20/05/2025
"Meloni travaille pour unir Washington et Bruxelles."
Italie. Revue de presse.
Les Unes du jour portent sur l'appel téléphonique entre D. Trump et V. Poutine « Trump-Poutine, essais de trêve » (Corriere della sera), « Trump-Poutine : négociations immédiates » (Repubblica), « Trump : « faisons la paix chez le Pape » » (Stampa), « Appel Trump-Poutine : négociations oui, trêve non » (Messaggero), « Paix, l'autre bluff de Poutine » (Giornale), « Un dégel très lent » (Avvenire).
L’Ukraine, Trump et les Volontaires. Repubblica : « L'appel téléphonique avec Washington après les dernières exclusions » : « Vendredi 16 mai. Fin d'après-midi à Washington, nuit profonde à Rome. Giorgia Meloni entre enfin en contact avec Donald Trump. Et elle lui livre une plainte diplomatique qui aura des effets dans les jours à venir. Elle explique au président américain qu'Emmanuel Macron joue un jeu politique aux dépens de l'Italie. L'exclure des contacts entre les Européens et la Maison Blanche signifie affaiblir le côté conservateur européen des Maga. "Vous avez ma parole que cela ne se reproduira plus - aurait répondu le républicain, selon des sources italiennes - votre leadership a mon soutien" ». Il Messaggero : « Selon des sources de très haut niveau, la présidente du Conseil aurait bien fait attention à ne pas revenir sur « l'incident » de Tirana avec le président américain. Au centre de l'appel avec « l'ami Donald », l'idée de pousser l'initiative du Saint-Siège, c'est-à-dire d'accueillir les difficiles négociations Moscou-Kiev au Vatican. Une option sur la table, Meloni aurait fait remarquer avec force à Trump, qui pourrait favoriser le processus de paix, une paix que les négociations en Turquie n'ont pas réussi à atteindre. Et qui fait lentement son chemin chez "The Donald", peut-être aussi grâce à l'arrivée du premier pape américain de l'histoire. « Bonne idée », répétera avec conviction le magnat également dans l'appel avec les volontaires qui suit celui avec Vladimir Poutine, et qui voit Meloni de nouveau présente autour de la table. Dans la table ronde, on parle de la possibilité de reprendre les négociations au Vatican. Une option sur la table qui ferait de Rome un pion décisif sur l'échiquier. « Avec la bénédiction de Macron », plaisantent les fidèles de la présidente du Conseil, se réjouissant de la centralité retrouvée de Meloni. Dans les prochaines heures, Meloni activera les canaux avec le Saint-Siège : « l'Italie est prête à faire sa part pour faciliter les contacts et travailler pour la paix », explique un communiqué du Palais du Chigi arrivé juste après la conclusion de l'appel de Trump avec les volontaires ». Corriere della Sera : « la présence de Rome avec les autres Européens est vue comme un changement de cap, après des absences qui sont devenues matière pour une friction diplomatique, du moins entre l’Elysée et le Palais Chigi. Le porte-parole de Merz assure pour sa part que « Rome peut faciliter les contacts et faire valoir ses bonnes relations avec les Etats-Unis ». Selon le Financial Times, le Chancelier allemand aurait joué les médiateurs entre ses collègues français et italien. Bref, Trump et Merz ont travaillé pour combler les distances entre Rome et Paris ». La Stampa : « La bouée de sauvetage de Meloni » : « la présidente du Conseil a été rassurée à plusieurs reprises par le président américain sur son rôle, après les frictions flagrantes avec Macron. La Maison Blanche a utilisé le format Quint pour la ramener à la table après s’être retrouvée dans un cul-de-sac médiatique à la suite des frictions avec Macron et après son exclusion de la Coalition des volontaires. Mais le porte-parole allemand parle toutefois de « formats fluides » pour les prochaines réunions, laissant comprendre que tout peut encore changer ». Sole 24 Ore : « Dans le communiqué diffusé par le Palais Chigi, il est évoqué un ‘’début immédiat des négociations’’ faisant référence directe à la disponibilité du Pape à héberger les colloques de paix au Vatican. ‘’l’Italie est prête à jouer sa part afin de faciliter les contacts et à travailler pour la paix’’. Par ailleurs, les 10 et 11 juillet se tiendra à Rome le « Ukraine Recovery Conference » : si cela devait arriver proche d’un cessez-le-feu, cette conférence aurait un poids encore plus important ». Corriere della Sera : « Selon le dirigeant d’Italia Viva, Matteo Renzi ‘’Meloni utilise la politique étrangère pour relancer des fakes news. Avoir dit qu’au sommet de Tirana l’envoi des troupes aurait été évoqué, tout en sachant qu’il s’agissait d’une fausse nouvelle, est très grave. L’Italie est en train de perdre de crédibilité. Ils ont choisi Macron juste parce qu’il n’est pas apprécié par Meloni, qui gère les rapports internationaux comme des caprices infantiles’’ »
