14/02/2025
"Trump : les droits de douane pour les alliés "pires que les ennemis"."
Italie. Revue de presse.
Les Unes sont consacrées ce matin à l'Ukraine « Zelensky : « pas de pacte sans l'Ukraine » » (Corriere della Sera), « Coup d'envoi des négociations » (Stampa), « Ukraine, négociations sans l'UE » (Messaggero), Les droits de douane « Droits de douane, le coup de poing de Trump » (Repubblica), « L'arnaque mondiale » (Stampa), « Le président américain signe pour des droits de douane réciproques » (Messaggero), « Trump : les droits de douane pour les alliés « pires que les ennemis » » (Giornale), et l'IA « Argent et talents, l'Europe s'active pour relever le défi de l'IA » (Corriere della Sera).
Les JT couvrent essentiellement, outre les sujets traités par les quotidiens, l’attentat terroriste à Munich, les intempéries avec des pluies torrentielles dans le centre de l’Italie et la nomination des juges constitutionnels.
Gouvernement. – Il Messaggero : « Giorgia Meloni change de méthode ; le signal adressé à la Présidence de la République et maintenant le ‘dossier Albanie’ ‘’. ‘’Giorgia Meloni étudie les prochains coups à jouer, aux prises avec beaucoup de problèmes à résoudre. Elle envoie des signaux de détente, aux magistrats et à la Cour pénale internationale pour n’en citer que quelques-uns, appelle les oppositions (Elly Schlein et Giuseppe Conte) après des semaines de guérilla afin de trouver un accord sur la Cour constitutionnelle adressant ainsi un signal à la Présidence de la République qui fait comprendre sa ‘satisfaction’ à la suite de la nomination des quatre juges de la Cour et pour la méthode employée. Mais il y a encore beaucoup d’objectifs à atteindre, raison pour laquelle elle a notamment raté le sommet international sur l’Intelligence artificielle, envoyant à Paris le ministre des Entreprises Adolfo Urso (Frères d’Italie). Idem pour la Conférence sur la sécurité à Munich. Après un mois de missions, Giorgia Meloni a renoncé à son agenda international se retranchant au Palais Chigi, siège de la Présidence du Conseil, pour gérer de tout autres ennuis. Elle serait inquiète de la fuite d’informations sur les journaux, signe d’un malaise au sein des services de renseignements, et des ‘surprises’ pourraient prochainement apparaitre dans la presse. Matteo Renzi l’attaque ‘on a invité le pape au G7 dans les Pouilles pour parler d’IA et ensuite G. Meloni ne se présente pas à Paris ?! C’est le symptôme des difficultés dans lesquelles elle se trouve’’. ‘’Enfin il y a le dossier des centres pour migrants en Albanie, qui nécessite de jongler entre plusieurs interlocuteurs, de l’UE à Tirana en passant par le Président italien. Les techniciens du gouvernement continuent à travailler dans l’attente du verdict de la Cour de justice européenne, pour transformer l’usage des hotsposts de Shengjin et Gjader pour en faire un centre pour migrants se trouvant en Italie et déjà visés par un décret d’expulsion. Il faudra surmonter les résistances du Président albanais pour revoir le protocole d’accord. »
Droits de douane. – Repubblica : « Prise de court par Trump, Meloni change de ligne et appelle von der Leyen « nous répondrons de manière unie » : « La présidente du Conseil comptait jouer toute une autre partie avec Trump, notamment sur les droits de douane, mais aussi sur l’Ukraine. Elle comptait devenir dès le début l’Européenne en mesure de parler à la Maison Blanche, sans intermédiaires. Elle y croit toujours, mais à ce stade elle doit gérer un fait : Trump est en train de frapper l’Europe sans faire de distinctions. Il tente de la désarticuler. Meloni a dû par conséquent faire des démarches informelles et nécessaires : elle a communiqué à la Commission Européenne que l’Italie sera aux côtés de Bruxelles dans les réactions aux taxes imposées par Washington. Ainsi, Meloni adhérera à la ligne promise par von der Leyen et soutenue par Macron ». – Sole 24 Ore : « D’après le rapport du Centre d’études de Confindustria : pour l’Italie (et pour l’Europe) il y aurait des risques élevés en raison des connexions économiques extrêmement profondes puisque les États-Unis sont la première destination hors UE pour les exportations italiennes de biens et de services et la première pour les investissements étrangers directs. La note souligne que les exportations italiennes sont plus exposées que la moyenne de l'UE au marché américain : 22,2 % des ventes contre 19,7 % pour l'UE. Parmi les secteurs les plus