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05/01/2024

""C’est moi qui dirige la partie, je ne me laisse pas influencer." dit Giorgia Meloni."

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Italie. Revue de presse. 

La plupart des médias titrent sur la conférence de presse que Giorgia Meloni  a tenu hier et notamment l’annonce de la suspension du député Fratelli d’Italia Emanuele Pozzolo : “Il y a des irresponsables parmi nous” (Corriere della Sera), “Pozzolo est suspendu, je défends Salvini” (La Stampa), “Meloni, l’ombre du chantage” (La Repubblica), “‘C’est moi qui dirige la partie, je ne me laisse pas influencer’’ dit Giorgia Meloni” (Messaggero), “Mensonges, chiffres erronés et propagande, la réalité parallèle de Giorgia Meloni” (Domani). La « revendication par l’Isis, qui appelle à la guerre sainte, du massacre en Iran » (Repubblica) est également reprise en Unes. La hausse de l’inflation en France et en Allemagne en décembre fait la Une du Sole 24 Ore. 

Les JT couvrent essentiellement la conférence de Meloni et la suspension de son parti du député Emanuele Pozzolo, le débat politique entre majorité et opposition sur les réformes, […]. 

Sur X le hashtag #ConferenzaStampa continue de dominer suite aux très nombreux commentaires sur la conférence de presse de Giorgia Meloni hier. 

ANALYSE, La Stampa, « Tous les visages de Giorgia Meloni » - extrait, L. Annunziata, « Du Pacte de stabilité au Mes l’Italie est dans une impasse » : « Qui est aujourd'hui, après un an au pouvoir, la femme qui siège à Chigi et qui, par une sorte de lapsus, s'est décrite comme ‘’la femme avec le rôle le mieux consolidé de tout l’Italie’’ ? Les conférences de presse de fin d'année représentent l’occasion idéale pour évaluer l'évolution d'une carrière : celle d'hier nous a restitué une dirigeante bien différente de celle qui s'était présentée aux journalistes il y a un an, après seulement quelques mois au gouvernement, à un moment où il était trop tôt pour parler des résultats et où elle était écrasée par le poids de Draghi. Hier, au contraire, dans un tour de force de trois heures - digne des marathons de Fidel Castro - le sujet principal était la présidente du Conseil elle-même. ‘’Tout sur Giorgia’’. Un gouvernement raconté à la première personne "je pense, je crois, je fais, je dis". J’ai compté 5 fois le mot "Majorité". "Salvini" a été cité uniquement pour être défendu dans l’affaire Verdini. Tajani n'a jamais été mentionné. Tout ce qui manque, c'est le "détail" d'un ajustement juridique, qui finira par reconnaître ce fait - la réforme constitutionnelle "sera mise en œuvre et si elle n’avait pas la majorité au Parlement, je demanderais aux citoyens". Une carrure de leader créée aussi, ou peut-être surtout, par le chemin parcouru par Meloni cette année sur la scène internationale. Mais cette voie a-t-elle donné de bons résultats ? Au centre de ses réflexions (préoccupations ? ) : l'Europe (et les guerres ? Pas du tout !). Ses propos révèlent un rapport en clair-obscur, très différent des déclarations de ‘’gloire’’ officielles. Première réflexion, obligatoire, sur l'imbrication de la réforme du pacte de stabilité, approuvée par l'Italie, et du MES sur lequel l'Italie, seul pays de l'Union, a voté contre. En fait, il s'agit d'une défaite de la théorie du jeu ("package") adoptée par Meloni : faire peser le vote négatif sur le MES afin d'influer sur la réforme du pacte de stabilité. Cela nous expose-t-il à de nouvelles frictions avec l'Europe ? Sur le MES: "Je pense que c'est un instrument obsolète’’. Se débarrassant de l'ancien premier ministre M. Draghi avec un: "Il a dit qu'il n'était pas disponible", elle a avoué que la place de l'Italie n'était pas vraiment parmi les grands : "Je pense que l'Italie a ce qu'il faut pour avoir un rôle important en fonction de son poids". Mais il reste encore beaucoup à faire pour "avoir demain une Commission et une politique qui puissent être plus fortes dans les scénarios de crise, plus efficaces, plus déterminées, nous devons apprendre de nos erreurs". L'Italie de Meloni restera-t-elle dans la majorité d'Ursula ? Réponse :"Je ne suis pas quelqu'un qui aime donner des bons points, aussi pour des raisons historiques. Avec l'Afd (l'extrême droite allemande), je pense qu'il existe des distances insurmontables, à commencer par la question de la relation avec la Russie sur laquelle, au contraire, Marine Le Pen a un raisonnement intéressant". Meloni ajoute, peut-être pour adoucir ses propos : "je travaille pour construire une majorité alternative, je ne serais certainement jamais prête à faire des accords avec la gauche", mais en attendant Le Pen est dédouanée. Salvini – que Meloni a déchargé de toute responsabilité dans l'affaire Verdini - a deux raisons de se réjouir. Ou pas ? ». 

