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09/08/2024

"Le coup de froid entre l’Italie et l’Union Européenne."

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Italie. Revue de presse.

L’incursion ukrainienne dans la région russe de Koursk fait toujours les unes de l’ensemble des quotidiens : « L’Europe soutient Kiev : ‘Frapper en Russie est son droit’ » (Corriere della Sera), « Attaque en Russie, coup de froid entre l’Italie et l’UE » (Stampa), « Pour l’UE, « l’Ukraine a le droit de frapper » » (Messaggero), « La contre-invasion » (Avvenire). Les déclarations du Saint-Siège sur la fin de vie sont aussi citées en Une : « Fin de vie, le tournant du Vatican » (Stampa), « Le Vatican se dit ouvert à une médiation pour aboutir à une loi » (Corriere della Sera). La grève des concessions balnéaires contre leur ouverture à de nouveaux appels d’offre, remettant en cause leurs droits d’usage, fait la une de Repubblica : « La volte-face sur les concessionnaires balnéaires : « le gouvernement se moque de nous », l’embarras de Meloni, qui passe des critiques de la directive Bolkenstein à premier ministre qui appliquera la directive de l’UE ».

ARTICLE, Repubblica, par G. Cerami, « Un signal de la Présidence de la République sur le projet de loi sur les prisons. Et sur la détention provisoire, la droite se divise » : « Le décret sur les prisons a été signé par le président de la République Mattarella, et est entré en vigueur moins de 24 heures après son approbation à la chambre. Le chef de l’Etat doit maintenant promulguer le projet de loi portant sur l’abrogation de l’abus de pouvoir, dont la signature tardive témoigne d’une volonté du président d’utiliser tout le temps dont il dispose, ce qui ne va pas sans agacer certains membres du gouvernement. Le ministre de la Défense Guido Crosetto avait ainsi partagé sur les réseaux sociaux le point de vue du député d’Azione Enrico Costa, fustigeant l’absence de signature de la loi 28 jours après son vote. Il s’est toutefois rattrapé, en déclarant qu’il « n’attaquerait jamais Mattarella ». Le texte en discussion a lui suscité de nombreuses polémiques. Ce décret sur les prisons a conduit le gouvernement à éteindre l’incendie en cours sur la question de l’abolition de l’abus de pouvoir, en intégrant une norme contre le détournement de fonds, sans laquelle le pays aurait pu être visé par une procédure d’infraction. Quoi qu’il en soit, la nouvelle loi sur le système pénitentiaire est entrée en vigueur, dans le contexte particulièrement alarmant des 66 suicides en prison depuis le début de l’année, d’où la volonté de la présidence d’agir le plus vite possible. Le ministre de la Justice, lors de la réunion avec la présidente du Conseil Giorgia Meloni, a évoqué des solutions « de moyen et de long terme », qui passeront par des renforcements des surveillants pénitentiaires et une modification du régime de la détention provisoire « pour éviter les incarcérations injustifiées ». La magistrature a tiré la sonnette d’alarme à propos du premier point évoqué par le ministre : on compte environ 100 000 cas seulement pour les condamnés actuellement en liberté, mais devant accomplir des peines inférieures ou égales à 4 ans. Les juges de l’application des peines sont au nombre de 236 répartis 29 tribunaux : ils se trouvent donc en difficulté devant l’énorme masse de travail. Pour Giovanni Maria Pavarin, longtemps responsable de la Coordination nationale des magistrats chargés du suivi et de l’application des peines, « la situation est dramatique, on aurait besoin sur l’ensemble du territoire d’environ 1000 magistrats en plus ». Concernant la révision des normes sur la détention provisoire, sujet hautement polémique, la majorité pense qu’il faut effectivement agir, car cela allègerait le taux d’occupation des prisons. Mais il n’y a pas de consensus sur la question au sein de la majorité : d’un côté pour Forza Italia et Nordio (Frères d’Italie), il faudrait éviter le placement en détention provisoire aux personnes dont l’arrestation se fonde sur le seul argument de la récidive, une proposition qui avait été éliminée de l’amendement présenté par Costa il y a deux jours. Même la Ligue, avec quelques différences en interne, suit cette ligne. Elle est plus prudente et a une position plus modérée que celle de Fratelli d’Italia, raison pour laquelle l’amendement de Costa a du modifié en urgence. Tous ces dossiers seront au cœur de la rencontre de rentrée entre le président Mattarella et Nordio, à la demande de ce dernier. Face à la confusion au sein du gouvernement, les oppositions continuent de réclamer des interventions immédiates, comme l’augmentation de la remise de peine de 45 à 60 jours tous les 6 mois, prévue par la proposition de Roberto Giachetti d’Iv renvoyée en commission. Pour autant, les Radicaux, Giachetti et l’association Nessuno tocchi Caino ont accusé Nordio et ses secrétaires d’Etat Delmastro et Ostellari d’être responsables d’actes de « torture » au regard de l’état de la souffrance carcérale, à laquelle le décret n’apporte aucun remède. Pour Delmastro c’est « inacceptable, et la gauche souffle sur les braises ». Il va de soi que le gouvernement est aux abois, à la recherche d’autres mesures à mettre en œuvre en dépit de la récente approbation d’un décret. » 

