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23/07/2024

"De la Padanie à la bataille de Lépante, la ‘métamorphose’ de la kermesse de la Ligue à Pontida."

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Italie. Revue de presse. 

ARTICLE, Corriere della Sera, de C. Zapperi « De la Padanie à la bataille de Lépante, la ‘métamorphose’ de la kermesse de la Ligue à Pontida » : « Trente-quatre ans (et 35 éditions) plus tard, la Ligue "utilise" à nouveau Pontida comme lieu symbolique, comme ancrage évocateur de ses stratégies politiques. Et toujours dans l’esprit d’un conflit - et avec l’impulsion de diviser les bons des mauvais, les défenseurs des valeurs et des vertus contre les envahisseurs - qui est fonctionnel pour serrer les rangs et réchauffer l'esprit de cohésion. Matteo Salvini a choisi le 6 octobre prochain, pas par hasard, pour le traditionnel rassemblement du parti, soit à la veille de l'anniversaire de l'affrontement historique entre l'Occident et l'Orient, entre les chrétiens et les musulmans. La Sainte Ligue voulue par le pape Pie V contre l'Empire ottoman pour repousser les tentatives d'hégémonie sur le bassin méditerranéen et arracher des terres à la République de Venise (assauts sur Nicosie et Famagouste). À Lépante, le 7 octobre 1571, l'alliance européenne bat la flotte turque. Cette bataille a été évoquée comme un exemple de "choc des civilisations" et la rappeler en 2024 a une signification politique évidente pour la Ligue de Salvini, qui peut ainsi accentuer sa nouvelle posture souverainiste, avec des références fortes aux valeurs de la tradition catholique, qui plaît tant au député européen nouvellement élu Roberto Vannacci. »  

COMMENTAIRE, Corriere della Sera, de M. Franco : « Les tensions au sein du gouvernement peuvent bloquer les réformes » : « La question en suspens au sein de la majorité ne concerne pas que la possibilité de mettre d’accord la Ligue et Forza Italia, notamment en matière de politique étrangère. Le front, officiellement inexistant, mais qui existe pourtant bien et pourrait s’aggraver, concerne les réformes institutionnelles. On peut se demander si elles survivront à un conflit entre les partis de la coalition. Il y a encore peu de temps, la question ne se posait pas, au contraire, puisque, au nom de la cohésion, chacun présentait une réforme qu’il présentait comme complémentaire à celle des autres : le « premierato » tempérerait la réforme de la Ligue sur l’autonomie régionale et la réforme de la justice d’inspiration berlusconienne contenterait tout le monde. Mais le vote des européennes a rebattu les cartes. Le parti qui en sort vraiment vainqueur est celui d’Antonio Tajani, tandis que la Ligue est marginalisée au sein de son groupe pro-Russe et que la Présidente du conseil, après avoir, non sans surprise, voté contre Ursula von der Leyen, ne peut rien faire d’autres que protester face à la nomination d’un espagnol, Javier Colomina, comme représentant spécial de l’OTAN pour la Méditerranée, un véritable affront à l’Italie selon la majorité. Mais la coalition au pouvoir à Bruxelles, qui va des verts au PPE, pousse aussi la Ligue à faire des reproches à Forza Italia, là où cela confirme juste, du point de vue d’Antonio Tajani, que FI joue la carte de la centralité et des principes européistes et de coopération internationale. Reste maintenant à savoir si le délitement de la majorité sur le plan européen aura des conséquences sur des réformes largement rejetées par les oppositions et que certains proposent de soumettre à des référendums, quitte à diviser le pays et la coalition. Les ministres de la Ligue et de Fratelli d’Italia jurent que le gouvernement navigue sur une mer d’huile ; peut-être, mais il reste à comprendre comment il réussira à récupérer une cohésion qui semble de plus en plus intermittente ». 