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Giorgia Meloni

COMMENTAIRE, Il Sole 24 Ore, L. Palmerini : « Les calculs de la présidente du Conseil sur la candidature européenne » : « Le sous-texte politique qui a guidé les réponses, les arguments et le ton de Giorgia Meloni lors de sa conférence de presse était la gestion de son leadership. Elle a montré être consciente qu’elle représente le seul mur porteur de son parti, de la majorité et du gouvernement, et en même temps une nécessité d’atténuer cette primauté absolue. Elle a aussi fait une tentative d'impliquer ses alliés, d'appeler les membres du FdI à la responsabilité, et même d'esquisser la campagne éléctorale pour les européennes. Derrière cette opération qui semble presque vouloir « tempérer » son leadership, il y a tout d'abord la certitude que si elle devait battre lourdement Salvini et Tajani aux élections européennes, cela nuirait à l'équilibre de l'exécutif. ''Sur ma candidature, le déciderai avec les alliés" : elle vise à impliquer les deux vice-présidents du Conseil pour éviter que le résultat ne se transforme en humiliation contre eux et, ensuite, en une vengeance au sein du gouvernement. Il ne s’agit évidemment pas d’une question de générosité, mais d’un calcul étant donné qu'elle sent déjà la nervosité des alliés face aux sondages et qu'elle subit leurs tirs amis, en premier lieu ceux de la Ligue. C'est dans cette même logique qu'elle a mis en place un "bouclier" pour Salvini dans l'enquête sur Verdini : "Il n'est pas mis en cause et n'a pas à se présenter devant la Chambre". Enfin, il y a l'affaire Pozzolo. Au-delà de la décision de le suspendre, l'épisode devient le prétexte pour interpeller "ses" membres du FdI en faisant comprendre qu'elle ne peut pas soutenir tout le poids à elle seule. ''Je ne suis pas prête à mener cette vie si les gens qui m'entourent ne sont pas prêts à partager les responsabilités". Mitiger publiquement son leadership est aussi un calcul par rapport au consensus populaire. En effet, elle a précisé que la campagne référendaire "ne portera pas sur moi, mais sur l'avenir". Un signe qu'elle garde à l'esprit les échecs des premiers ministres précédents. Mais la théorie est une chose, la pratique en est une autre. » 

ANALYSE, Corriere della Sera, de R. Gressi, « La Présidente du Conseil lance sa campagne électorale » : « Il est clair que G. Meloni est lasse de ceux qui, au sein de son parti, se laissent aller à des frasques en tout genre alors qu’elle tente de faire aller de l’avant le gouvernement. Hier, elle a donc lancé un avertissement à ses proches, rappelant qu’avec la présidence italienne du G7 et à l’approche des élections européennes, la récréation était terminée. Giorgia Meloni sent bien qu’il faut marquer un passage net de petit parti d’outsiders à l’opposition à une classe dirigeante qu’elle peine encore à trouver. La conférence de presse dé début d’année marque le véritable début de la campagne électorale. Elle a défié Elly Schlein, l’invitant à un débat public. Pour la secrétaire démocrate ce serait l’occasion de l’affronter au sujet du référendum – quasi inévitable – sur la réforme de la loi électorale et sur les élections politiques. Lors de la conférence, Giorgia Meloni se veut souriante, même si elle répète plusieurs fois ne pas être sensible au chantage. Meloni évoque des ‘’hommes d’affaires’’ qui prétendent distribuer les cartes mais elle affirme ne pas être effrayée, qu’avec elle [après Berlusconi] ‘’les choses ont changé’’. ‘’Je préfère démissionner plutôt que céder’’ dit-elle. Elle ne dit rien sur ces personnages qui tenteraient de faire chanter la Présidence du Conseil, les dénoncer serait pourtant le meilleur moyen de protéger les institutions. Un point clef pour l’information et la liberté de la presse reste dans l’ombre, ce qu’on appelle la ‘’loi bâillon’’, qui empêche la publication de l’intégralité des documents en cas d’arrestation avant la fin de l'enquête préliminaire. La Présidente du Conseil affirme qu’elle n’aurait pas d’elle-même proposé cette loi mais qu’elle trouvé la proposition du Parlement équilibrée. Elle semble encline à soutenir Ursula von der Leyen et sa reconduction à la présidence de la Commission européenne, au détriment de son allié Matteo Salvini qui souhaite l’alliance de l’extrême-droite. Des doutes demeurent quant à la réforme de la loi électorale, encore dans le flou. Difficile de croire qu’un Président du Conseil élu au suffrage direct n’entrerait pas en concurrence avec la figure du Président de la République qu’elle dit vouloir préserver absolument. Un référendum, selon l’issue positive ou négative, renforcerait ou affecterait inévitablement le gouvernement. » 

