenu l'organe de référence de l'ultranationalisme, réunit dans la même phrase Poutine " pour la sagesse et le pardon de ceux qui ont péché " et Prigozhine avec ses " glorieux " héros de Wagner : " Pour le courage de savoir s'arrêter ". Des signes d'équidistance venant de personnalités insoupçonnées, qui montrent que les idées extrêmes du financier mercenaire des milices continueront à circuler d'une manière ou d'une autre dans la société russe, où elles sont désormais enracinées. Au coucher du soleil, l'enseignant de Tver s'apprête à remonter dans le bus. "Mais à votre avis, que peut-il se passer maintenant ?" demande-t-elle en regardant l'une des étoiles rouges qui coiffent les tours du Kremlin. Qui peut le dire ? »

Konstantin Malofeev.jpg

Konstantin Malofeev

ENTRETIEN, La Stampa, d’Antonio Tajani (Forza Italia), ministre des affaires étrangères « La Russie sort affaiblie de cette crise mais nous ne sommes pas en guerre contre Moscou » : « La Russie est maintenant plus faible. Il y a des failles importantes qui ont fait surface dans son système militaire, qui avait le groupe Wagner comme fleuron. Je perçois une fissure au sein également de l’opinion publique russe et Poutine n’en sort pas renforcé. Je voudrais toutefois souligner une chose de manière très claire : nous ne sommes pas en guerre contre la Russie et en aucun moment nous n’avons soutenu le projet du groupe Wagner. Nous défendons l’indépendance de l’Ukraine, nous n’agissons pas pour intervenir en Russie.  La situation était délicate et nous avons contacté les 5 300 citoyens italiens qui se trouvent en territoire russe. Tout le monde se porte bien. Q. Le Président américain Joe Biden a appelé les dirigeants de France, d’Allemagne et d’Angleterre mais pas l’Italie. Pourquoi ? Il y a une grande considération de la part des Etats-Unis. Nous avons participé au G7 avec Blinken, samedi, et ce dernier a fait l’éloge du travail du gouvernement et de la Présidente du Conseil Meloni lors de la conférence de presse. L’Italie est fondamentale pour l’unité du front européen et cela doit être rappelé à tous. Q. L’Italie continuera-t-elle à envoyer des armes en Ukraine ? Tant que leur indépendance est en péril, nous les aiderons. Nous verrons de quelle manière et dans quelle forme. Si nécessaire, même avec les armes, en informant comme toujours le Parlement. Q. L’aide de l’Italie pourrait ne plus prévoir l’envoi de matériel militaire… Nous sommes déjà en train de travailler pour la reconstruction, par exemple. Il n’y a pas que les aides militaires, il est possible d’envoyer des aides de type civil et stratégique. Q L’Italie pousse-t-elle pour que l’Ukraine entre dans l’Otan ?  Il est encore trop tôt pour l’entrée de l’Ukraine dans l’Otan ; il faut d’abord arriver à la paix, mais des premiers pas peuvent être faits vers une adhésion dès le sommet qui se tiendra à Vilnius en juillet, donnant vie au Conseil Otan-Ukraine, que l’Italie soutient avec conviction. Il est temps que la Russie comprenne qu’il faut se retirer de l’Ukraine, son l’opération éclair a échoué et maintenant on voit même des problèmes internes à la Russie. Cela devrait faire réfléchir les Russes’’[…] » 

ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Guido Crosetto (Frères d’Italie), Ministre de la défense : "Moscou poursuit ses bombardements et l'Italie reste aux côtés de l'Ukraine. Il faut faire tout notre possible pour la diplomatie » : "En Russie, y a un affrontement entre des milices privées, qui se sont développées au fil du temps, et les forces armées. Il est difficile pour tout le monde de prédire l'issue et de comprendre la logique profonde, mais une chose est sûre : les événements ont révélé une faiblesse chronique de la Russie. Nous devons nous intéresser aux conséquences pour nous et pour l'Ukraine. Il est clair que la médiation est celle de Poutine, par l'intermédiaire de Loukachenko, mais même si son image est ternie, je me demande si une bête blessée est plus docile ou plus dangereuse. Car la guerre, même dans les dernières heures difficiles, ne s'est jamais arrêtée. C'est pourquoi, aujourd'hui plus encore qu'hier, l'Ukraine a besoin de notre aide, mais aussi de l'effort maximal de chacun pour une solution diplomatique. [S’agissant de la politique intérieure italienne] je ne ressens pas ces tensions terribles dont on parle, je ne les vis pas. Il y a des tiraillements, mais je serais inquiet si dans une majorité il n'y en avait pas. Ce sont des relations naturelles entre alliés. Sur le MES, nous sommes appelés à prendre une décision. Nous avions une position historique il y a quelques années, puis l'instrument a évolué. Nous devons discuter entre nous pour savoir dans quelle mesure l'Europe considère cet instrument comme nécessaire et comment nous, au centre-droit, le voyons en tant que coalition et en tant que gouvernement. Nous devons raisonner sur les avantages et les inconvénients, sans préjugés. C'est pourquoi il faut s'asseoir et raisonner : le ministre Giorgetti est meilleur que les meilleurs ministres européens, il connaît les choses, les risques réels, et c'est à lui d'expliquer son idée à la majorité et d'indiquer le chemin qu'il croit être le bon. Sur la ministre Santanchè, c’est monté en épingle par les médias, c’est agaçant. Il y a un système en place ici pour nuire au gouvernement. Il y a un dossier (presque toujours inventé) qui attend tous ceux qui, en Italie, ont un peu de pouvoir, c'est arrivé à Renzi et à beaucoup d'autres, de tous les partis. Jusqu'à ce que la politique comprenne que ceux qui ont le pouvoir d'entrer dans la vie des gens doivent avoir des contrôles, des blocages, des règles strictes. Sur les européennes, je pense qu'un rapprochement entre les Populaires et les Conservateurs d'une part et les Progressistes et les Socialistes d'autre part peut donner un nouveau souffle à un système coincé dans une alliance PPE-PSE qui a créé trop de groupes de pouvoir intouchables et complètement détachés du monde réel, comme le montre la décision sur les voitures électriques qui ne favorise que la Chine. Il est temps de passer à une véritable alternance. Et de recommencer à représenter ce qu'une société en mutation exige de nous". » 

ARTICLE, Corriere della Sera, « MES : le défi du gouvernement dans les négociations avec Bruxelles » par Mario Sensini : « Le problème n'est plus de savoir si, mais quand et surtout comment. Le gouvernement semble désormais disposé à donner son feu vert au Mécanisme européen de stabilité (MES), approuvé par les gouvernements en 2019 et déjà ratifié par tous les autres pays, et vise désormais ouvertement un compromis avec l'Union européenne et ses alliés. Mais en liant la discussion à celle de la réforme du Pacte de stabilité pour contrôler les comptes publics, l'achèvement de l'union bancaire avec le Fonds d'assurance des dépôts et aussi le régime des aides d'État. La mesure de ratification, quant à elle, n'arrivera pas à la Chambre des députés le 30 juin, comme prévu. "Je ne comprends pas pourquoi nous devrions mettre les Italiens en cage pour sauver les banques de ceux qui se trouvent à des centaines de kilomètres d'ici", a déclaré hier le chef de file de la Ligue, Matteo Salvini, en déplaçant l'attention du MES vers d'autres réformes. Le ministre de l'économie, Giancarlo Giorgetti (Ligue), a déjà fait savoir au Conseil Ecofin que l'Italie considère que les exigences en matière de capital qui pèseraient sur les petites banques sont trop strictes, et qu'elle craint une trop grande discrétion dans l'activation du Mécanisme de résolution unique pour les renflouements, un système de dernier recours qui serait couvert précisément par les ressources financières du MES.  Surtout, l'Italie demande que le système européen d'assurance des dépôts, le troisième pilier (avec le mécanisme de surveillance et le SGR) de l'Union bancaire, le seul qui n'a jamais été mis en œuvre, soit enfin activé. Un front ouvert depuis au moins quinze ans, qui se heurte toutefois à l'insurmontable désaccord, récemment réitéré, de l'Allemagne. Sur ce dossier comme sur le pacte de stabilité, l’Italie considère qu’elle ne doit plus subir passivement une médecine plus ou moins amère, mais partager et définir avec la Commission les chiffres qui sont à la base des plans et des estimations de l'évolution économique. Avec une plus grande flexibilité car les plans nationaux quadriennaux qui devront être approuvés pour garantir le retour des comptes publics, selon la proposition actuelle de la Commission, ne pourront pas être modifiés même en cas de changement de gouvernement. Je préfère que la dette publique reste entre les mains des Italiens et non des spéculateurs étrangers qui font ensuite leurs propres affaires avec l'argent des Italiens", a encore déclaré M. Salvini hier, peut-être pas par hasard. »