Droits de douane. Sole 24 Ore « Ursula von der Leyen attend toujours l’invitation officielle de la part de la Maison Blanche. Toutefois, le Palais Chigi est persuadé que la rencontre de dimanche entre la présidente de la Commission et le vice-président américain JD Vance a marqué un tournant : ‘’nous nous attendons à des suites dans de courts délais’’, assurent des sources proches du Palais. Il y a la conviction que ce rapprochement peut se concrétiser avant le G7 au Canada prévu pour la mi-juin, quand il manquera juste deux semaines à l’ultimatum de 90 jours de trêve sur les droits de douane décidé par Trump. Les prévisions de croissance diffusées hier confirment la gravité des conséquences d’une guerre commerciale, notamment en Europe et aux Etats-Unis ».
La limite du troisième mandat. Sole 24 Ore : « Le gouvernement se saisit de la question du troisième mandat [à la présidence des régions] ». « Au dernier moment, le Conseil des ministres saisit le Conseil constitutionnel, contre l’avis de la Ligue, concernant la loi de la province autonome de Trente permettant au léguiste Maurizio Fugatti de se présenter pour un troisième mandat à la tête de la région. Les juges constitutionnels s’étaient déjà opposés à la possibilité d’effectuer un troisième mandat pour les présidents de régions à statut conventionnel et ce sera donc probablement le cas aussi pour les régions autonomes, ce qui concerne donc aussi le président du Frioul Vénétie Julienne, M. Fedriga. L’enjeu est en réalité le pouvoir de la Ligue établi au Nord depuis des décennies, un pouvoir menacé par l’ambition du parti de Giorgia Meloni de conquérir la présidence d’au moins deux régions italiennes de poids. Lors du conseil des ministres, G. Meloni a fait valoir un souci d’homogénéité dans la règlementation et a appelé à attendre le verdict de la Cour constitutionnelle pour envisager une solution équilibrée à l’échelle nationale. En échange, si l’on peut dire, la présidence de la Vénétie sera laissée au léguiste Luca Zaia. Sans compter la possibilité pour la Ligue de continuer à agiter la promesse de l’autonomie régionale différencier avec l’approbation de la compétence du ministre Calderoli pour la définition des ‘niveaux essentiels de prestations’. ». La Stampa « « Il ne faut pas attribuer trop d’importance à cette rupture : dans une coalition, il est toujours possible de trouver un point d’équilibre entre des visions différentes ; y compris sur des thématiques cruciales. Salvini sait qu’il peut tirer sur la corde autant qu’il voudra. Toutefois, il évitera de pousser Meloni à demander des élections anticipées en faisant retomber la responsabilité sur lui. Meloni pourrait renoncer à la Région Vénétie mais demandera en contrepartie le Trentin-Haut-Adige, le Frioul-Vénétie-Julienne et la Lombardie »
L’autonomie régionale. Messaggero : « Autonomie différenciée des régions, discussion autour des ‘niveaux essentiels de prestations’. La Présidence de la République met en garde contre d’éventuels abus ». « Le processus autour de l’autonomie régionale différenciée est relancé après une longue période de suspens provoquée par une sentence constitutionnelle de 2024. Le Conseil des ministres a approuvé un projet de loi formulant les critères pour la définition des niveaux essentiels de prestation que devront assurer chaque région en matière de service public, sur demande du Conseil constitutionnel dans le souci de garantir un accès égal aux droits et aux services pour tous les citoyens. Au même moment le chef de l’Etat a mis en garde face à de possibles dérives liées au régionalisme. Parmi les secteurs concernés figurent l’enseignement, l’énergie (production et distribution), les grands réseaux de transports pour lesquels la règlementation européenne prévaut, et sur lesquels les experts constitutionnels porteront une attention particulière. Dans son discours, le Président de la République a évoqué le système sanitaire déjà régionalisé : ‘une stratégie commune et la collaboration entre les institutions sont nécessaires pour dépasser d’intolérables écarts entre les différents systèmes de santé régionaux et garantir une protection universelle’. »
