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23/01/2024

"Entretien télévisé de Giorgia Meloni sur la chaîne Retequattro."

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Italie. Revue de presse. 

Plusieurs sujets se partagent les gros titres, à commencer par le Proche Orient : « Israël, irruption au parlement pour les otages  » (Corriere della Sera, Fatto Quotidiano), « Netanyahou isolé aussi sur la question des otages » (Domani), l’entretien télévisé de Giorgia Meloni sur la chaîne Retequattro « Meloni : « c’est moi qui distribue les cartes pour les nominations » » (Messaggero), « Les choix de Meloni : Conte, l’UE et puis les critiques à la famille Agnelli » (Corriere), "Meloni attaque Repubblica : "je ne prends pas de leçons de votre part" (Repubblica) ; les sujets économiques : « Ralentissement du PIB, l’OCDE prévient Meloni » (Stampa), « L’export se porte bien uniquement grâce au secteur de la mécanique » (Sole 24 Ore). 

Les JT couvrent essentiellement disparition du footballeur italien Gigi Riva, les déclarations de Giorgia Meloni lors de son entretien d’hier à la chaîne Retequattro, les nouvelles frappes anglo-américaines contre les rebelles yéménites Houthis et les premières sanctions décidées après des propos racistes dans les tribunes du stade d’Udine ayant visé le joueur Mike Maignan. 

COULISSES, Corriere della Sera, M. Guerzoni : « La présidente Meloni veut mesurer sa popularité (et l’écart de voix par rapport à Salvini). Bignami devient un nouveau sujet » : « Pour la cheffe de file de la droite, sa candidature aux élections européennes est une question "très secondaire" et son intention est de décider à la dernière minute, lorsqu'elle se sera fait une idée plus précise des avantages et des risques évidents, tant sur le plan international que national. Dans son interview à Rete 4, elle assure que, jusqu'au jour où elle prendra la décision, elle se désintéressera du sujet et se concentrera uniquement sur les dossiers gouvernementaux. Mais c'est une stratégie. Car Meloni est déjà en campagne électorale. En témoigne la détermination avec laquelle elle a fait plier Salvini en Sardaigne, en lâchant le président sortant soutenu par la Ligue et en imposant son candidat à la présidence de la Région. Tajani (Forza Italia) est lui aussi prévenu : Forza Italia pourrait bientôt perdre  la Basilicate au nom du 'rééquilibrage' en faveur de Fratelli d'Italia. Quant à l'opposition, Giorgia Meloni a très envie de battre l'ennemi dans les urnes, en dépassant le seuil des 30 %, et de "vérifier si j'ai encore l’approbation des Italiens". Elle déclare que sa candidature "pourrait transformer l'élection en test entre leaders", en défiant Elly Schlein en duel. Mais  Giorgia Meloni a pour l'instant d'autres problèmes. La dernière affaire politique concerne le secrétaire d'Etat Galeazzo Bignami. Ce représentant  de Frères d’Italie en Émilie-Romagne a suscité la colère des syndicats de police : mercredi à Forlì, lors de la visite de la Présidente du Conseil avec Ursula von der Leyen, il aurait fait pression pour empêcher les victimes des inondations de manifester.  Le PD prépare à ce sujet une question parlementaire à Meloni et Piantedosi (Indépendant). Au cours de la soirée, à la demande de Frères d’Italie, c'est le secrétaire de l'Anfp (Association nationale des forces de police) Marco Letizia qui tente de clore l'affaire : 'Bignami m'a appelé, nous nous sommes expliqués. » 