ARTICLE, la Stampa, Federico Capurso, « Santanchè, l’heure de vérité » : « La ministre du tourisme, Daniela Santanchè (Frères d’Italie), tente de reprendre son souffle, tandis que les enquêtes journalistiques et judiciaires à Milan braquent les projecteurs sur la gestion aventureuse de ses entreprises. Les deux chefs de groupe de la Chambre et du Sénat du Mouvement 5 étoiles ont formellement déposé au Parlement une demande d'information urgente auprès de la ministre de Fratelli d'Italia sur les "faits graves qui ont émergé de l'enquête journalistique de l’émission Report". Elle a fait savoir qu'elle était disponible. Le rendez-vous sera vraisemblablement fixé à jeudi 30 juin. La secrétaire du Pd, Elly Schlein, souhaite obtenir des réponses sur la dette de 2,7 millions d'euros qu'elle doit à l'État et sur laquelle le Pd a aussi posé une question au gouvernement. Schlein demande : "Comment un ministre peut-il avoir une dette envers l'État ? Comment peut-elle ne pas répondre au sujet des employés non payés, ou des employés qui ont été licenciés sans indemnité de départ, alors que les membres du conseil d'administration de cette société, y compris elle-même, encaissaient leurs somptueuses indemnités ? Nous l'attendons dans l'hémicycle". Les propres membres du parti de Santanchè estiment que cette affaire embarrassante leur porte surtout préjudice car leur travail parlementaire est paralysé par l'attention médiatique que la ministre attire malgré elle. Matteo Renzi n’a pas condamné la ministre en disant ne pas vouloir s’attaquer à un sujet qui n'est pas politique. "Mais les Renzistes n'étaient-ils pas, au moins en théorie, dans l'opposition ?", se demande-t-on au Pd, où l'on rappelle que Visibilia, l'une des sociétés gérées par Santanchè, est aussi le concessionnaire publicitaire exclusif du Riformista, le quotidien dirigé par Renzi. Quant à l’opposition, elle attend l’intervention de la ministre à la Chambre et continue à demander sa démission, mais ne compte pas déposer de motion de défiance car si la tentative de renversement échoue, la majorité – et la ministre – pourraient être renforcées. Tout au plus peut-on aller jusqu'à une collecte de signatures en ligne pour demander sa démission, comme le font les Verts. »

Daniela Santanchè.jpg

Daniela Santanchè 

ENTRETIEN, Libero, d’Adolfo Urso (Frères d’Italie), ministre des entreprises et du Made in Italy « Avec la France et l’Allemagne les choses changent » : « Aujourd’hui nous assisterons à la réunion trilatérale Italie-Allemagne-France sur la politique industrielle, qui marque un tournant en Europe. Jusque-là, les décisions étaient prises par le duo franco-allemand. Maintenant, le nouveau format reconnait le rôle plus important du point de vue politique, économique et stratégique de l’Italie. Cette réunion trilatérale portera sur les terres rares et les minéraux précieux, des matières premières fondamentales pour l’autonomie stratégique du continent. Elle se tient quelques jours avant que la Commission présente ses objectifs et ses modalités en la matière. Le même format sera répété en Italie et en France sur la technologie numérique et sur la technologie verte. Ces derniers mois, nous avons activé avec le ministre Pichetto [environnement et sécurité énergétique, ndlr.] un format de discussion pour faire le point s

Lire la suite

26/06/2023 | Lien permanent

”Salvini cherche à vider Forza Italia, tandis que Meloni s'efforce de maintenir le parti debout afin d'empêcher la désta

FI-AN.jpg

Ligue.jpg

Italie. Revue de presse.

