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03/06/2024

"La Ligue attaque Mattarella."

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Italie. Revue de presse. 

L’attaque de la Ligue appelant le Président de la République italienne à démissionner après que Sergio Mattarella ait mis en avant la souveraineté européenne dans son discours à l’occasion de la Fête de la République, et les réactions politiques des alliés et de l’opposition font la Une de la presse italienne : « Mattarella, tempête sur la Ligue » (Corriere della Sera), « L’attaque souverainiste contre le Quirinal » (La Repubblica), « La Ligue attaque Mattarella » (La Stampa), « La Ligue s’en prend à la Présidence de la République au sujet de l’UE, Antonio Tajani (Forza Italia) est glacial, Elly Schlein attaque [Meloni] » (Il Messaggero) 

Les JT couvrent essentiellement la polémique autour des propos de la Ligue à l’égard du président de la République Sergio Mattarella dans le cadre des festivités du 2 Juin et les réactions de la classe politique, la situation au Proche-Orient avec les négociations en cours pour une trêve et la poursuite des raids israéliens, mais aussi l’élection de la candidate progressiste Claudia Sheinbaum au Mexique, dans un contexte tendu, et la mise en place aujourd’hui des incitations à l’achat de véhicules plus verts. 

PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de V. Pïccolillo, « Matteo Salvini contre la Présidence de la République ; pour l’opposition, c’est inacceptable » : « Hier, jour de la Fête de la République, le sénateur de la Ligue Claudio Borghi a appelé le chef de l’Etat Sergio Mattarella à démissionner. Une attaque jugée "très grave" par les oppositions. Dans la soirée, Matteo Salvini, corrige le tir et affirme qu’il ‘’ne s’agit pas de demander la démission" du Président mais ne dément pas pour autant la ligne du sénateur léghiste. A l’occasion des célébrations du 2 juin [Fête de la République italienne], Sergio Mattarella s’était adressé aux préfets évoquant ‘’l'élection du Parlement européen’’ et ‘’la souveraineté de l'UE". Un message repris hier par le chef d'état-major, Giuseppe Cavo Dragone : "Les Pères fondateurs étaient conscients des risques et des limites de la fermeture et du repli sur la sphère nationale, ils rêvaient d'une Italie ouverte vers l'Europe". S. Mattarella loue par ailleurs une ‘’Constitution clairvoyante et sage’’, fruit de ‘’la lutte pour la libération". Il rappelle que "l'indépendance et la liberté sont des conquêtes qui doivent être défendues chaque jour". Claudio Borghi réagit sur les réseaux sociaux ‘’si le président pense vraiment que la souveraineté appartient à l'UE et non à l'Italie, par cohérence, il devrait démissionner", attirant immédiatement l’attention des institutions et des partis politiques. Interrogé sur ces déclarations du sénateur léghiste, Matteo Salvini ne le désavoue pas : "nous célébrons aujourd'hui la République italienne. Aujourd'hui, c'est la fête des Italiens, pas de la souveraineté européenne’’. Tout en tentant de calmer le jeu (il n’y a "pas de controverse avec le président de la République"), il confirme que, pour lui, la souveraineté nationale italienne "passe avant toute autre appartenance", même s’il rejette l'appel à la démission. La réaction de l’opposition est immédiate : Giuseppe Conte (M5S) s’indigne d’une ‘’attaque sans précédent", et la secrétaire démocrate Elly Schlein demande à la Présidente du Conseil de "tirer les choses au clair" et de "prendre ses distances" vis-à-vis des propos de son vice-Président du Conseil. Les Verts demandent la démission de M. Salvini qui "ne peut pas représenter l'Italie et ne peut pas rester au gouvernement". Hier, Giorgia Meloni avait quant à elle, souligné que le 2 juin nous rappelait "la première idée de l'Europe", celle qui tirait sa force "notamment de la spécificité des États-nations. Peut-être devrions-nous revenir à cette idée". Antonio Tajani, vice-premier ministre et coordinateur de Forza Italia, est intervenu en solidarité avec le président Mattarella : "Nous sommes italiens et européens, c'est notre identité. C'est notre civilisation. Tout choix anti-européen porte préjudice à l'Italie. M. Mattarella a raison de souligner notre horizon européen". » 

