11/03/2024
"Les Abruzzes restent à droite."
Italie. Revue de presse.
La victoire de la coalition de droite aux élections régionales dans les Abruzzes, malgré les espoirs des partis de centre-gauche de répéter la récente victoire en Sardaigne, domine les gros titres : « Victoire de la droite dans les Abruzzes » (Corriere della Sera, Repubblica), « Les Abruzzes restent à droite » (Giornale, Stampa, Fatto Quotidiano), « Abruzzes, victoire de Marsilio » (Messaggero). La polémique soulevée par les déclarations du Pape François invitant l’Ukraine à négocier avec la Russie est aussi citée : « Kiev répond au Pape : « nous ne hisserons jamais le drapeau blanc » » (Corriere, Stampa), « La colère de l’Ukraine après les propos du Pape » (Repubblica).
Les JT couvrent essentiellement les résultats des élections régionales dans les Abruzzes, le triomphe du film Oppenheimer aux Oscars, la polémique autour des déclarations du Pape François invitant l’Ukraine à négocier avec la Russie et enfin les élections législatives au Portugal.
ARTICLE, Repubblica, F. Bei « Le vote régional, la leçon des Abruzzes » : Si la victoire de Marco Marsilio semble nette, il sera nécessaire pour la gauche de garder à l'esprit la leçon des Abruzzes. Il y a encore un mois, la conquête de Fratelli d’Italia du territoire était considérée comme perdue d’avance. La région, gouvernée par un fidèle de la première ministre, n’a pas été jugée attaquable. Giorgia Meloni elle-même, lors des élections législatives, avait choisi d'être députée des Abruzzes, confiante dans sa réussite. Les dernières élections régionales, de 2019, avaient pourtant été un signal net de son avance: l'écart entre la droite (49,2 %) et la gauche (30,6 %) atteignait près de vingt points. Il faut partir de ce constat pour comprendre l'importance du vote d'hier, qui a réduit de moitié l'écart entre les deux coalitions malgré la faible participation. Car même s'il a subi une défaite, le camp progressiste a obtenu un résultat prometteur pour l’avenir. Après le résultat surprise en Sardaigne, le poids politique de Luciano D'Amico redonne du courage à ceux qui s'opposent au gouvernement souverainiste. Comme l'écrivait hier Antonio Scurati, c'est un signe d’ « espoir », un mot important et fondateur pour ceux qui se définissent comme progressistes. Même si le bilan est finalement négatif, grâce à l'extraordinaire mobilisation de tous les ministres du gouvernement, l'essentiel est que la gauche ait pu identifier une méthode. On pourrait même aller jusqu'à l'appeler le Laboratoire des Abruzzes. Cela rappelle le Laboratoire Genziana, cette liste « Genziana », concoctée lors des élections municipales de 1990 à L'Aquila, qui réunissait des ex-DC et des ex-communistes sous la direction politique de la « mule des Abruzzes », Marco Pannella. Cette fois, le pivot de l'opération était l'ancien recteur D'Amico, un personnage qui semble incarner les caractéristiques d'un leadership opposé à celui de Meloni : inclusif, doux, incapable d'attaquer les opposants. Luciano D’Alfonso de la gauche des Abruzzes a peut-être vu juste en qualifiant D'Amico de « nouveau Prodi ». Un leader issu de la société civile, mais pas anti-politique, qui redonne de la valeur à la culture, capable de faire se sentir chez eux des gens venus d'horizons divers. Un leader - et non un influenceur politique - qui a donné l'impression d'être capable non seulement de gagner, mais aussi de gouverner. La gauche est venue en force à la réunion, de Renzi à Fratoianni. Une coalition qui n'existe pas au niveau national et qui a probablement rendu les électeurs suspicieux et méfiants. Il est difficile de reproduire ce modèle à l'échelle nationale, mais les dirigeants et les chefs de file du camp progressiste feraient certainement bien d'écouter le message que les électeurs du Gran Sasso et de l'Adriatique ont envoyé dimanche dernier. Après tout, c'est le même message qui a été envoyé il y a quinze jours par les Sardes : fini les querelles et le personnalisme, travaillons ensemble sur les points communs des programmes et trouvons un leader crédible qui ne fasse de l'ombre à personne. Cela semblait impossible, mais Todde et D'Amico (qui, malgré sa défaite, a réussi à susciter l'enthousiasme et la mobilisation) sont là pour prouver que le peuple de gauche existe et peut même être majoritaire. Il n'est pas vrai que le monde, pour citer à nouveau Scurati, « glisse inexorablement vers la droite ». Et il est curieux que cette leçon vienne de deux territoires - la Sardaigne et les Abruzzes - qui ont toujours été confinés aux marges politiques. »
Marco Marsilio
ARTICLE, Corriere della Sera, M. Guerzoni « La victoire obtenue avec l’implication directe de la Présidente du Conseil et des ministres sur le terrain » : « C’est une victoire claire avec un écart important (7 points) pouvant enfin dissiper les nuages de ces derniers jours. Le fief électoral des Abruzzes, obtenu en 2019 par Giorgia Meloni, est sauf. La satisfaction sur la réélection du président sortant est forte. La dirigeante de Fratelli d’Italia souligne que ‘’la victoire de Marsilio confirme le bon travail fait aussi bien dans les Abruzzes qu’au niveau national’’. Mardi dernier, lors du meeting sous la pluie devant environ 2 000 personnes, elle avait mimé le geste de se caler le casque sur la tête, par crainte que le vent opposé qui avait soufflé en Sardaigne n’atteigne la forteresse des Abruzzes. Malgré une attitude confiante de Meloni, Tajani et Salvini, il y avait la crainte d’un résultat ex-aequo au point que le Palais Chigi avait fait savoir ‘’quel que soit le résultat, pour la majorité rien ne change : pendant cette mandature, il ne peut y avoir une majorité sans Fratelli d’Italia ni un gouvernement qui ne soit dirigé par Giorgia Meloni’’. Après avoir perdu la Sardaigne, la Présidente du Conseil a tout misé sur les Abruzzes afin d’empêcher au centre-gauche de se ressouder et de mettre en question sa victoire également aux élections européennes tout comme sa candidature. Meloni a ainsi levé le ton d’un cran et donné au rendez-vous de dimanche une importance politique, en mobilisant une bonne moitié du gouvernement afin de mettre en sécurité le bastion des Abruzzes. Nous avons ainsi assisté à un défilé de ministres, dix au total, allant de Zangrillo à Santanché, de Schillaci a Piantedosi, pour allouer des fonds pour les différents chantiers, pour les routes, pour les chemins de fer, pour visiter les hôpitaux, les écoles et les centres de recherche. C’est surtout Matteo Salvini qui a visité la région en long et en large, affichant une certaine assurance : ‘’Dans les Abruzzes nous gagnerons sans problèmes, la Ligue fera un bon score’’. A ce stade, nous n’avons pas les données officielles mais l’écart avec le candidat de centre-gauche est net : 55% contre 45%. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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