La réunion des chefs de parti de la majorité aujourd’hui autour de la loi de finances fait les gros titres : « Budget, les partis demandent 40 milliards pour le fonds limitant la hausse des prix de l’essence mais il n’y en n’a que 8,5 » (Corriere della Sera), « La réunion de la discorde » (La Repubblica), « Budget, la Ligue tente à nouveau de proposer un moratoire fiscal » (La Stampa), « Entente sur une loi de finances sobre » (Il Messaggero). Repubblica revient sur la polémique autour des déclarations d’A. Amato sur le drame d’Ustica lors de sa conférence de presse hier : « Amato : « je demande à Macron de dire la vérité sur ce qui se passait sur la base militaire de Solenzara » ». 

PREMIER PLAN, Corriere della Sera, M. Guerzoni, A. Logroscino : « Le dîner de la Présidente Meloni avec 200 parlementaires : maintenant il faut une loi de finances sans faux pas » : « Serrer les rangs, au sein du parti et du gouvernement. Giorgia Meloni veut donner un coup d’accélérateur à l’action du gouvernement, comme elle l'a dit dimanche sur le circuit de Monza. Pour aller plus vite sur les dossiers, éviter les incidents parlementaires et calmer les ambitions électorales des partis, la Présidente du Conseil a décidé d'agir en parallèle sur deux fronts, le gouvernement et les groupes parlementaires. Avec les siens. Ce soir, au Palais Chigi, elle prendra un apéritif (de travail) avec les secrétaires et les chefs de groupe, une réunion après la pause estivale pour dessiner les contours de la loi de finances et faire le point sur les réformes constitutionnelles. Et hier soir, à la surprise générale, la cheffe du gouvernement, en version cheffe de parti, a dîné avec tous les députés, ministres et sous-secrétaires de Fratelli d’Italia, une armée de 200 politiques. Une fête quelque peu berlusconienne, au cours de laquelle Giorgia Meloni fait le tour des tables, entre accolades et rires, et montre vouloir partager avec les siens la responsabilité de cette phase politique. Les deux jours de réunion révèlent l'état d'esprit avec lequel la première ministre s'est plongée dans la préparation d'une loi de finances qu'elle juge "complexe". Peu d'argent et beaucoup de problèmes, suscités par la concurrence entre les partis en vue des élections européennes de 2024. Voici donc l'appel à "avancer unis", à "ne pas déclencher de tensions" et à ne pas utiliser les mesures de la loi de finances pour récolter des voix. C’est un avertissement qu’elle adresse tout d'abord aux vice-présidents Salvini et Tajani, afin qu'ils cessent de faire sans cesse de la surenchère. La deuxième loi de finances du gouvernement est pour Meloni le défi politique le plus important depuis qu'elle est au Palais Chigi, et la Présidente en est consciente. "Nous n'avons pas le droit à l'erreur", est le sens de son raisonnement. La priorité pour le Palais Chigi est celle d’assurer la stabilité des comptes, dans un cadre rendu encore plus difficile par "le désastre du Superbonus", comme le définit Meloni, avec une facture pour l’Etat qui risque d'atteindre 110 milliards d’euros. L'intention est de ne pas nuire à la crédibilité de l'Italie et ne pas dépasser les objectifs en matière de dette et de déficit." Ce soir, le ministre Giancarlo Giorgetti pourrait annoncer les premiers chiffres sur la base desquels établir combien de ressources seront allouées aux principales mesures d'une loi de finances. Luciano Malan, chef du groupe FdI au Sénat, résume les priorités du paquet financier voulu par Meloni et Giorgetti: "  La croissance, le travail, les entreprises, la famille, la natalité et les bas revenus. Il est aussi question d’un ‘bonus essence’, de deux milliards, qui serait financée par l'augmentation des recettes de la TVA sur les carburants. La Présidente pourrait également aborder la question de la réforme constitutionnelle, qu’elle espère présenter au Parlement d'ici fin septembre. D'autre part, le sujet du seuil de 3% pour les élections européennes, qui a agacé la Ligue e Forza Italia, ne devrait pas faire l’objet de discussions. » 