ANALYSE, La Stampa, par I. Lombardo et A. Barbera « L’accélération de la vente de participations publiques cache le besoin de trouver de l’argent pour l’usine de Tarente et pour le réseau Tim » : « Hier, Giorgia Meloni a reconnu la possibilité que le gouvernement décide de céder des participations publiques de sociétés ‘’sans compromettre le contrôle de l’Etat’’. Il fut un temps où les héritiers du Mouvement Social, champions du souverainisme, critiquaient Mario Draghi dans les années 90 pour la vente d’avoirs de l’Etat. Aujourd’hui, ils sont au Palais Chigi et les critiques ne servent plus à rien. Il s’agit de l’énième volte-face de Giorgia Meloni sur l’autel de la « realpolitik ». Tout cela, comme pour les autres cas, s’explique par l’inquiétude sur l’état des caisses de l’Etat. La situation présentée à Meloni l’a poussée à revoir ses positions et la seule voie possible pour obtenir un maximum de liquidités en peu de temps est bien celle-ci. L’accélération sur la vente de participations publiques de l’Etat dans ENI et  Poste Italiane s’explique par les besoins de rachats de parts du réseau TIM (le rachat de 10% du réseau représente  à environ 2,5 milliards) et le sauvetage de l’aciérie de Tarente qui devrait coûter un milliard. D’ici la première moitié d’avril, le Trésor cèdera les 4% qu’il détient dans ENI, mais en maintenant sa présence à travers la cassa depositi e prestiti (CDP). Avec les Postes, il se passera la même chose : le Trésor cédera ses parts (autour de 30%) tout en restant actionnaire. Cette opération de « rationalisation » comme on aime l’appeler au Ministère de l’Economie, représente un choix stratégique et souligne une volonté de maintenir de bonnes relations avec le monde bancaire. Des fondations bancaires ont des parts dans la CDP  , et ces fondations  sont à leur tour actionnaires du fonds F21 qui soutiendra le Trésor comme partenaire stable dans le réseau de TIM.  Une fois séparé de la société dont le premier actionnaire est Vivendi, il finira sous le contrôle des Américains de KKR. Il est faut de dire -comme le fait l’opposition- que le gouvernement se débarrasse du réseau après du secteur privé, puisque TIM est déjà une société privée contrôlée par une entreprise française. , En revanche, il est plutôt vrai de dire que dans la stratégie de privatisation (d’ENI, des Postes, de FS, peut-être une autre partie des parts de Montepaschi di Sienna), c’est l’impératif de trouver des fonds qui compte. Cette année, le Trésor émettra sur les marchés 350 milliards d’euros de titres de dette publique et cela sans pouvoir compter sur l’aide de la BCE. Fin 2024, les agences de notation prévoient que la dette publique pourrait baisser un peu. Si cela ne devait pas arriver, elles seraient contraintes de revoir leur jugement sur la solvabilité italienne. » 

COMMENTAIRE, La Stampa, S. Lepri : « Un gouvernement qui reste sourd aux bons conseils de l’OCDE » : « C'est un pays étrange qui n’écoute pas les conseils d'une importante organisation internationale, laquelle met en évidence des problèmes que la politique nationale ignore, quand elle ne les aggrave pas. L'OCDE nous dit qu'il est difficile de faire des affaires en Italie parce que les lois y sont mal respectées et que la justice civile met des années à se prononcer ; où l'économie est au ralenti parce que trop de jeunes n'étudient pas et ne travaillent pas. Au contraire, le rapport sur l'Italie publié hier a été immédiatement utilisé pour enflammer des polémiques, de cette façon habituelle qui consiste à trouver des ennemis à l'extérieur des frontières ou à s'en prendre à la perfidie des "techniciens". Parmi les principales recommandations du rapport, l'OCDE appelle à moins taxer les salaires et à augmenter les impôts sur le logement et sur les successions. Les 38 pays les plus riches de la planète financent l'OCDE pour qu'elle étudie la meilleure façon de développer leur économie ; et l'Italie, qui est parmi les pays qui ont une croissance faible, aurait plus besoin que les autres de ces conseils. Or, ces dernières années, dans certains cas, elle a même fait le contraire de ce qui était recommandé, tandis que dans d'autres, elle a surtout continué à ignorer les conseils. Les facteurs qui entravent la croissance sont essentiellement politiques, c'est-à-dire qu'ils découlent des rapports de force établis dans notre société, qui ont toujours été difficiles à toucher, et d'autant plus probablement avec la majorité actuelle. Pour la justice civile, dont la réforme progresse lentement, on sent qu'elle devrait se heurter aux lobbies des avocats. Les services aux entreprises coûteraient moins cher s'il y avait plus de concurrence entre les professionnels, sans les honoraires minimums chers aux partis au pouvoir. Les municipalités s'obstinent à gérer elles-mêmes de nombreux services publics, au lieu de lancer des appels d'offres qui seraient utiles pour les entreprises. Les politiques des dernières décennies ont souvent lésiné sur les fonds alloués aux universités, où les dépenses par étudiant sont aujourd'hui inférieures de 30 % à la moyenne des pays de l'OCDE. Si nos diplômés émigrent, c'est aussi parce que les salaires des enseignants sont bas : ceux qui entrent à l'université en tant que chercheurs reçoivent un peu moins de la moitié de ce qu'ils touchent en Allemagne. L'évasion fiscale contre laquelle l'OCDE demande d'agir a également bénéficié de la hausse des limites à l'utilisation des espèces, qui fait l'objet d'un large consensus politique. L'OCDE tente de nous dire que, dans divers domaines, l'Italie continue de se faire du tort à elle-même. En continuant de taxer surtout ceux qui produisent, alors que les droits de succession sont parmi les plus bas au monde. Il suffit de penser qu'aux Etats-Unis, 10 % des recettes fiscales proviennent de l'immobilier tandis qu'en Italie, ce chiffre n'est que de 3 %. Certaines des mesures préconisées par l'OCDE peuvent paraître simplistes, d'autres dépassées. Mais elles méritent d'être discutées, pour ramener sur terre un débat politique où la voix des défenseurs des rentes et des privilèges l'emporte. » 

