22/08/2024
"Salvini s’oppose à Tajani : "Pas de Ius scholae.""
Italie. Revue de presse.
Le meeting de Rimini réunissant plusieurs ministres et organisé par l’association « Communauté et libération » fait la une de plusieurs journaux avec l’intervention du gouverneur de la banque d’Italie, Fabio Panetta et la réaction de Matteo Salvini, vice-président du Conseil, au débat relatif à la réforme de l’accès à la nationalité: « Panetta : ‘notre dette plombe notre avenir’ » - « Salvini s’oppose à Forza Italia : c’est non pour le « ius scholae » (Corriere della Sera) ; « Panetta : la dépense consacrée aux intérêts de la dette est du niveau de celle que nous consacrons à l’éducation » (Sole 24 Ore) ; « Une ouverture de Piantedosi [ministre de l’intérieur, indépendant] sur les droits, et Salvini s’oppose à Tajani : pas de ‘ius scholae’, la loi sur la nationalité fonctionne et ne doit pas être changée » (Repubblica) ; « la croissance est essentielle : l’intervention de Fabio Panetta » (Foglio) ; « Dette et retraites : l’alerte de la Banque d’Italie » (Stampa).
Matteo Salvini et Antonio Tajani
COULISSES, Repubblica, T. Ciriaco « La stratégie de Forza Italia pour conquérir les catholiques et les soupçons de Meloni sur les manœuvres des partis de centre » : « Giorgia Meloni se réveille sous le soleil dans son mas après une journée de pluies diluviennes et d'oliviers battus par les vents. Mais au petit-déjeuner, la grisaille revient : Antonio Tajani a présenté à Repubblica un projet que la Présidente du Conseil déteste. Il propose d'enrichir le programme de la coalition au gouvernement avec une réforme du droit d’accès à la nationalité italienne, fondée sur le « Ius scholae », peut-être même de l'approuver avec une majorité transversale. Meloni est furieuse. Lors de l'entretien téléphonique à trois avec Tajani et Salvini, elle avait demandé de ne pas insister sur cette demande. Elle n'a pas été entendue. Les pires soupçons s'accumulent. La peur d'un désengagement de Forza Italia, le seul parti de gouvernement qui fait partie de la "majorité Ursula " en Europe, se couple à l'hostilité envers les frères Berlusconi. Meloni donne l'ordre d'ignorer les déclarations de Tajani, mais est inquiète. Elle sait que la situation ne peut qu'empirer. En effet, en milieu d'après-midi, le gouvernement se déchire avec la sortie de Matteo Piantedosi (indépendant) : si le ministre de l'Intérieur propose de changer les règles pour devenir italien, Meloni ne peut plus faire comme si de rien n'était. Il y a un détail qui exaspère la Première ministre : le « Ius scholae » dont parle Forza Italia se fonde sur une idée que Meloni avait elle-même soutenue publiquement en 2022. Il y a deux ans, pas deux décennies. Elle a du mal donc à s'y opposer, mais elle est prise au piège : le projet d’un parti de Vannacci se profile et l'objectif de n’avoir "pas d'ennemi à droite" reste l'obsession. Ce n'est pas dans le programme, déclarent les dirigeants de Frères d’Italie, ni même dans celui des oppositions. Et ce n'est pas une urgence. Meloni considère alarmante l’initiative de Tajani. Et elle attend de voir, agacée, ce que feront les frères Berlusconi. Soupçons et paranoïa reflètent un syndrome d'encerclement au Palais Chigi. Il en va de même pour la crainte que des pouvoirs forts non définis se mettent en marche pour renverser l'exécutif. Il y a un point qui inquiète Meloni et ses colonels plus que les autres : un passage de l’entretien de Tajani dans lequel il indique la cible électorale de Forza Italia : "Entre Meloni et Schlein". La leader n'aime pas l'idée de vouloir faire de Forza Italia un pont entre les deux coalitions, tout en restant loyalement au gouvernement. Pour Meloni, la position de Tajani est potentiellement utile à se désengager à l'avenir si l'exécutif actuel entrait en crise et que différents scénarios s'ouvraient. Tajani de son côté se montre soucieux de ne pas rompre avec Meloni et très attentif à traduire la sensibilité des Berlusconi. L'objectif politique reste celui d’obtenir plus d’électeurs à l’avenir et de maintenir Forza Italia ancrée au Ppe. Dans le viseur du ministre des Affaires étrangères, il y a surtout l’aire des catholiques. Dans ce cas également, le calcul est le résultat d'une analyse des sondages. Les plus récents indiquent que le « Ius scholae » est en général apprécié par l'opinion publique ; il n'est pas particulièrement apprécié par les électeurs de droite, mais il est soutenu par le monde catholique. Le même monde auquel Piantedosi s'adresse depuis la scène du meeting de Rimini. Le signal est clair. C'est maintenant au tour de Meloni de défier le chaos. »