COULISSES, Corriere della Sera, F. Verderami : « Ainsi Salvini a changé d’avis, les tensions avec Meloni sur les équilibres dans la coalition » : « Si la Présidente veut aller vite, c’est parce qu’elle a beaucoup de sujets à gérer. Un air électrique souffle sur la droite, et nous ne sommes qu'en septembre. Alors, pour éviter le chaos en décembre, le gouvernement a entamé la saison des réunions : après une réunion politique, il s'apprête à discuter du projet de loi de finances avec sa majorité. Mais entre-temps, les hostilités se poursuivent, à l'image de la dernière escarmouche sur l'abaissement du seuil d'accès au parlement de Strasbourg de 4 à 3 %. L'affaire remonte à la mi-mai, lorsque les Verts ont demandé au parti de Meloni d'aligner le seuil pour les élections européennes sur celui du parlement national. Toutes les forces de la majorité étaient favorables à cette demande, qui intéressait d'ailleurs les centristes au pouvoir. Mais trois mois et demi plus tard, Salvini a changé d'avis. Et en annonçant son opposition à la réforme, il met en difficulté la Présidente, qui avait indirectement dirigé les négociations. Une date en particulier représente un véritable tournant pour les relations au sein de la coalition : le 12 juin,  jour de la mort de Berlusconi. Depuis, les attaques de la Ligue contre Forza Italia se sont multipliées et, dans le même temps, les inquiétudes de FdI quant à la stabilité électorale du parti de l’ancien président se sont accrues. Sans le Cavaliere, Salvini cherche à vider Forza Italia, tandis que Meloni s'efforce de maintenir le parti debout afin d'empêcher la déstabilisation de l'alliance. La réduction du seuil à 3% représenterait une sorte de parachute d'urgence pour les politiques de Forza Italia, bien que même parmi les représentants de la droite on craigne que la solution ne soit pas suffisante. Mais au-delà des prévisions, il est clair que Meloni et Salvini ont des intérêts opposés sur le destin de Forza Italia. La stratégie du leader de la Ligue est aussi celle de barrer la route à Renzi, qui a les mêmes intentions que lui. Mais il s'agit également d'une manœuvre défensive. Une fois l'ère du Cavaliere terminée, Salvini craint une chute dans les sondages. Et il sait qu'un tel résultat confirmerait le succès du projet de Meloni : une coalition basée sur FdI entourée seulement de figurants. Ce sujet n'est pas le seul élément de tension à ce stade entre Salvini et Meloni. Sur la réforme des provinces, les alliés-rivaux ont aussi une approche différente. Tout est comme ça au sein de la droite : une compétition quotidienne et usante, garantie par l'absence d’opposition compétitive qui, au moins pour l’instant, protège la majorité. Et qui lui permet de réfléchir sans trop d’inquiétude aux prochaines élections locales. » 

