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30/05/2024

"Justice : tous contre tous."

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Italie. Revue de presse. 

La presse titre largement sur la réforme de la justice adoptée mercredi en conseil des ministres : « Justice, la réforme est adoptée dans un climat de tensions » (Corriere della Sera)« Le Quirinal prend ses distances sur la séparation des carrières des juges » (Repubblica), « Justice : tous contre tous » (Stampa), « Séparation des carrières et Conseil Supérieur de la Magistrature, la justice se divise » (Avvenire), « La réforme de la justice est adoptée. Meloni : ‘’ce n’est pas une réforme punitive’’ » (Messaggero)Le débat sur l'utilisation par Kiev des armes fournies par les pays de l’OTAN pour frapper des cibles en territoire russe est encore cité en une : « La guerre des missiles » (Repubblica), « Otan, les concessions à Kiev et la prudence des Etats-Unis » (Corriere), « Crosetto (Frères d'Italie) propose de lever le secret sur la liste d’armes italiennes livrées à Kiev » (Messaggero). 

Les JT couvrent essentiellement l’approbation par le conseil des ministres du projet de loi sur la réforme de la Justice, à laquelle les partis de gauche et les syndicats s’opposent, la guerre en Ukraine avec le changement de position des Etats-Unis sur l’utilisation de matériel militaire occidental pour frapper des objectifs militaires russe et l’opposition italienne sur ce même sujet, ainsi que la situation au Proche-Orient, où les troupes israéliennes continuent leur progression. 

ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Giorgia Meloni, Présidente du Conseil, par P. Di Caro, “Il ne s’agit pas d’une réforme punitive pour les magistrats. Le président de la région Campanie, Vincenzo De Luca est un intimidateur et la secrétaire du Parti démocrate Elly Schlein ne m’a pas défendue » : « Giorgia Meloni a répondu en direct sur le site du Corriere aux questions des lecteurs. Lorsqu’on lui demande s’il n’aurait pas été plus logique, en tant que Présidente du Conseil, de se rendre aux commémorations de l’attentat de la place de la Loggia à Brescia plutôt qu’à Caivano, près de Naples, où a eu lieu l’échange polémique avec le président de la Campanie, Giorgia Meloni explique que le gouvernement était bien présent à Brescia, mais qu’elle voulait montrer à Caivano qu'elle avait tenu sa promesse de régénération de ce territoire. ‘’A gauche, personne ne m'a défendue. Maintenant, beaucoup m'ont écrit, y compris à gauche, pour me dire que j'avais raison", mais celle qui l'a déçue, c'est la secrétaire du Parti démocrate : "Je regrette qu'elle ait perdu une nouvelle occasion de montrer qu'elle peut être le changement qu'elle a promis. Je lui ai demandé publiquement de réagir et elle n'a pas eu le courage de le faire". "De Luca n'a jamais utilisé ce mot avec qui que ce soit d'autre, le message est que les femmes peuvent être insultées parce qu'elles sont faibles. Je m'attends à ce que les féministes s'expriment à ce sujet également". Interrogée sur la réforme de la justice, Meloni affirme : "Je suis désolée que certains y voient une manière de se venger des magistrats, simplement je ne suis pas pour le conservatisme ni pout laisser en l'état les choses qui ne fonctionnent pas. Je ne comprends pas en quoi la séparation des carrières peut être considérée comme punitive, les magistrats ne sont pas mes ennemis". Sur l’Europe, Meloni ne se plie pas à ceux qui voudraient qu'elle rompe ses relations, ou ne les cultive pas, avec les forces populistes et d'extrême-droite, qu’il s’agisse de Marine Le Pen ou de Viktor Orbán. Concernant la leader française, elle montre une ouverture est totale : "on disait de nous que nous étions une force anti-européenne mais cela ne tient plus. On peut être pro-européen et demander à ce que l'Europe ne s'occupe pas de tout". Concernant, Orbán : "Je ne suis complètement d'accord avec aucun de mes interlocuteurs, mais je ne serai jamais d'accord avec l'idée que l'UE soit un club privé, un salon ‘’bobo’’ : dans la période que nous vivons, il faut chercher la synthèse, pas la division". Sa relation avec Ursula von der Leyen, souligne-t-elle, est politique et non humaine : "Je suis du côté de l'Italie. Je suis la présidente du Conseil et elle est la présidente de la Commission européenne, c’est mon devoir que de travailler ensemble. Mais je dirige aussi les conservateurs européens, je travaille à la construction d'une majorité alternative à la gauche et à la majorité Ursula. Mme Le Pen suit un chemin intéressant et, dans cette législature, nous nous sommes parfois retrouvées du même côté". Giorgia Meloni ne se prononce pas sur l'éventuel nouveau président de la Commission, ni sur l’hypothèse Draghi : "J’ai bien une idée en tête mais ne commençons pas par le candidat, commençons par la majorité.’’ En matière de politique intérieure, Meloni rejette toute critique sur la réforme dite du ‘’premierato’’, et revendique le fait que le chef de l'Etat ne pourra plus "pallier un défaut de la politique" en nommant un nouveau chef de gouvernement et donnant lieu à des coalitions éventuellement fallacieuses, comme avec les derniers gouvernements techniques. ‘’Les prérogatives et les pouvoirs du président de la République restent intacts, il aura même désormais le pouvoir de révoquer les ministres". Mais désigner un gouvernement quand il n'y a pas de majorité est, pour elle, un forcing qui met en péril le rôle d'arbitre du chef de l’Etat ‘’forcé à prendre parti’’. Pour elle, la réforme doit rendre la politique plus forte et permettre un horizon législatif de cinq ans. Sur l’Ukraine, Giorgia Meloni n’a jamais changé de position. ‘’N'oublions pas qu'aujourd'hui il y a une recrudescence des frappes russes visant directement la population civile. Le débat porte sur l’opportunité de frapper les zones [en Russie] d'où proviennent ces attaques. Je crois que ce n’est pas nécessaire, mieux vaut renforcer notre capacité à doter l’Ukraine d’un système de défense anti-aérien efficace, ce que l’Italie fait par ailleurs avec les livraisons de batteries Samp-T. Ainsi nous ne risquons pas une escalade hors de contrôle". Sur le plan intérieur, la question des impôts et des revenus reste sensible, après la controverse autour du contrôle fiscal nommé ‘’redditometro’’. Elle souligne que le ‘’gouvernement lutte contre toutes les formes d’évasion et fraude fiscale" et affirme d’ailleurs qu’ "en 2023 il y a eu le record historique de recouvrement des recettes en lien avec la lutte contre l'évasion fiscale". Pour elle, il faut toutefois "faire la distinction entre la fraude et ceux qui ne veulent pas frauder mais sont simplement en difficulté". D’où la nécessité d’"une autorité fiscale qui sache prendre en compte les cas particuliers et dialoguer", ce que ne peut pas le ‘’redditometro’’ tel qu'il est conçu. En vue des européennes, Giorgia Meloni ne veut pas se fixer de limites ni d’objectif inatteignable. Bien qu'elle soit donne en tête partout, elle s’appuie sur les derniers sondages et affirme qu’elle serait satisfaite si elle obtenait 26% aux Européennes. » 