ARTICLE, Il Foglio, par L. Capone, « Les entreprises désavouent le ministre de l’agriculture Lollobrigida (Frères d'Italie) » : « Le décret du beau-frère de Giorgia Meloni, Francesco Lollobrigida, sur l’interdiction de produire de la viande de synthèse est devenu une norme-symbole de la « culture de guerre » de la droite. Or, l’union italienne Unionfood, association membre du patronat Confindusitria et qui représente l’industrie agroalimentaire italienne (56 milliards de recettes, 100 000 employés, 530 entreprises, 900 marques, et 18 milliards d’export) a présenté à Bruxelles un avis s’opposant à la norme contenue dans le décret de Lollobrigida, appelée ‘’amendement Centinaio’’ et prévoyant l’interdiction d’utiliser le label « viande » sur les produits végétaux. Selon l’association dirigée par Paolo Barilla, les produits végétaux respectent pleinement le règlement européen sur l’étiquetage des aliments. Unionfood met en avant le fait que les entreprises italiennes opèrent ‘’depuis des décennies dans le plein respect de la transparence sur l’information des caractéristiques de leurs produits’’ et que ‘’il n’y a aucun risque de confusion avec les produits d’origine animale’’ et donc qu’‘’il ne faut pas introduire une interdiction spécifique’’. L’amendement Centinaio (Ligue), approuvé suite aux pressions de Coldiretti (l’association des exploitants agricoles) avec l’objectif de ‘’sauvegarder le patrimoine bio-animalier national’’ a fini par pénaliser l’industrie de la transformation, c’est-à-dire le Made in Italy. Cela représenterait la fin des « hamburgers au soja » ou des « boulettes de pois chiches ». A ce stade, l’amendement Centinaio n’est pas entré en vigueur, car il faut pour cela un décret d’application avant le 1er février. Le ministère pourrait cependant décider de repousser au 4 mars la date limite pour que celui-ci soit pris, car d’ici là on devrait connaitre la décision à l’issue de la procédure « TRIS », au terme duquel la Commission pourra déclarer (ou non) sa conformité au droit communautaire. » 

PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de F. Roncone, « Elly contre tous les autres  : la solitude de la secrétaire [du Parti démocrate] et ceux qui pensent à l’après » : « La solitude d’Elly Schlein au sein du PD est désormais un fait établi, on le sait depuis longtemps, et si l’on en parle encore ici c’est seulement à cause des élections européennes en juin prochain. Comme nous confie discrètement un très haut dirigeant du PD, l’air résigné, ‘nous ne pouvons pas changer de leader dans un moment comme celui-ci, à l’approche d’une campagne électorale si délicate. En cas de défaite, c’est sûr, la plupart d’entre nous voudra la pousser dehors, et ce dès les premiers sondages de sortie des urnes’’. La liste des reproches est longue : elle ne s’exprime pas efficacement à la télévision, elle est trop vague sur les sujets les plus délicats y compris l’alliance avec le M5S, elle n’écoute les conseils de personne, pas même de Romano Prodi qui serait ‘’très déçu’’, elle veut présenter sa candidature dans toutes les circonscriptions mais reste trop hésitante. Dans l’intervalle, le parti a littéralement explosé. Les femmes du PD protestent tout particulièrement : si elle se porte candidate dans toutes les circonscriptions, pour ne pas siéger ensuite, ce sont des hommes -numéro deux sur toutes les listes- qui prendraient toute la place, au détriment des candidates féminines. Repubblica a même publié sur son site un appel à ce sujet ayant recueilli 26 signatures. Son prédécesseur Enrico Letta déclare être ‘’ d’accord avec Prodi’’ (‘’se présenter là où l’on est sûr de perdre affaiblit la démocratie’’ avait-il dit). Matteo Renzi, interviewé à la télévision, l’a lui aussi attaquée sur ses hésitations : ‘’soit elle accepte le duel proposé par Meloni, ellese présente dans les 5 circonscription et fait le débat télévisé face à Meloni, soit elle revendique une démarche sérieuse et refuse clairement de se présenter tout en sachant qu’elle devra ensuite renoncer, mais elle ne peut pas rester bloquée dans un entre-deux sans jamais prendre de décision’’. Il semble désormais que, quel que soit le choix qu’elle fera, il sera désavantageux pour son parti. Les ténors du parti, comme Zingaretti, Goffredo Bettini, Andrea Orlando ou Giuseppe Provenzano restent sur la réserve ou se murent dans le silence. Alors qu’elle arrive avec un jour de retard à la réunion du Parti démocrate à Gubbio, sa justification est lunaire (‘’excusez-moi, hier j’étais au cinéma’’), pour parler ensuite de fin de vie, déclenchant au passage la révolte de la branche catholique du parti, et pour s’exprimer sur Israël de façon tout aussi maladroite. Le magazine Dagospia évoque un dîner entre Dario Franceschini et Matteo Renzi qui prépareraient l’après Schlein. Paolo Gentiloni, qui ne se représenterait pas à Bruxelles, serait donc parfait pour devenir le nouveau secrétaire du parti : fédérateur au centre-gauche, estimé en Europe, deux fois ministre et une fois président du Conseil, très différent d’E. Schlein, influent, crédible, accueillant, engageant, jamais prétentieux, jamais snob. Des qualités que possèderait aussi Vincenzo Amendola, autre rumeur qui circule. » 

COMMENTAIRE, La Repubblica, par S. Folli « Les partis face à la question de la Mer Rouge » : « La politique étrangère n’est pas le terrain idéal pour gagner en popularité, bien au contraire. Toutefois, il s’agit d’un banc d’essai idéal pour renforcer l’image internationale d’un pays et pour mesurer le degré de maturité d’une classe dirigeante. L’Italie a décidé de participer à une mission navale avec la France et l’Allemagne dans le cadre d’une initiative de l’UE pour contrer la menace quotidienne à la liberté de navigation, y compris avec l’utilisation de la force. Il s’agissait du seul choix possible au vu du contexte international. S’agit-il d’un pas en avant sur la création d’une « défense commune » européenne comme l’affirme le ministre Tajani afin de faire mieux passer la nouvelle ? Peut-être mais, à ce stade, il s’agit d’un accord entre Etats – les plus importants de l’UE – qui ont décidé de prendre en main leur destin sans se cacher. Du point de vue politique, la portée de ce choix demeure importante. Reste l’inconnue de la façon dont le Parlement se comportera au moment du vote pour autoriser la mission. C’est un choix qui retombe surtout sur le PD et le M5S. Cette mission représente un cas d’école où la politique étrangère et la défense ont besoin du soutien le plus large possible au Parlement. La présence en Mer Rouge n’est pas une question d’appartenance politique, de droite ou de gauche, ou d’idéologie. Le Quirinal soutient en silence la mission. Il n’y a donc pas de raisons apparentes pour qu’un des principaux partis puisse se démarquer. Cela vaut aussi pour le M5S, au-delà de quelques nuances dans ses rangs. Les 5 Etoiles pourraient à la limite être freinés par la volonté de ne pas se mêler aux les voix de la majorité. Ou de voter contre pour tenter de séduire des électeurs pacifistes du PD. Quoi qu’il en soit, ne pas voter pour cette mission serait une opération de petit cabotage de la part d’un parti qui a déjà eu un président du Conseil et qui devrait faire preuve de sérieux. La Présidence italienne du G7 est en cours et d’autres rendez-vous représenteront un test pour choisir entre l’intérêt du parti et l’intérêt du pays. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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