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05/06/2024

"Visite de Giorgia Meloni en Albanie."

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Italie. Revue de presse.

Deux décrets examinés hier en Conseil des ministres, l’un pour réduire les temps d’attente dans le système sanitaire public, l’autre pour lutter contre la fraude dans la gestion des flux migratoires légaux, font la Une de la presse italienne : « Immigration, 'un réseau criminel opère derrière le décret sur les flux migratoires réguliers’ affirme Giorgia Meloni » (Corriere della Sera), « Listes d’attente [pour les soins et visites médicales], le bluff du gouvernement » (La Repubblica), « ‘Fraude sur le décret flux migratoires, la loi sur l’immigration Bossi-Fini doit être changée’ avertit Giorgia Meloni » (Il Messaggero). Le titre de numéro un mondial remporté hier à Roland Garros par le joueur de tennis italien Jannik Sinner est également cité en une de la plupart des quotidiens.

Les JT couvrent essentiellement la visite de Giorgia Meloni en Albanie aujourd’hui, dans le cadre des accords italo-albanais sur l’immigration, les projets de lois relatifs aux listes d’attente chez les médecins au décret « Salvacasa », mais aussi la guerre au Proche-Orient, où les négociations pour une trêve se poursuivent malgré les offensives à Gaza et au Liban, et la guerre en Ukraine, avec l’envoi de formateurs français confirmé par l’Elysée. La nouvelle place de n°1 mondial de Jannik Sinner, une première historique pour le tennis italien, est aussi très largement mentionnée.

PREMIER PLAN, Corriere della Sera, d’A. Logrosinco, « Santé, décret et polémiques ; et le dossier immigration est rouvert » : « À quelques jours des élections, le Conseil des ministres se penche sur deux questions qui ont particulièrement animé et polarisé le débat politique durant cette campagne électorale. D’une part l'immigration, au sujet de laquelle Giorgia Meloni a remis en personne un rapport au Procureur national chargé de la lutte anti-mafia Giovanni Melillo, mettant en évidence le risque d'infiltration mafieuse dans la procédure d'entrée régulière prévue par le décret sur les flux migratoires légaux. D’autre part, le système de santé public, avec des mesures pour la réduction des temps d'attente pour les prestations de santé. L'opposition a qualifié ces mesures de "propagande grossière". Quant aux syndicats de médecins, ils émettent des doutes sur l'efficacité de mesures pour lesquelles aucun fonds n’a été alloué pour le moment. Sur le volet immigration, Giorgia Meloni pointe un nombre de demandes de permis de travail pour des citoyens non européens qui n’est pas cohérent avec la situation des territoires, notamment dans la région Campanie. Par ailleurs, le taux de contrats de travail effectivement signés par rapport au nombre de demandes acceptées est très bas, n’atteignant pas les 3% en Campanie. Le soupçon de la Présidence du Conseil est donc que la voie légale permise par le décret sur les flux migratoires réguliers serait détournée comme un canal d'immigration irrégulière par des réseaux mafieux. Giorgia Meloni entend réagir rapidement pour lutter contre le phénomène : "après le G7, nous présenterons une série de mesures pour résoudre le problème de l'immigration illégale et de la fraude liée à la criminalité organisée". La mesure prévoit notamment une révision de la loi Bossi-Fini sur l’immigration avec pour objectif de ‘’permettre l'entrée en Italie uniquement à ceux qui ont un contrat de travail". Sur la santé, un décret-loi et un projet de loi ont été approuvés afin de réduire les listes d'attente en étendant les soins et les visites médicales également le week-end et sur des plages horaires plus larges, en augmentant les tarifs des heures supplémentaires des médecins et en créant une "plate-forme nationale unique de réservation pour faciliter la coordination des services publics et privés conventionnés". Les oppositions soulignent pour leur part le manque de concret des mesures du gouvernement : "Le gouvernement ne fait que des annonces, sans débloquer de fonds", dénonce Giuseppe Conte, leader du M5S. La secrétaire du Parti démocrate, Elly Schlein, ironise : "Notre campagne dans toute l'Italie sur la santé publique a déjà permis des avancées, avant même les élections : nous avons forcé le gouvernement à admettre que nous avions raison, qu'il n'y a pas assez de ressources pour réduire les listes d'attente". »

