26/08/2024
"Les échanges glaciaux entre Ursula von der Leyen et Giorgia Meloni ne semblent pas s’apaiser."
Italie. Revue de presse.
L’attaque préventive d’Israël lancée hier contre le Hezbollah au Liban fait la Une de la plupart des quotidiens : « Israël et les raids, éclairs de guerre » (Corriere della Sera), « Éclairs de guerre » (La Repubblica), « Israël bombarde le Hezbollah, 'ce n’est pas finit’ affirme B. Netanyahou » (La Stampa), « Israël, l’attaque ’préventive’ qui provoquera la suivante » (Fatto Quotidiano), « Israël-Hezbollah, essais de guerre » (Il Messaggero), « ‘La première phase est conclue’ affirme le Hezbollah, ‘Cela ne s’arrête pas là’ affirme B. Netanyahou, les négociations pour une trêve de 72 heures à Gaza » (Sole 24 Ore). L’arrestation du suspect après l’attaque au couteau à Solingen en Allemagne vendredi est également citée « Allemagne, l’assaillant devait être expulsé » (Corriere della Sera), « Terrorisme, l’Allemagne en proie à la peur, alerte sur les très jeunes jihadistes » (La Repubblica), « Terreur en Allemagne, la droite se déchaîne ‘ce Syrien aurait dû être expulsé’ ; la France renforce la protection de toutes les synagogues » (Il Messaggero).
Les JT couvrent essentiellement les raids croisés entre le Hezbollah et Israël, et les négociations à Gaza pour un cessez-le-feu, l’arrestation de l’assaillant de Solingen après l’attaque au couteau vendredi soir en Allemagne, et l’enquête pour homicide involontaire visant le commandant du super-voilier ayant fait naufrage au large de la Sicile la semaine dernière.
Sur X les hashtag #Telegram et #Durov dominent après l’arrestation à Paris du fondateur de la messagerie Telegram, Pavel Durov.
ARTICLE, Sole 24 Ore, d’E. Bruno et M. Finizio, « Ius scholae, 16% des élèves du Nord sont étrangers » : « 914 000 élèves scolarisés en Italie n’ont pas la nationalité italienne, d’après les dernières statistiques du Ministère de l’Instruction publique, publiées le 8 aout. Cela représente 11.2% des élèves inscrits, un chiffre qui atteint 16% dans le Nord et qui passe à 4% dans le Sud. Parmi ces élèves, 65% n’est pas né sur le territoire national, et appartient donc à ‘’l’immigration de deuxième génération’’. En s’intéressant aux élèves qui achèvent de manière régulière un cycle d’études élémentaires, on estime qu’environ 60 000 d’entre eux complètent ce cycle chaque année. Sur la base des chiffres de l’année scolaire 2022-2023, 330 000 élèves étaient inscrits à l’école primaire, avec une répartition de 66 000 têtes pour chaque année, de la première à la cinquième. Le Ministère précise que les élèves « en retard scolaire » représentent 11.6% du total, un pourcentage qui monte à 26.1% pour le collège et 48% pour le lycée. A cela s’ajoutent 161 238 élèves inscrits à l’école maternelle (soit 17.6% du total), 195.782 (21%) au collège, et 227 697 (25%) au lycée, auxquels pourraient se voir ajouter à leur dossier scolaire la demande de naturalisation en fonction de leur situation migratoire, comme le prévoit la réforme. Alors que se poursuit la chute de la population étudiante italienne, liée au déclin démographique (145 000 élèves de moins pour l’année scolaire 2022-2023), l’augmentation du nombre d’élèves non-nationaux se poursuit (42 500 nouveaux élèves, soit +4.9% par rapport à l’année dernière). Leur proportion augmente dans le total des élèves en Italie (11.2% aujourd’hui par rapport à 9% il y a 10 ans). Le nombre de ces élèves non-nationaux nés en Italie augmente également (9 759 de plus sur l’année 2022-2023, soit +1.7%), même si la tendance ralentit par rapport aux années précédentes. Leur répartition géographique est tout sauf homogène ; 65.2% vivent dans les régions du Nord, 23.3% dans le Mezzogiorno et 11.5% dans le Sud. Par rapport à la population totale, l’Emilie-Romagne compte le plus grand nombre d’élèves non-nationaux (18.4% du total), suivie par la Lombardie (17.1%) et la Ligurie (15.8%) et la Vénétie (15.2%), contre 8.5% dans les Abruzzes et 3% en Sardaigne. Dix provinces absorbent à elles-seules 38.9% du total des élèves non-nationaux, parmi lesquelles on compte Milan (82 396), Rome (66 385) et Turin (40 605). »
