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11/04/2024

"L’Europe adopte le Pacte sur la migration : le PD et la Ligue votent contre."

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Italie. Revue de presse.

Les suites de l’enquête sur l’explosion dans la centrale hydroélectrique de Camugnano (Emilie-Romagne) font la une : « Mystère sur les causes de l’explosion » (Corriere della Sera, Messaggero), « Les alertes ignorées [sur les conditions de sécurité] » (Repubblica, Stampa). L’adoption du Pacte sur la migration et l’asile par le Parlement Européen fait aussi la une « L’Europe adopte le Pacte sur la migration : le PD et la Ligue votent contre » (Corriere, Repubblica), « Migrants, le pacte qui ne résout pas les problèmes » (Avvenire), « Un pacte sur les migrants en ordre dispersé, chaos à Strasbourg » (Giornale). L’adoption hier du Document d’économie et de finances (DEF) est aussi citée « La dette publique franchit la barre des 3 000 milliards » (Stampa), « DEF, la prime pour les bâtiments [représente un fardeau] à hauteur de 72 milliards » (Sole 24 Ore). 

ARTICLE, Sole 24 Ore, d’E. Patta, « Réformes, la norme censée limiter l’instabilité politique est approuvée mais la majorité pourra tout de même changer » : « La commission Affaires Constitutionnelles du Sénat a approuvé hier l’article donnant les pleins pouvoirs au Président du Conseil élu pour la dissolution des Chambres, dans le cadre du décret-loi sur la gestion des crises politiques, et ce malgré le mécontentement de la Ligue. Le Président du Conseil élu ‘’au suffrage universel direct’’ décidera donc du destin de la législature et ne pourra pas être remplacé - à moins que ce ne soit sa volonté. En effet, si le Président du Conseil élu démissionne, volontairement ou suite à une motion de censure, il aura trois possibilités : demander et obtenir la dissolution des Chambres, se faire réinvestir, ou passer la main à une autre personnalité politique, du moment qu’elle a été élue parmi les rangs de la majorité. Le centre-droit insiste particulièrement sur ce dernier point et parle d’une norme censée limiter l’instabilité politique : il ne pourra plus y avoir de gouvernements techniques ou dirigés par des personnalités extérieures au Parlement (comme Mario Draghi en 2021), ni un renversement de majorité avec l’élection d’un Président du Conseil issu de l’opposition. La norme en question n’empêchera cependant pas les alternances politiques ou les coalitions élargies. Les contraintes initiales liées au programme de la coalition gagnante ont été éliminées et le Président du Conseil réinvesti pourra très bien remplacer un parti encombrant par un parti de l’opposition. Les gouvernements de larges ententes resteront aussi possibles, par exemple face à une crise internationale ou financière, tant que le Président du Conseil est issu de la majorité élue. Au final, cette norme ne limite peut-être pas tant que ça les changements politiques. La Ligue a fait comprendre que plusieurs points (motion de censure, dissolution des Chambres) seront réexaminés par le Sénat. En revanche, le gouvernement a bloqué la tentative de renforcement du rôle de l’opposition à travers l’introduction dans la Constitution d’un chef de l’opposition selon le modèle anglais. » 

ARTICLE, Il Foglio, L. Capone « Les comptes flous du document économique et financier » : « Le DEF qui vient juste d’être adopté par le gouvernement n’est pas un exemple de clarté. L’absence dexplication précise et exhaustive sur les raisons qui ont fait exploser le déficit en 2023 pèse. Le ministre Giorgetti (Ligue) a évoqué les contrecoups ‘’dévastateurs’’ de la prime pour la rénovation énergétique des logements (le « superbonus »), or cela ne figure pas dans le DEF. Pourtant le déficit est passé de 5,3% de 2023 à 7,2%, comme l’a certifié l’ISTAT en mars. Et ce déficit supplémentaire fait que la dette publique, au lieu d'être stabilisée comme le prévoyait le document de prévision économique remis à Bruxelles, va s'accroître au cours des trois prochaines années (+2,5 points de PIB jusqu'en 2026). Et comment le gouvernement fait-il face à ce bouleversement ? Il constate tout simplement les données publiées par l'ISTAT sans se sentir obligé d’expliquer aux citoyens, aux contribuables et aux marchés ce qui s'est exactement passé. La gestion des crédits d'impôt à la construction est devenue totalement incontrôlable. Le gouvernement aurait dû aborder cette question en détail. Il y a deux explications possibles à ce choix, toutes deux peu rassurantes. La première est que le ministère de l’Economie sait beaucoup de choses qu'il ne veut pas dire, la seconde est qu'il ne veut rien dire parce qu'il ne sait pas encore beaucoup de choses. On ne sait pas laquelle des deux hypothèses est la pire. »