COULISSES, Corriere della Sera, G. Bianconi « La modification partielle du texte de la réforme après la rencontre avec la Présidence de la République et les doutes sur la Haute Cour devant décider de l’action disciplinaire des juges » : « Certains points critiques contenus dans le projet de réforme sur la séparation des carrières des juges ont émergé après l’échange d’hier au Quirinal entre le Chef de l’Etat Mattarella et les deux anciens magistrats C. Nordio (ministre de la justice, Frères d’Italie) et A. Mantovano (secrétaire d’Etat à la présidence du Conseil, Indépendant). Hier matin, les experts se sont remis au travail pour surmonter les points où les déséquilibres les plus évidents, notamment sur la nomination des juges dits « laïcs » (nommés par le Parlement) et ceux tirés au sort par la magistrature elle-même, tout comme la composition des futurs deux Conseils supérieurs de la magistrature. Une disparité qui laisse entrevoir la volonté de maintenir une certaine influence politique au sein des organes autonomes des procureurs et des juges. Selon le nouveau texte, les membres des deux CSM seront tirés au sort, même si les juges « laïcs » feront parties d’une liste indiquée par les deux Chambres en séance unifiée et donc choisis par tous les partis. Demeurent toutefois d’autres points critiques qui sont le fruit d’une accélération due au contexte électoral. Forza Italia demandait un résultat pouvant être exploité dans les deux dernières semaines de campagne électorale pour les européennes. C’est notamment la formation de deux CSM qui scelle de fait la séparation entre procureurs et juges, soit le rêve de Silvio Berlusconi revendiqué par ses héritiers. Il s’agit néanmoins d’une proposition ouverte à de possibles modifications, comme par exemple le maintien d’un seul Conseil mais divisé en deux sections. Tout dépendra de l’évolution des orientations et des relations au sein de la majorité d’ici les deux ans qui nous séparent de son adoption dans sa forme définitive. L’autre point critique est la partie prévoyant que l’activité disciplinaire soit retirée des deux CSM et confiée à une Haute Cour. Il s’agit d’un énième coup porté à l’indépendance des juges qui risque de provoquer un bras-de-fer entre la politique et la magistrature que tous souhaitent éviter mais qui apparait inévitable au vu des prémisses. » 

