22/10/2024
"Le gouvernement défie les juges : les "pays sûrs"."
Italie. Revue de presse.
En Unes ce matin : l’immigration avec le décret du gouvernement définissant les "pays sûrs", répondant à la décision du tribunal de Rome sur les centres en Albanie « Retours, 19 pays sûrs » (Corriere della Sera), « Le gouvernement défie les juges » (La Repubblica), « Migrants, le gouvernement relance » (Il Messaggero). Autres sujets : le Moyen-Orient « Beyrouth, les bombes d'Israël » (La Repubblica) et le référendum en Moldavie « L'intrigue moldave » (La Stampa), « La Moldavie vers l’UE malgré les ingérences » (Avvenire).
Les journaux reviennent très largement sur le décret adopté en conseil des Ministres le 21 octobre, minimaliste, identifiant 19 pays jugés « sûrs », ainsi que sur les tensions entre le gouvernement et la magistrature. Corriere della Sera « Retours, 19 pays sûrs. Oui au décret. Nordio : ‘les juges n’ont pas compris l’arrêt de la Cour européenne’ ». Repubblica : « Le Conseil des Ministres donnent le feu vert au décret, qui fixe les pays pour lesquels les retours sont possibles et en réduit le nombre. Nordio aux juges : (…) ‘maintenant, ils ne pourront pas écarter notre loi’ ». La Repubblica publie également une interview de Marc Lazar, professeur à Science po et titulaire de la Chaire des relations franco-italiennes pour l’Europe à la Luiss, qui propose son analyse sur ce décret : « c’est un sujet de préoccupation. Giorgia Meloni essaie de meubler un vide européen, en profitant de l’affaiblissement de Paris et Berlin pour reprendre la main. (…) Pour Meloni, comme pour d’autres leaders de partis que j’appelle nationaux-populistes, l’immigration est au centre de l’offre politique. (…) Attendons de voir ce qui se passera en Albanie. Le gouvernement français de Michel Barnier n’a pas condamné l’expérimentation italienne, au contraire, mais il a expliqué qu’il ne pourra pas suivre ce modèle pour des raisons juridiques. Cela signifie qu’il existe des difficultés objectives dans son application. (…) ». La Stampa : « Migrants, le décret divisé par deux. Réduction des pays sûrs de 22 à 19. Les recours simples du gouvernement sont exclus au vu des risques de tensions avec la Présidence de la République et l’UE » « La présidente du Conseil annule la conférence de presse à cause des retards sur la loi de finance et les doutes sur l’Albanie. La présidence de la République veille au respect des normes de l’UE ». Il Foglio revient sur la difficulté de définir juridiquement les « pays sûrs », notion qui doit être « réexaminée périodiquement ». Les experts soulignent en outre la prévalence du droit européen sur le droit national. Il Messaggero met en avant les justifications du gouvernement « nous défendons les frontières », en citant la présidente du Conseil « On entre uniquement légalement en Italie » et les débats internes sur la liste des 19 « pays sûrs » : « On trouve aussi l’Egypte et le Bangladesh, sur lesquels l’UE pourrait trouver à redire : hier un porte-parole de la Commission européenne a annoncé que l’exécutif européen élaborera sa propre liste de pays sûrs lors de l’actualisation du Pacte Asile et Migration.(…) Evidemment les inconnues et les complications ne manquent pas. Selon l’arrêt de la cour de l’UE du 4 octobre, certains pays pourraient ne plus être considérés comme « sûrs » car présentant des « exceptions territoriales ». Certains d’entre eux figurent pour l’instant sur la liste italienne : du Pérou au Ghana en passant par la Côte d’Ivoire. Et cela ne s’arrête pas là. Un autre grain de sable pour le gouvernement pourrait arriver de la Cour de Cassation. »
