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19/02/2024

"Les doutes de Meloni sur une candidature européenne."

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Italie. Revue de presse. 

La mort de l’opposant politique russe Alexeï Navalny fait les gros titres de la presse : « Navalny, tous les mystères autour de sa mort ». « Une marche blanche est organisée à Rome avec Schlein et Calenda » (Corriere della Sera), « Le mystère du goulag » (Repubblica, Fatto Quotidiano), « Le dernier calvaire de Navalny » (Stampa). La Conférence sur la Sécurité européenne qui s’est tenue à Munich fait la Une du quotidien romain « Défense Européenne : voici le plan commun » (Messaggero).

ARTICLE, La Repubblica, T. Ciriaco « Les doutes de Meloni sur une candidature européenne » : « La dernière fois qu’elle a évoqué le sujet, Giorgia Meloni a semblé hésitante. Son entourage lui a alors expliqué qu’il n’y avait pas d’urgence. La présidente du Conseil a ainsi décidé de reporter d’un mois et demi sa décision. Elle décidera en avril, après avoir pesé le pour et le contre. Il faut aussi organiser la campagne électorale. Sur ce point, les prochaines élections en Sardaigne, puis aux Abruzzes et en Basilicate, lui offrent une visibilité médiatique à l’instar d’une compétition pour les européennes. Ce qui signifie que, si elle décidait de se présenter aux élections européennes, la campagne durerait un mois et demi, avec peu de meetings et des entretiens concentrés essentiellement pendant les 15 derniers jours. Pourquoi Meloni hésite-t-elle encore ? Il y a tout d’abord l’incertitude sur le résultat : ne pas dépasser la barre des 26% l’affaiblirait, même si les sondages sont optimistes. Mais pourquoi courir le risque ? L’autre inconnue concerne une possible victoire électorale : si l’ensemble des voix de la Ligue et de Forza Italia devait ne pas dépasser la moitié des voix de Fratelli d’Italia, cela poserait un véritable problème au sein de la majorité du point de vue de l’équilibre des forces. Il y a aussi une compétition entre les deux partis mineurs : la Ligue et Forza Italia obtiendraient entre 6,5 et 8,5% de voix. En cas de défaite, le parti perdant serait secoué en son sein. Salvini n’a jamais été autant isolé dans la Ligue et ses proches seraient même disposés à organiser un congrès éclair avant les européennes, afin de mettre en sécurité leur chef. Car la Ligue est en difficulté aussi dans ses bastions historiques comme la Vénétie et la Lombardie. Salvini est aussi isolé au sein du gouvernement. C’est plutôt le ministre de l’Economie, le léghiste Giancarlo Giorgetti, qui bénéficie d’une relation étroite et privilégiée avec Giorgia Meloni. Concernant Tajani, son objectif est que Forza Italia s’approche le plus possible du score des dernières élections européennes, voire de devancer la Ligue. Pour ce faire, il a misé sur des personnalités modérées, comme Letizia Moratti et Roberto Occhiuto. Tajani pourrait même se porter candidat mais pour cela, il attendra que le congrès de Forza Italia se termine. »

