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02/07/2024

"Un appel téléphonique a été programmé entre Mme Le Pen et G. Meloni, qui s'est félicitée du succès électoral de la leader française."

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Italie. Revue de presse.

Les  positionnements des partis au lendemain des résultats du premier tour des élections législatives en France, ainsi que le débat interne en Italie, font les gros titres de la presse : « Second tour, Macron est hors-jeu » (Corriere della Sera), « L’heure du désistement [aux triangulaires pour le second tour] » (Repubblica), « Un désistement extrême » (Avvenire), « Législatives en France, les marchés sont soulagés » (Sole 24 Ore), « Macron : « la France risque l’ingouvernabilité » » (Domani) « Schlein : « il faut arrêter les divisions à gauche, à l’instar de la France » » (La Stampa), « Meloni : ‘’La droite est unie, je soutiens Marine Le Pen’’ » (Il Messaggero). La décision de la Cour Suprême américaine sur l’immunité de Donald Trump est aussi citée : « Trump, une immunité presque totale » (Repubblica, Corriere), « La Cour Suprême vient au secours de Trump » (Domani).  

Les JT couvrent essentiellement les élections législatives en France avec les accords de désistement en vue du second tour ; les réactions des politiques italiens aux résultats des élections en France ; la décision de la Cour Suprême des Etats-Unis d’étendre l’immunité partielle de Donald Trump dans le cadre de son procès suite à l’assaut du Capitole ; la situation à Gaza avec des évacuations de civils en vue de nouvelles attaques terrestres par l’armée israélienne ; les intempéries dans la Vallée d’Aoste et le Piémont ; et la nouvelle éruption du volcan Etna. 

COMMENTAIRE, il Foglio, D. Carretta « Le Frexit implicite dans les plans lepénistes (au grand dam de la Défense) » : « Avec le RN, la perspective de Frexit n’est pas aussi éloignée qu’on pourrait le croire. En effet, le programme du Rassemblement national entrerait en collision directe avec les règles de l’UE : du pacte de Stabilité au marché unique, de la concurrence à l’énergie, en passant par l’agriculture, la libre circulation, les frontières, l’immigration, la préférence nationale, la primauté du droit national sur le droit européen : il n’y a pas un secteur dans lequel un éventuel gouvernement Bardella serait compatible avec l’UE. Sur les règles budgétaires, la France s’inscrirait hors de la zone euro. Le coût du programme du RN s’élève à 3% du PIB, ce qui ferait exploser le déficit et la dette. En violant les nouvelles règles du Pacte de stabilité, un gouvernement RN limiterait les possibilités d’intervention de la BCE sur les marchés en cas de crise de la dette souveraine française, avec des retombées aussi sur d’autres pays ayant une dette élevée, comme l’Italie. Un gouvernement RN mettrait fin aux ambitions de l’UE en matière de politique étrangère et de sécurité. Outre le fait de sortir du commandement de l’Otan, le RN veut éviter toute cession de souveraineté dans le secteur. Le soutien à l’Ukraine pourrait être remis en cause, puisque c’est Matignon qui décide des dépenses. Macron pourrait même être contraint de confier à Bardella la formation d’un gouvernement de minorité ou de coalition. L’alternative serait de laisser Marine Le Pen dénoncer que ‘’la volonté populaire a été bafouée ‘’ pendant deux ans et demi, laissant ouverte la voie du Frexit. » 

COMMENTAIRE, il Foglio, P. Peduzzi « Le pari sur le long terme de Macron » : « La stratégie d’Emmanuel Macron va au-delà de ce mois marqué par la peur et la panique : elle pourrait se révéler perdante, certes, mais il n’est pas possible de la comprendre pleinement en se limitant à observer la carte politique de la France. L’objectif déclaré par Macron va au-delà du résultat des législatives et concerne les trois prochaines années. Il compte sur le fait que le RN au pouvoir fera tomber son masque et finira par décevoir son électorat. Le charme antisystème pourrait se dissiper, comme cela a été vu par exemple en Italie avec la Ligue, qui est d’ailleurs l’allié du RN au Parlement Européen. Il est alors préférable d’essayer le RN au gouvernement plutôt que de subir une usure lente depuis l’opposition à travers de slogans irréalistes. Il s’agit donc d’un pari sur le long terme. » 