SONDAGES, La Repubblica, d’I. Diamanti, « La moitié des Italiens estiment appartenir à la ‘’classe moyenne’’, les forces politiques veulent conquérir le ‘’centre’’ de la société » : « Seuls 1% des personnes interrogées estiment appartenir à une classe sociale ‘’élevée’’, 8% à une catégorie socio-économique ‘’moyenne-haute’’ et 28% à la catégorie ‘’moyenne-basse’’. Suite à la crise de 2008, la part de personne estimant appartenir à la classe moyenne chute car de nombreux Italiens estiment qu’eux et leurs familles ont basculé vers la classe ‘’moyenne-basse’’ : en 2006, 28% déclaraient appartenir à la classe ‘’moyenne-basse’’ et 60% à la classe moyenne, contre 40% et 50% aujourd’hui. La profession (ou l’absence de profession) est déterminante pour ce sentiment d’appartenance. D’après cette étude Demos, ceux qui se sentent le plus en marge sont les personnes sans emploi (59% estiment appartenir à la classe ‘’moyenne-basse’’ contre 37% à la classe moyenne et seulement 4% à la classe ‘’moyenne-haute’’ ou ‘’haute’’), mais aussi les ouvriers (respectivement 51%, 45%  et 4%), cela s’équilibre un peu avec les femmes au foyer (46%, 48%, 4%), viennent ensuite les retraités (41%, 48%, 8%) et les étudiants (38% estiment appartenir à la classe ‘’moyenne-basse’’ et 48% à la classe moyenne). Ces proportions s’inversent nettement chez les cadres, les techniciens, les fonctionnaires dont 29% estiment appartenir à la classe ‘’moyenne-basse’’ et 61% à la classe moyenne, et les travailleurs indépendants (respectivement 18% et 69%). Les Italiens estimant appartenir à la classe moyenne expriment une préférence élevée pour la droite (61%) mais leur poids apparait important également pour les autres forces. D’où l’enjeu politique de conquérir ce ‘’centre’’ de la société. » 

COULISSES, La Stampa, « Inscrits aux partis ou candidats dans les petites communes, voici la stratégie pour se faire une place en politique » : « Multiples sont les militants de CasaPound qui, ces dernières années, ont abandonné leur chemise emblématique et se sont inscrits dans les partis « classiques » ou les nouvelles formations pour s’essayer à une carrière politique dans les communes de toute l’Italie. Le Piémont en est un exemple. Prenons le cas d’Igor Bosonin, technicien industriel de 45 ans qui, aux élections administratives de l’an dernier à Ivrea, dans le Piémont, était un des grands noms de la liste de la Ligue de Salvini. Formation qui soutenait le candidat à la mairie Andrea Cantoni. Mais Bosonin lui-même s’était présenté en 2018 aux municipales sous l’insigne de CasaPound. Et dire que le centre-droit avait alors gagné. Pendant la dernière campagne électorale, Bosonin théorisait : « Ivrea a toujours été une ville rouge, il y a eu il y a cinq ans un changement important et j’espère qu’il n’y aura pas de revirement maintenant ». Prévision erronée puisqu’à Ivrea, le centre-gauche porté par le Parti démocrate a renoué avec le succès. Il y a ensuite le cas de Matteo Rossino, militant historique de CasaPound version turinoise, atterri lui aussi au sein de la Ligue après être passé par l’Italexit de Gianluigi Paragone. Un tournant effectué il y a un an, annoncé par une série de post sur les réseaux avec la députée Elena Maccanti. Rossino, qui s’est toujours défini comme « libre et souverainiste », a fondé dans la ville divers comités de quartier – et notamment l’association Turin Tricolore –, organisant des « marches » contre la contrebande. Rossino n’a jamais renié CasaPound. Le changement de veste est pour sûr une habitude dans ces milieux. Voici, pour comprendre, une brève liste des communes dans lesquelles des personnages proches de CasaPound se sont présentés : Varisella, Sauze di Cesana, Traversella, Piossasco e Settimo Torinese. A Varisella, Toni Cuttaia, activiste vénérien de CasaPound et alors coordinateur local du « Comité Onoranze Continuità Ideale » qui, en 2016, demandait au maire 5 Etoiles Roberto Falcone de poser une pierre en mémoire des combattants vénériens de la République Sociale Italienne fusillés en 1945, a été élu il y a cinq ans au sein de l’opposition. A Verolengo, Domenico Giraulo, en 2019, se présenta comme candidat à la tête du pays avec CasaPound. Aux dernières élections administratives, il a pourtant soutenu le groupe de la maire sortante Rosanna Giachello. La stratégie de la double ligne d’action (CasaPound d’un côté et partis de l’autre) a porté quelques fruits. Mais Rome reste encore très loin. C’est le côté moins présentable du mouvement. Qui ne rapporte pas de voix. » 

