Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

14/02/2024

"Gaza, entente entre Schlein et Meloni pour faire passer la motion du PD en faveur d’une trêve humanitaire."

FI-AN.jpg

Ligue.jpg

M5S.jpg

Italie. Revue de presse. 

Le vote à la chambre des députés d’une motion proposée par le PD appelant à un cessez-le-feu à Gaza, et adoptée avec l’aval du gouvernement, fait les gros titres : « L'Italie demande à Israël de s'arrêter » (Corriere della Sera), « Gaza, entente entre Schlein et Meloni pour faire passer la motion du PD en faveur d’une trêve humanitaire » (Repubblica), « Gaza, motion à la Chambre : « L’Italie doit guider l’action européenne » (Stampa) « Meloni-Schlein, l'appel pour la paix » (Il Messaggero). L'adoption au Sénat d'un décret abolissant l'abus de pouvoir et limitant la publication des écoutes dans les médias est aussi citée : « Le gouvernement supprime l'abus de pouvoir et adopte la « loi-bâillon » (Repubblica), « La réforme de la justice adoptée à la Chambre » (Giornale). 

COMMENTAIRE, Corrriere della Sera, de M. Franco, « Une demande unanime en accord avec les États-Unis » : « Ce serait une erreur d’interpréter les durs propos du vice-Président du Conseil et ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani (Forza Italia) comme une initiative personnelle ou une embardée. Lorsqu’il qualifie les terroristes du Hamas de ‘’nouvelle Gestapo, voire pire’’, il s’agit d’une tentative de rééquilibrer un récit qui penchait plus d’un côté ces dernières semaines, face à la réaction militaire d’Israël. Ajouter qu’‘’Israël fait une erreur avec l’offensive disproportionnée contre des civils’’, ne signifie pas revenir sur la solidarité de l’Italie. On devine que ces propos ont été prononcés en accord étroit avec la Présidence du Conseil et les Etats-Unis, exaspérés par le comportement de B. Netanyahou, une approche qui fait perdre de vue les responsabilités dans le massacre du 7 octobre perpétré par le Hamas. La tentative de dialogue engagée hier entre Giorgia Meloni et Elly Schlein témoigne de la volonté de parvenir à une position commune. Cela a été le cas au Parlement sur la demande de ‘’cessez-le-feu’’, tenant à distance les mouvances antisémites et anti-américains, et tendant la main aux pro-israéliens. Une ligne commune en matière de politique étrangère réémerge ainsi après plusieurs mois, renforçant la cohésion du gouvernement grâce à l’approbation des motions présentées par la majorité et le PD. C’est utile aussi bien à l’opposition qu’à la Présidente du Conseil, même si l’on ne sait pas combien de temps cela durera. Dans un contexte de campagne électorale pour les européennes qui exacerbe l’individualisme de chaque parti, cela nous rappelle que les problèmes ne doivent pas être affrontés seulement au niveau national, ce qui vaut pour la crise au Proche-Orient comme pour l’Ukraine, et même pour le mécontentement des agriculteurs. On est frappés par la nouvelle que les hackers russes sont en train de bombarder de messages les sites européens, ils attisent la protestation des agriculteurs en accusant l’UE de donner des fonds à l’Ukraine plutôt que de s’occuper de leurs problèmes. On ne peut pas non plus négliger la politique suspecte que la Russie mène dans le conflit au Proche-Orient. Soudainement, il semble que le malaise et l’incertitude ambiants découlent avant tout des politiques européennes. L’UE est à nouveau dépeinte comme une marâtre ou une impuissante, comme aux temps du gouvernement de coalition entre le Mouvement 5 Etoiles et la Ligue. Hier, lors de la séance au Parlement marquée par une large unité, Elly Schlein a reproché à l’Europe de ne pas se mobiliser suffisamment pour la reconnaissance d’un Etat palestinien tandis que la majorité de droite imputait aux lois européennes une large responsabilité dans la révolte des tracteurs. Un jeu un peu trop facile auquel tout le monde se prête, fuyant ainsi leurs propres responsabilités. » 

PROPOS recueillis de Elly Schlein, dirigeante du Parti Démocrate, La Stampa, « Il faut que l’Italie puisse guider une initiative européenne pour la paix au Proche Orient » : « Elly Schlein est visiblement satisfaite, consciente du fait qu’elle est derrière ce qu’elle qualifie de ‘’pas en avant significatif’’ : un vote de la Chambre pour demander un cessez-le-feu à Gaza. ‘’Plusieurs mois se sont écoulés depuis le dernier débat parlementaire sur le Proche Orient. Une avancée s’imposait. Cela fait depuis le mois d’octobre que nous la demandions, entretemps il y a eu des milliers de morts et nous avons vu mourir Hind, une enfant de six ans. Nous avons vu cette horreur’’. Ce résultat est le fruit d’un parcours préparé avec minutie par la dirigeante du PD, invitant Meloni à une discussion pour que l’Exécutif mette en place ‘’une initiative diplomatique digne de notre tradition. Nous avons assisté à une violation du droit international et nous ne pouvions pas rester silencieux. Nous demandons que l’Italie puisse diriger une initiative européenne, comme a déjà commencé à le faire J. Borrell, pour un cessez-le-feu et la libération des otages. Il faut être plus fermes et décisifs’’. Les deux appels téléphoniques avec la Présidente du Conseil ­ d’abord pour sonder le terrain, puis pour définir ensemble une stratégie ­ a une valeur politique bien précise : le renforcement de la polarisation entre les deux dirigeantes, et aussi de son rôle de cheffe de file du camp progressiste en vue du prochain duel télévisé. ‘’C’est un moment important, l’abstention de la majorité a porté l’exécutif à adopter une position favorable à un cessez-le-feu’’. La dirigeante du PD est persuadée d’avoir soutenu une initiative qui traduit un sentiment de plus en plus fort au sein de l’opinion publique : ‘’l’harmonie entre la politique et la société civile est une chose positive : elles peuvent agir ensemble, chacune sur son propre terrain’’. C’est un peu une répétition de ce qui s’était passé en novembre dernier sur la violence de genre. A cette occasion aussi, il y avait eu un dialogue entre Schlein et Meloni, un appel téléphonique pour mettre en place un dialogue et chercher une collaboration ensemble. » 

