19/01/2022
"L'enquête pour trafic d'influence impliquant le fondateur du M5S, Beppe Grillo."
Italie. Revue de presse.
La presse italienne titre largement sur l'enquête pour trafic d'influence impliquant le fondateur du M5S, Beppe Grillo, qui aurait reçu des fonds de la part de la société de transport maritime Moby sous le gouvernement Conte, une affaire qui impliquerait aussi l’association Casaleggio, ancien porte-parole sous ce même gouvernement. « Grillo visé par une enquête, le M5S est sous le choc » - L'enquête du Parquet de Milan concerne des contrats publicitaires entre le blog du leader et la société Moby (Corriere della Sera), « Grillo le lobbyiste » - Selon les enquêteurs, le patron de Moby aurait versé de l'argent pour obtenir de la publicité sur le blog du garant du M5S. Conte exprime sa solidarité (La Repubblica). Les discussions entre les dirigeants politiques autour de l'élection du Président de la République sont aussi largement citées « Quirinal, retour à la case Draghi » - La candidature de Berlusconi semblant désormais compromise, Salvini et Meloni annoncent un plan B. alors que Draghi rencontre Mattarella et Fico (La Stampa), « Pressions pour un remaniement après l'élection pour le Quirinal » - Berlusconi pourrait retirer sa candidature. Les partis demandent un remaniement. Le nom de V. Colao est évoqué pour l'après-Draghi (Il Messaggero), « Draghi fait ses consultations » - Tout le monde réclame son maintien au Palais Chigi, sauf lui (Fatto Quotidiano).
PREMIER PLAN, Corriere della sera, de C. Bozza, « L’affaire Grillo, un choc pour les 5 étoiles (divisés sur le Quirinal)» : « Les enquêtes sur Beppe Grillo sont un coup dur pour les 5 étoiles déjà divisés sur le Quirinal. Au cours d’une réunion restreinte qui s’est prolongée jusqu'à tard, Giuseppe Conte aurait tenté d’imposer une ligne commune : ‘’Draghi doit rester au Palais Chigi’’, mais sa proposition n’a pas fait l’unanimité. Quant au silence de Luigi Di Maio, il serait très éloquent pour certains participants. Entre l’hypothèse d’un prolongement du mandat de Mattarella, le soutien à un candidat emblématique telle que Liliana Segre ou l’hypothèse d’un boycott du scrutin si Berlusconi ne se retire pas, les 5 étoiles ne parviennent pas à une entente. L’embarras provoqué par les révélations au sujet de Beppe Grillo n’aide pas, et dans les groupes de discussion des parlementaires, c’est le grand silence qui règne. Aujourd’hui, Conte rencontrera Enrico Letta et Roberto Speranza dans l’espoir de parvenir à une convergence sur un candidat suffisamment fort pour être proposé à Salvini. Enfin, demain est prévue une assemblée des députés 5 étoiles au sujet du Quirinal : tout laisse présager un débat enflammé. »
ARTICLE, La Repubblica, G. Vitale « E. Letta et l’allié (5 étoiles) en crise : c’est le moment de garder son sang-froid » : « Lorsque le dirigeant du PD rencontrera Giuseppe Conte et Roberto Speranza ce matin pour discuter de la stratégie commune sur le Quirinal, il ira droit au but. Avec un objectif prioritaire : l’entente PD-M5S doit être renforcée, en évitant les fuites en avant et les négociations séparées avec la Ligue - notamment sur les noms - qui pourraient diviser. Il s'agit d'un message précis adressé au chef du M5S, lequel entretient des contacts avec Salvini, qui, avec Renzi, vise à marginaliser le PD. Mais aussi aux groupes parlementaires 5 Etoiles devenus incontrôlables. Il est nécessaire d'avancer ensemble - dira Enrico Letta aux alliés - en maintenant un dialogue constant entre les dirigeants, sans médiation, afin de donner plus de force à la proposition du centre-gauche et faire comprendre au centre-droit que seul, ce dernier n’ira nulle part. Sinon, comme l'a dit Peppe Provenzano, "le choix délibéré de rompre l'unité nationale aura des conséquences pour le gouvernement et la mandature". L'autre mantra d’E. Letta est de ‘’protéger Draghi". D'autant plus après le soutien de Biden et du New York Times, selon lequel le Quirinal "pourrait prolonger l'inhabituel âge d'or italien". Autant d'arguments que le secrétaire du Parti démocrate tentera d'utiliser pour vaincre la résistance de Conte, qui s'est toujours montré hostile à la candidature du Président du Conseil. Sur ce point, Conte, pour une fois, se trouve en accord avec la plus grande partie de ses députés. Mais sur ces derniers, Di Maio a déjà fait pression, d’autant plus qu’il dispose désormais d'un canal direct avec l'état-major des démocrates pour pousser Draghi à accepter la présidence de la République. Jouant le jeu de Speranza, Letta expliquera sans sophisme à Conte : à part Mattarella qui, s'il devait rester au Quirinal, "serait la meilleure des solutions", la seule candidature utile pour arriver à une élection large et rapide, et pouvant assurer le maintien de la mandature, est celle de Draghi ».