ARTICLE, Corriere della Sera, V. Piccolillo « Plusieurs ouvriers meurent sur un chantier à Florence, la ministre se rend sur place ‘’les lois existent, mais il faut mener une réflexion. Le gouvernement envisage d’introduire l’ ‘’homicide lié au travail’’ » : « Pour le gouvernement, les priorités pour lutter contre les accidents mortels du travail restent la prévention et la sécurité, mais il n'exclut pas aussi l'introduction du délit d’’homicide lié au travail’. Hier, la ministre du Travail, Marina Calderone (Indépendante), comme tous ses prédécesseurs avant elle lors d’autres tristes occasions, a rendu visite aux blessés hospitalisés, et a rendu hommage aux victimes sur le site de l'effondrement de Florence. Elle a promis devant les télécaméras des mesures pour mettre fin aux accidents mortels du travail. Aujourd'hui, elle dirigera une réunion technique pour finaliser les propositions à présenter en Conseil des ministres. Les familles des victimes réclament l'introduction du délit ‘d'homicide lié au travail’, une proposition également soutenue par les syndicats et par le président de la Région Toscane, Eugenio Giani. La ministre revendique l'augmentation du nombre d'inspecteurs déployés sur les chantiers : "850 agents ont pris leur fonction en 2022. Ils permettront à l'Inail (Institut pour la sécurité sur le travail) d'augmenter de 40% les inspections de sécurité". Les demandes des syndicats sont nombreuses, à commencer par la limitation de la longue chaîne de la sous-traitance, qui fait que les chantiers sont peuplés de micro-entreprises. Calderone met l'accent sur la formation et la culture de la sécurité, qu’elle voudrait introduire également comme une matière scolaire obligatoire. "Nous avons pratiquement doublé toutes les dotations pour soutenir la formation, l'information et les entreprises vertueuses qui investiront dans la sécurité et dans les technologies de sécurité". Parmi les idées qui ont déjà été discutées mais qui doivent encore être évaluées, on trouve aussi un ‘permis à points’ qui pénaliserait les entreprises ayant un plus grand nombre d'accidents du travail dans les appels d'offres ainsi que l’extension des tutelles de sécurité aux travailleurs des entreprises sous-traitantes et l'application du contrat du bâtiment également aux contrats privés et aux contrats de sous-traitance. » 

SONDAGES, La Stampa, d’A. Ghisleri, « Trois Italiens sur quatre se disent inquiets pour le climat ; l’Europe et le gouvernement italien recalés sur les questions environnementales » : « La transition écologique émerge parmi les thèmes auxquels les Italiens accordent une attention croissante, aux côtés des traditionnelles questions économiques et migratoires. De plus en plus de personnes se disent conscientes de devoir agir de manière plus responsable pour l’environnement et contre le changement climatique. C’est le cas de 73,3% des personnes interrogées pour cette enquête. Les Italiens sont de plus en plus inquiets face aux questions environnementales, évoquant principalement les grands événements climatiques qui ont frappés la Péninsule dernièrement, la pollution de l’air, la surexploitation des ressources naturelles, la gestion des déchets et le recul de la biodiversité. Les politiques et initiatives en la matière sont largement approuvées et de plus en plus populaires, et ce parmi les électorats de tous bords, avec un peu moins de conviction pour les électeurs de la Ligue et de Fratelli d’Italia. 34% des Italiens estiment que la transition écologique et le verdissement de nos économies seront plus lents qu’annoncé et qu’ils représentent un important coût économique. 19% s’inquiète d’éventuelles conséquences sur l’emploi et sur les couches les plus défavorisées de la société, une inquiétude partagée en particulier par les électeurs de Fratelli d’Italia et du Mouvement 5 Etoiles. De fortes préoccupations émergent quant au coût économique des politiques environnementales. Comme on l’a vu ces derniers jours, certains secteurs comme l’agriculture intensive et l’industrie automobile s’opposent fortement à la transition écologique. 8% des Italiens jugent qu’il ne s’agit ‘’que d’une mode’’ et 10% estiment que le pays n’est pas prêt à renoncer à un certain confort et mode de vie, ni à soutenir les coûts que cela implique. De ce point de vue, les institutions sont critiquées pour leur rôle joué dans la promotion et la planification de la transition. L’engagement national (gouvernement, collectivités locales, associations…) est désapprouvé par 45,5% des Italiens, et 56,5% désapprouvent le rôle joué par l’UE et son engagement en la matière. Si les Italiens adhèrent de plus en plus à l’importance de la transition écologie et s’impliquent personnellement, les sujets les plus importants pour les électeurs restent l’inflation et la hausse du coût de la vie, l’emploi et la crise du secteur sanitaire, le changement climatique passant au second plan. » 