ANALYSE, La Repubblica, de S. Cappellini, « De mystérieux personnages et une attitude de victime : Meloni évoque des complots et se réfugie dans l’omertà » : « Une Présidente du Conseil peut-elle affirmer publiquement être visée par des tentatives de chantage et de déstabilisation sans citer aucun nom, faits précis ni circonstances ? Non, pourtant ce n’est pas la première fois que Giorgia Meloni évoque des complots contre son gouvernement. Elle coupe court lorsqu’en conférence de presse, les journalistes lui demandent plus de détails. Si c’est vrai, la situation est grave et son silence est irresponsable, mais on ne peut pas exclure qu’elle se soit convaincue elle-même d’être menacée par des ennemis de l’ombre. Elle s’est formée dans une communauté politique convaincue d’être en marge à cause du courage de ses idées et non pour la continuité choisie avec la double-décennie fasciste. Giorgia Meloni se pose donc en victime et passe une bonne partie de la conférence de presse à décrire une droite discriminée. Elle évoque ‘’la gauche’’ sans citer de noms, elle a besoin de simuler cet affrontement avec ce monstre pour alimenter la rhétorique de la lutte contre le système et d’une résistance héroïque. Pourtant, malgré une force de gauche occulte, des coups sont venus directement de ses proches : la première tentative de chantage à laquelle elle a dit ne pas être disposée à céder venait de Berlusconi, la tentative de déstabilisation lors de sa rupture avec son ex-compagnon venait de Mediaset, l’embarras que crée Matteo Salvini. Mais Meloni elle-même est championne du ‘’deux poids deux mesures’’ dont elle accuse l’opposition. » 

ARTICLE, N. Carratelli, Stampa, « La colère de l’opposition : "de graves mensonges et des omissions" » - « Du PD au Mouvement 5 étoiles : pas de réponses sur les soins de santé et le coût de la vie » : « Beaucoup de mensonges assaisonnés d'un soupçon de victimisme. Tel est le résumé des commentaires des leaders de l'opposition à la conférence de presse de Giorgia Meloni. Elly Schlein écrit dans une note : "Meloni tente de défendre l'indéfendable, des désastres de la manœuvre économique à la réforme constitutionnelle, qui réduit les pouvoirs du président de la République, en passant par le camouflet d'avoir accepté un compromis préjudiciable sur le Pacte de stabilité". Elle n’a rien dit mais se réjouit que Meloni ait accepté le duel télévisé qu'elle lui avait proposé avant Noël (on commence maintenant à réfléchir à la date et au lieu). Giuseppe Conte réagit presque en temps réel avec un long post sur ses RS : il attaque lui aussi l'accord sur le nouveau pacte de stabilité : "Nous avons un gros problème au gouvernement si elle est "satisfaite" de 12 milliards de coupes qui risquent de frapper les droits, les services, la santé, etc. comme d'habitude", explique-t-il. Pour une fois, Matteo Renzi est du même avis, déclarant qu'il n'a "jamais entendu autant de mensonges en même temps". Pour Carlo Calenda, "on ressent l'absence la plus totale de projet pour l'Italie". Nicola Fratoianni, secrétaire de Sinistra italiana, voit dans les réponses de Meloni l'image d'un ‘’"pays en vente" : elle annonce des coupes dans le budget public, la privatisation des Ferrovie dello Stato et de la Poste’’, tandis que Riccardo Magi, de Più Europa, qualifie ses propos de "surréalistes". La question du chantage exercé sur la présidente du Conseil a enflammé le débat, en particulier du côté PD : le responsable des affaires étrangères demande à Meloni de "parler clairement : qui la fait chanter? Qui veut conditionner le gouvernement italien ; "si un leader politique lance des accusations aussi graves, il a le devoir d'être précis", prévient le député Arturo Scotto, "sinon il risque de passer pour un irresponsable ou un mythomane". Clarifiez s'il y a des épisodes spécifiques", exhorte-t-il, "mettez le Parlement et le pays en position de comprendre et d'évaluer des faits concrets". »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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