RETROSCENA, La Stampa, M. Bresolin et I. Lombardo « L’Italie croit encore à l’hypothèse d’un report des délais pour la réalisation du Plan de Relance » : « Au Palais Chigi, on constate un certain optimisme sur la possibilité que la limite de 2026 pour la réalisation des projets du PNRR soit reportée. Cette certitude est partagée par le ministre Raffaele Fitto (Frères d’Italie), qui gère directement le dossier, car ‘’l’Italie figure parmi les pays qui ont mieux respecté les délais fixés’’. Il est probable que d’autres pays membres demanderont à pouvoir dépasser ce délai. Le ministre de l’Economie Giorgetti ne parle pas souvent mais quand il le fait, ce n’est jamais pour des raisons anodines. Le fait qu’il ait déclaré que le report est considéré comme assez sûr permet de penser que d’autres au sein du gouvernement conseilleront de suivre cette piste. Selon des sources au sein de celui-ci, le « non » sec du Commissaire Gentiloni à cette hypothèse ferait partie d’une jeu de rôles. Le dossier pourrait être évoqué pendant la rencontre entre Giorgia Meloni et Charles Michel prévue pour demain. Michel a en effet géré personnellement les négociations pour la naissance du Next Generation EU. La présidente du Conseil rencontrera un interlocuteur ouvert et disponible à trouver une stratégie pragmatique. Car Michel sait très bien qu’un éventuel échec italien sur le PNRR se transformerait en pierre tombale sur les espoirs de répéter l’expérience du NextGenEU à l’avenir. Or, à ce stade, la requête italienne d’un report de l’échéance de 2026 ne rencontre pas beaucoup de succès. Certains pays le souhaitent : le Portugal, (qui a dévoilé ses intentions avant l’Italie), la Hongrie et la Pologne. La Grèce serait elle aussi intéressée, mais certainement pas l’Espagne, qui a adopté une tout autre approche en demandant d’abord des subventions et seulement après des prêts. Or, il faut un accord à l’unanimité pour modifier la date butoir. Une simplification des démarches pourrait arriver sur la table de l’Ecofin pour une première discussion sérieuse entre les ministres. » 

PREMIER PLAN, La Stampa, de M. Bresolin, « Immigration, un pacte qui divise » : « Après huit ans de négociations, le Parlement européen a approuvé le nouveau Pacte sur la migration et l’asile en accord avec les gouvernements, non sans susciter les protestations de divers partis et associations. La réforme revoit en profondeur les règles de la gestion interne des flux migratoires, avec des contrôles plus stricts aux frontières et une correction (pas un abandon) du règlement de Dublin : la responsabilité continuera de peser avant tout sur les pays de première entrée mais sera ‘’allégée’’ par l’introduction de la notion de ‘’solidarité obligatoire mais flexible’’. Chacun contribuera mais pourra choisir entre accueillir ou payer. L’équilibre a été trouvé à l’issue d’un exercice diplomatique particulièrement ardu. L’adoption du Pacte était en suspens jusqu’au dernier moment et des négociations de dernière minute se sont poursuivies durant toute la journée. Il parait qu’Emmanuel Macron s’est impliqué personnellement afin de convaincre le Premier ministre polonais Donald Tusk – en vain puisque les députés européens du PPE ont voté contre malgré les indications du groupe politique. Un moment qualifié d’historique par la Présidente du Parlement européen mais qui a donc suscité de dures réactions et profondément divisé les familles politiques. Le Pacte est critiqué à droite pour son laxisme et à gauche pour son manque d’humanité. Mais les divisions ne sont pas seulement politiques, il y a aussi des considérations géographiques, entre pays de première arrivée et pays de ‘’mouvements secondaires’’, et entre partis aux pouvoirs et forces d’opposition. Par exemple, au sein du groupe des socio-démocrates, la délégation du Parti démocrate italien a voté contre, malgré la ligne officielle mais soutenus par les socialistes espagnols du gouvernement Sanchez. Idem du côté des Conservateurs, parmi lesquels Fratelli d’Italia a voté en faveur du Pacte (hormis le règlement sur la solidarité obligatoire) malgré la ligne du reste du groupe, recevant les compliments du PPE pour sa ‘’responsabilité’’. Fidèle, Forza Italia a voté pour alors que le Mouvement 5 Etoiles a voté contre. La Ligue a également voté contre, mettant encore une fois à mal l’unité de la coalition au sein du Parlement européen. Le vieux mantra selon lequel ‘’L’Italie est abandonnée à son propre sort’’ par l’Europe résonnait à nouveau hier soir parmi les léghistes. Le feu vert du Conseil européen est la dernière formalité avant l’entrée en vigueur de la réforme qui imposera deprocédures de contrôle plus strictes des migrants aux frontières extérieures ou secourus lors de patrouilles ou sauvetages en mer. Des procédures qui vaudront aussi pour les enfants à partir de 6 ans, contre 14 ans auparavant. Quant aux rapatriements, il ne s’agira pas du ‘’modèle Rwanda’’ promu par le PPE puisque les migrants devront avoir un lien avec le pays vers lequel ils seront renvoyés. Toutefois, il est probable que le simple transit suffise à justifier le transfert vers ledit pays. » 