exposés figurent les boissons (39 %), les véhicules à moteur et autres équipements de transport (30,7 % et 34 %) et les produits pharmaceutiques (30,7 %). À l'inverse, les importations italiennes sont moins dépendantes que la moyenne de l'UE : 9,9 % contre 13,8 % des achats hors UE ». – Messaggero : « Boissons, médicaments et automobile, les secteurs [italiens] les plus exposés aux tarifs douaniers des Etats-Unis’’. ‘’La Confindustria indiquent que les nouveaux droits de douane de D. Trump risquent de frapper les principaux secteurs italiens d’import-export avec les Etats-Unis : machine et équipements d’usine (premier exportateur), médicaments (premier importateur, les secteurs automobile et alimentaire, qui tous ensemble, génèrent près des ¾ du surplus commercial italien vis-à-vis des Etats-Unis, s’élevant à 40 milliards environ. Par ailleurs, l’industrie européenne a bouclé l’année 2024 de la pire des manières. Après 12 mois, la première économie continue à aller mal avec une production allemande qui recule de 4%, -1,2% en France et -7,1% en Italie. C’est surtout la situation de l’Allemagne, la locomotive, qui inquiète. Avec une industrie allemande qui achète de moins en moins à l’Italie, les droits de douane américain pourraient appauvrir encore plus le pays. Confindustria souligne les ‘connexions économiques extrêmement profondes’ entre Italie et Etats-Unis. »
Migrants. Il Foglio - « La France soutient l’Italie sur le modèle Albanie, et figure parmi les pays - douze au total - qui ont présenté des « observations écrites » à la Cour européenne de justice lors de l'audience prévue le 25 février prochain « concernant les affaires préjudicielles C758/24 et C759/24 soulevées par le Tribunal ordinaire de Rome sur la question des pays sûrs ». Il s’agit d’une démarche à fort impact politique et diplomatique que le Palais Chigi et l’Intérieur sont en train de jouer pour tenter de sortir des sables mouvants albanais. Parmi les arguments du ministre Piantedosi, il y a l’interprétation de la décision de la Cassation de la Cour de Justice européenne qui rappelle que c’est à l’exécutif de faire la liste des pays sûrs et que le juge peut s’y opposer uniquement dans des cas spécifiques où la violation de normes UE est évidente. Quoi qu’il en soit, le soutien français au modèle albanais demeure la nouvelle du jour ». – Repubblica : « Le gouvernement reporte le décret sur les centres en Albanie. Selon la police pénitencier en quatre mois 320 000 € ont été gaspillé pour payer le personnel censé assurer la garde à la petite prison de Gjader qui jusque-là n’a jamais accueilli personne. Un an après la ratification du protocole avec Tirana, Medihospes, la société qui avait remporté l’appel d’offre pour la gestion des centres, a décidé de licencier la plupart de ses employés, environ une centaine. Pour sa part, le ministre de l’Intérieur Piantedosi (indépendant) répond que ‘’nous ne viderons pas les centres en Albanie’’. Or, nul ne sait comment le gouvernement aurait l’intention de les remplir. L’hypothèse de les transformer en centres de rapatriement des migrants irréguliers rencontrerait plusieurs obstacles juridiques au point où les bureaux de l’Intérieur et du Palais Chigi se retrouverait en impasse, d’où l’annonce du report du décret annoncé. Au sein du gouvernement une réflexion est en train de se frayer un chemin sur le fait qu’il soit préférable attendre que la Cour de Justice européenne se prononce sur le décret concernant les pays considérés comme sûrs par l’Italie. »
Hausse des prix énergétique. – La Stampa « Dans dix jours ce sera le troisième anniversaire depuis le début de l’invasion russe en Ukraine et l’Europe a encore un gros problème : l’énergie. L’hypothèse qui commence à circuler à Bruxelles est celle d’introduire un plafond européen au prix du gaz. L’Europe est encore vulnérable de ce point de vue. A cela s’ajoute la guerre commerciale de Trump qui pousse l’Europe à des rétorsions sur les importations du gaz liquide. Pour le gouvernement italien il s’agit d’une tuile inattendue. Le prix du gaz est déjà beaucoup plus élevé en Italie par rapport à la plupart des pays partenaires. Le ministre de l’Economie Giorgetti, interrogé au Sénat, a annoncé des mesures dans les prochaines semaines pour aider les foyers et les entreprises. L’association des consommateurs Assoutenti dénonce : ‘’les prix ont haussé de +21% en un an’’. Entretemps, les partis d’opposition critiquent l’exécutif d’inertie ».