COMMENTAIRE, Corriere della Sera, de M. Franco, « Sur l’Ukraine, le souverainisme est destiné à se diviser » : « Ces derniers jours de campagne électorale mettent en évidence les divisions au sein des alliances, davantage que celles entre la majorité et l’opposition. C’est une dynamique inévitable lors d’élections basées sur un système proportionnel. La polémique au sein des partis d’opposition demeure en arrière-plan, alors qu’entre les partis de la majorité elle semble croitre de jour en jour. Les attaques de la Ligue contre Forza Italia, accusée de ‘’manigancer avec les socialistes’’, reflettent la crainte d’être dépassée par le parti berlusconien, malgré le fait Salvini insiste sur la possibilité d’une ‘’surprise’’ favorable à la Ligue. On peut identifier deux cibles derrière l’attaque contre Sergio Mattarella et les propos sur les ‘’provocations de l’Otan à l’encontre de la Russie’’ : l’allié Tajani, défenseur de la Présidence de la République italienne et de l’UE, et Giorgia Meloni, qui n’abandonne pas sa stratégie atlantiste de soutien à Kiev. La politique étrangère devient ainsi un terrain de lutte politique. Le jeu des alliances en Europe exacerbe les divergences à droite. Pourtant, dernièrement, G. Meloni a insisté sur une coalition n’excluant personne à droite, dressant une sorte de barrière contre les socialistes. C’est une manière de neutraliser les polémiques de Salvini et de garder les mains libres en vue de la phase post-électorale. C’est néanmoins une ambiguïté qui ne sera levée qu’après le 9 juin. Ainsi, le bloc à droite apparait bien plus hétérogène qu’il ne voudrait laisser croire. Notamment sur les relations avec l’OTAN et sur l’attitude à l’égard de la Russie. Sur le plan interne, la distance se mesurera sur la base des nouveaux rapports de force. Cela aura aussi des retombées sur les réformes institutionnelles sur lesquelles Fratelli d’Italia, Forza Italia et la Ligue ont affiché jusque-là une harmonie et une complémentarité qui devra être reconfirmée. Ainsi, le Quirinal représente le seul bouc émissaire d’une compétition au sein de la majorité que la Ligue tente de faire retomber sur l’institution la plus respectée, en Italie comme à l’étranger. »

COMMENTAIRE, Sole 24 Ore, de L. Palmerini, « Les coûts et les bénéfices pour le gouvernement d’un défi orienté exclusivement à droite » : « La première question que l’on pourrait se poser est si, après les élections, le beau fixe reviendra au sein de la majorité. Certes, les divisions existaient déjà mais cette dernière ligne droite pour les élections européennes a creusé les clivages. Par exemple Salvini, hier, a repris sa propagande contre son allié Tajani et Forza Italia qui, selon le dirigeant léghiste ‘’gouverne depuis des années avec les socialistes, avec von der Leyen et les défenseurs des voitures chinoise, des viandes de synthèse et de ceux qui ne contrôlent pas les ports et les frontières de l’Italie’’. Il est vrai que Salvini craint de se voir passer devant par Forza Italia et que la Ligue devienne le parti le moins important de la coalition du point des chiffres. Toutefois, les arguments qu’il a choisi pour son défi à droite suscitent des doutes. Après avoir lancé la candidature du général Vannacci, Salvini a mis en scène un des représentants de la partie la plus à droite de la Ligue : le sénateur Claudio Borghi, celui qui demandait la sortie de l’Italie de l’euro. Aujourd’hui, la cible de Borghi n’est plus la devise européenne mais la Présidence de la République. La publication des sondages est suspendue en cette période de réserve mais il semblerait que Matteo Salvini soit poussé dans cette fuite par des résultats non-officiels encourageants. Autant jouer la carte Borghi pour aller chercher des voix encore plus à droite. Est-ce que ces polémiques seront ensuite oubliées une fois le rendez-vous électoral passé ? C’est assez peu probable, surtout si Salvini devait récupérer des voix parmi l’électorat de Fratelli d’Italia et empêcher que Forza Italia devance la Ligue. Cela provoquerait des divisions internes au sein du gouvernement, notamment avec Tajani. Ce dernier est le garant d’une ligne de politique étrangère différente de celle de Salvini, sur la Russie comme sur le souverainisme. Tajani a été le premier, contrairement à Meloni, à défendre Sergio Mattarella des attaques récentes. Forza Italia pourrait cependant se retrouver prise en tenailles dans la fuite en avant à droite choisie par Fdi et la Ligue. Si le virage à droite de Salvini devait porter ses fruits, les prochains mois pourraient s’annoncer bien compliqués. »

