04/02/2025
"Giorgia Meloni : "Il faut négocier avec Trump.""
Italie. Revue de presse.
Les Unes du jour portent sur les droits de douane « Droits de douane et marchés, Trump négocie » (Corriere della Sera), « Droits de douane, l'UE avertit Trump » (Repubblica), « Droits de douane, un axe Europe-Canada » (Stampa), « Trump encaisse, droits de douane suspendus » (Messaggero) et l'affaire Almasri « Almasri, les ministres au Parlement » (Messaggero), « Almasri libéré et les limites de la raison d'Etat » (Repubblica).
- L’Union Européenne :
Corriere della Sera : « L’UE semble bouger de manière unie, du moins en apparence. Le mot d’ordre à l’issue du dîner d’hier soir était « évitons le mur contre mur ». Sur la stratégie « buy american » proposée par la Commission, certains pays s’y opposent, comme la France de Macron, qui insiste sur le fait qu’il est nécessaire de « préférer les achats européens ». – Il Foglio : « Scholz se montre plus prudent par rapport à Macron, ce dernier étant prêt à relever le défi contre la politique commerciale de Trump. Entretemps, la Commission tente d’organiser la première rencontre entre von der Leyen et le président américain. Des sources de la Commission reconnaissent ‘’il est évident que nous ne sommes pas leur priorité ». – Sole 24 Ore : « Les Vingt-Sept veulent s'unir face aux menaces américaines, même si les déclarations d'hier révèlent des tentations divergentes. La France est parmi les pays les plus péremptoires : « Si nous sommes attaqués sur les questions commerciales, l'Europe, en tant que puissance d'autodéfense, devra se défendre et donc réagir », a déclaré le président français Emmanuel Macron, laissant entendre que Bruxelles devra prendre des contre-mesures. Les pays de l’Est se montrent, eux, plus prudents. Les Vingt-sept ont toutefois une crainte particulière : que les choix économiques américains ne divisent davantage les Européens. La politique commerciale est une politique européenne ». – Domani : « Les dirigeants européens envisagent de sacrifier au moins une partie du modèle social européen, sous l'impératif d'augmenter les dépenses militaires. Peut-être même d’acheter aux États-Unis, comme l'Allemagne et la Pologne (en dépit de Macron) le préconisent ».
- Le rôle de « médiateur » de G. Meloni.
Corriere della Sera : « au sein de la Commission plusieurs sont satisfaits du fait que la dirigeante italienne ait remplacé Orban comme ambassadeur de Trump dans les relations avec l’UE. ‘’Mieux vaut avoir un pays fondateur et un dirigeant fortement européen que le leader hongrois’’ fait-on savoir ». – La Stampa « Meloni joue les pompiers et invite ses alliés au calme : « Évitons l’affrontement direct avec Donald Trump », dit-elle, en essayant de démystifier les propositions de ceux qui, comme Emmanuel Macron et Olaf Scholz, préféreraient riposter avec le feu. « Trump est un négociateur, il est en train de le montrer avec le Canada et le Mexique » assure-t-elle. Si Macron invite les alliés à « se faire respecter et à réagir », en trouvant un soutien de plusieurs de ses collègues, Meloni souligne pour sa part que « réagir de manière désordonnée serait une erreur » et invite l’UE à avoir confiance » – Sole 24 Ore : « Meloni ne cache pas vouloir jouer les médiateurs mais c’est un rôle que les alliés regardent avec méfiance : la crainte est que l'Italie se révèle finalement plus désireuse d'être du côté de Trump, confiante dans un traitement favorable sur certains produits, plutôt que de défendre les intérêts de l'Europe ». – Messaggero : « La troisième voie de Meloni qui n’est pas celle de Paris et Berlin : « il faut négocier avec Trump ». Macron se montre en qualité de porte-parole d’une réponse musclée à l’encontre de Trump. Scholz est d’accord, puisque les relations entre Washington et Berlin sont au plus bas. Or, selon Meloni, le bras-de-fer avec Trump serait « une erreur », ce serait même « contreproductif ». Il faut donc trouver rapidement une solution à présenter à Washington et mettre fin au déséquilibre commercial. Mais « c’est un pari risqué », et Meloni le sait bien car « Trump est imprévisible » reconnaissent en soupirant les conseillers de la présidente du Conseil ».