COMMENTAIRE, La Repubblica, L. Iezzi, « Concessions balnéaires : les promesses trahies » : « Meloni considérait probablement qu’il serait facile d'obtenir une certaine indulgence de Bruxelles pour les exploitants de plages italiens. Mais alors que le Palais Chigi (la Présidente du Conseil a conservé la compétence de la question des concessions balnéaires) déclarait il y a quelques jours qu’une ‘’réorganisation des concessions de l’Etat interviendra dans les prochaines semaines’’, les autres ministres expliquaient déjà que l’Europe ne cèderait rien ou presque sur ce front. Sans que nous ne soyons des experts de la directive Bolkestein, on comprend que Bruxelles nous rappelle que les plages appartiennent à tous (elles relèvent du champ domanial) et que l'Etat ne peut pas les vendre à des particuliers. Car dans de nombreux cas en Italie, la « concession » est devenue un « cadeau ». Face à des redevances dérisoires (environ 110 millions de recettes pour l’Etat pour 7000 établissements), certaines familles se transmettent « la plage » depuis des générations et, avec le bon maire, étaient sûres d’y rester pendant des décennies. Au contraire, les appels d'offres permettent à l'organisme public d'intervenir en vérifiant l'entretien et la maintenance du bien, l'absence d'abus, mais aussi d'ajuster le loyer à l'avantage économique que le gestionnaire parvient à en tirer (le chiffre d’affaires estimé du secteur est de 10 milliards d'euros). Mais pour la majorité au pouvoir, ce sont les gestionnaires qui seraient les véritables propriétaires "expropriés" au gré des caprices d'une Europe intrusive. De nombreux politiciens ont trébuché sur la question des plages : la reconduction tacite a été virtuellement abolie en 2010 mais les extensions se sont succédé. Plus récemment, le gouvernement Conte 1 a prolongé les concessions jusqu'en 2033, déclenchant la procédure d'infraction et l’intervention de Draghi a été bloquée par les protestations et le mécontentement de sa propre majorité. La désillusion des gestionnaires de plage est partagée par les chauffeurs de taxi, les pompistes, les agriculteurs qui sont montés sur des tracteurs entre Rome et Bruxelles et les membres des forces de l'ordre, autant de catégories que Fratelli d'Italia a rassemblées dans son ascension vers le pouvoir. Nombre d'entre eux quittent aujourd'hui le train en marche et demandent des comptes pour les promesses non tenues. Les errances sur la question des concessions balnéaires font mal, car elles érodent la crédibilité de la présidente du Conseil précisément auprès de ceux qui l'ont le plus soutenu. Pour Meloni, l'automne arrive tôt. »

