06/08/2024
"La baisse des arrivées de migrants est le fruit du Plan Mattei." et "PNRR : les 11 milliards arrivent, l’Italie est la première sur les résultats."
Italie. Revue de presse.
La chute du cours des Bourses influencée par les craintes d’une possible récession aux Etats-Unis fait les unes de l’ensemble des médias. Les quotidiens titrent : « Tokyo s’écroule, un lundi noir pour les bourses » (Corriere della Sera, Sole 24 Ore), « Bourses, la grande peur » (Repubblica), « Les Bourses dans le rouge, les taux d’intérêt sont pointés du doigt » (Stampa), « Les Bourses s’effondrent en raison du ralentissement de l’économie américaine » (Messaggero). Les craintes relatives à une attaque imminente de l’Iran contre Israël sont aussi largement citées : « L’Iran est prêt à lancer l’attaque » (Corriere, Stampa).
ARTICLE, Corriere della Sera, M. Galluzzo, « Les dossiers en suspens (tandis que celui de la Rai est renvoyé à plus tard). Une discussion demain au Palais Chigi » : « Demain, en marge du Conseil des ministres, il est peu probable que les leaders de la majorité ne profitent pas de ce rendez-vous pour un moment de réflexion politique avant leur période de vacances. Il semble déjà certain que la question du renouvellement du conseil d’administration de la Rai sera renvoyée à septembre, comme l’ont décidé hier les chefs de groupe des principaux partis qui soutiennent le gouvernement. Le premier sujet qui nécessite une discussion est la loi de finances. Le 20 septembre, le ministère de l’Economie et des Finances publiera des données sur les finances publiques et il appartiendra aux partis, selon leurs choix politiques, de définir une loi de finances qui tienne compte des correctifs demandés par Bruxelles, de la baisse du coin fiscal et de la nécessité de trouver des recettes pour équilibrer le budget. Les trois représentants politiques devront ensuite s’attaquer à deux problèmes. Premièrement, le calendrier et les éventuelles corrections des deux principales réformes constitutionnelles qui pourraient faire l'objet d'un nouvel examen parlementaire d'ici la fin de l'année. Dans le cas du « premierato », il est nécessaire de parvenir à un accord sur les modifications possibles afin que le deuxième vote à la Chambre des députés intervienne avant décembre. La même exigence s'impose s’agissant de la réforme sur la séparation des carrières des magistrats, autre point majeur du programme électoral. Si, au Parlement, les derniers jours avant les vacances seront consacrés à l'approbation des décrets-lois encore "ouverts", le moment de réflexion à trois devra aussi se pencher sur un certain nombre de nominations à la tête d’entreprises publiques. Le remplacement du commissaire aux comptes pourrait arriver en Conseil des ministres. Et Meloni devra certainement aussi rendre compte du contenu de sa rencontre avec le président chinois à Pékin. »
ARTICLE, Corriere della Sera, C. Voltattorni « PNRR : les 11 milliards arrivent, l’Italie est la première sur les résultats », : « La cinquième tranche du Plan national de relance et de résilience (Pnrr) a été reçue. La commission européenne a versé hier les 11 milliards d’euros en prêts et subventions « sur la base des résultats consécutifs à la mise en œuvre efficace des investissements et des réformes prévues par le plan de relance national ». Les ressources obtenues par l’Italie se chiffrent ainsi à 113.5 milliards jusqu’à aujourd’hui, soit 58.4% du total, lesquelles associées aux 194.4 milliards d’aides supplémentaires placent l’Italie comme principal pays européen à bénéficier des fonds du Pnrr, devant l’Espagne, La France et l’Allemagne. La présidente du Conseil Giorgia Meloni a souligné que « l’Italie est à la première place dans l’UE en termes d’objectifs accomplis et en montant total reçu : nous avons été les premiers à demander le paiement de la cinquième et de la sixième tranche du Plan ». Elle rappelle également les données Istat, qui « estiment que nous connaissons une croissance acquise au premier trimestre 2024 de 0.7% : une preuve de plus du travail efficace du gouvernement et des administrations pour la tenue des objectifs programmatiques et pour la mise en œuvre de mesures vertueuses pour la croissance économique italienne structurelle ». Le ministre des affaires européennes et responsable du Pnrr Raffaele Fitto a lui déclaré : « L’Italie confirme son statut de pays de l’UE ayant reçu les versements de financements les plus importants ». Il promet « dans les prochains mois » « l’augmentation du contrôle de la mise en œuvre du Plan », « dans une collaboration constructive avec la Commission européenne et avec toutes les administrations concernées, avec une attention particulière aux mesures