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Claudio Borghi 

COULISSES, Corriere della Sera, de M. Galluzzo, “La Présidente du Conseil ne réagit pas tout de suite mais fait ensuite pression sur Matteo Salvini, ‘’nous ne voulons pas la démission [du chef de l’Etat]’’ déclare-t-il finalement » : « Alors que la polémique a déjà éclaté et que l’ensemble de l'arc constitutionnel se déchaîne contre la Ligue et Salvini, Giorgia Meloni décide que la simple ligne du silence ne sera pas suffisante, qu'une correction de trajectoire est nécessaire. Dans le milieu de l’après-midi, Giorgia Meloni fait comprendre au chef de la Ligue que même si elle peut être d'accord sur certains points - elle qui, après tout, a fait plus d'une déclaration contre l'UE et contre l'excès de législation et de souveraineté des institutions européennes - mais que s'en prendre au chef de l'Etat, le jour de la Fête de la République, allant jusqu’à demander sa démission, va trop loin. En moins de deux heures, le vice-Président du Conseil fait ‘’marche-arrière’’, notamment parce que ce soir Meloni s’exprimera à la télévision et devra elle aussi parler d'Europe, critiquant un excès de souveraineté de l'UE, mais certainement pas en s’en prenant à Sergio Mattarella, avec qui les relations et la coopération sont fructueuses. Des proches de Giorgia Meloni observent par ailleurs que, lors de la réception dans les jardins du Quirinal ce week-end, de nombreux leghistes étaient absents, en particulier ses membres les plus importants, ce qui n'est pas passé inaperçu, comme si l'attaque contre Mattarella se tramait déjà. Ce qui est certain, c'est que le sujet de la souveraineté européenne s’imposera à nouveau avant et après les élections du 9 juin. D’après certains membres de Fratelli d’Italia, Giorgia Meloni aurait déjà pris la décision de saisir la Cour constitutionnelle contre les règles européennes dans le conflit sur l’attributions des concessions balnéaires. Ce serait un coup de théâtre, après des années de promesses de la Présidence du Conseil, et après que Giorgia Meloni ait elle-même assuré qu’elle se conformerait aux exigences européennes. » 