ENTRETIEN, Sole 24 Ore, de Roberto Calderoli, ministre pour les affaires régionales et les autonomies « Des fonds pour l’autonomie régionale grâce aux économies tirées de la lutte contre le gaspillage de l’argent des régions » : « Entre la fin du mois de septembre et le début du mois d'octobre, les négociations commenceront officiellement avec les quatre régions qui ont déjà demandé l'attribution de matières non liées aux niveaux essentiels de services (LEP). D'ici la fin de l'année, j'aimerais présenter au Conseil des ministres les deux ou trois premiers plans d'action sur les compétences importantes. Il n’y a pas de fracture au sein de la majorité, il y a eu tout au plus des points sur lesquels Forza Italia a tenu une position différente mais sans plus. En ce qui concerne le financement des LEP, d'énormes marges peuvent être dégagées d'un examen des dépenses régionales qui élimine les dysfonctionnements. Par exemple, la Vénétie compte 4,8 millions d'habitants contre 5,6 millions pour la Campanie, mais consacre près de la moitié de ses dépenses au personnel et environ un cinquième à l'achat de biens et de services, y compris l'énergie. Ce sont des différences qui doivent être justifiées ou éliminées. Je ne veux pas retirer des ressources aux habitants de Campanie, je veux que cet argent soit mieux utilisé. L’argent est là mais il faut le dépenser de manière vertueuse. Sur la campagne pour demander un référendum abrogatif organisée par les oppositions, toute cette opération me semble plus médiatique et politique que sérieuse. Tout le monde sait que la question demandant l'abolition de l'ensemble de la loi est manifestement irrecevable du point de vue constitutionnel, à tel point que les régions opposées à l'autonomie ont également choisi une autre voie en posant une question partielle. »

COULISSES, La Stampa, de F. Capurso « Le coup de froid entre l’Italie et l’Union Européenne : « Ils n’ont pas consulté les alliés » » : « A Bruxelles on aura peut-être compris que sur presque chaque dossier, pour notre gouvernement, tout tourne autour des équilibres internes : cela vaut pour le futur des institutions européennes comme pour le tout récent rapport sur l’Etat de droit dans l’UE. Depuis hier, l’Ukraine aussi semble être visée par cette logique. Dans les palais du pouvoir italien, personne n’a exprimé d’enthousiasme à l’égard des déclarations du porte-parole de l’UE qui ont légitimé l’offensive de Kiev en territoire russe. Au contraire, au sein de Fratelli d’Italia, parmi les plus proches de la présidente du Conseil, on aurait préféré ‘’une meilleure coordination et une discussion plus longue’’ avec les Etats membres avant que l’Europe ne prenne une telle position. Giorgia Meloni pourrait même soutenir le principe que l’Ukraine mène une offensive ciblée en Russie, à condition que cela ait comme objectif de convaincre Poutine a la négociation. Or, Matteo Salvini fait pression et confirme son opposition à l’envoi d’armes en lançant des appels pacifistes adressés au Palais Chigi. C’est pourquoi l’entourage de Meloni préfère aborder le sujet avec précaution : tenter cette voie pour arriver à un cessez-le-feu ‘’est sans doute risqué’’, également pour l’Europe, mais il est vrai aussi que la stratégie précédente ‘’était en train de montrer ses limites et la Russie s’est convertie depuis longtemps à une économie de guerre, contrairement à l’Europe’’. Quelle est alors la solution ? ‘’nous envoyons des armes défensives et cela continue à représenter notre engagement’’. Bref, à Rome on aurait préféré qu’il n’y ait pas de réaction et en parler un peu plus. C’est ce qu’explique, en substance, le ministre des affaires étrangères Tajani : ‘’L'offensive sur le territoire russe est une réaction ukrainienne à l'invasion de Poutine. Bien entendu, nous ne sommes pas en guerre avec la Russie’’. Tajani ajoute que "nous avons toujours dit que nos armes ne devaient pas être utilisées sur le territoire russe". Pour M. Tajani, il s'agit "d'une affaire entre l'Ukraine et la Russie’’. La crainte est grande que Moscou réagisse à l'ouverture d'un nouveau front et que l'Europe finisse par être entraînée de plus en plus loin. C'est pourquoi, à la Farnesina, on fait preuve de la plus grande prudence. Ainsi, surtout pour Meloni et Tajani, l’équilibre actuel – soit l’envoi d’armes de défense et le refus d’envoyer des soldats sur le terrain – représente le compromis idéal pour les trois partis composant la majorité. D’autant plus que Salvini a déclaré hier :‘’Depuis Bruxelles, on dit qu'il est juste que l'Ukraine frappe la Russie. J'attends que l'Europe, qui est le fruit d'un choix de paix, propose des mots et des gestes de paix, et non des appels à la guerre. ‘’ »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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