ARTICLE, la Stampa, M. Sorgi : « La prise de position qui satisfait Forza Italia » « C’est une prise de position électorale difficilement conciliable, du fait du climat politique actuel, avec la tentative d’impliquer l’opposition dans le processus parlementaire compliqué des réformes constitutionnelles. La réforme de la justice telle que modifiée par le syndicat des magistrats, fortement contrariés, et avec l’introduction d’une Haute Cour disciplinaire chargée de sanctionner les erreurs des magistrats, est présentée au parlement avant tout pour gérer les derniers jours de la campagne électorale et satisfaire Antonio Tajani et Forza Italia, qui en ont toujours fait leur réforme-étendard. Celle-ci constitue en effet un des héritages majeurs de la politique de Silvio Berlusconi. Giorgia Meloni réussira-t-elle là où le Cavaliere a échoué pendant vingt ans ? Comme on dit « ce sont les futures générations qui nous jugeront ». Mais il existe bien une certaine inquiétude dans la majorité, comme le démontre le souhait d’une coopération avec les oppositions sur ce sujet, et ce afin d’atteindre le seuil des deux tiers du parlement, nécessaire pour une réforme constitutionnelle et qui éviterait de devoir passer par un référendum. La Présidente du conseil émet d’ailleurs déjà des doutes sur la consultation sur le « Premierato », déclarant à la télévision qu’elle ne démissionnerait pas en cas de défaite. Un deuxième référendum sur la justice serait sans doute de trop. Et en même temps, il n’est pas impossible que la majorité obtienne le soutien d’une partie de l’opposition (par exemple de Matteo Renzi), ou de parlementaires isolés et lassés de ne pouvoir intervenir à l’assemblée à propos de ce qu’ils considèrent comme la toute-puissance des magistrats. Mais de là à atteindre les deux-tiers du parlement, c’est presque mission impossible, cela serait une victoire politique pour Giorgia Meloni et son gouvernement, qui lui permettrait de compenser une éventuelle défaite sur le « Premierato ». En plus d’acter la modification des équilibres de pouvoir au sein de l’Etat, régis par la Constitution. » 

ENTRETIEN, La Repubblica, de Giuseppe Santalucia, président de l'Association nationale des magistrats « C’est une loi inutile et nuisible. Les juges sont maintenant affaiblis mais prêts à se mobiliser » : « ‘’Notre engagement prioritaire sera d'expliquer jusqu'au bout pourquoi nous sommes contre la réforme et d'éviter les protestations stériles. L'Association nationale des Magistrats (ANM) évaluera si et quand la grève peut servir à renforcer notre effort pour expliquer que la réforme est à la fois inutile et nuisible. Cette réforme n'a qu'une finalité punitive. Elle ne fera qu'aggraver la réponse judiciaire. Et malheureusement les citoyens s'en rendront compte. Ce que je vois, en lisant le projet, c'est qu'il s'agit en plusieurs points d'une rédaction hâtive. La scission du Conseils de la Magistrature n’est qu’une façon dissimulée d’affaiblir davantage les juges. Je sais à quel point l’autonomie et l’indépendance de la magistrature sont chères au Président Mattarella’’ » 

ARTICLE, Sole 24 Ore, « Le ministère de l’Intérieur alloue 4,5 milliards d’euros pour les communes, ‘’nous pourrons discuter du suivi des dépenses ’’indique le ministre Matteo Piantedosi’’ (Indépendant) » : « ‘’A ce stade, il n’existe qu’une simple ébauche de décret’’ et, avant son approbation, ‘’les exigences des collectivités locales seront étudiées avec attention, dans un esprit de pleine collaboration et dans l’intérêt de tous’’ a déclaré hier le ministre de l’Intérieur Matteo Piantedosi interrogé à la Chambre. Il insiste sur la volonté du gouvernement de dialoguer avec les communes et les provinces sur le suivi des dépenses des fonds alloués, notamment du Plan de Relance. De même, le ministère a renoncé à présenter lors de la conférence entre l’Etat et les Villes le décret du ministère de l’Economie pour une coupe budgétaire de 250 millions d’euros pour les collectivités locales (1,25 milliards au total d’ici 2028) qui avait rendu furieux les maires de toutes les étiquettes et mis en difficulté la majorité et le gouvernement. La discussion est reportée après les élections européennes. L’acompte de deux-tiers du fonds de solidarité des communes pour 2024 a en revanche été confirmé : 4,49 millions abonderont les caisses de plus de 6 000 communes. Ils couvriront notamment le renouvellement des contrats et autres dépenses qu’impliquent les nouvelles normes. » 

