30/04/2025
"La Hongrie se retire de la CPI, coup de froid entre Salvini et Tajani."
Italie. Revue de presse.
Les Unes du jour portent sur les salaires en Italie « Salaires, le signal d'alarme de Mattarella » (Corriere della sera), « Salaires trop bas » (Repubblica), « Morts au travail et salaires, Mattarella accuse » (Stampa), la guerre en Ukraine « Tajani : « la paix d'ici la fin de l'année » » (Stampa), les droits de douane « Sur les étiquettes, le coût des droits de douane. La Maison Blanche : « Amazon est hostile » » (Corriere della sera), « Trump, dispute avec Amazon et moins de droits de douane pour les voitures » (Repubblica), « Trump-Amazon, dispute sur les droits de douane » (Messaggero), la visite du Président Erdogan en Italie (Messaggero, Giornale) et les élections au Canada (Corriere della sera, Repubblica).
La visite de R. Erdogan à Rome. Messaggero : « Rapprochement de G. Meloni et R. T. Erdogan sur l’immigration et la Défense, ‘des échanges à hauteur de 40 milliards’ ». « L’Italie et la Turquie visent d’élever les échanges commerciaux à 40 milliards d’euros, soit 10 milliards de plus qu’actuellement. Le président turc était hier à Rome pour renforcer l’axe avec Rome. Neuf accords ont été signés et il y a eu une déclaration conjointe. Erdogan a loué ‘l’approche courageuse et déterminée’ de la Présidente italienne du Conseil. Il rappelle que l’Italie est le premier partenaire économique turc en Méditerranée et ouvre grands les portes de la Turquie aux entreprises italienne ‘y compris comme porte d’accès à l’Asie, au Moyen-Orient et à l’Afrique’. Il insiste sur la ‘nécessité de mettre à jour les accords douaniers entre la Turquie et l’Europe’ dans le contexte de tensions avec l’administration américaine, misant sur l’approche italienne pour un ‘accord gagnant-gagnant’. La Turquie est devenue un pion fondamental dans l’échiquier international. Erdogan est également revenu sur son attachement à ‘l’intégrité territoriale de l’Ukraine’. Le journal allemand Bild a décrit Giorgia Meloni comme la ‘leader secrète d’Europe’. ». Messaggero : « Alliance entre Ankara et Rome sur les drones ; des accords aussi sur les réseaux, le gaz et les infrastructures ». « Des accords de coopération dans des pays tiers ont été signés hier. Ne serait-ce que la société italienne d’assurance des entreprises SACE a signé des accords pour 1 milliard et Cassa Depositi e Prestiti pour 50 millions, outre la plateforme d’échanges entre les entreprises des deux pays lancée au début du mois. Le point culminant de la rencontre bilatérale a été l’annonce de la joint-venture entre Leonardo et Baykar pour la production de drones destinés à l’armée italienne et à l’exportation. La bureaucratie européenne sera allégée pour le partenaire turc. Le partenariat en matière de télécommunications s’appuie sur le mémorandum ente Sparkle et Turkcell pour un câble sous-marin qui partira d’Izmir. Enfin, G. Meloni a promis ‘un approfondissement en matière de matières premières rares’, notamment avec le développement du gisement de gaz de Sakarya où l’Italie est au premier rang. »
Le PPE. Il Foglio « Naissance d’un axe entre Tajani et Merz » : « le dirigeant de Forza Italia veut une alliance encore plus étroite avec la CDU, cela afin de relancer son parti et aussi pour tenter de rapprocher le parti de Meloni de la famille européenne des populaires. L’article très flatteur d’hier du Bild sur Meloni n’est pas un hasard. Dans la nouvelle Europe, le PPE de Merz pourrait jouer les médiateurs entre Macron et Meloni, favorisant une entente à trois ». Sole 24 Ore : « Manfred Weber réélu, le PPE vise à imposer à l’Union un tour de vis sur l’immigration irrégulière et soutient le modèle albanais lancé par l’Italie pour gérer ce phénomène ». Il Giornale : « dans un entretien accordé à ce quotidien, le président du PPE M. Weber expose ses propositions pour renforcer l'Union européenne. Il met en avant quatre priorités : la croissance économique, la compétitivité, la sécurité et la lutte contre l'immigration illégale. Weber insiste sur la nécessité de réduire la bureaucratie, de soutenir l'innovation et d'investir davantage dans la défense commune, avec un plan de 800 milliards d'euros pour créer un "bouclier de sécurité" unissant l'Europe et garantissant la paix. Sur l'immigration, il plaide pour une position plus ferme, notamment en protégeant les frontières et en collaborant avec les pays tiers pour contrôler les flux migratoires. Weber salue également le rôle central de l'Italie, citant le pacte sur l'immigration et l'asile comme exemple de coopération européenne. Il remercie Giorgia Meloni et Antonio Tajani pour leur collaboration avec Ursula von der Leyen et lui-même, soulignant l'importance de l'Italie dans une Europe unie et prospère. Enfin, il mentionne le modèle albanais comme exemple de réussite dans la gestion des flux migratoires, tout en insistant sur la nécessité d'une approche européenne coordonnée ».