COMMENTAIRE, Sole 24 Ore, L. Palmerini « Giorgia Meloni commente les élections législatives en France dans la perspective d’un référendum sur la réforme du ‘’premierato’’ » : « S’il est vrai qu’il faut attendre le résultat définitif du second tour des législatives en France, il est prématuré de parler des possibles avantages ou risques pour Meloni, que ce soit du point de vue de la politique intérieure ou de la politique internationale. Toutefois, son commentaire à chaud d’hier met en avant le fait que la chute du mur entre les partis de droite représente la nouveauté du vote transalpin. La réflexion de Meloni va au-delà du cas français et s’étend à Bruxelles et aux prochains défis de politique intérieure. Les prochaines batailles sur les réformes institutionnelles feront réémerger le débat sur les risques pour la démocratie et un front républicain et progressiste prêt à se mobiliser et à s’unir en tentant d’emmener avec eux les partis modérés. Il s’agit des référendums sur les réformes, notamment celle du premierato pour laquelle le gouvernement est accusé de « tentation autoritaire » par les oppositions. Giorgia Meloni pourra alors évoquer un éventuel succès de Marine Le Pen et sa « melonisation », voire l’abandon de la part du RN de sa posture pro-russe. Ainsi, un parti d’extrême droite plus proche que jamais de la Présidence de la République et ce par le biais d’une élection directe serait une arme politique puissante pour Meloni, en pleine campagne référendaire. Ce serait la preuve que ce danger antidémocratique n’existe plus. C’est aussi la raison pour laquelle Meloni a parlé de ‘’la tentative constante de cette diabolisation des droites et d’isoler un électorat ne votant pas pour les partis de gauche’’. Il y a aussi les nominations en cours en Europe et la nécessité de transformer les vétos contre Kallas et Costa et l’abstention sur la nomination de von der Leyen en un résultat concret. A ce stade, toutefois, on assiste à la mobilisation des souverainistes contre un second mandat d’Ursula von der Leyen. Là aussi, Meloni plaide pour la fin des hostilités entre les partis de droite afin de ne pas se retrouver isolée dans les négociations. » 

ARTICLE, Stampa, d’I. Lombardo, « Conservateurs, Meloni : des contacts plus isolés pour retenir les Polonais - Le pacte des patriotes » - « Un appel téléphonique a été programmé entre Mme Le Pen et G. Meloni, qui s'est félicitée du succès électoral de la leader française : "Finie la diabolisation de ceux qui ne votent pas à gauche". Les craintes d'une querelle à droite pénalisent le groupe ECR » :  « C'est à Varsovie, et non à Bruxelles ou à Paris, que Giorgia Meloni joue son destin européen. Ces dernières heures, les contacts se sont intensifiés pour convaincre les Polonais du PiS, du groupe Droit et Justice, de ne pas abandonner les Conservateurs (ECR), la formation qu’elle dirige. La naissance des ‘’patriotes’’, sous la direction de Viktor Orban, et avec la participation de Matteo Salvini et, peut-être, de Marine Le Pen, conditionne l'humeur et les choix de Meloni. Le Pacte des Patriotes, signé à Vienne, recueille adhésions et consensus. Les Polonais sont tentés de le rejoindre. Un déchirement qui affaiblirait Meloni, isolant un peu plus le groupe ECR au sein de l'Europarlement. Selon des sources proches de Fratelli d’Italia, Giorgia Meloni se serait entretenue à plusieurs reprises avec Mateusz Morawiecki, l'ancien premier ministre polonais et leader du PiS, pour le persuader de rester. L'argument utilisé par Meloni a un poids incontestable en Pologne : les sympathies pro-russes d'Orban et de ses nouveaux camarades. La question ukrainienne et les relations avec Moscou représentent une ligne infranchissable. "Comment vont-ils cohabiter ?" s'interroge Meloni. La même question que son entourage se pose sur les choix futurs de Marine Le Pen. Si elle a réellement entamé une opération de normalisation à l’internationale pour faire oublier l’anti-atlantisme et les financements russes, pour tenter de construire un axe avec Meloni, alors la dirigeante du RN ne peut pas se retrouver avec les Patriotes, de plus en plus indifférents à la défense de l'Ukraine, estiment la Présidence du Conseil et les cadres de FDI. Marine Le Pen s'exprimera après le 7 juillet, quand elle saura si elle a la France entre ses mains ou non. Meloni sent la concurrence grandir à droite, avec Salvini qui tisse sa toile de Le Pen à Orban, en passant par Donald Trump. Hier, le premier ministre hongrois a confirmé que "bientôt, les Patriotes seront rejoints par un parti italien" et que "nous deviendrons le troisième groupe le plus important au Parlement européen". Ce parti, comme l'a confirmé hier la Stampa, est la Ligue. Le fait que G. Meloni ait rompu sa neutralité habituelle en commentant les résultats des élections dans d'autres pays prouve qu'elle est très inquiète. Elle ne simule pas la normale équidistance diplomatique, le jour où elle peut profiter de la faiblesse d'Emmanuel Macron, après les nombreux '’revers’' qu'au G7 (sur l'avortement et les droits) puis à Bruxelles (sur les nominations au sommet de l'UE) elle estime avoir subis de la part du chef de l'Élysée.  Il y a "une tentative constante de diaboliser les personnes qui ne votent pas pour la gauche. C'est un tour de passe-passe par lequel de moins en moins de gens se laissent prendre" dit-elle. Meloni a d'abord hésité, puis, conseillée par le secrétaire d’Etat Fazzolari, elle a décidé de s'exprimer publiquement. Un appel téléphonique avec Le Pen était également prévu, une manière de contenir Salvini et de ne pas lui laisser l'exclusivité de l'amitié et de l'alliance avec la Française. » 

