08/11/2024
"La pax Trumpiana"
Italie. Revue de presse.
En Unes ce matin : les résultats des élections américaines, avec notamment la perspective d’un dialogue entre la Maison Blanche et le Kremlin sur l’Ukraine, occupent toujours une large place « Poutine félicite Trump, oui au dialogue » (Corriere della Sera), « Ukraine : Poutine ouvre la porte à Trump » (Repubblica), « L'UE et le cyclone Trump sur les armes » (Stampa), « Le plan de Trump pour l'Ukraine: front gelé et adieu à l'Otan » (il Fatto), « La pax Trumpiana » (Libero).
Les JT couvrent essentiellement, outre les sujets traités par les quotidiens, l’agression des supporters de foot israéliens à Amsterdam, l’immigration avec l’arrivée du navire « Libra » en Albanie avec 8 migrants à bord, et la grève des transports.
Sur X le hashtag #Amsterdam au sujet de l’agression des supporters de foot israéliens cette nuit à Amsterdam, #Trump au sujet des élections américaines et #Raimo au sujet de la suspension du professeur Christian Raimo de l’enseignement après avoir tenu des propos offensants contre le Ministre de l’Education Giuseppe Valditara, font tendance.
L’ensemble des quotidiens consacre les unes et les premières pages aux félicitations de V. Poutine pour l’élection de D. Trump. Corriere : « Jamais le président russe ne s’était exprimé de manière aussi chaleureuse sur un leader occidental. Il a aussi lancé une critique contre l’OTAN, qui, pour beaucoup, semblait être un message clair adressé à Trump, avec une sorte de définition d'un terrain d'intérêt commun. « L'OTAN a perdu sa raison d'être avec la fin de l'Union soviétique : même les États-Unis la considèrent désormais comme une organisation de second rang ». Stampa « Le dictateur russe va bien au-delà d'un geste de politesse formelle et abandonne également ses tons froids habituels en tant qu'accusateur. Moscou insiste sur une Ukraine qui doit rester neutre car sinon ‘’elle restera une arme dans des mains hostiles’’. Il faudra voir ensuite comment le « plan de Poutine » coïncide avec la « paix de Trump ». Car le diable se cache dans les détails. Entre le « gel » du conflit le long de la ligne du front et une refonte des frontières à la suite d’une occupation militaire, il y a une belle différence. »
La presse propose aussi des portraits d’Elon Musk et ses rapports avec Giorgia Meloni : Messaggero : « Meloni appelle Musk. C’est la présidente du Conseil qui le fait savoir avec un post sur X où elle se dit convaincue que, s'agissant de Musk, « son engagement et sa vision » peuvent être « un atout important pour les États-Unis et l'Italie, dans un esprit de collaboration visant à relever les défis futurs ». Ce sont des mots qui semblent renforcer l'étroite collaboration déjà annoncée et consolider un lien qui sera utile à Meloni pour se connecter en permanence sur les fréquences du nouveau locataire du Bureau ovale lorsqu'il s'agira de mettre la table pour définir les nouveaux rapports de force avec une Europe qui, au-delà de la majorité qui a soutenu la réélection d'Ursula von der Leyen, penche inexorablement à droite ». Stampa : « Musk mise sur Meloni, à en croire aux déclarations de son représentant italien de X, Andrea Stroppa ‘’l’Italie peut et doit se frayer un chemin pour jouer un rôle de protagoniste dans les secteurs d’avenir’’ et devenir le partenaire européen privilégié’’. Des mots clairs, qui se prêtent toutefois à une double lecture. La politique est présente mais reste en arrière-plan. Ces derniers mois, des négociations ont eu lieu entre le gouvernement et Tesla pour la production de camions et de camionnettes électriques en Italie. Il y a aussi l'espoir concret du gouvernement que l'accord avec Starlink, la constellation de satellites de SpaceX pour fournir des services internet à haut débit dans les zones mal desservies par d'autres réseaux, sera bientôt conclu. Un contrat qui s'est retrouvé au centre d'une enquête de corruption dans laquelle le nom de Stroppa lui-même est apparu. » Repubblica : « malgré la présidente du Conseil, en parlant avec ses collaborateurs en privé, insiste sur le fait que les rapports avec Musk ‘’ne doit pas être confondu’’ avec les nouveaux équilibres de Washington, il est évident que le canal direct avec le propriétaire de X soit une grande aide. Cela servira à renouer les liens avec le tycoon ».