La CPI et la Hongrie. Repubblica : « La Hongrie se retire de la CPI, coup de froid entre Salvini et Tajani ». « Le leader de la Ligue qualifie de ‘choix de justice et de liberté, de souveraineté et de courage’ la décision de Viktor Orban. ‘C’est son opinion, et je ne la partage pas. L’Italie ne fera pas de même’ précise le ministre des Affaires étrangères. L’irritation se fait sentir également au sein de Fratelli d’Italia avec toutefois pour indication de rester en dehors de la polémique. Les commentaires hors micros indiquent que ‘c’est une chose de critiquer un organisme qui a démontré son mauvais fonctionnement’ mais c’en est une autre de ‘clamer un retrait du reste très difficile à mettre en pratique’. Mais les frictions avec La Haye sont bien là, l’Italie faisant l’objet d’une procédure d’infraction suite à l’affaire Almasri. Par ailleurs, si Vladimir Poutine s’était rendu en Italie pour les funérailles du Pape, il n’aurait pas été arrêté car le mandat d’arrêt n’a pas été transmis par le ministre Carlo Nordio au Procureur général, contre l’avis de son cabinet. De son côté, l’opposition remue le couteau dans la plaie. »
Salaires et emploi. La Repubblica « Le président Sergio Mattarella a souligné hier que les salaires en Italie sont ‘’insuffisants et inadéquats’’, un problème qui affecte particulièrement les jeunes et les migrants. Il a également appelé à renforcer la sécurité au travail, dénonçant les nombreuses morts sur les lieux de travail comme une "plaie inacceptable". En effet, le pouvoir d'achat des Italiens a fortement baissé par rapport à d'autres pays européens, avec des salaires réels inférieurs à ceux de 2008, malgré une reprise économique à partir de 2024 ». La Stampa : « Les syndicats, comme la CGIL et la UIL, reprochent au gouvernement de ne pas les avoir consultés et de ne pas avoir pris de mesures concrètes pour augmenter les salaires ou renforcer la sécurité au travail. L'opposition, notamment Elly Schlein (PD), demande l'instauration d'un salaire minimum pour lutter contre l'exploitation ». Repubblica : « Dans un entretien accordé à ce quotidien, Elly Schlein, secrétaire du Parti démocrate (PD), dénonce l'inaction du gouvernement Meloni face à la crise salariale en Italie. Selon elle, 9 % des travailleurs à temps plein vivent dans la pauvreté, une situation aggravée par des inégalités croissantes et des salaires inférieurs à ceux d'autres pays européens. Schlein critique vivement le refus de la majorité d'introduire un salaire minimum, une mesure soutenue par 70 % des Italiens. Elle accuse également le gouvernement de précariser le travail et de ne pas soutenir suffisamment les familles et les entreprises face à l'inflation et aux coûts énergétiques élevés ». Corriere della Sera : « Le gouvernement de Giorgia Meloni prévoit de débloquer des fonds (entre 600 millions et 1 milliard d'euros) pour améliorer la sécurité au travail, notamment en renforçant la formation des travailleurs et en intensifiant les contrôles. Ces mesures seront discutées avec les syndicats et les associations d'employeurs, bien que ces derniers critiquent le manque de dialogue préalable ». Foglio : « le gouvernement cherche désespérément de l’argent pour ce faire et se concentrera surtout sur les mesures pour la sécurité au travail »
Les Banques. Corriere della Sera : « Concernant l’OPS de Mediobanca sur Generali et la possibilité d’une utilisation du Golden power, le gouvernement Meloni jugera sur la base de la tutelle des économies des Italiens. Ce sera la ligne rouge à ne pas franchir. L’impression est que l’exécutif veuille comprendre les possibles évolutions et les retombées d’un mouvement banquier difficile à interpréter et qui voit d’une part Fdi et Ligue hostiles et d’autre part FI favorable ou du moins neutre ». Stampa : « La fièvre du Risiko bancaire : la Bourse de Milan salue les derniers mouvements du groupe de Nagel avec une pluie d’achats primant notamment Mediobanca au lendemain de son offre à hauteur de 6,3 milliards pour Banca Generali. Il s’agit d’une part d’une stratégique d’attaque, pour créer une société leader dans la gestion patrimoniale, mais aussi défensive afin de rendre plus compliquée l’escalade lancée par BMPS. Plus les actions de Mediobanca montent, plus il sera difficile pour la banque de Sienne ne pas penser à revoir son offre initiale ».