ARTICLE, La Repubblica, « Le Grand Centre tente Tajani (Forza Italia) et Renzi. L'idée d’une grande liste pour ne pas se compter l'un l'autre »  par Antonio Fraschilla : « On tente de déchiffrer le "non" catégorique d'Antonio Tajani et de Matteo Renzi à l’abaissement du seuil de 4 à 3% pour se qualifier aux Européennes. Pourquoi ceux qui pourraient en être les principaux bénéficiaires se sont-ils empressés de dire non immédiatement ? Probablement pour pouvoir ouvrir un dialogue, bien que nuancé, entre toutes les forces qui se réfèrent au centre afin d'éviter un bain de sang aux prochaines élections européennes : de Forza Italia à Noi Moderati, de l'Udc à Il Centro, le nouveau parti de Renzi après la rupture avec l'Azione de Calenda. Des dialogues qui seraient en cours, bien que démentis officiellement par les principaux dirigeants, à commencer par l'ancien Premier ministre et ancien secrétaire du PD Renzi, qui réitère le soutien en Europe à Emmanuel Macron et l'intention de rester avec les libéraux européens et de ne pas rejoindre le Parti populaire. Mais il est clair que quelque chose bouge, et cela est également démontré par la vive réaction de Maurizio Lupi de Noi Moderati, qui avait demandé que le seuil soit abaissé . Ce n'est pas un hasard si cette réponse évoque Renzi : "Le seuil de 3% pour les élections européennes n'est pas une question sur laquelle construire des barricades", répète Lupi, "mais à ceux qui disent qu'accorder un seuil plus bas est un cadeau à Renzi, je dis qu'il faut faire attention parce qu'à force de lui courir après, on le fait devenir ce qu'il n'est pas. Il prend sa propre initiative politique, légitimement, comme il l'a déjà fait en détruisant le troisième pôle avec Calenda". Lupi est contre les listes multi-symboles, à moins qu'il n'y ait clairement une liste de Populaires européens, mais il craint le dialogue possible entre Renzi et Tajani et veut mettre en garde son allié. » 

ENTRETIEN, Il Messaggero, de Matteo Piantedosi (Indépendant), ministre de l’Intérieur « L’action de police à Caivano n’est qu’un début. Il y aura de nouvelles mesures pour contrer le phénomène des gangs de mineurs » : « ‘’Nous voulons commencer justement par les réalités difficiles comme celle de la banlieue napolitaine de Caviano, mais pas seulement. L’opération d’hier, qui a vu se déployer 400 agents pour effectuer 76 perquisitions, représente un premier pas concret vers la récupération de la zone, notamment sur le plan sécuritaire. Nous sommes en train de mettre en place un plan inter-institutionnel prévoyant des investissements et des ressources pour surmonter les conditions de dégradation et de marginalisation sociale où les organisations criminelles trouvent un terrain fertile, notamment auprès des jeunes. Il ne peut y avoir que des actions de police. A Caivano, il faut aussi offrir des opportunités : pour cela, il y a un programme de requalification du centre sportif dont la gestion sera confiée à la Police d’Etat par le biais de son organisation sportive « Fiamme Oro ». La solution pour sortir d’une situation de dégradation est une présence plus importante de l’Etat pour le contrôle de la légalité mais aussi de donner des réponses sur le plan social, éducatif et culturel, des infrastructures sportives. Le gouvernement est sur le point d’adopter un paquet de mesures pour assurer une sécurité plus forte dans nos villes. La lutte contre le phénomène grandissant de l’utilisation d’armes par des mineurs est sans doute l’un des objectifs. ’’ » 

ARTICLE, Repubblica, A. Ginori « En déplacement à Paris, Schlein fait pression sur Meloni et l’Elysée ‘’l’Italie a droit de connaitre la vérité’’ » : « ‘’Le droit à la vérité est avant tout un droit des parents des victimes, mais c’est aussi un droit qui appartient à toute l’Italie’’. Elly Schlein, en tournée en vue des élections européennes, mène à Paris la bataille pour faire lumière sur le drame d’Ustica. Même si l’étape à Paris était prévue pour tisser les alliances pour la campagne du prochain printemps, impossible pour la dirigeante du Parti Démocrate de ne pas se mettre du côté de ceux qui demandent la vérité. Schlein fait pression sur Giorgia Meloni, demandant un pas formel afin d’obtenir des éclaircissements également de la part de la France. Pour cela, elle a été critiquée par Carlo Calenda ‘’ce n’est pas à elle de le demander mais au gouvernement italien’’, souligne-t-il. Le sens des propos de Schlein est le suivant : la France d’E. Macron est appelée à donner sa contribution pour faire lumière sur la nuit du 27 juin 1980. » 

