15/04/2024
"Salvini répond à Bossi et confirme la candidature de Vannacci."
Italie. Revue de presse.
Les suites de l’attaque iranienne sur Israël et l’appel à la retenue de la part de Washington et du G7 font la une : « Iran, Biden freine Netanyahou » (Corriere della Sera, Stampa, Sole 24 Ore), « Israël prépare la riposte » (Repubblica), « Les pressions du G7 pour la paix » (Il Messaggero) « L’Iran aboie mais ne mord pas ; Israël ne veut plus s’arrêter » (Fatto Quotidiano). Les célébrations des 40 ans de la Ligue, sur fond de polémiques autour de son dirigeant Matteo Salvini, sont aussi citées : « Ligue, un vent de règlements de compte se lève pour Salvini » (Domani), « Salvini : « les insultes de Bossi nous font du bien » et les ténors du parti soutiennent leur chef » (Messaggero), « Salvini répond à Bossi et confirme la candidature de Vannacci » (Corriere), « Salvini, en mode défensif, lance « la Ligue de l’action » » (Giornale).
COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Mattera « Ligue : un dirigeant placé sous tutelle » : « Salvini est un dirigeant politique qui lutte contre son propre déclin, face à l’hémorragie de voix et à la perte de popularité dans les sondages. Quitte à le faire par des pirouettes effrontées et des croche-pieds maladroits contre ses propres alliés. C’est un dirigeant qui est à la recherche continue de visibilité et qui est dans le déni de la crise. A en croire ses propos, il est pour « l’action » et pour « moins Europe ». Mais pour les militants du Nord, la question se pose : qui est aujourd’hui Matteo Salvini ? Les signataires de plusieurs appels identitaires veulent seulement une chose : qu’il s’en aille. C’est la réponse que donnent les dissidents réunis autour de l’ancien leader et fondateur de la ligue du Nord Umberto Bossi, afin de souligner la gravité et le poids de leurs déclarations. Pour survivre – soit éviter de se faire écraser par la toute-puissante Meloni et d’être dépassés par la posture modérée de Forza Italia – Salvini défend sa réforme sur l’autonomie régionale qui est en voie d’être adoptée. Une réforme qui a toutefois été vidée de sens. Le projet de « Ligue nationale », qui avait porté le parti à des niveaux de popularité jamais atteints par l’administration Bossi ou celle de Maroni, implique une question importante : le fédéralisme des origines, voire l’indépendance du Nord, ont-ils encore un sens ? Faut-il se replier sur ses terres d’origine et cultiver ses racines ou faut-il plutôt s’élargir davantage, au risque de perdre son identité ? Salvini a donné une réponse, signe de son désespoir, soit une recette pour sa survie : Trump et Cesar, Musk et Vannacci, beaucoup de sécurité, un brin de tolérance et une pincée de « Padanie » (territoires de la plaine du Pô, ndlr). C’est la réponse que la Ligue attend des élections de juin, avec un regard sur les pourcentages en Europe et dans les municipalités. C’est aussi la réponse qu’attendaient ses alliés qui lui résistent mais qui craignent aussi que l’avalanche Salvini ne les entraîne dans le gouffre. C’est aussi la réponse qu’attendaient les cadres du parti. Ce n’est qu’une fois que les bureaux de vote seront fermés que la Ligue décidera si elle doit changer de cap. Encore faut-il qu’elle parvienne à surmonter la résistance de son chef qui ne se résout pas à l’idée de son déclin. A moins qu’il ne soit déjà trop tard. »
ENTRETIEN, La Stampa, de Francesco Lollobrigida (Frères d’Italie), ministre de la souveraineté alimentaire et de l’agriculture : « Nous devons défendre l’Italie du vin » : « Nous avons réuni les 30 pays de l'Organisation internationale de la vigne et du vin pour la première fois dans notre pays. L'OIV est née en 1924 après une grande pandémie et des guerres. Aujourd'hui, nous vivons des jours similaires et nous assistons à la tentative de certaines nations de réintroduire une nouvelle prohibition par le biais des étiquettes. Si les étiquettes doivent conduire à une consommation modérée et consciente, elles ne doivent pas pour autant terroriser le consommateur. L'Europe nous demande de jouer un rôle actif, en particulier dans le domaine de l'agriculture. Lorsque nous parlons de durabilité, nous devons le faire selon un objectif réaliste et économique afin de protéger ceux qui produisent de manière équitable. Nous retrouvons cette position chez nos partenaires sur ces questions également parce que dans le monde, toute l'Europe se bat contre de nombreux autres continents sur les marchés. Nous ne pouvons pas punir nos agriculteurs car, si nous sommes obligés de réduire la production, nous devrons ensuite l’acheter à d'autres, peut-être acheter à ceux qui utilisent les mêmes produits agro-pharmaceutiques que ceux que nous interdisons. En ce qui concerne le Made in Italy, nous avons choisi de placer notre événement le jour de la naissance de Léonard de Vinci, symbole de nos multiples talents. La présidente Giorgia Meloni et moi-même célébrerons cette journée avec les étudiants de l'Agrari en leur donnant un aperçu de l'avenir pour le travail que nous accomplissons". »
ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Guido Crosetto (Frères d’Italie), ministre de la Défense, par P. Di Caro, « L’attaque iranienne est gravissime mais Israël doit [contenir sa riposte], il ne faut pas forcer le droit » : « Ma lecture des événements est que l’Iran a attaqué Israël en représailles après la bombe qui a visé son consulat en Syrie le 3 avril dernier. Il s’agit d’une attaque gravissime et sans précédent. 99% des engins déployés ont toutefois été interceptés et abattus par le système de défense aérienne israélien, avec l’aide des Américains, des Britanniques et des Jordaniens. Les dégâts sont limités, l’attaque avait été annoncée de longue date, permettant de préparer la défense. Aujourd’hui l’Iran considère que l’attaque est close. On peut en tous cas dire que chacune des deux parties a obtenu quelque chose : d’un côté l’Iran a montré à sa sphère intégriste sa capacité à réagir et ses capacités militaires, de l’autre Israël a montré elle aussi sa forte capacité de défense et de dissuasion. Nous espérons que les appels lancés hier par le G7 soient entendus mais ce n’est pas si simple. Il est peu probable à mon sens qu’Israël ne riposte pas, compte tenu des proportions de l’attaque iranienne. Il est impossible de savoir quand elle le fera. Quant à la forme de la riposte, Israël sait ne pas pouvoir accepter que Téhéran devienne une puissance nucléaire car cela modifierait totalement les équilibres dans la région et sa sécurité serait grandement menacée. Les faucons qui sont au gouvernement [israélien] y voient une occasion à ne pas manquer de frapper les réacteurs nucléaires iraniens. Netanyahou sait bien que son pays est divisé et qu’une réaction disproportionnée – par exemple en frappant des réacteurs plutôt que des sites militaires de moindre importance – diviserait aussi le monde arabe, remettant en cause tout le processus de dialogue et de stabilisation qui les intéresse, à commencer par l’Arabie Saoudite. En cas de réaction forte, l’Italie se placerait du côté de la communauté internationale. Nous ne voulons pas d’escalade du conflit, ni justifier une quelconque attaque qui amènerait à un point de non-retour. Mais dans le cas d’une réaction dissuasive, dans une logique de discussion à distance entre ennemis historiques, se serait différent. L’Italie est mobilisée dans la région à travers plusieurs coalitions internationales qui ne sont pas en guerre et œuvrent pour la paix. Si le risque n’augmente pas pour nos troupes en Irak et au Koweït, il augmente au Liban et en Mer Rouge, bien que nos troupes ne soient pas des cibles et soient au contraire respectées. Nous sommes en contact avec toutes les autres forces armées qui font partie de la FINUL. Sur le plan géopolitique, les conséquences pourraient être graves et économiquement il y a un risque de hausse des coûts pour tous. Concernant la Palestine, je ne pense pas que les plans d’Israël aient changé, ils ne nous ont pas écoutés jusqu’à présent, je pense qu’ils iront de l’avant sans montrer de signes d’hésitation. Pour notre part, nous continuerons à fournir une aide humanitaire et à faire pression autant que possible pour que la situation n’empire pas. Je suis fatigué et inquiet, cela fait deux ans que l’on ne parle que de guerre, mais je ne veux pas céder au pessimisme. »
Guido Crosetto
PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de R. Frignani, « Ambassades et synagogues, 250 lieux placés sous surveillance » : « Les Ambassades, les écoles privées liées aux communautés, le quartier du Ghetto, les lieux de culte, en particulier juifs, sont placés sous surveillance. Les répercussions de l’attaque iranienne contre Israël sont analysées par les services de renseignement italiens, comme cela avait été le cas après l’attaque du 7 octobre. Un Comité national pour l’ordre et la sécurité publics se tiendra aujourd’hui sous la direction du ministre de l’Intérieur, Matteo Piantedosi. Hier matin déjà, le préfet de Rome a présidé une réunion avec les forces de l’ordre pour faire le point sur la sécurité de la capitale où se trouvent bon nombre des 250 lieux jugés particulièrement sensibles sur les 28 000 identifiés par le ministère de l’Intérieur. Des lieux pour lesquels le niveau de vigilance avait déjà été relevé à Pâques. Cela concerne également d’autres villes et des lieux liés à l’Iran ou à d’autres pays impliqués dans les crises internationales en cours, notamment des bureaux de représentation palestiniens. Outre les militaires mobilisés dans le cadre de l’opération ‘’rues sûres’’ (strade sicure), les activités de prévention assurées par les services de renseignement, la police, les carabiniers, la garde des finances sont renforcées pour surveiller les cas de radicalisation, de prosélytisme par exemple dans les milieux pro-Hamas ou anti-Israël mais aussi en marge des centaines de