Ingérences d’E. Musk en Europe. La Stampa : « Les Patriotes d’Elon Musk’’. ‘’La convention des Patriotes se tiendra samedi à Madrid, avec Salvini, Abascal, Le Pen et Orban. Sur X, le leader de la Ligue Matteo Salvini reprend le slogan trumpien : ‘’ensemble, nous rendrons l’UE plus grande’’. ‘’L’initiative marque un tournant en Europe, A Rome, les premiers signaux sont arrivés hier matin, montrant combien les rapports au sein du centre-droit sont destinés à devenir encore plus compliqués, sur fond de grand chamboulement des équilibres internationaux dû à l’élection de D. Trump. Antonio Tajani, dans l’embarras, affirme à propos de MEGA que ‘ce n’est pas son Europe’ répondant à une question sur la dangerosité d’E. Musk, ‘je crois en une Europe fédérale, populaire, avec une âme judéo-chrétienne, je crois au fédéralisme, je suis un souverainiste européen et un patriote italien, mais ce ne sont pas mes idées’. Tout le contraire de Matteo Salvini, donc. Or l’entente entre le leader de la Ligue et Musk peut devenir un problème pour G. Meloni qui craint que son allié puisse récupérer le terrain politique perdu ces derniers mois. » – Sole 24 Ore : « A droite, une nouvelle idée d’Europe émerge, au-delà d’Elon Musk’’. ‘’Au-delà de l’enthousiasme du vice-président du Conseil italien, on peut cette fois avoir l’impression que la droite européenne cherche réellement une nouvelle pensée sur l’UE après l’échec des ‘exit strategy’ vis-à-vis de Bruxelles. Une pensée nouvelle avec laquelle interfère toutefois la présence du techno-milliardaire qui n’est pas accueilli de la même façon par tout l’univers conservateur. Outre les distances prises par A. Tajani, certains proches de la Présidente du Conseil raisonnent de façon plus critique. Par exemple Vincenzo Sofo, ancien parlementaire européen de la Ligue ayant rejoint il y a quelques années Fratelli d’Italia et proche de la droite française (il est marié à Marion Maréchal). ‘’Le ‘Make Europe Great Again’ de Musk est encore quelque chose d’abstrait et de contradictoire pour nous : par exemple, sa réponse à la crise démographique est la gestation pour autrui’ dit V. Sofo. Il promeut une dimension patriotique européenne ‘car l’UE n’est plus au centre du monde et nous devons retrouver cette position centrale’, ‘il s’agit pour nous de créer une âme européenne avant les structures de gouvernance’ (à l’inverse de ce que fait la gauche). En somme, la droite est en train de construire un défi différent pour l’Europe, entre les slogans de Musk et les droits de douane de Trump. »
Italie-Libye / Affaire Almasri – Corriere della Sera : « Les ministres Carlo Nordio (Frères d’Italie) et Matteo Piantedosi (indépendant) devraient se présenter devant le Parlement la semaine prochaine, à la suite des protestations des oppositions, bien que celles-ci demandaient une audition de Giorgia Meloni’’. ‘’Une victime du général libyen O. Almasri [accusé de tortures et de viols par la CPI] dénonce le gouvernement italien pour complicité. Le Mouvement 5 Etoiles a orchestré une opération de 36 interventions coordonnées afin que le débat à la Chambre porte finalement presque exclusivement sur l’affaire Almasri et Giuseppe Conte est en première ligne des pressions exercées par l’opposition. L’activité parlementaire est paralysée depuis la semaine dernière, en signe de protestation. Les auditions de Nordio et Piantedosi, décidées hier lors d’une réunion entre le secrétaire d’Etat à la Présidence du Conseil A. Mantovano (indépendant, autrefois Alliance nationale), les deux ministres visés par l’enquête et l’avocate Giulia Bongiorno (sénatrice de la Ligue désignée par G. Meloni pour défendre le gouvernement), devrait permettre de surmonter l’impasse. L’initiative de Forza Italia pour rétablir l’immunité des parlementaires et des ministres, en marge de cette affaire, suscite également la polémique, y compris au sein de la majorité. »
Corriere della Sera, Antonio Tajani (Forza Italia), ministre des Affaires Européennes : « L'Italie s'est engagée à servir de « pont » entre les États-Unis et l'Europe afin d'éviter la « guerre commerciale » dont menace Donald Trump, qui porte préjudice aux Américains et à nous aussi. Si le président américain devait aller de l'avant, nous, Européens, ne serons pas pris au dépourvu : nous sommes déjà au travail pour trouver des solutions qui ne mettent pas nos entreprises et le bien-être de nos citoyens en difficulté. Personne n’a intérêt à une guerre commerciale, dans le monde il n’y a aucune économie intégrée comme celle des Etats-Unis et de l’UE. Il est clair qu’il faudra négocier et il me semble que Trump est en train de donner les premiers signes d’une volonté en ce sens, comme il a été possible de voir avec les pourparlers impliquant le Mexique et l’accord atteint. Chaque pays a des produits qu’il souhaite défendre, certes, mais il est préférable d’agir ensemble, unis. Il faut collaborer, se rapprocher. Acheter et investir davantage en Amérique pour que les Américains fassent de même. Notre défense entretient déjà des relations très étroites avec les États-Unis et toute l'Europe devrait converger vers une défense commune afin que nous puissions agir ensemble. L'Italie occupe une position particulière, c'est le deuxième pays pour la variété des exportations après la Chine. C'est pourquoi, et nous le faisons déjà en organisant des tables ouvertes avec les industries et les producteurs, nous devons nous efforcer d'explorer de nouveaux marchés. Nous avons un plan stratégique pour le Mexique, l'Inde, l'Indonésie, le Vietnam, les pays du Golfe, l'Extrême-Orient et toute l'Afrique. Il y a un plan d'affaires qui est déjà à un stade avancé. Concernant la réforme de la justice, nous voulons seulement réformer le système judiciaire pour le rendre plus efficace et plus équitable. Nous ne faisons la guerre à personne. Un système judiciaire qui fonctionne, qui est rapide et sûr est un autre élément fondamental pour accroître le poids économique du pays et attirer les investissements. Il devrait s'agir d'un objectif primordial pour tout le monde ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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