ARTICLE, Messaggero, de F. Malfetano, « Le centre-droit se réunit bientôt : ‘’nous préparons nos priorités’’, mais Forza Italia freine sur l’autonomie » : « Ce vendredi 30 août, la Présidente du Conseil veut faire tomber le rideau et laisser derrière elle un mois d’août houleux y compris au sein du gouvernement. Giorgia Meloni demandera surtout aux deux vice-présidents du Conseil de limiter les affrontements. ‘’L’unité du centre-droit passe avant tout’’ commente l’un des ministres les plus proches de la présidente du Conseil. Et en effet, Meloni compte s’attaquer aux dossiers les plus clivants pour les alliés et travailler à un compromis. Sur le chapitre du ius scholae par exemple, Meloni demandera la garantie de tons plus modérés et d’initiatives parlementaires qui ne mettent pas en péril les relations entre les alliés. De même en ce qui concerne les réformes, sur lesquelles le leader forziste a haussé la voix par exemple sur l’autonomie régionale différenciée : ‘’nous avons dit qu’il faut d’abord définir les Lep [Livelli essenziali delle prestazioni, prestations minimales que l’Etat doit assurer sur tout le territoire national] dans toutes les régions, avant de faire l’autonomie ». Et puis la nomination des dirigeants de la Rai, les interventions sur les prisons, les concessions balnéaires et, plus généralement, la définition des priorités vers lesquelles orienter une loi de finance complexe. Si la ligne de crédit principale concernera à nouveau le soutien aux revenus et aux salaires des catégories les plus basses, des mesures ciblées seront destinées à la débureaucratisation, à la sécurité et aux périphéries. Sur la vague du « modèle Caivano », le Palais Chigi réfléchit à un « plan étendu » qui, exploitant les fonds de cohésion et (un peu) la flexibilité budgétaire, se traduira par une série d’interventions dans les périphéries les plus en difficulté du pays, en particulier dans le Sud. La Commission est un projet sur lequel la Présidente du Conseil impliquera tout le gouvernement. En attente de la lettre à Ursula von der Leyen avec l’investiture officielle qui arrivera dans les prochaines heures, un point sur le siège laissé vacant sera fait au plus haut niveau du gouvernement. En l’absence de remplaçants, la solution d’une répartition à trois secrétaires d’Etat du portefeuille du ministre (Affaires européennes, Plan de relance, Cohésion et Sud) semble probable. Aussi bien Tajani que Salvini voient l’après-Fitto comme une opportunité pour obtenir un nouvel espace à l’intérieur du gouvernement et se préparent à le revendiquer. Et cela, sans aucun doute, n’est pas une priorité pour Meloni. »
ARTICLE, La Repubblica, de C. Tito, « UE, Giorgia Meloni ne désigne pas de commissaire, le retard de l’Italie irrite Ursula von der Leyen » : « Les échanges glaciaux entre Ursula von der Leyen et Giorgia Meloni ne semblent pas s’apaiser. Il n’y a jamais eu de réel éclaircissement entre les deux leaders après le vote contraire de Fratelli d’Italia à la réélection de la présidente de la Commission. Or, ces derniers jours, le temps pris par la Présidence du Conseil italien pour la nomination du nouveau commissaire européen alors que l’échéance arrive à la fin du mois est parmi les motifs d’irritation. Rome est parmi les 5 pays sur 27 qui n’ont pas encore donné d’indications, mais ‘’parmi les principaux pays, il ne manque plus que l’Italie’’. A Bruxelles, on s’agace du fait que l’Italie prétende obtenir un portefeuille de poids et la vice-présidence mais n’est même pas capable de formuler des propositions. Mais la Présidente de la Commission aurait eu la confirmation que d’ici quelques jours, peut-être dès mercredi, la candidature de Raffaele Fitto serait officialisée. Si U. von der Leyen est consciente des difficultés internes à la majorité et la question du remplacement de l’actuel ministre des Affaires européens, cela ne suffit pas à justifier cette incertitude. Compte tenu des retards conséquents de l’Italie dans la mise en œuvre de son plan de relance, le remplacement du ministre en charge de ce dossier semble un véritable défi. R. Fitto est jugé comme ‘’l’un des seuls méloniens’’ capables de comprendre les dynamiques des institutions européennes, et U. von der Leyen n’a pas caché estimer qu’il était ‘’un des seuls’’ en mesure d’occuper une place au sein de la Commission. L’Italie se fait à nouveau remarquer à cause de son plan de relance, d’autant plus depuis que le ministre de l’Economie Giancarlo Giorgetti l’a comparé aux plans quinquennaux de l’URSS sous Lénine. La plaisanterie n’a pas du tout plu à Bruxelles ni à plusieurs pays membre, notamment en Europe du Nord. La Présidente du Conseil se veut rassurante, et assure depuis plusieurs semaines du vote favorable de Fratelli d’Italia en vue du dernier vote, probablement en octobre, du Parlement européen pour la nouvelle Commission. Enfin, Ursula von der Leyen n’a pas apprécié la large majorité d’hommes parmi les commissaires désignés et il n’est pas exclu qu’un rééquilibrage du nombre de femmes soit opéré avec les vice-présidences. Parmi les aspirants vice-présidents, R. Fitto -qui pourrait obtenir le portefeuille des fonds de cohésion et du Budget – ne semble pas pami les favoris. »