ARTICLE, Repubblica, C. Vecchio, « Salvini s’oppose à Tajani (Forza Italia) : “Pas de Ius scholae'', mais Piantedosi ne ferme pas la porte » : « Ce n’est pas une priorité », a répondu Matteo Salvini au forcing d’Antonio Tajani sur le « ius scholae ». À Rimini, où il pensait profiter d’un bain de foule, le leader de la Ligue n’a trouvé que des journalistes pour le ramener au débat. « Nous sommes dans le pays européen qui concède le plus de naturalisations. La loi est très bien comme ça, elle fonctionne ! » a déclaré le ministre des Transports. Son ministère a loué un pavillon entier au meeting de Rimini dans le but de faire la publicité de son projet de pont sur le détroit de Messine. « Notre priorité est d’augmenter les salaires des italiens », répond-t-il, piqué au vif une fois de plus sur la question du ius schloae. C’est dans cette ambiance que le ministre de l’Intérieur Matteo Piantedosi, invité à un débat intitulé « Du besoin d’intégration », ouvre la porte à la proposition de Forza Italia, se démarquant de la droite et faisant surgir un nouveau front à l’intérieur du gouvernement. « Il faut se questionner sur la manière de faire des migrants nos concitoyens ». Il faut selon lui « satisfaire cette aspiration de chacun à se trouver un rôle et à se sentir utile dans la société. La viabilité des processus migratoires se nourrit aussi du fait que nous devons imaginer la centralité de ces personnes dans la société, d’où qu’elles proviennent ». Une intervention qui suscite les applaudissements du public. L’opposition mise elle sur les divisions de la majorité sur ce sujet. Du député M5s Patuanelli au vert Bonelli, chacun lance son invitation à voter la réforme du « ius scholae » au Parlement. « L’Italie est prête », pour l’eurodéputé Pd Antonio Decaro. Si la réaction de Tajani sera vite connue, Salvini exclut lui un vote de Forza Italia avec l’opposition. Selon Salvini il n'y aura « aucun problème concernant les nominations Rai : « La solution sera trouvée vendredi 30 août avec Meloni et Tajani ».
ARTICLE, La Stampa, par C. Luise « L’alarme de Panetta sur la dette : « Nous dépensons autant que pour l’instruction, nous avons besoin de l’Europe et de l’immigration pour croître » : « Moins de 80 milliards d'euros consacrés à l'éducation, près de 83 milliards pour payer les intérêts de la dette. Le gouverneur de la Banque d'Italie, Fabio Panetta, part de ce chiffre (lors de son intervention au meeting de Rimini, ndlr) pour souligner la nécessité de réduire la dette publique afin de ne pas hypothéquer la croissance future. En résumé, l'urgence est de penser à l'avenir, car l'Italie est le seul pays de la zone euro dont les dépenses publiques pour les intérêts de la dette sont presque égales à celles pour l'instruction, et la dette élevée pèsera sur les jeunes générations en limitant leurs opportunités. L'accent est mis avant tout sur l'Europe, avec une réflexion sur "les choix qui nous offriront un avenir meilleur". "Le problème crucial reste la réduction de la dette publique par rapport à la production". La comparaison entre les montants consacrés aux intérêts de la dette et à l'éducation est pour Panetta " emblématique de la façon dont l'endettement élevé pèse sur l'avenir des jeunes générations, en limitant leurs opportunités". Un cas entièrement italien, si l'on compare avec d'autres pays européens. Les pays de l'OCDE, selon un rapport 2023, ont alloué en moyenne 5,1 % de leur PIB et 10 % de leurs dépenses publiques aux systèmes d'éducation et de formation. L'Italie est à la traîne, même par rapport aux autres grands États européens, avec seulement 4,2 % du PIB et 7 % des dépenses publiques. C'est pourquoi "la croissance reste l'objectif fondamental de l'Italie", souligne le gouverneur de Bankitalia, "mais pour l'atteindre, il faut s'attaquer de manière décisive aux problèmes structurels non résolus. Nous devons nous concentrer sur les objectifs essentiels : renforcer la concurrence, valoriser le capital humain, augmenter la productivité du travail, l'emploi des jeunes et des femmes, définir