ENTRETIEN, La Stampa, de Matteo Salvini, chef de la Ligue, vice-président du Conseil et ministre des Transports, « Meloni ne votera pas pour von der Leyen» : « Mon objectif aux européennes est de faire mieux par rapport aux élections législatives et d’atteindre la barre des 10% de voix. Concernant les déclarations de Meloni sur les migrants, je suis moi-même visé par une enquête pour avoir lutté contre le phénomène des passeurs. Derrière ces arrivées se cache un commerce de la criminalité organisée, que je ne cesserai jamais de combattre. J’ai confiance en mes alliés du gouvernement, combattre l’immigration demeure ma priorité. Concernant les quelques critiques internes au sein de la Ligue sur la candidature du général Roberto Vannacci, il est normal que certains préfèrent élire un candidat connu depuis des années plutôt qu’un indépendant, mais on peut indiquer trois préférences et chacun est libre de faire ses choix. Personnellement, je voterai pour deux dirigeants historiques de la Ligue et pour Vannacci : il n’est pas inscrit au parti mais les portes de la Ligue sont ouvertes pour lui. Nous ferons beaucoup de chemin ensemble. Vannacci fera un très bon score, juste derrière Meloni et Schlein et devancera même Tajani. Je ne peux pas parler à la place de Giorgia Meloni mais il est assez clair que l’hypothèse qu’Ursula von der Leyen soit reconduite est exclue. Je ne sais pas si la Ligue et FdI voteront ensuite pour des candidats différents. En tous cas, il n’y aura pas de retombées pour le gouvernement ni de remaniement si cela devait s’avérer. Je partage le rêve de Berlusconi : réunir en Europe, comme en Italie, les trois âmes de la droite : I&D, les Conservateurs et PPE. Il faut empêcher le retour au pouvoir des partis de gauche, des éco-extrémistes et de ceux qui ont fait des déclarations irresponsables comme Macron. Concernant Sergio Mattarella, personne ne demande sa démission. Nous avons simplement dit que le 2 juin nous célébrons la Fête de la République : nous sommes depuis toujours contre un élargissement de la souveraineté européenne aux dépens de la souveraineté italienne. Nous sommes pour plus d’Italie et moins d’Europe. Je convoquerai un congrès d’ici la fin de l’année et je compte me représenter à la direction du parti. »

ARTICLE, Sole 24 Ore : « Aujourd’hui, visite de Giorgia Meloni dans les deux centres d’accueil des migrants en Albanie » : « L’objectif politique : montrer que le projet de gestion de l’immigration en Albanie ne sera pas un échec mais un modèle européen ; l’objectif diplomatique : renouer avec Edi Rama et dissiper les incompréhensions. Aujourd’hui, vers midi, la présidente du conseil et le ministre de l’Intérieur Matteo Piantedosi visiteront les chantiers de Shengjin et de Gjader, où les centres prévus par le protocole Albanie-Italie signé en novembre devront accueillir jusqu’à 3000 migrants en même temps. Avant ce déplacement, Giorgia Meloni a eu une conversation téléphonique avec Charles Michel, le président du Conseil Européen. Lors de l’échange, elle lui a demandé d’inscrire à l’ordre du jour du sommet des 27 et 28 juin la question migratoire. L’agenda stratégique 2024-29 de l’Union a aussi été évoqué, avec pour sujets centraux la sécurité, la défense, et l’immigration. En Albanie, il n’y aura cependant pas d’inauguration puisque les travaux avancent au ralenti. La structure de Shengjin a bien avancé, en revanche celle Gjader en est encore au tout début. La réalisation et la gestion des centres sont à la charge de l’Italie, mais le casse-tête financier n’est pas encore réglé : 645 millions d’euro, dont 34 millions par ans pour le logement et la nourriture, auxquels il faudra ajouter les 13,5 millions pour l’affrètement des navires qui transporteront les migrants jusqu’aux centres. Mais pour Giorgia Meloni, c’est le message qui compte : l’accord avec l’Albanie est un élément d’un système plus vaste pour combattre l’immigration illégale, ‘’un phénomène que les Etats membres ne peuvent pas affronter seuls’’, comme le répètera la Présidente du Conseil, qui veut servir d’avant-garde : ‘’15 ministres de l’UE citent l’accord avec l’Albanie comme un modèle’’, rappelle Giorgia Meloni. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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