ARTICLE, La Repubblica, G. Casadio et T. Ciriaco « La pression monte pour que les électeurs positifs puissent voter à domicile » : « Les grands électeurs, contaminés et positifs, ne peuvent pas être exclus de l’élection du Président de la République. C’est une conviction qui se renforce de plus en plus et qui pourrait bientôt impliquer les deux Chambres, puisque c’est à celles-ci d’en décider de manière autonome. Elles pourraient demander au gouvernement de fournir les moyens et les instruments pour permettre aux parlementaires de voter depuis chez eux. Une implication des préfectures serait envisageable, car elles disposent de personnel délégué pour récupérer les scrutins et en assurer le transport. Il s’agirait néanmoins d’une nouveauté. Les voix des positifs demeurent déterminantes pour l’élection au Quirinal et le bras de fer entre la droite – favorable à cette hypothèse – et le centre gauche qui s’y oppose, semble ne pas s’arrêter. C’est un imbroglio à la fois constitutionnel, juridique et politique. Certains ont même imaginé un ‘Hôtel’ Covid’’ devant Montecitorio (la chambre des députés, ndlr), permettant aux électeurs positifs de se rendre dans la cour de la Chambre et de voter dans une cabine. C’est le renziste Marco Di Maio qui propose cette solution, soutenue par le centre droit. Parmi les plus sceptiques figure le Président de la Chambre Roberto Fico, en raison des nombreuses objections de nature réglementaire. A ce stade, on compte une trentaine de députés et une dizaine de sénateurs testés positifs au Covid. »
ENTRETIEN, Corriere della sera, de Massimiliano Fedriga, Président du Frioul-Vénétie-Julienne, « Personne ne peut y parvenir tout seul. Une convergence sur Draghi ? Il est capable d’assumer plusieurs postes. » : « L’origine des menaces anti-vax que je reçois est toujours la même, à savoir des personnes qui s’informent sur les réseaux sociaux. Je tiens à rappeler que la Ligue n’est pas anti-vax. J’exclus complètement de pouvoir remplacer Salvini avec Zaia et Giorgetti. Nous avons un leader pour lequel j’ai une très grande estime et en plus, j’aime ce que je fais, l’activité parlementaire est trop abstraite pour moi. Les élections du Quirinal sont une étape fondamentale pour le centre-droit et son unité. Personne n’a les voix suffisantes pour y arriver tout seul et comme Salvini est la première force de la coalition du centre-droit, il est, à juste titre, en train de dialoguer avec tous. Concernant une possible convergence sur le nom de Draghi, je n’exclus rien. J’ai une très haute considération pour sa personne, bien que l’on ne soit pas toujours d’accord. C’est une figure polyvalente qui peut endosser des rôles différents. Il est vrai que la Ligue d’aujourd’hui est différente de la Ligue de Bossi à laquelle j’ai adhéré à l'âge de 15 ans (Fedriga est aujourd’hui âgé de 41 ans, ndlr). Le ton a changé, aujourd’hui nous voulons offrir un projet pour tout le pays, du Nord au Sud, mais la substance est la même : une organisation fédérale qui prenne place à l’intérieur d’un cadre national. Quant au drapeau tricolore, il continue d’incarner des valeurs fondamentales pour moi. »
ANALYSE, La Repubblica, S, Folli « Le Quirinal et les deux idées du centre-droit » : « Le jour où Draghi se montre particulièrement dynamique avec ses rencontres institutionnelles, le réalisme semble l’emporter sur l’obstination de Berlusconi. Il est assez clair pour ce dernier que sa nomination au Quirinal va au-delà de sa seule volonté et qu’il finira par retirer sa candidature, à moins de vouloir risquer l’autodestruction. Mais les modalités de ce retrait et son timing sont encore inconnus et détermineront le résultat des jeux. Le bon sens devrait pousser Berlusconi à se prononcer avant le 24 janvier, avant le début des élections, ou avant le 4e scrutin. Il est assez probable qu’il le fasse avant, afin de gérer avec Salvini le patrimoine politique du centre droit, en évitant son implosion. A ce moment précis, la coalition de centre droit se retrouvera à un tournant de son histoire : celui de la déchéance du leadership berlusconien. C’est une bifurcation à deux chemins : un premier, déjà confirmé quand Salvini s’est présenté comme ‘’l’homme fort’’, décidé à diriger le convoi jusqu’à l’objectif final, la nomination au Quirinal d’un homme ou d’une femme du centre droit, élu à une large majorité, contre le candidat de centre gauche. Or, les noms évoqués jusqu’ici par la droite sont fragiles et la stratégie apparaît encore floue. A ce stade, Salvini exclut la solution Draghi comme candidat super partes et sur ce point il a l’accord de Berlusconi. Quant à Meloni, elle demeure silencieuse et indéchiffrable. Nous avons ainsi un Salvini devenant le représentant officiel de la droite, un jeu auquel il est peu habitué et dans lequel il doit entrer en réfléchissant également à l’équilibre gouvernemental. L’autre chemin possible est la voie traditionnelle et centriste : proposer un candidat modéré qui évite les ruptures et conduisant le centre droit vers une solution déjà expérimentée. C’est celle du dialogue, rendant possible de soutenir Draghi au Quirinal, ou proposer en accord avec le centre gauche un candidat en commun ayant le bon profil. Mais cette solution prévoit, elle aussi, la nécessité de discuter de la composition du gouvernement avant de décider du profil du président. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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