COMMENTAIRE, Il Foglio « L’Italie a tort de choisir la ligne de Guterres » : « Giorgia Meloni et Elly Schlein se sont entretenues à deux reprises, hier. La Chambre a ensuite adopté le premier point du document présenté par le PD (sur lequel la majorité s’est abstenue) engageant le gouvernement à ‘’demander un cessez-le-feu humanitaire immédiat afin d’assurer la sécurité de la population civile en garantissant aussi la fourniture d’aides humanitaires continues, rapides et sûres à l’intérieur de la Bande de Gaza’’. Entretemps, le ministre Tajani déclarait hier qu’‘’Israël a tort car il est en train de provoquer trop de victimes civiles’’. C’est un vent de reddition qui souffle sur le front occidental pro-Israël. C’est la ligne de l’ONU qui parle de cessez-le-feu, d’aides humanitaires, de reconsidérer la solution des deux Etats et de deux peuples, qui s’impose. Mais on parle de manière trop distraite des otages (heureusement que le vote d’hier à la Chambre les citait) et de ne pas revenir à la situation du 6 octobre. Ce qui signifie que le Hamas, en cas de trêve selon ses conditions (et selon celles de l’ONU), continuerait à exercer son pouvoir à Gaza, même si ce dernier serait amoindri. Netanyahou ne cesse de répéter que sans la pression militaire, cette solution représenterait une erreur colossale pour la future sécurité d’Israël et de ses habitants. Netanyahou souligne aussi le fait que nos parlements oublient que les Israéliens sont les victimes du 7 octobre, massacre qui a déclenché une guerre tragique, asymétrique mais juste, contre une organisation criminelle, le Hamas, qui répète à qui veut l’entendre vouloir faire d’autres attentats comme celui du 7 octobre. La demande d’un cessez-le-feu inconditionnel semble être tout ce que la communauté internationale (et même celle qui se déclare pro-Israël) peut offrir. Ce qui n’est pas grand-chose au vu de la petite taille de l’Etat hébreu qui combat depuis quatre mois sur sept fronts différents. »

ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Giuseppe Santalucia, président de l’Association nationale des magistrats (ANM), « Le texte [du projet de réforme de la justice] est encore pire, cela générera de la confusion dans les notifications ; les délits ne doivent pas être ignorés » : « Après son passage par le Sénat, le projet de loi présenté par le ministre de la Justice Carlo Nordio est à présent encore pire. Certaines normes liées au bon ordre des procédures et à l’efficacité ont été supprimées. Cela alimentera une grande confusion dans les notifications de justice et augmentera la lenteur administrative lors des procès. Et tout cela a été fait en prétendant œuvrer pour la simplification et l’efficacité. De la même façon, nous contestons ce que prévoit la réforme concernant la détention provisoire. Si d’un côté le projet de loi rend possible des peines très élevées prononcées par un seul juge dès l’audience préliminaire, il prévoit que la détention provisoire soit demandée par deux collèges de trois magistrats, ce qui mettrait en difficulté les plus petites juridictions. Il n’y a déjà pas assez de juges. J’ai toutefois écrit au ministre pour lui exprimer mon opposition à un concours extraordinaire pour recruter de nouveaux magistrats. Il ne peut pas y avoir de concours réservés à quelques-uns. Les concours doivent exprimer la méritocratie et permettre le recrutement des meilleurs diplômés en droit, en étant ouverts à tous. Nous sommes contre la suppression du délit d’abus de pouvoir, car l’erreur est une chose, mais la prévarication en est une autre. Dans une démocratie libérale chaque pouvoir doit être contrôlé. Nous sommes sceptiques sur la volonté de la majorité de ‘’protéger les tiers non-suspects’’ impliqués dans les écoutes téléphoniques, cela ne doit pas se faire au détriment des preuves. Concernant le délit de trafic d’influence, le projet du gouvernement constitue sans aucun doute une restriction pénale significative, en lien direct avec la suppression du délit d’abus de pouvoir. Si le trafic d’influence est réduit au fait d’inciter un fonctionnaire à commettre un délit, tout est différent si l’abus de pouvoir n’est plus un délit. Il en va de même pour la corruption, un ‘’service rendu à un ami’’ n’a plus la même portée si l’on a reçu un pot-de-vin pour cela. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

Les commentaires sont fermés.