Le Conclave. Certains articles rapportent une rivalité présumée entre Giorgia Meloni et Emmanuel Macron à l’occasion du conclave pour l'élection du nouveau pape. « Le gouvernement italien, notamment via le sous-secrétaire Alfredo Mantovano, soutient des candidats conservateurs comme Pietro Parolin ou Giuseppe Betori, tandis que Macron est soupçonné de favoriser le Cardinal Matteo Zuppi, proche de la communauté de Sant'Egidio » (Il Fatto Quotidiano). « La droite italienne accuse Macron de vouloir influencer le conclave, alimentant des théories de complots français. Ces tensions reflètent des divergences politiques et idéologiques, avec Meloni opposée aux positions progressistes de Zuppi. La presse de droite italienne critique vivement l'ingérence supposée de Macron, qualifiant le conclave de "complot international". Les relations entre la France et l'Italie sont toutefois jugées meilleures que ce qui est souvent rapporté, malgré des tensions économiques et politiques » (Il Foglio).
La Stampa, entretien de Antonio Tajani (FI), ministre des Affaires étrangères : « La trêve de Poutine n'est qu'un bluff, il ne s’agit pas d’un véritable cessez-le-feu. C'est à Poutine de faire le premier pas. Il doit donner une réponse à Trump, qui n'est pas encore arrivée, contrairement à celle de Zelensky. Les négociations repartiront sur de nouvelles bases. Chacun dira ce qu'il a à dire, puis on cherchera une médiation. […] Concernant le plan franco-britannique des Volontaires, cela est prématuré, mais nous sommes prêts à faire notre part, toujours sous l’égide de l’ONU. Nous sommes en train d’organiser à Rome une conférence pour la reconstruction de l’Ukraine. Il y a déjà eu un événement préparatoire à Bruxelles et il y en aura un à Vérone. Je suis convaincu que la guerre en Ukraine prendra fin cette année. […] G. Meloni était sur la place Saint-Pierre, elle a participé aux obsèques du Pape, elle a rencontré les dirigeants à leur arrivée. Quant à la rencontre entre Trump et Zelensky, cela s’est fait en forme privée, il n’y a pas besoin d’y attribuer d’autres significations. Concernant la rencontre à Rome entre les délégations iraniennes et américaines ce samedi, je m’attends à des signaux importants. Le choix de Rome est déjà en soit symbolique, cela signifie que l’Italie est crédible. Nous pouvons contribuer [à ce dialogue]. L’Europe doit se remettre sérieusement à s'occuper des grandes questions : l'immigration, la défense et la politique industrielle. Il faut une véritable application du principe de subsidiarité et un système qui impose moins de règles. J'ai proposé, et le PPE a accepté, d'adopter la règle « une nouvelle règle, deux abrogées » afin d'alléger la bureaucratie. Nous proposons également : la fusion des fonctions de président du Conseil européen et de président de la Commission ; l'élection directe de ce nouveau président ; plus de pouvoirs au Parlement européen. Il faut également remettre en question le principe de l'unanimité, afin de parvenir à dépasser le droit de veto. Quant à la clause de sauvegarde pour le réarmement, nous verrons. Le choix de l’Allemagne est courageux, cela marque une rupture. L’Italie n’a pas encore tranché. La confrontation interne est naturelle mais, à la fin, ce sera le sens de responsabilité qui s’imposera. […] Au cours de ces 100 jours, Trump a eu un mérite : il a secoué l'Europe. Il nous a fait comprendre que nous devons compter davantage sur nous-mêmes. Toujours au sein de l'alliance atlantique, mais nous devons faire notre part. Nous, en tant qu’Italie, nous allons annoncer l’objectif des 2% du PIB pour la défense. L’essentiel, c’est que l’Europe et les Etats-Unis se parlent ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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