PREMIER PLAN, La Repubblica, de C. Tito, « Nouvelle difficulté sur les comptes [publics], Bruxelles reverra à la baisse les estimations de croissance européenne ; Rome et Berlin tremblent » : « Une nouvelle tuile s’abat sur les comptes italiens ou plutôt sur la politique économique du gouvernement Meloni. Les prévisions que la Commission européenne présentera lundi prochain s’assombrissent pour l’Europe, l’Allemagne mais aussi pour l’Italie, remettant en cause l’optimisme de mai dernier. C’est une ombre qui s’étend sur la loi de finances que l’exécutif italien est en train de préparer. Les coupes pourraient bien être ‘’très conséquentes’’. Afin de respecter les engagements pris à travers le dernier ‘’document d’Economie et de Finances’’. Il y a quatre mois, Bruxelles avait estimé la croissance du PIB européen à 1% pour 2023 mais cette estimation devrait être revue à la baisse d’au moins 0,2 point. Idem pour l’Italie, sinon pire : en mai le PIB était de +1,2% provoquant la liesse de la majorité mais ce chiffre n’est plus d’actualité. Les derniers chiffres de l’Istat estimaient plutôt la croissance du PIB à +0,7 cette année. La mauvaise saison touristique cet été, le taux élevé d’inflation et les conséquences du ralentissement volontaire de la ‘’locomotive’’ allemande sont probablement à l’origine de ce résultat. La croissance de l’Allemagne sera probablement proche de zéro, se rapprochant donc de la stagnation voire d’une véritable récession qui fait planer sur le Vieux Continent le pire cauchemar : la stagflation (récession et forte inflation). Cette situation aura des conséquences très lourdes et en particulier pour l’Italie. Giorgia Meloni doit se préparer aux restrictions budgétaires. La croissance du PIB à 1% et le rapport déficit PIB à 3,7 semble de plus en plus lointains et toutes les promesses électorales formulées il y a moins d’un an s’éloignent également. Les différents ministères se disputent déjà en vue du Document programmatique de finances qui devra être remis à la Commission européenne et se concentre sur trois chapitres du budget : santé, retraites, éducation. C’est là que les experts cherchent d’éventuelles ‘’économies’’ mais ce sont aussi les sujets les plus délicats pour l’opinion publique et pour les relations au sein de la coalition de gouvernement. Rome et Bruxelles soulignent la nécessité d’une Loi de Finances ‘’prudente’’ comme l’avait déjà dit le ministre de l’Economie Giorgetti, agaçant ainsi le vice-président du Conseil et ministre des Transports Salvini. Une situation qui inquiète Bruxelles et met le gouvernement face à un choix : prendre tout de suite les mesures permettant de respecter les engagements pris (coupes budgétaires) ou bien attendre et espérer une inversion de tendance pour 2024. La seconde option est risquée et implique une possible Loi de Finances correctrice au printemps, en pleine campagne pour les européennes. » 

ENTRETIEN, Il Giornale, d’Adolfo Urso, ministre des Entreprises et du Made in Italie « Si l’Europe a changé d’avis sur l’électrique, c’est aussi grâce à l’Italie » : « ‘’Sur les dossiers évoqués lors des différentes sessions européennes, le groupe de ceux qui, comme l’Italie, déplorent une approche idéologique allant contre les intérêts industriels et d’emploi de l’Union même, devient de plus en plus large. L’Italie a imposé sa vision et maintenant d’autres pays partagent ce que nous avions dit en premiers. Il faut garder la possibilité, pendant un certain temps, de produire et de vendre les e-fuels mais aussi les bio-fuels. Sur ce secteur, l’ENI est en train de faire des pas en avant considérables. Cela en attendant que l’électrique deviennent plus efficace et accessible. Sur Stellantis, ce gouvernement est en train de faire ce que l’exécutif de l’époque de la création du groupe aurait dû faire : demander d’augmenter les investissements, même pour les projets électriques, en mettant en sécurité toute la filière italienne

Lire la suite

06/09/2023 | Lien permanent

Page : 6 7 8 9 10 11 12