PREMIER PLAN, Sole 24 Ore, de M. Perrone et G. Trovati, « Plan national de Relance pour 2024, seulement 9,4 milliards ont été dépensés mais 85% des fonds ont été attribués » : « Le Plan de Relance italien avance-t-il au ralenti comme beaucoup le craignent, y compris au ministère de l'Economie, ou va-t-il à vive allure comme l’a maintes fois revendiqué la Présidence du Conseil ? Les chiffres du dernier rapport semestriel sur l'état d'avancement du Plan national de relance et de résilience, présenté hier par le ministre Raffaele Fitto en présence de la Présidente du Conseil Giorgia Meloni, demande une lecture plus articulée, qui ne balaie pas les inquiétudes, mais indique plusieurs éléments encourageants en perspective. En effet, les dépenses restent faibles. Au 30 juin, elles étaient estimées au total à 51,36 milliards d'euros, soit seulement 9,4 milliards de plus que fin 2023 (42 milliards, puisque les 45,6 inscrits dans le rapport précédent ont ensuite été revus en décembre). On observe toutefois que 164,79 milliards des 194,42 milliards de fonds ont d’ores et déjà été alloués et les projets à financer identifiés. Dans la pratique, 85% des fonds ont donc trouvé leur destination. Et ce n'est pas tout : concernant, les projets qui font l'objet d'un appel d'offres (pour un total de 132,77 milliards d’euros), les procédures ont été engagées pour 122,04 milliards (92 %) et les appels d'offres lancés pour 111,62 milliards. Si les dépenses se poursuivent lentement, elles laissent présager une hausse de la courbe des dépenses réelles, et ce à court terme, d’après R. Fitto, qui invite à voir "le verre à moitié plein". Après avoir obtenu la cinquième tranche de 11 milliards et demandé la sixième de 8,5 milliards, l'Italie a reçu en tout 102,5 milliards, soit 53% de la dotation globale, et a pu attester de la réalisation des objectifs à hauteur de 63% des fonds du Plan. Des données qui, pour Fitto, sont une ‘’important vecteur de confiance". En réalité, cela varie sensiblement d’un volet à l’autre du PNR. Par exemple, la première Mission, dédiée à la numérisation, à l'administration, à la culture et au tourisme se distingue très nettement : avec 18,33 milliards d’euros, elle représente à elle seule 35,7 % des dépenses effectives, alors qu'elle ne représente que 21,3 % du Plan. A titre de comparaison, la Mission 2 (transition écologique), arrive en deuxième position avec 33 % des dépenses, alors qu'elle est en valeur absolue la plus importante de tout le Plan, alors que la mission 5 (inclusion et cohésion), reste bloquée à 10 % de dépenses, et la mission 6 (santé), ne dépasse pas 12 %. L'attention quant au risque de retards reste donc élevée. Les administrations chargées de la mise en œuvre des différents volets et misions on jusqu’à aujourd'hui pour rendre compte de l'état réel d’avancement à ce jour. Le gouvernement pourra envisager de remplacer les acteurs qui sont en retard par rapport aux différentes échéances. Pour Fitto, le principe est clair : "si vous êtes en retard, vous vous occupez de rembourser les ressources", ce qui a déjà suscité à plusieurs reprises la controverse parmi les parties chargées de la mise en œuvre, les autorités locales in primis. » 

ARTICLE, Il Messaggero, de G. Andreoli, « Plan de relance, des remboursements extrêmement lents pour les petits centres : 3 milliards d’euros en suspens pour la transition numérique » : « La bureaucratie ministérielle risque de faire subir un revers aux petites communes de moins de 5000 habitants. Il y aurait en effet 3 milliards d’euros pour la transition numérique des petits centres qui ont été dépensés et déclarés, mais environ 85% des remboursements n’ont pas encore été effectués d’après l’Union nationale des communes, communautés et entités de montagne. Près de 3000 communes, principalement d’Italie centrale, seraient concernées et risqueraient une banqueroute. La partie du plan de relance concernée concerne la numérisation des petits centres d’ici à 2026, notamment à travers le cloud, les infrastructures digitales et la cybersécurité, visant à réduire la paperasse et offrir des services efficaces aux citoyens. D’après Marco Bussone, président de l’UNCEM, les remboursements prennent du retard car ils ne sont pas validés assez vite par le ministère de l’Intérieur, ce qui pose un problème de finances publiques. Selon l’Association des entreprises d’ingénierie et d’architecture, il faut entre 8 mois et un an pour obtenir ces remboursements, ce qui se traduit par une baisse des appels à projet par rapport à l’année dernière : une chute de 86,6%. Le gouvernement, pour résoudre ce problème, a prévu dans le prochain décret sur le plan de relance des avances de 30% dans certains cas, des mesures qui ne conviennent ou ne suffisent pas pour beaucoup de communes. ‘’Le processus de vérification est lent et les coûts sont difficiles à soutenir pour nous’’ soulignent plusieurs maires. D’autres évoquent le ‘’manque de main d’œuvre pour tenir à jour les comptes-rendus ce qui les pousse à payer des cabinets de consultants dont les services ne sont pas remboursés par l’Etat’’. L’UNCEM propose de son côté d’avancer plus de 30% en impliquant la Caisse de Dépôts et de Prêts, qui ‘’a la solidité nécessaire pour affronter des situations financières difficiles que les petites communes n’ont pas’’. » 