La presse met aussi en avant les deux ans du gouvernement Meloni. Certaines analyses sont positives : Il Tempo : (E. Romagnoli) « la première Présidente du Conseil est encore très populaire (42%), son parti est toujours premier dans les sondages (30% des intentions de vote) et après 730 jours au pouvoir, la lune de miel avec les Italiens n’est pas terminée. Sur l’économie, la création d’emplois se maintient à des niveaux importants (+ 834 000). Concernant l’immigration, les arrivées ont diminué de -61% par rapport à 2023 ». Messaggero : (R. Amoruso) « Deux années certainement intenses, parfois compliquées, marquées par certains aspects sur lesquels Meloni a pu cocher des cases. Du point de vue des données macroéconomiques, certains signes sont réconfortants : l'écart de taux est au plus bas, l'emploi stable a augmenté, le PIB est supérieur à la moyenne européenne et les exportations restent un moteur important (sous l'impulsion du Made in Italy). En matière de politique étrangère, G. Meloni a acquis un rôle de premier plan sur les grandes questions internationales, tant au sein de l'UE (où M. Fitto est candidat à la vice-présidence exécutive) que pour le soutien à l'Ukraine. ». Stampa (F. Perina) « Meloni est une dirigeante seule au pouvoir, elle a été plus forte que les scandales, elle est en train de résister à tous les sabotages et maintient une popularité élevée malgré les tergiversations et les impairs de ses alliés ou de ses proches, ce qui paradoxalement la renforce. Il lui faudrait cependant une équipe plus efficace et un entourage moins restreint, allant au-delà de ses amitiés et de sa famille ». D’autres commentaires sont plus négatifs : Stampa (Ch. Saraceno) « sur les droits et le social, Meloni a tout misé sur la famille, mais les disparités demeurent, il a été constaté un ralentissement sur la lutte contre la pauvreté, très peu a été fait pour éviter le déclin du système sanitaire. Par ailleurs, son gouvernement se refuse de légiférer sur le salaire minimum, augmentant la précarité avec la fin du revenu de citoyenneté ». Domani : (S. Iannaccone) « le gouvernement a diffusé un document de 59 pages d’autocélébration, mettant en valeur les décrets « Caivano » sur la sécurité, ou le décret contre les événements festifs non autorisés, oubliant la loi de finances, dont la conférence de presse, prévue pour hier, a été reportée. Du reste, avec un budget aussi décevant, il fallait se concentrer sur autre chose ».
Sur la Gestation pour autrui (Gpa), la Repubblica relate les polémiques entre la Ministre de la Famille Rocella (Frères d’Italie) et les médecins : à sa demande « que ceux qui sont au courant dénoncent les cas suspects », l’Ordre des médecins et la Fédération des pédiatres italiens répondent : « notre devoir est celui de soigner pas d’espionner. Les citoyens doivent pouvoir venir se soigner chez nous sans crainte » - « Nous soignons tous les enfants et nous ne nous mettrons certainement pas à dénoncer les parents aux autorités ». Filippo Anelli, président de l’Ordre des médecins, souligne « le secret professionnel existe – nos obligations ont trait à la santé du patient, perdre sa confiance serait une catastrophe » (Stampa). La Stampa donne également la parole à l’Association Luca Coscioni pour la liberté de la recherche scientifique, l’article débutant ainsi : « une nouvelle proposition de loi pour la GPA - Désormais, toute personne qui tente de fonder une famille en se rendant à l'étranger pour recourir à la gestation pour autrui sera traquée comme un criminel international par l'État italien ». « Notre bataille continue : comme ce fut le cas pour la loi 40 - qui, en 2004, criminalisait la fécondation hétérologue et l'analyse génétique préimplantatoire, invalidée par la suite devant les tribunaux et la Cour constitutionnelle - l'association Luca Coscioni poursuivra toutes les voies possibles pour annuler les réglementations absurdes causant souffrance et discrimination ».