manifestations pro-palestiniennes, notamment dans les milieux universitaires. L’arrestation d’un Tadjik à l’aéroport de Rome il y a quelques jours montre que l’Italie continue d’être un lieu de transit d’individus dangereux et actifs. Depuis janvier 2023, on dénombre 101 expulsions, dont 51 depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre dernier. La moitié des individus interpellés ont été incarcérés sur la base des indications fournies pour le Comité d’analyse stratégique anti-terroriste. De possibles actions en Italie de ‘’loups solitaires’’ restent un risque concret et depuis plusieurs semaines la vigilance a été renforcée dans les aéroports, les ports, les centres commerciaux et tous les lieux touristiques ou de grands rassemblements. »
ARTICLE, Messaggero, de F. Bechis, « Le G7 et le dilemme de Meloni. Le PD se dit ouvert à la collaboration » : « Le bureau de Giorgia Meloni au Palais Chigi s’est transformé en cellule de guerre. La présidente du Conseil a convoqué le G7 en visioconférence dans la matinée. C’est la première fois que l’Italie doit gérer une crise d’ampleur mondiale depuis qu’elle préside le groupe qui réunit les grandes nations occidentales. Meloni fait part de son inquiétude aux ministres. Antonio Tajani (Forza Italia) réunira aujourd'hui les ambassadeurs des pays arabes à la Farnesina pour tenter de désamorcer cette escalade. Guido Crosetto (Frères d’Italie) tient régulièrement informé Meloni de la situation des soldats italiens présents dans la région (environ 2300, au Liban, en Irak, au Koweït, et sur les navires en mer Rouge). Personne n'est considéré comme étant en danger immédiat. Elly Schlein a appelé Giorgia Meloni : pas d'agitation inutile en ces jours de crise internationale. « J’ai exprimé toute mon inquiétude et proposé une coopération dans l’intérêt de l’Italie » a expliqué la dirigeante démocrate avant de convoquer une réunion au sein de son parti dans laquelle elle a affirmé ses positions : soutenir le gouvernement dans ses efforts de désescalade et s'efforcer de « mettre de l'huile dans les rouages » entre l'Europe et les États-Unis. Conte ne semble pas apprécier cet appel : « Est-ce que je partage le principe de cet appel ? Je n’ai rien à partager si Schlein passe un coup de fil à Meloni » répond sèchement le président du Mouvement 5 étoiles aux journalistes. Le sommet du G7 a réuni Meloni, Biden, Sunak, Macron, Kishida, Trudeau, Von der Leyen et Michel. L'Allemand Scholz, en retard, est apparu en vidéo depuis la Chine. Tout le monde s’accorde sur une ligne dure à l'égard de l'Iran, et l’on projette un nouveau paquet de sanctions contre son programme nucléaire. Mais selon le média Axios, samedi soir, lors d'une conversation téléphonique animée, Joe Biden aurait mis en garde Netanyahou : « Ne réagissez pas ». Et il aurait reçu des assurances en ce sens. Mais à la table du G7, rares sont ceux qui croient que Bibi restera les bras croisés. Le pessimisme prévaut dans les hautes sphères du gouvernement italien. Dans les rapports des services de renseignements, tous les scénarios sont envisagés, même la possibilité d'une frappe contre l'un des sites nucléaires iraniens, qui serait « un acte sans retour ». La première version du communiqué du G7 se limite à un appel général à la « désescalade ». Les dirigeants, dont Meloni, ont ensuite opté pour une nouvelle version appelant « les parties prenantes » (donc Israël), à « s’abstenir » de toute nouvelle action susceptible d’alimenter l’escalade. Il s'agit d'un avertissement adressé à Bibi qui trahit l’irritation des dirigeants occidentaux face aux conséquences de ce qui semble être un jeu politique personnel du premier ministre israélien. La déclaration commune insiste sur un cessez-le-feu à Gaza. Meloni contactera Netanyahou, puis d'autres dirigeants, à commencer par la Jordanie. Un voyage au Qatar, acteur clé dans les négociations avec l'Iran, est également prévu. En attendant, on commence à dresser un premier bilan de la réponse des alliés. L'intervention des avions de chasse et de la marine française contre les drones iraniens a surpris, voire même décontenancé. Elle a surpris car jusqu'à présent, contrairement aux Britanniques et aux Américains qui avaient frappé les positions des Houthis avec des frappes préventives, les Français n'étaient pas allés aussi loin. Un geste « politique » de Macron – c’est l’interprétation qu’en fait le palais Chigi- pour récupérer des points auprès d'Israël après le grand froid de ces derniers mois. L'Italie, en raison de contraintes constitutionnelles, n'a pas participé. L’opposition frappe fort à ce sujet, demandant au gouvernement de traiter ces questions devant le Parlement. C'est ce que feront aujourd'hui Tajani et Crosetto, lors d'une audition devant les commissions des affaires étrangères et de la défense de la Chambre des députés. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
13:22 | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.