incluses dans les trois dernières parts, à l’alignement de la plateforme ReGiS, à l’augmentation de la dépense et au progrès des procédures et des financements ». Au 30 juin 2024, les procédures administratives pour flécher les financements et identifier les projets s’élevaient à 165 milliards d’euros et la dépense en flux est d’environ 52 milliards d’euros. Le responsable du Pnrr au PD Alessandro Alfieri a pointé « le problème de la mise en place des projets », demandant à Fitto de référer à la Chambre pour « clarifier la situation réelle du Pnrr ». Elena Bonetti, vice-présidente d’Azione, a fustigé le « ton triomphal et d’autosatisfaction du gouvernement », soulevant que seuls « 29% des objectifs, contre 73% pour la France » auraient été atteints. Le gouvernement évoque une possible hausse de la taxe de séjour, dont les discussions se tiendront toutefois après la pause estivale. »
ARTICLE, La Repubblica, « “Les étrangers sont rejetés dans le désert ou livrés aux trafiquants libyens". Voici comment la Tunisie freine les départs » par Leonardo Martinelli : « En juillet, 7 000 migrants sont arrivés en Italie par la Méditerranée en provenance de Tunisie et de Libye : moins d'un tiers des 24 000 débarqués au cours du même mois de l'année dernière et la moitié des 14 000 de juillet 2022. Entre janvier dernier et la fin du mois de juillet, les arrivées en provenance de la seule Tunisie ont chuté de plus de 70 % et sont désormais moins nombreuses que celles en provenance de la Libye. Ces chiffres parlent d'eux-mêmes : le flux migratoire en provenance du pays de Kais Saied, président autoritaire et ami de Giorgia Meloni, a été drastiquement réduit. La première ministre ne manque pas une occasion de crier victoire, rappelant que l'inversion de la tendance s'est produite après la signature du Mémorandum UE-Tunisie, en juillet 2023, qu'elle a fortement défendu : un accord qui accordait une aide économique généreuse à Saied en échange d'un durcissement des départs de migrants depuis ses côtes. Vue de Tunis, cette "victoire" laisse cependant un goût amer. “Elle se fait au détriment des migrants", estime Romdhane Ben Amor, du Ftdes (Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux). Depuis que la Garde nationale a multiplié les interceptions d’embarcations en mer (ce sont notamment les bateaux métalliques branlants utilisés par les Subsahariens qui ont disparu de la route, tandis que ceux des Tunisiens demeurent) et commencé à multiplier les descentes dans les rues pour vider les villes des clandestins africains, ceux-ci se cachent, ne peuvent plus assurer le petit boulot qui leur permettait de survivre, ne peuvent plus se loger. Ils se cachent ou se concentrent dans des camps de fortune, comme ceux de la région d'El Amra, à une quarantaine de kilomètres au nord de Sfax. C'est le hotspot dont Meloni rêvait depuis longtemps en Tunisie et qui a vu le jour par la force des choses, puisque les migrants ne peuvent plus partir, mais continuent d'arriver, notamment d'Algérie. Oui, un hotspot boueux, putride et délabré, sans même les ONG pour l'aider, "parce que Saied l'a empêché et a fait arrêter certains de leurs représentants". Dans le collimateur des autorités, le Conseil tunisien pour les réfugiés (Ctr) et Terre d'asile, les deux associations qui venaient en aide aux Subsahariens, mais qui ont été interdites. Auparavant, les migrants interceptés en mer étaient relâchés après avoir regagné les côtes. Aujourd'hui, "dans la plupart des cas, ils sont poussés de force dans des bus", ajoute Ben Amor, "et jetés aux frontières de l'Algérie et de la Libye, dans des zones désertiques. Certains meurent de misère, loin des regards indiscrets“. Quant à la frontière libyenne, "des vidéos de migrants et des rapports d'ONG prouvent la coordination entre certains membres de la Garde nationale et les milices libyennes“. Hamza Meddeb, chercheur au Carnegie Middle East Centre, reconnaît que la forte baisse du flux migratoire entre la Tunisie et l'Italie, "au-delà du tragique coût humain, est surtout une victoire pour Meloni, qui a su la vendre à l'opinion publique". La Tunisie, en revanche, n'y gagne pas grand-chose, du moins sur le plan financier". Le mémorandum avec l'Europe prévoyait 150 millions d'"assistance macroéconomique urgente", débloqués en mars dernier, et 105 millions pour la lutte contre l'immigration irrégulière, qui n'ont été que partiellement débloqués jusqu'à présent. Autant d'efforts pour freiner les migrants, pourquoi ? "Cela sert les intérêts politiques de Saied“, poursuit le spécialiste. Il voulait que l'Europe ferme les yeux sur sa dérive autoritaire et ne s'occupe pas des prochaines élections présidentielles, prévues le 6 octobre ».