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Matteo Salvini

COULISSES, La Repubblica, de T. Ciriaco, « Le silence de Meloni, la crainte de l’après-élections et le spectre des pouvoirs forts, ‘’je ne suis pas là pour faire de la figuration’’ insiste la Présidente du Conseil » : « Ce n'est vraiment pas une bonne période pour Giorgia Meloni. Dernier incident en date, très grave, l’attaque de Matteo Salvini hier contre Sergio Mattarella. De la folie, pour Giorgia Meloni qui estime que c’est une chose d’être souverainiste et nationaliste, comme elle le fait elle-même, mais que c'en est une autre de s'en prendre au Président de la République. Pendant plusieurs heures, elle se demande si elle doit prendre la défense du chef de l'État. Finalement, elle demande à son vice-Président du Conseil de corriger le tir mais évite de s'exposer publiquement. Elle ne téléphone même pas au Président pour lui exprimer sa solidarité et se dissocier des leghistes. En réalité, elle veut éviter de diviser la droite et défier son allié coûterait trop cher en termes politiques alors qu’elle tente depuis des jours de se débarrasser de cette image institutionnelle. Mais quel silence embarrassant. D’autres sujets d’inquiétudes pointent à l’horizon : un G7 qui s’annonce compliqué et qui pourrait être un semi-échec ; le ministre de l’Economie qui alerte sur l’état des caisses publiques... Mais même si rien ne va, Giorgia Meloni est là, pugnace et déterminée à jouer tous ses atouts. Elle a transformé le vote aux européennes en référendum ; elle rêve d’un plébiscite mais cela pourrait se finir en désaveu. La rumeur que, comme Pedro Sanchez et Rishi Sunak, elle pourrait convoquer des élections dès début 2025 commence à circuler. Fratelli d’Italia craint avant tout de ne pas parvenir à se défaire de leur passé et de passer sous le seuil des 26% ; loin des 30 auxquels ils rêvaient initialement. Le scrutin s’annonce difficile, entre désillusion dans le Nord Est, qui avait offert de bons résultats à FdI aux précédentes élections, et abstentionnisme estival. Mais tout cela, ce ne sont que des suppositions et des conjectures alors qu’un signal bien concret arrive en revanche du ministère de l’économie : il n’y plus un euro pour financer de nouvelles politiques. En témoigne l’envie de quitter son poste qui taraude le ministre de l’économie, Giancarlo Giorgetti, ainsi que les avertissements de Bankitalia, qui veut attirer l’attention du gouvernement sur la dette élevée, la fin de la flexibilité liée à la pandémie, et les procédures pour infraction qui arrivent de Bruxelles et viennent prendre à la gorge les rêves de Giorgia Meloni. Et puis il y a le G7, dont elle ne parle pas, et à raison : les sherpas ne parviennent pas à trouver de compromis sur la question des actifs russes ou sur les armes envoyées à l’Ukraine (l’Italie est le seul pays qui refuse d’autoriser les frappes dans le territoire russe). Antonio Tajani reste sur sa ligne : ‘’Nous devons aussi penser aux dizaines d’entreprises italiennes qui opèrent en Russie’’. Et c’est pour toutes ces raisons que Giorgia Meloni mise tout sur les réseaux sociaux, sur « Telemeloni », sur les attaques à Elly Schlein… avec pour seul objectif de ne pas passer sous les 26%. Elle a accéléré les décrets, défié les juges et installé des tensions entre émissaires du gouvernement et du Quirinal. Plus aussi sûre qu’avant de remporter largement les élections, elle veut encore croire au ‘’seuil des 30%’’ et à une hypothétique remontée dans la semaine. Ce qui est sûr, c’est qu’elle n’acceptera pas de s’embourber, et peu habituée qu’elle est à la discussion, elle pourrait être tentée de renverser la table, notamment parce qu’un mauvais résultat lui ferait perdre l’avantage dans les négociations en vue de la nouvelle Commission, alors même que la Présidence du Conseil soutiendrait en coulisse la candidature d’Elisabetta Belloni. » 

ARTICLE, il Messaggero, A. Bulleri, « L’inconnue de l’abstention et la mobilisation du gouvernement » : « C’est le spectre qui hante l’ensemble du paysage politique, mais qui risque de toucher surtout le gouvernement et les partis dont la base électorale se trouve dans le Sud, d’après les experts : l’abstention. Ce n’est pas une nouveauté. Depuis les premières élections européennes en 1979, l’intérêt des Italiens pour le scrutin est allé décroissant, passant de 85.7% à 54.5% en 2019. Cette année, la barre symbolique des 50% pourrait être franchie, en particulier chez les moins de 35 ans. ‘’Le ton de cette campagne peut sembler faible, mou aux Italiens’’ d’après Antonio Noto de Noto Sondaggi pour qui ‘’il manque un thème fort, aucun parti n’a de mesure phare’’. Et les partis les plus pénalisés par cette abstention sont souvent les partis de gouvernement. Selon Carlo Buttaroni, ‘’les élections européennes sont vécues comme des élections de mi-mandat, et il est courant que les soutiens du gouvernement soient plus enclins à rester chez eux que ses opposants, qui se déplacent davantage’’. Toutefois, ce n’est pas une règle générale, puisqu’en 2014 et en 2019, Matteo Renzi et Matteo Salvini étaient tous les deux sortis vainqueurs du scrutin. Il pourrait donc y avoir des surprises. Et puis il y a l’autre facteur clef : le Mezzogiorno. ‘’Au sud et dans les îles, la baisse de l’affluence est beaucoup plus marquée que dans le reste du pays’’ explique Lorenzo Pregliasco. ‘’C’est pourquoi les partis ancrés au Sud craignent l’abstention aux Européennes. Il y a cinq ans, cela a favorisé le PD mais joué en défaveur du M5S’’. C’est pour ça que Forza Italia, bien implanté au Sud, redoute la faible affluence. Toutefois, ‘’au Sud, le vote de préférence pèse plus qu’au Nord, et un candidat fort peut entraîner avec lui sa liste, même avec un abstention importante’’. 

PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de F. Verderami, « Une nouvelle batterie de Samp-T sera livrée à l’Ukraine, le gouvernement italien pose des limites : ‘’seulement pour un usage défensif’’ » : « Le gouvernement italien lancera le nouveau paquet d'aide à l'Ukraine après le G7 du 13 au 15 juin prochain. Le plan d’aide à Kiev comprendra notamment une deuxième batterie de Samp-T, le système sol-air de moyenne portée, utile pour la défense anti-missile et anti-aérienne. Des sources proches du gouvernement affirment que l'exécutif a annoncé sa décision à Washington et à Kiev, et que les alliés auraient remercié Rome pour sa contribution active à la défense de l'Ukraine. Le ministre de la défense, Guido Crosetto, devrait donc signer le neuvième décret dans quelques semaines, après les élections européennes. Il était clair en effet que les retards sur l’approbation de ce paquet étaient liés à l’échéance électorale, et il était tout aussi clair qu'en vue du sommet de l'OTAN en juillet en particulier, il était nécessaire de donner un signal aux partenaires occidentaux. Par ailleurs, l'invitation de Meloni à Zelensky pour le G7 témoigne de la volonté de la Présidente du Conseil de souligner la proximité et la solidarité de Rome vis-à-vis de Kiev face à la Russie. Il s’agit du reste d’une contribution très importante, tant pour ceux qui se défendent contre les attaques aériennes de Moscou que pour ceux qui continuent à soutenir la résistance. L'Italie ne dispose en effet que de cinq batteries Samp-T et celle qui sera livrée à l'Ukraine se trouve actuellement au Koweït d’où elle sera déplacée. Il s’agit d’un effort d’autant plus considérable que, structurellement, la Défense italienne dispose de peu d'armes. Depuis le début de la guerre, les limites sont évidentes et l'on ne compte plus le nombre de fois où le ministre Crosetto a soulevé la question devant le Parlement. Malgré cela, le gouvernement italien a fait savoir aux États-Unis et à l'Ukraine qu'il inclurait en outre un autre lot de missiles Shadow dans le paquet d'aide. Tout cela suggère que l'Italie, après les élections européennes, s'alignera sur les positions des alliés. Certes, Rome a répété que Kiev devait se limiter à un usage "défensif" des armes fournies. Les missiles en question ont une portée de deux cents kilomètres. Placés à l'ouest, ils ne couvriraient que le territoire ukrainien mais installés dans la région de Kharkiv, ils pourraient frapper le sol russe et anéantir les bases depuis lesquelles Moscou lance ses frappes contre la deuxième ville la plus peuplée d'Ukraine. Une question rendue encore plus sensible par la campagne électorale menée par Matteo Salvini, avec pour objectif clair de mettre en difficulté les autres partis de gouvernement, sans tenir compte du rôle et des engagements de l'Italie vis-à-vis de l’OTAN, que Meloni entend quant à elle respecter. La position du ministre des Affaires étrangères A. Tajani, qui rappelle que les Ukrainiens ne sont pas autorisés à frapper le territoire russe avec "nos armes", semble avant tout une tentative d'apaiser la controverse politique interne. D'ailleurs, le coordinateur national de Fratelli d’Italia, Giovanni Donzelli, estime que "plus qu'une question de Constitution, il s’agit d’une question de mandat parlementaire". Le Présidence du Conseil s’inquiète avant tout d'éviter une escalade du conflit, sans se dissocier de ses partenaires. Mais un ministre influent du gouvernement italien indique que la plus grande inquiétude sur le plan international vient d’ailleurs : "Tout en discutant de l’Ukraine, nos yeux sont rivés sur l’action de la Chine dans le Pacifique ; l'Occident retient son souffle quant au sort de Taïwan. Et les signes ne poussent pas à l'optimisme". »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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