COMMENTAIRE, Avvenire, M. Iasevoli « Les trois positions divergentes du gouvernement italien » : « Ce qui s’est passé hier au Parlement européen (et en effet-miroir à Rome où les partis de la coalition étaient divisés lors du vote) va au-delà de la simple dialectique électorale. Giorgia Meloni a pu constater que son allié, la Ligue, a à nouveau voté avec les partis nationalistes d’Identité et Démocratie, ce qui n’est pas bon signe, notamment dans la perspective de ce qui se passera après les élections européennes. L’autre allié, Forza Italia, a revendiqué le vote pour et son appartenance au PPE, avec Tajani qui estime avoir joué un rôle « central » dans le résultat obtenu par le Parlement Européen. Dans l’ensemble, on peut parler d’une mayonnaise ratée : si les partis d’opposition se sont eux-aussi divisés, ce que l’on relève de plus important est que le gouvernement n’a pas une idée partagée sur l’Europe qui viendra, à commencer par la question migratoire, qui pourtant avait eu un effet fédérateur pour remporter les élections de 2022. » 

ARTICLE, Repubblica, de G. Foschini, « Une prison italienne en Albanie : deux agents par détenu. Les Syndicats dénoncent :"C'est mieux que chez nous". » : « Si vous comptez vous faire arrêter, il vaut mieux aller en Albanie. De l'autre côté de l’Adriatique, l’Italie devra gérer dans quelques mois ses propres prisons, avec leurs agents pénitenciers et leurs normes bien meilleures que dans notre pays : des cellules neuves et spacieuses, et même deux agents pour chaque détenu, alors que la moyenne italienne actuelle est d'un gardien de prison pour trois. Et ce, « durant la journée car la nuit, c’est huit policiers qui doivent surveiller pas moins de 400 à 500 détenus », explique Gennarino de Fazio, secrétaire de l'Uilpa, qui a dénoncé cette incroyable histoire albanaise. Tout est né avec la loi 14 de 2024, qui prévoit la construction en Albanie de nouvelles structures pour accueillir les migrants arrivant en Italie : un premier lieu clé au niveau du port de Shengjin et un centre pour demandeurs d'asile à Gjader sont prévus. Comme la Repubblica l'a expliqué ces derniers jours, il s'agit de deux constructions qui - bien qu'absolument inutiles pour contenir et gérer les flux - plaisent à ceux qui gèrent l'activité d'accueil, ceux-là mêmes qui, depuis des années, sont au centre des campagnes des partis de la droite aujourd'hui au gouvernement. Il y a en effet beaucoup d'argent sur la table : 36 millions qui augmenteront avec les coûts de transport, de soins de santé et d'autres éléments. Le remboursement de ces frais devrait même faire l'objet d'une note de bas de page. L'ouverture des centres est prévue pour la fin du mois de Mai, au moment où devrait débuter le protocole italo-albanais. En Albanie, nous aurons également une prison, à Gjader, qui devra « accueillir les migrants qui seraient responsables de crimes pendant leur séjour dans les structures gérées par l'État italien sur ce territoire, afin de mener à bien les procédures frontalières ou de rapatriement prévues par les règlements ». La capacité maximale est de 20 migrants qui devront être pris en charge par au moins 45 agents de la police pénitentiaire, plus probablement d'autres hommes de notre police, d’où l'inquiétude des syndicats. De Fazio explique : « Notre département, la Dap, nous a appris la nouvelle et nous avons été stupéfaits : en Italie, on ferme les prisons de moins de 100 détenus, et au lieu de cela, on va en Albanie pour en construire une de 20 places seulement. Sans parler du rapport entre les agents et les détenus, qui passe soudainement de 1 à 3, comme c'est habituellement le cas en Italie, à 2 à 1 ». Un syndicat des agents pénitenciers réagit : « Mais ce qui est incroyable, c'est qu'après avoir tant parlé des migrants et des prisonniers envoyés purger leur peine dans des pays étrangers, les premiers à devoir partir seront les membres de la police pénitentiaire, alors qu'il en manque déjà 18 000 dans leur pays ». L’avis vient d'être publié et les demandes sont déjà nombreuses. Car même pour les agents, l'opération est une aubaine d'un point de vue économique : « Le logement et la nourriture sont pris en charge par l’administration », lit-on dans le communiqué « et une indemnité journalière de mission qui varie de 176 euros par jour pour les cadres à 130 pour les agents simples ». 

PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de M. Galluzzo, « Le ministre chinois et Tajani en Vénétie pour surmonter l’ancien projet de ‘’Route de la Soie’’ » : « Au ministère italien des Affaires étrangères, on en parle comme d’un ‘’nouveau départ’’ sur le plan économique. Après avoir écarté le projet de Route de la Soie, on craignait des répercussions de la part du gouvernement chinois. Mais il n’y en a pas eu et la venue du ministre chinois du Commerce pour une visite au cœur du système manufacturier italien à Vérone, en compagnie du ministre Antonio Tajani et avec plusieurs entrepreneurs italiens, est vue comme une bonne chose. Cette visite de deux jours, durant lesquels les deux ministres présideront la Commission économique mixte Italie-Chine, est un signe d’autonomisation de l’Italie par rapport à son alignement géopolitique avec Washington. Il existe donc un espace de dialogue bilatéral qui est cultivé par les Etats-Unis eux-mêmes ou en Europe par Olaf Scholz qui se rendra par exemple en Chine d’ici quelques jours, accompagné d’une importante délégation de ministres. Le vice-président du Conseil italien et le ministre chinois participeront à Venise à un événement de commémoration en l’honneur de Marco Polo, avant de se rendre à Vérone pour la Commission économique mixte puis l’ouverture du Forum de dialogue entrepreneurial italo-chinois. ‘’Nous voulons inaugurer une nouvelle phase dans les relations italo-chinoises et investir sur le partenariat bilatéral’’ a déclaré Antonio Tajani. La Commission mixte italo-chinoise est le principal instrument de coopération économique avec la Chine et fait partie des mécanismes de dialogues prévus par la Partenariat stratégique, qui n’a jamais vraiment pris mais qui est toujours en vigueur, signé en 2004. Depuis la visite en Chine en septembre dernier de Tajani, c’est le premier rendez-vous politique de haut niveau entre les deux pays. Le Forum de dialogue entrepreneurial qui se tiendra demain à Vérone a pour objectif de renforcer les discussions et la coopération sur des secteurs prioritaires, indique le ministère italien des Affaires étrangères : agro-industrie, e-commerce, investissements, secteurs pharmaceutique et biomédical. Des représentants de l’Agence italienne pour la promotion des entreprises à l’International (ICE), du syndicat patronal Confindustria, et leurs homologues chinois, une sélection d’entreprises italiennes et chinoises, et du pôle pour le développement international (SACE, Simest, Cassa Depositi e Prestiti) seront également présents. Sans oublier l’invitation adressée par le président chinois à la Présidente du Conseil Giorgia Meloni, que ces rencontres pourraient relancer et qui pourrait donner lieu à un déplacement après les élections européennes. Les relations italo-chinoises, bien que relancées, ne serait pas du même niveau que sous le gouvernement de Giuseppe Conte qui avait signé les accords pour la Route de la Soie, ensuite abandonnés par l’actuelle Présidente du Conseil. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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