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Mateusz Morawiecki

PREMIER PLAN, Il Sole 24 Ore, B. Romano : « Le vote des Français et les manœuvres d'Orban agitent Bruxelles » : « Dans quelle mesure le vote des Français influencera-t-il le fonctionnement de l'UE et notamment l'équilibre du Parlement ? D'une part, un réajustement des partis de droite se profile dans l'hémicycle, notamment en raison de la volonté du Premier ministre hongrois Viktor Orbán de former un nouveau groupe parlementaire autour du parti Fidesz. D'autre part, on s'interroge sur l'impact que les élections françaises pourraient avoir sur le vote de confiance à venir sur la candidate-présidente de la Commission européenne. La victoire relative du Rassemblement National dimanche dernier en France n'a laissé personne indifférent à Bruxelles. Il est encore trop tôt pour dire quelle majorité sortira des urnes dimanche prochain, mais il est à craindre que le résultat inédit d'un parti nationaliste, xénophobe et eurosceptique dans l'un des principaux pays de l'Union ne donne un nouveau souffle aux partis les plus extrémistes. Ce n’est probablement pas une coïncidence si le Premier ministre Orbán a annoncé dimanche dernier son intention de former un nouveau groupe parlementaire autour du parti Fidesz. Hier soir, le FPÖ autrichien, issu d'Identité et Démocratie (ID), l'ANO tchèque, issu des libéraux du Renew, et le Chega portugais avaient déjà rejoint le groupe. D'autres partis pourraient suivre. Matteo Salvini, secrétaire de la Ligue, a salué l'initiative du Fidesz. Identité et Démocratie a reporté la date de formation du nouveau groupe du 3 au 8 juillet ; manifestement, les partis siégeant actuellement au sein du groupe parlementaire veulent attendre les résultats du second tour en France avant prendre des décisions. Les regards se tournent également vers l'avenir des conservateurs de ECR : des rumeurs font état d'un transfert de Vox vers le nouveau groupe et le PiS polonais serait également tenté de le rejoindre. Bref, la réorganisation des partis de droite est en cours et son issue reste incertaine. À Bruxelles, beaucoup s'attendent à ce que le succès de l'extrême droite en France conduise à une plus grande cohésion de l'alliance populaire-socialiste-libérale qui devra soutenir le 18 juillet la candidate-présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. La coalition dispose d'une majorité de 38 voix. Entre autres, un nouveau succès du Rassemblement national au second tour du scrutin français pourrait compliquer les possibilités de collaboration de Fratelli d'Italia, le parti de Giorgia Meloni, avec von der Leyen. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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