ARTICLE, Corriere della Sera, de C. Zapperi, « Le ministre et les louanges adressées à Ursula von der Leyen : l’annonce sur la simplification est une bonne chose » : « "Nous risquons de devoir choisir entre devenir une colonie chinoise ou américaine" alerte Enrico Letta, chargé par l'UE de rédiger un rapport sur le marché unique européen, au meeting de Rimini, ‘’il y a quatre secteurs stratégiques - télécommunications, énergie, marché financier et défense – dans lesquels, soit nous allions nos forces, soit nous nous condamnons à un rôle de second plan". L'ancien Président du Conseil démocrate se heurte aux contre-arguments du ministre des Affaires européennes Raffaele Fitto (Frères d’Italie), homme de confiance de Giorgia Meloni et possible nouveau commissaire européen, qui lui répond par des préoccupations différentes. "Nous ne pouvons aller vers l'élargissement sans soulever la question des coûts, parce qu'il ne serait pas possible de faire les mêmes choses avec une Europe beaucoup plus grande et avec les mêmes ressources". Les deux hommes politiques partagent toutefois la même inquiétude quant aux moyens à mettre en œuvre pour la transition technologique et environnementale. Selon Letta, le défi de la nouvelle Commission européenne sera de trouver 500 milliards pour financer le changement. M. Fitto, quant à lui, a fait l'éloge d'Ursula von der Leyen car, dans son discours d'investiture, "l'un des passages qui m'a frappé en bien concernait la volonté nette d’engager un processus de débureaucratisation et de simplification". Pour le ministre, qui cite l'Italie comme le pays qui dépense le mieux les fonds de son Plan de Relance et souligne les bonnes relations avec la Commission, il est nécessaire d'agir sur la qualité des dépenses et sur le calendrier car "le coût de la transition est considérable et des choix fondamentaux doivent être faits". Raffaele Fitto déplore que le débat italien porte essentiellement sur les ressources et non sur les réformes, ‘’ces ressources sont uniques, elles doivent être bien dépensées et doivent être intégrées dans un système de réformes qui permette à notre pays de s'engager sur une nouvelle voie pour l'avenir". L’actuel ministre emploie un ton modéré, pensant à Bruxelles où les négociations pour le choix des commissaires européens sont en cours, là où Letta est beaucoup plus explicite dans son ‘’non au nationalisme" suscitant les applaudissements du public du Meeting qui a consacré une exposition au grand européen Alcide De Gasperi. »
ARTICLE, Stampa, de D. Ceccarelli, « L'Internationale souverainiste se mobilise pour défendre Durov : "Telegram, c'est la liberté" - Le fondateur de la messagerie est en détention à Paris pour des infractions liées à la plateforme ; Salvini accuse : "Nous en sommes maintenant à la censure, la puanteur d'un régime". Soutien également d'Elon Musk » : « La parabole de Pavel Durov a pris une tournure géopolitique depuis son arrestation samedi soir à l'aéroport du Bourget, au nord de Paris. Le fondateur de l'application de messagerie instantanée Telegram, né il y a 39 ans à Saint-Pétersbourg et détenteur de plusieurs nationalités dont celle française est sous le coup d’un mandat d'arrêt l'accusant d'une longue liste de délits, allant de l'escroquerie au trafic de stupéfiants, en passant par l'apologie du terrorisme. Durov avait par le passé refusé de fournir au Kremlin des données sur les utilisateurs, notamment ukrainiens, qui avaient participé aux manifestations du Maïdan et les tensions se sont poursuivies en 2018, lorsque la justice russe a tenté de bloquer Telegram, suscitant la colère de nombreuses ONG. Aujourd'hui, l'Occident "va se mordre la langue", a déclaré la porte-parole de la diplomatie moscovite Maria Zacharova, ajoutant que son ambassade à Paris avait "immédiatement commencé à travailler" sur l'affaire et accusant Paris de "ne pas coopérer". Pour le vice-président du Conseil de sécurité russe, Dmitri Medvedev, M. Durov a fait un "mauvais calcul" en quittant son pays. C'est l'Ukraine qui explique le zèle de Moscou, par la voix d'Andriy Kovalenko, chef du Centre de lutte contre la désinformation du Conseil national de sécurité et de défense, affirmant notamment que l'affaire "pourrait également faire tomber tout le réseau d'agents russes en Europe". Les milieux réactionnaires occidentaux sont intervenus pour défendre Durov, criant à l'attaque contre la liberté de pensée et d'expression : entre autres, des cercles trumpiens à Elon Musk qui a lancé le hashtag #FreePavel, ou Edward Snowden, aujourd'hui réfugié en Russie, qui s'est dit "surpris et profondément attristé" que M. Macron "se soit abaissé à la prise d'otages comme moyen d'accéder à des communications privées". En Italie, Matteo Salvini a critiqué Paris : "En Europe, nous en sommes à la censure, à la puanteur du régime". »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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