La presse italienne traite largement du référendum en Moldavie. Foglio (M. Flammini) « Le pari remporté à moitié par Maia Sandu. C’est Sandu qui a voulu se soumettre à la volonté des Moldaves pour ouvrir le chemin européen alors qu'un vote populaire n'était même pas nécessaire : les relations avec Bruxelles sont claires, l'avenir dans l'UE a en fait déjà commencé. La présidente, quant à elle, a voulu montrer la force de son mandat ». Messaggero : « Mme Sandu est devenue populaire pour sa croisade contre la corruption liée aux cercles pro-russes, des questions qu'elle ravive aujourd'hui en s'appuyant sur les ombres de la guerre hybride. Une campagne électorale marquée par la désinformation et par un fleuve d’argent venant du Kremlin. Les présidentes de la Commission, Ursula von der Leyen, et du Parlement européen, Roberta Metsola, ont félicité Mme Sandu et le peuple moldave. ». Stampa : « une chose est désormais claire : la victoire triomphale des forces pro-européennes n'a pas eu lieu. Sandu n’a pas réussi à s’imposer dès le premier tour ; l'ancien procureur, soutenu par les socialistes pro-russes, a obtenu un résultat plus élevé que prévu, frôlant 25% des voix. La présidente sait très bien ce qui l'attend. Elle-même, hier soir, a renoncé à son sourire habituel et, dans un discours plein de colère, a attaqué les « forces étrangères » qui, de mèche avec des « groupes criminels », ont manipulé le vote et a promis des « preuves » sur les activités de ces groupes. » Repubblica : (M. Mastrobuoni) « Maia Sandu a gagné contre une vaste opération de déstabilisation orchestrée par Moscou. Selon les estimations moldaves, quelque 100 millions d'euros ont été investis par les émissaires de Vladimir Poutine pour polluer le vote de dimanche. C'est-à-dire pour saboter le référendum sur l'entrée de la Moldavie dans l'UE ».
La visite d’Antonio Tajani (Forza Italia) à Tel Aviv et à Ramallah est rapportée par certains quotidiens : Sole 24 Ore : « Tajani a rencontré B. Netanyahou et a déclaré qu'il avait obtenu « l'assurance qu'Israël, qui soutient notre projet « Food for Gaza », fera passer les camions que nous avons achetés et qui quitteront Gênes vendredi pour apporter nourriture et fournitures médicales à la population civile palestinienne ». Lors de la réunion du G7 Développement à Pescara, « nous annoncerons un financement italien supplémentaire pour aider les populations civiles libanaise, syrienne et palestinienne ». Par ailleurs, « nous avons obtenu l'assurance du premier ministre qu'Israël fera tout pour garantir la sécurité de nos soldats de la Finul », ajoutant qu'il a été « rassuré sur le fait qu'il n'y a jamais eu de décision des autorités israéliennes à l'encontre de la Finul ». Concernant le Liban, Tajani a demandé au gouvernement d’Israël l’accélérer et de faciliter l’aide humanitaire à Gaza. En rencontrant le ministre des Affaires étrangères Katz (Likoud) Tajani a anticipé le message que Meloni a porté de retour de sa mission en Jordanie ‘’nous estimons qu’il faut planifier une action politique pouvant renforcer le gouvernement libanais afin d’éviter l’implosion du pays. Il faut un cessez-le-feu et éviter une intensification des affrontements’’ ». Messaggero « À Ramallah, M. Tajani a rencontré le Premier ministre palestinien Mustafa « à qui j'ai réaffirmé que l'Italie continuait à œuvrer en faveur d'une solution “deux peuples, deux États”. Nous renforçons l'aide à la population civile à Gaza et en Cisjordanie, également dans le cadre de la conférence humanitaire qui se tiendra demain (aujourd'hui, ndr) au G7 de Pescara ». Le titulaire de la Farnesina a fortement insisté sur le sens de la visite au Proche-Orient : promouvoir la détente, accélérer le calendrier d'un cessez-le-feu et voir comment aider les populations palestinienne et libanaise. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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