La crainte sur les retombées en Italie de nouveaux droits commerciaux imposés par l’Administration Trump est aussi largement commentée : Stampa : « des sources gouvernementales expliquent que l'Italie, notamment sur les politiques commerciales, les redoutables droits de douane, serait prête à ouvrir des négociations bilatérales avec Washington. Ces scénarios sont encore prématurés, car l'imprévisibilité de Trump ne permet pas de faire des bonds en avant ». Foglio « l’appel des industriels du Nord qui invitent Meloni à s’activer ‘’pour une Europe plus forte’’ car le projet de Trump pourrait ‘’mettre encore plus à mal la compétitivité des entreprises’’. Le président de Confindustria Veneto, Carraro, s’interroge ‘’mais les personnalités politiques qui exultent pour la victoire de Trump comprennent-elles dans quel pétrin on risque de tomber ?’’ »
La presse italienne revient sur le sujet des dépenses militaires sur fond de finalisation de la loi de finances. Stampa « C’est le bras-de-fer au sein du gouvernement sur les dépenses sur l’armement : hier le ministre Giorgetti (Ligue) a démenti son collègue de la Défense Crosetto (Frères d’Italie) en affirmant que l’objectif des 2% du PIB pour les dépenses militaires était ‘’ambitieux et peu compatible avec les contraintes budgétaires européennes’’ ». Repubblica : « Le jour où le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, exhorte les pays de l'Alliance atlantique à « investir bien plus que 2 % », M. Giorgetti peut assurer « une augmentation des investissements » mais en même temps, il doit tenir compte du fait que l'objectif d’atteindre le 2% est hors de portée ». Sole 24 Ore : « M. Crosetto a déclaré qu'il considérait comme positive « l'ouverture du nouveau commissaire européen à la défense (Andrius Kubilius, ndlr) sur l'exclusion des dépenses militaires du Pacte de stabilité, un élément à ne pas sous-estimer, qui doit être soutenu par une proposition claire ». Il s'agit d'un élément à ne pas sous-estimer, qui doit être soutenu par une proposition claire », a-t-il déclaré, “la question n'est pas seulement d'exclure les dépenses de défense du Pacte de stabilité, et donc de les soustraire à la concurrence qu'elles ont actuellement avec les règles en vigueur” ‘’mais aussi d’identifier les modalités pour les soutenir’’ ».
La réunion de la Communauté politique européenne à Budapest est largement citée : Corriere : « Meloni invite ses collègues au dialogue avec l’administration Trump et à ne pas ériger de murs préventifs. La priorité demeure l’autonomie stratégique et la géopolitique européenne. Elle soutient ainsi le rapport de M. Draghi, notamment sur la transition écologique avec des financements publics sans lesquels il y aurait des retombées négatives sur les citoyens ». Stampa : (M. Sorgi) « Meloni est la dirigeante européenne qui est actuellement dans une position privilégiée. Cela est vrai par rapport à Scholz, qui est en pleine crise gouvernementale. Quant à Macron, il s’est immédiatement activé pour un contact avec le nouveau président américain, comme il l’avait fait huit ans plus tôt. Toutefois, il n’est plus dans la même situation et pourrait subir une nouvelle saison de contestations contre la politique de rigueur du ministre Barnier ». Sole 24 Ore : « L’UE se réunit et se confronte sur l’ère Trump et à cette occasion Macron secoue l’Europe ». Repubblica « D’une part, il y a les souverainistes, avec Orban qui défie l’Europe ‘’les choses ont changé’’ en s’assumant un rôle de « porte-parole » de la Maison Blanche, d’autre part les européistes dirigés par le président français Macron. C’est lui qui en premier a prévenu sur les risques du retour de Trump. Or, les propos de Macron n’ont fait effet que sur une partie des présents. Plusieurs ont commencé la course pour se rapprocher du nouveau président des États-Unis ».
Budapest
La candidature de Raffaele Fitto (Frères d’Italie) à la vice-présidence exécutive de la Commission fait l’objet de quelques articles : Corriere : « le mur des socialistes français qui s’oppose à la candidature de Fitto » : « les signaux de la part des socialistes au Parlement européen de l’impossibilité de soutenir Fitto comme vice-président exécutif continuent. Le dirigeant socialiste français Glucksmann rappelle que les Conservateurs ne font pas partie de l’alliance soutenant von der Leyen. Par ailleurs, la candidature de l’Italien demeure indigeste aussi pour les libéraux. Hier la présidente de Renew, Valérie Hayer, a écrit à von der Leyen l’invitant à ‘’rester fidèle à la coalition qui l’a soutenue pour un second mandat’’ et que ‘’nous n’accepterons aucune trahison’’. En revanche, Fitto peut compter sur le soutien du PPE, qui tentera de le faire élire dès le premier tour de vote. La partie n’est pas simple. Tout dépendra aussi des socialistes espagnols, qui ne veulent pas mettre en danger la candidature de Ribera. » Repubblica : « Les doutes du PSE ont été confirmés hier par le dirigeant des socialistes français. En réalité, le groupe mise plus à modifier le portefeuille de Fitto qu’à torpiller sa candidature. Sur ce point, la délégation française est la plus dure à cause des rapports entre Meloni et Marine Le Pen. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
13:48 | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.