ANALYSE, Foglio, de S. Canettieri, « Meloni est préoccupée par l’après Fitto et envisage de confier le portefeuille du PNRR et de la Cohésion à son secrétaire d’Etat » : « Rome est préoccupée par l’après Fitto, et n’a qu’une demie-certitude : seul Giovanbattista Fazzolari, le sous-secrétaire délégué à la mise en œuvre du programme du gouvernement et maître de la communication du gouvernement et de Fratelli d’Italia, pourrait remplacer Raffaele Fitto. Le cerveau du mélonisme pourrait prendre en charge aussi bien le PNRR que la Cohésion, lui qui répond aux critères de ‘’cohérence’’ et de ‘’confiance’’ martelés par Giorgia Meloni. Déjà impliqué sur tous les dossiers, Fazzolari serait préféré à Alfredo Mantovano, d’autant que Meloni ne veut pas concéder ce poste à ses alliés, en pleine phase de tensions. Il s’agit toutefois d’un scénario encore incertain, pour deux raisons. Premièrement, la décision devrait être prise en octobre ; deuxièmement, Fitto n’ira à Bruxelles que ‘’si ça en vaut la peine’’, c’est-à-dire si l’Italie obtient un portefeuille économique de poids. Giorgia Meloni, plutôt à l’offensive ces derniers jours, semble maintenant changer son fusil d’épaule. Elle a rencontré hier le nouveau président du Conseil européen, Antonio Costa. Le moment était plutôt à l’apaisement, malgré son opposition à cette nomination en juin. Les deux dirigeants auraient discuté immigration et compétitivité, et surtout Antonio Costa aurait appelé à un ‘’leadership partagé et pragmatique au Conseil européen’’, une façon d’oublier le passé pour aller de l’avant. Meloni semble donc décidée à ne pas poursuivre son bras de fer avec Bruxelles, ce qui explique aussi le renvoi à vendredi prochain du décret sur la concurrence que Salvini voulait exploiter en insistant sur ses mesures à propos des concessions autoroutières. Raffaele Fitto, dans une conférence de presse, a été clair : ‘’le travail que nous avons toujours mené est celui d’une discussion avec la Commission européenne, ayant souvent pour but de prévenir la création de situations polémiques’’. L’heure est donc à l’apaisement vis-à-vis de l’UE, sur fond de tensions toujours plus palpables entre les deux vice-présidents du conseil. » 

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Giovanbattista Fazzolari

COULISSES, La Repubblica, de T. Ciriaco et P. Mastrolilli, « Un évènement ECR-Républicains, Meloni se rapproche de « The Donald » » : « En équilibre, sans trop se déstabiliser. Avançant pas à pas vers le trumpisme, mais sans exagérer. Voici la stratégie de Giorgia Meloni, aux prises avec le dilemme de la présentielle américaine. Un projet qui devrait amener ses conservateurs à accueillir une délégation de Trump lors d’un CPAC (Conservative Political Action Conference) à venir en Europe – et peut-être même en Italie – avant le 5 novembre. C’est encore un plan embryonnaire, qui fournit, en fait, au moins trois issues possibles. Une étape utile à l’accueil des trumpistes pourrait être la convention ECR, déjà planifiée pour septembre en Croatie. Une seconde possibilité serait plutôt en novembre à Stockholm : elle se tiendrait cependant après le vote américain. La troisième est la plus suggestive : élargir le rendez-vous des groupes Fratelli d’Italia du 4 au 6 octobre à Brucoli, en Sicile, en organisant une journée de travaux « européens » et « atlantiques » pour accueillir les républicains américains. » 

ARTICLE, Il Messaggero, de F. Pierantozzi : « ‘’Trêve olympique et politique’’ : Emmanuel Macron revient sur scène » : « Les JO arrivent comment une bouffée d’air frais pour Emmanuel Macron. Le président a demandé une trêve non seulement ‘’olympique’’ mais aussi ‘’politique’’. Hier, Emmanuel Macron s’est présenté à l’Elysée pour saluer la presse internationale. Il y a déclaré que les Jeux ne sont pas là pour donner ‘’du pain et des jeux’’ mais espère qu’ils ramèneront tout le monde à un climat ‘’plus apaisé’’. Il y a également affirmé que ‘’oui, il y aura une trêve, je le garantis’’. Le président Sergio Mattarella sera présent pour représenter l’Italie : ‘’J’aime beaucoup le président Mattarella’’, dit Macron. Selon lui l’Italie ne peut pas être une source d’inspiration institutionnelle : ‘’nos systèmes sont très différents, ce que ça inspire, c’est l’amitié’’. A l’extérieur, Paris est une ville blindée, et la fête n’est pour l’instant pas au rendez-vous, Paris semble se vider de ses habitants là où les touristes approchent ». 

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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