ARTICLE, La Repubblica, A. Ginori et T. Mastrobuoni « La réélection d’Ursula von der Leyen est remise en question à cause de Meloni » : « La candidature d’Ursula von der Leyen, qui continue à proposer sans gêne une alliance des modérés élargie à Fratelli d’Italia et à une partie des Conservateurs, vacille de plus en plus. Après le « niet » d’O. Scholz à une alliance avec la Présidente du Conseil italien, la ligne rouge tracée par les Socialistes revêt un caractère impératif. Les doutes se cristallisent également au sein des Libéraux. Les Verts ont pour leur part exclu l’hypothèse d’une coalition incluant Meloni. Jusqu'à présent, Emmanuel Macron a refusé de dire si la France soutiendrait un nouveau mandat pour la présidente de la Commission européenne. "Nous verrons" est sa réponse laconique à chaque fois qu'il est interrogé à ce sujet. "À l'issue des élections, au vu des résultats, nous aurons des choix institutionnels à faire", a-t-il expliqué, réitérant son opposition au système du spitzenkandidat. Renew, comme en 2019, n'a pas présenté de candidat à la présidence de la Commission, préférant aligner une "équipe" de trois porte-paroles pour la campagne. Macron veut garder les mains libres et aspire à être le faiseur de rois, comme il y a cinq ans, lorsque c'est lui qui a proposé, à la surprise générale, le nom de l'ancienne ministre allemande de la Défense. Bien qu'il ait été le principal sponsor de Mme von der Leyen, avec le soutien décisif de Renew, le scepticisme du dirigeant français émerge du projet qu’il a esquissé pour la présidence de la Commission lors de la prochaine législature, à un moment où l'Europe "peut mourir", comme il l'a prévenu dans son discours de la Sorbonne le 25 avril. ‘’Le rôle de la présidence de la Commission est de défendre l'intérêt général", a souligné M. Macron, "elle doit être au-dessus des partis et des pays, elle ne doit donc pas être trop politisée". Des mots qui semblent sonner le glas de la candidate du PPE. Macron n’a toujours pas décidé de montrer ses cartes alors que son parti risque de perdre au total environ 17 élus par rapport à il y a 5 ans. » 

ARTICLE, la Repubblica, A. Fraschilla : « Sur l’utilisation d’armes occidentales pour frapper le territoire russe, Meloni freine : ‘Mieux vaut renforcer la défense anti-aérienne de l’Ukraine’ » : « Le gouvernement freine vis-à-vis de la volonté du secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, de permettre aux Ukrainiens d’utiliser les armes fournies par l’Occident pour frapper la Russie. Giorgia Meloni s’est dite contraire à cette hypothèse : « Je crois que ce n’est pas nécessaire, mieux vaut renforcer notre capacité à doter l’Ukraine d’un système de défense anti-aérien efficace, ce que l’Italie fait par ailleurs avec les livraisons de batteries Samp-T. Ainsi nous ne risquons pas une escalade hors de contrôle ». Un message destiné aussi à l’opposition. Celle-ci a interpellé hier, lors d’une séance de questions-réponses, le ministre de la Défense Guido Crosetto : « le gouvernement doit dire non aux armes italiennes contre la Russie ». Crosetto, qui ne s’est pas exprimé sur ce thème précis, a toutefois évoqué la possibilité de rendre publique la liste des armes qui seront envoyées par le neuvième paquet d’aide, qui sera discuté en juin. « Je réfléchis à faire comme d’autres pays, qui ne maintiennent le secret que sur une partie de ce qu’ils envoient ». Dans tous les cas, le gouvernement Meloni prépare le neuvième paquet d’aides militaires à l’Ukraine, comme l’a demandé l’OTAN. Un paquet qui ne devrait pas prévoir, comme c’est le cas dans d’autres pays, des achats ad hoc ou de nouvelles productions d’armes, car aucune poste du budget n’est prévu, à ce stade, pour les dépenses militaires destinées à l’Ukraine. Mais l’Italie s’est engagée à renflouer ses stocks et à investir pour améliorer son armée. En commission Défense, depuis le début de la législature, le feu vert a été donné pour plus de 12 milliards de dépenses militaires. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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