des politiques migratoires appropriées". Panetta insiste sur l'intégration, sujet particulièrement brûlant pour la majorité, partagée entre l'ouverture au « Ius scholae » de Tajani et la rigidité de Salvini. Un argument également cher au public de Comunione e Liberazione, qui tente ces jours-ci de lancer le dialogue pour chercher un compromis au sein du gouvernement. Pour l'économiste, cependant, la politique n'a rien à voir là-dedans. En Europe, "les mesures qui favorisent l'afflux de travailleurs étrangers réguliers constituent une réponse rationnelle sur le plan économique, indépendamment d'appréciations d'une autre nature". Ainsi, l'entrée d'immigrants légaux "devrait être gérée de manière coordonnée au sein de l'Union, en équilibrant les besoins de production et les équilibres sociaux et en renforçant l'intégration des citoyens étrangers dans le système éducatif et le marché du travail". Enfin, pour surmonter ses faiblesses et se mettre au diapason du progrès mondial, Panetta reste convaincu que l'UE, en plus de "lancer des réformes profondes et de réaliser des investissements substantiels dans les années à venir", doit "fonder une capacité fiscale commune, sans laquelle l'actuelle gouvernance européenne, caractérisée par une politique monétaire unique et des politiques budgétaires fragmentées au niveau national, reste déséquilibrée". Quant à la BCE, "la fin de la rigueur monétaire a déjà commencé" avec la baisse des taux décidée en juin et le gouverneur espère une nouvelle baisse en septembre. »
ARTICLE, Il Foglio, S. Canettieri « La revanche d'Ursula » : « Qui sait ce qu'elle pense de la politique italienne depuis Bruxelles. Ces jours-ci, Ursula von der Leyen est aux prises avec le dossier italien. Le dernier grand pays qui ne lui a pas encore indiqué le nom de son commissaire. Giorgia Meloni négocie avec elle - de manière serrée - pour apporter à Raffaele Fitto le meilleur portefeuille possible. Y compris la vice-présidence exécutive. Pourtant, si l'on aligne tous les protagonistes de notre scène politique, on constate qu'au cours des derniers mois, ils ont commis des erreurs de calcul face à la politique allemande. Le premier a peut-être été Mario Draghi qui, en avril dernier, lors de la Conférence européenne sur les droits sociaux, a présenté l'esprit du rapport sur la compétitivité que lui avait demandé la présidente de la Commission de l'UE sur un ton politique. À Bruxelles, on se souvient que von der Leyen n'avait pas très bien accueilli cette sortie faite à la veille des scrutins et en plein choix des candidats pour la présidence. Plus curieuse encore a été l'approche d'Antonio Tajani à l'égard de la candidate du Parti populaire. Le 13 mai, von Der Leyen était en visite à Rome. Mais elle a été presque cachée par les leaders de Forza Italia qui ouvraient leur campagne électorale le jour même. Il n'y a pas de photos publiques de cette visite, seulement un déjeuner et Licia Ronzulli, vice-présidente FI du Sénat, est allée jusqu'à la définir publiquement comme "un cheval boiteux". Enfin, il y a la relation avec Giorgia Meloni : forte, personnelle – les deux politiques se sont montrées, à plusieurs reprises ensemble devant les caméras, de Lampedusa à Bologne, en passant par Forlì. Von der Leyen était à la recherche d'un soutien politique, et Meloni semblait tout à fait disposée à le lui offrir afin de prouver qu'elle pouvait influencer une commission qui, selon elle, avait une approche erronée et idéologique. Mais au cours du dernier mois de la campagne électorale, Meloni, en tant que chef de file des conservateurs, a fait non pas un, mais deux pas en arrière, en Conseil européen puis par le vote contre au Parlement européen à la candidature de Von der Leyen. Et en fin de compte, elle a été cohérente. La Première ministre, peut-être conditionnée par sa peur d'avoir des ennemis à droite, à savoir l'orbanien-lepéniste Salvini, a finalement revendiqué à la fois l'abstention au Conseil européen sur la nomination de von der Leyen et, surtout, le vote contre au Parlement UE. Ce fut un tournant important. Aujourd'hui, von der Leyen rembobine le film italien de ces mois, aligne les protagonistes et se prépare à la dernière négociation en position de force. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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