ENTRETIEN, Il Tempo, de Tommaso Foti, chef de groupe de Frères d'Italie à la Chambre, « La baisse des arrivées de migrants est le fruit du Plan Mattei » : « La baisse des arrivées de migrants, confirmée par les chiffres diffusés par le ministère de l’Intérieur, s’explique par l’adoption du Plan Mattei. La stratégie des accords avec les pays africains commence à porter ses fruits. Si nous créons les conditions pour que la pauvreté soit remplacée par la possibilité de vivre, de travailler et d’avoir un salaire digne, les migrations sont destinées à baisser considérablement. Nous avons montré que notre stratégie n’était pas de la théorie politique mais un choix gagnant. Nous sommes partis d’une posture européenne selon laquelle le problème des immigrés pouvait se résoudre avec la redistribution entre pays sur une base volontaire – ou plutôt sur une non-distribution puisque cet élan volontariste s’épuisait avant même de commencer – à l’idée italienne de ne pas faire partir les migrants. Il existe un droit d’émigrer comme un droit à ne pas migrer. Quant à l’accord avec Albanie, d’autres suivront cet exemple, comme l’Allemagne par exemple, qui semble avoir manifesté son intérêt, ou le Royaume-Uni dans le respect de sa tradition. Quant aux ONG, elles devraient faire des interventions selon leurs attributions, sans mener d’activité parallèle parfois conflictuelle avec celles des forces de sécurité italiennes pour décourager l’immigration clandestine. Von der Leyen est censée représenter tous les pays, et elle devrait connaitre la diversité des différents pays, et savoir que l’Italie, l’Espagne et la Grèce sont plus exposées que d’autres. »
Tommaso Foti
ANALYSE, Repubblica, A. Ginori, « Du fleuve baignable au défilé queer, la charge souverainiste contre les JO et Macron » : « Pour Matteo Salvini, ministre des Transports et des infrastructures, la Seine est un « égout » et y tenir les épreuves de triathlon cette semaine n’est « pas respectueux des athlètes qui se sont sacrifiés pendant des mois ». « Je préfère mille fois « l’Italian style » à la désorganisation et le favoritisme macronien » a déclaré Fulvio Martusciello, chef de file de Forza Italia au Parlement européen. Attaquer Paris 2024 est le nouveau sport favori de la droite italienne. Olaf Scholz avait quant à lui souhaité quelques jours avant le début de l’évènement « un grand succès à la France pour ces JO, qui sont également importants pour l’amitié franco-allemande ». Un exemple parmi d’autres, nombreux, de courtoisie internationale. Le leader de la Ligue Matteo Salvini se lançait de son côté à l’attaque des JO en isolant un moment où apparait un banquet « blasphématoire » de drag queen, vu comme une parodie de la cène de Léonard de Vinci, ce qui l’a conduit à qualifier les Français de « minables ». Pour le député Fratelli d’Italia Federico Mollicone, il s’est agi de « la preuve irréfutable du « crépuscule de l’Occident ». Peu importe qu’il ne s’agisse que de quelques minutes sur quatre heures de spectacle, peu importe que les réalisateurs du show olympique aient démenti toute allusion religieuse, préférant parler de fête païenne, et qu’ils se soient ensuite excusés. Ils n’écoutent que ceux qu’ils veulent entendre. Et c’est ainsi qu’on en est arrivés à faire comme Trump, Erdogan et le Kremlin. Puis est arrivée la vague de haine sur Imane Khelif, qui n’a pas été un débat normal sur la question du genre dans le sport, sur d’éventuels critères physiques pour l’équité des matchs, mais une campagne de fake news (« c’est un homme »), une dramaturgie créée autour de la « victime » Angela Carini, consolée par une caresse de Giorgia Meloni puis entrainée dans des commentaires obscènes et des attaques personnelles contre l’athlète algérienne. Laquelle s’est défendue : « J’envoie un message à toutes les personnes du monde pour soutenir les principes olympiques et la Charte olympique, pour s’abstenir de harcèlement envers les athlètes, parce que les effets sont énormes ». La dernière dissonance concerne la Seine, et cette idée peut-être trop ambitieuse de vouloir la rendre baignable, un projet pharaonique qui a aussi suscité des doutes en France, d’autant plus au vu de l’investissement réclamé au contribuable d’1.4 milliards d’euros. C’est la « médaille d’or de l’hypocrisie verte » pour Maurizio Gasparri, président des sénateurs de Forza Italia. Pour Emmanuel Macron, les JO sont un symbole de revanche après une phase pour le moins déclinante de sa présidence. Le projet d’une Seine baignable reçoit pourtant un soutien bipartisan, et cette bataille est revendiquée à gauche par Anne Hidalgo, qui s’est baignée dans le fleuve vingt jours plus tôt. La ministre des sports Amélie Oudéa-Castéra a démenti que l’athlète belge ait été hospitalisée depuis quatre jours et déclare qu’elle ‘est malade sans qu’il n’y ait de lien prouvé avec l’eau de la Seine’. Concernant l’épreuve d’hier, « aucun athlète ne s’est retiré », souligne la ministre française, qui explique que l’incertitude sur la baignabilité tient aux orages de ces derniers jours. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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