ARTICLE, Corriere della Sera, R. Frignani « La Libye qualifiée de ‘’pays non sûr’’ par le tribunal, le gouvernement craint une remise en cause des rapatriements » : « Pour le gouvernement italien, il s’agit d’éviter de remettre en cause les accords entre l’Italie et la Lybie sur la gestion et le rapatriement assisté des migrants dans leur pays d’origine. Il s’agit aussi de faire face à de possibles recours déposés collectivement, ce dont menacent certaines ONG, pouvant donner lieu à des demandes de dédommagement de la part de ceux qui ont été sauvés en mer puis reconduits en Libye. Le ministère de l’Intérieur est en train d’examiner les conséquences et les contremesures pour la décision de la Cassation qui a rejeté la saisine du commandant du navire « Asso 28 », condamné pour avoir remis aux autorités libyennes les migrants sauvés en mer. Cette décision pourrait cacher des pièges pour le système de rapatriements en vigueur mais aussi pour les secours en mer confiés principalement aux Libyens. Il est vrai que cette décision se réfère à des faits datant d’il y a six ans, quand la situation en Libye était particulièrement chaotique, avec des affrontements entre milices. Aujourd’hui, la situation libyenne semble différente, malgré des difficultés soulignées hier encore par l’envoyé de l’ONU Abdoulaye Bathily. »  

COULISSES, Il Messaggero, de F. Bechis, « L’accord entre Meloni et Zelensky : l’Italie s’engage à soutenir Kiev pour les dix prochaines années » : « C’est un accord avant tout politique : l’Italie se tiendra aux côtés de l’Ukraine pendant dix ans, prête à lui venir en aide ‘’sous 24 heures’’ si Vladimir Poutine devait à nouveau l’agresser. Voilà le cadeau que Giorgia Meloni s’apprête à offrir à Volodymyr Zelensky lors de son imminente visite à Kiev, d’où elle devrait diriger en visioconférence une réunion du G7. La date est encore tenue secrète pour des raisons de sécurité, peut-être autour du 24 février, date anniversaire de l’invasion russe en Ukraine. Les corps diplomatiques ukrainien et italien travaillent à cet accord bilatéral de sécurité depuis plusieurs mois, le texte est très semblable aux accords passés ces dernières semaines avec le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne. D’après des sources qualifiées, l’accord prévoirait qu’ ‘’en cas d’agression armée de la Russie contre l’Ukraine’’ Rome et Kiev se consulterait ‘’sous 24 heures’’ pour décider des ‘’prochaines étapes’’, c’est-à-dire des aides militaires et financières à fournir au pays agressé. La ligne diplomatique italienne, à savoir le soutien à Kiev dans le cadre de l’alliance atlantique, est ainsi consolidée et assurée bien au-delà du terme de l’actuelle législature. L’accord prévoit également l’entraînement conjoint des forces armées respectives, la coopération dans le domaine de la cybersécurité, un programme conjoint de lutte contre le crime organisé, le renforcement des échanges d’informations entre les services de renseignements, des partenariats public-privé pour la reconstruction de l’Ukraine (à laquelle sera consacrée une conférence à Rome en 2025). Pas facile [pour Giorgia Meloni] de faire les mêmes grandes annonces que ses partenaires : la France a promis 3 milliards d’euros d’aides militaires en 2024, l’Allemagne plus du double. En Italie le contenu du huitième paquet d’aides reste secret mais les dirigeants du secteur alertent sur les réserves de missiles, munitions et batteries presque à sec. Mais il y aura deux  grands messages politiques : le soutien net de l’Italie à l’entrée de l’Ukraine dans l’UE et la bénédiction de l’Italie pour son rapprochement vers l’OTAN. Toutefois sur ce second point, la prudence prévaudra. Contrairement à d’autres alliés, Meloni est convaincue que l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN reste pour le moment trop risquée. Il sera donc précisé que Kiev pourra entrer seulement lorsque ‘’les conditions nécessaires seront respectées’’. Lors du sommet du G7 à Vilnius en juillet dernier, les leaders s’étaient engagés solennellement à mettre sur pied un mécanisme de soutien à l’Ukraine à-même de dissuader de nouvelles agressions. Cela ressemblait surtout à de bonnes intentions mais on voit finalement le bouclier du G7 prendre forme. Il est de la responsabilité de Giorgia Meloni, qui préside aujourd’hui le G7, de garantir cette protection à Zelensky. Pour Meloni c’est un double-signal : une main tendue à Kiev et un avertissement à Moscou alors que la politique italienne s’indigne de la mort d’Alexeï Navalny. Une clause de l’accord prévoit par ailleurs que toute livraison militaire devra être approuvée par le Parlement. Qui sait si cela suffira à calmer les polémiques et l’agacement face à la longue guerre aux portes de l’Europe, au sein et hors de la majorité. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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