Ukraine. La Stampa : « Meloni joue les équilibristes entre l’Amérique et l’UE » : « L’assurance avec laquelle Meloni rassurait l’Europe sur la distance entre ‘’ce que Trump dit et ce que Trump fait’’ cède le pas au doute sur le fait que l’Italie puisse se retrouver prise au piège entre un rapport privilégié avec l’administration américaine et la certitude du fait qu’il soit impossible de renier son ADN européen. Au sein du gouvernement, il y a la crainte de se retrouver à devoir choisir entre les deux. D’où les déclarations très équilibrées du ministre des affaires étrangères Tajani ou du ministre de la Défense Crosetto. Le sens de l’appel italien est le suivant : Bruxelles doit tirer le meilleur parti d'une situation compliquée. C'est-à-dire ne pas exaspérer l'unilatéralisme trumpien mais se montrer indulgent à l'égard de son pragmatisme. Un peu comme elle l'a déjà fait lors du Conseil européen informel à propos des droits de douane que le président américain est prêt à imposer aux Vingt-sept ». – Fatto Quotidiano : « Ursula, Macron et compagnie : Trump efface l’Europe ». Les dirigeants européens sont pris au dépourvu par le revirement de Washington : Trump exige que l’Ukraine cède des territoires, renonce à l’OTAN et que l’Europe, exclue des négociations entre la Maison-Blanche et le Kremlin, prenne en charge la reconstruction et le maintien de la paix. Von der Leyen, en réunion avec le vice-président Vance à Paris lors du sommet sur l’IA pendant que l’émissaire américain négociait à Moscou, et Scholz n’auraient pas été informés. La Haute Représentante Kallas appelle à un rôle central de l’UE, mais Von der Leyen, engagée dans des négociations secrètes avec Washington pour éviter une guerre commerciale, reste silencieuse. Seule la France s’oppose fermement : ‘’Nous restons attachés à l’idée d’un parcours de l’Ukraine vers l’OTAN. Pas de paix sans garanties de sécurité qu’elle soit équitable et durable’’, tranche Jean-Noël Barrot. Des gages que le Président Macron avait proposés pour obtenir par l’envoi en Ukraine de troupes de l’OTAN, malgré le scepticisme des observateurs internationaux. Trump exige un effort de défense à 5 % du PIB, Rutte plaide pour dépasser 3 %, alors que la plupart des États stagnent autour de 2 % – l’Italie reste à 1,5 %. Mais le frein budgétaire persiste, notamment pour la France, dont le déficit a dépassé 6 % en 2024, le double du seuil autorisé par le Pacte de stabilité. Crosetto avertit : ‘’L’éclatement de l’Alliance est le plus beau cadeau pour Poutine’’ ». »
Il Messaggero, Adolfo Urso (Frères d’Italie), ministre des Entreprises et du Made in Italy : « Les guerres commerciales tuent l’industrie, l’UE doit faire en sorte de relancer les secteurs automobiles et de l’acier et se doter immédiatement d’une véritable politique industrielle afin de redevenir compétitive face aux autres acteurs globaux’’. ‘’L’Europe ne peut pas se permettre de pénaliser ses industries stratégiques dans un tel moment’’. ‘’L’Italie a été la première à dénoncer les folies du Green Deal et a promu une vaste réforme des règles européennes sur les secteurs les plus énergivores. Le Competitiveness Compass est un premier pas qui doit se traduire en mesures concrètes’’. ‘’Evitons tout scénario de conflit avec les Etats-Unis qui serait préjudiciable pour tout le monde. En particulier pour l’Italie, devenue l’année dernière le quatrième pays exportateur au monde. Giorgia Meloni peut construire un pont avec Washington et éviter l’escalade’’. ‘’Nous exportons 160 000 tonnes d’acier aux Etats-Unis, nos marchés sont ailleurs. Les droits de douanes américains ne sont pas le problème, mais la politique européenne’’. ‘’Sur l’automobile nous avons obtenu un résultat important avec le Plan Italie de Stellantis qui replace notre pays au centre de la stratégie du groupe avec 2 milliards d’investissements pour les sites italiens’’. ‘’Concernant l’énergie, nous nous intéressons à des solutions structurelles telles que le nucléaire de nouvelle génération, qui sera disponible dans les prochaines années’’. ‘’L’Italie, suite à l’accord entre Baykar et Piaggio Aero, peut devenir acteur dans la production de drones et nous étudions d’autres alliances avec des entreprises du secteur, telles que Leonardo, pour renforcer notre secteur aérospatial et notre leadership en Europe. »
Il Mattino, A. Tajani (Forza Italia), ministre des Affaires étrangères italien : « L’Italie peut jouer un rôle de pont entre Washington, Moscou et Kiev et sera un acteur clé de la reconstruction ukrainienne lors de la conférence du 11 juillet à Rome. Nous sommes favorables à une défense européenne commune et à l’augmentation de la contribution à l’OTAN, mais avec des garanties économiques : la révision du Pacte de stabilité, les Eurobonds ou la réaffectation des fonds inutilisés du MES et du PNRR. L’Ukraine ne sera jamais russe, mais l’élargissement de l’UE passe d’abord par les Balkans. Sur les droits de douane, l’Italie reste le meilleur ambassadeur de l’UE et un accord avec les États-Unis est envisageable. De la part du gouvernement italien il n’y a aucune volonté de délégitimer la CPI : sur l’affaire Almasri, l’Italie soulève uniquement des questions procédurales d’ordre juridique. ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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