Plan Mattei. Messaggero : « Lors du Sommet organisé à Rome sur le Plan Mattei, Ursula von der Leyen sera présente elle aussi » : « Giorgia Meloni présidera le 20 juin prochain un sommet sur le Plan Mattei, avec la présidente de la Commission européenne. ‘Rome mise sur une nouvelle centralité de la Méditerranée, tout en soutenant la vocation géostratégique de l’Italie comme hub énergétique et plateforme d’interconnexions’ a déclaré la Présidente du Conseil italienne. Un précédent sommet organisé en mars dernier avait réuni 400 participants et avait porté sur les infrastructures physiques et numériques, l’agriculture et l’énergie. Le gouvernement présentera à la Chambre son rapport annuel le 30 juin et devrait évoquer à cette occasion son ‘Plan pour l’Afrique’ dont les projets pilote s’étendront à cinq nouveaux pays : Angola, Ghana, Mauritanie, Sénégal et Tanzanie, en plus des neuf pays déjà impliqués. L’activation de nouveaux outils de financement des projets et le renforcement du lien entre le Fonds pour le Climat et les objectifs du plan Mattei ont également été annoncés par G. Meloni. »
Corriere della Sera, Giovanni Donzelli, coordinateur national de Fratelli d’Italia : « « Meloni travaille pour unir Washington et Bruxelles, les résultats sont évidents. Pour être crédible, elle n’a pas besoin de courir derrière chaque rendez-vous en présentiel, si elle n’est pas convaincue de l’objectif de la réunion. Les Volontaires avaient été un peu trop pressés au début, en évoquant des troupes en Ukraine sans un accord international. Maintenant, Meloni a obtenu deux résultats : Tout d’abord, elle a fait dire à Macron de manière claire qu’il n’y avait aucune volonté d’envoyer des troupes européennes sans un cadre ONU, pour maintenir une paix atteinte. Deuxièmement, elle a favorisé le dialogue, ce n’est pas un hasard si le porte-parole de Merz a dit que le nouveau format élargi européen (comprenant aussi l’Italie) a été souhaité par Trump lui-même, justement pour impliquer Meloni qui est un pont entre l’Europe et les Etats-Unis. L’Italie le fait en tant que pays européen, pour éviter de construire de murs. Nous sommes en train d’y parvenir et c’est là un résultat énorme. »
Giovanni Donzelli
La Stampa, Francesco Lollobrigida (Frères d’Italie), ministre de l’Agriculture : « Il n'y a aucun problème au sein de la majorité. Nous sommes disposés à ouvrir un débat sur le troisième mandat. Nous n'avons jamais eu de position préconçue. Nous pensons simplement que les collectivités locales ne peuvent pas décider chacune de leur côté. Aujourd'hui, il faut une clarification politique afin que le gouvernement puisse définir des règles de participation aux élections qui soient les mêmes pour tous, sur l'ensemble du territoire national. Matteo Salvini a déjà précisé qu'il s'agissait d'une question locale et je partage son approche. Il est légitime d'être en désaccord, car ce n'est pas une question politique et cela ne figure pas dans le programme du gouvernement, mais cela s'arrête là. Nous ne voulons pas déclencher de crise ».
Francesco Lollobrigida
Corriere della Sera, Roberto Calderoli (Ligue) ministre pour les Affaires Régionales « J'ai simplement souligné, hier, ce que signifie rejeter la loi d'une région autonome et pourquoi, à mon avis, il s'agit d'une grave erreur. J’ai également souligné qu’avant le ministre Lollobrigida, – qui a demandé mardi de saisir la Cour Constitutionnelle contre la loi de la Province autonome de Trente – personne ne l’avait fait. Ni la ministre des Réforme Casellati, ni le ministre de l’Intérieur, qui est le plus compétent en la matière. Par ailleurs, la décision de la Cour Constitutionnelle contre la loi de la région Campanie, avait bien expliqué : ‘’Les régions à statut ordinaire dotées de compétences concurrentes sont une chose, mais les régions autonomes, où les règles découlent d'une norme constitutionnelle, en sont une autre’’ ».
Roberto Calderoli
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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