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22/12/2023

"Le non au MES conduit à la division du gouvernement."

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Italie. Revue de presse. 

Le rejet de la ratification du nouveau Mécanisme Européen de Stabilité (MES) par la Chambre, hier, domine la Une des quotidiens : « Le rejet du fonds de sauvetage provoque un affrontement politique » (Corriere della Sera), « MES, la déchirure avec l’Europe » (Repubblica), « Le non au MES conduit à la division du gouvernement » (Stampa), « Le non au MES divise le monde politique » (Messaggero).  

PREMIER PLAN, Repubblica, « On fait du tort à l’ensemble de l’UE » - Une Italie peu fiable qui va inquiéter ses alliés et les marchés » par Claudio Tito : «  Le rejet du MES par la majorité déconcerte la plupart des dirigeants des institutions de l'Union européenne. Après l'accord de mercredi sur le pacte de stabilité, personne ne s'attendait à un choix aussi myope. Ce qui, selon tous les responsables à Bruxelles, nuit avant tout à l'Italie. Et cela déconcerte aussi les dirigeants des autres pays. Il suffit donc d'entendre ce que dit le président de l'Eurogroupe, l'Irlandais Pascal Donohoe, pour comprendre comment le vote de la Chambre a été accueilli. « Même dans le plein respect des votes parlementaires – a-t-il dit clairement -, je regrette le résultat. Comme je l'ai souligné à plusieurs reprises, la finalisation de la réforme du traité MES est un élément clé de notre filet de sécurité commun dans la zone euro, au bénéfice de tous les pays membres de la zone euro. » La manière dont le reste de l’Europe juge ce vote peut avoir au moins trois conséquences négatives pour notre pays. D’abord le préjudice réputationnel pour l’Italie. Aucun pays - à quelques rares exceptions près - n'a jamais manqué de respecter le principe de continuité de la décision prise : si un gouvernement signe un accord, le suivant le respecte. Ce vote rend ainsi l’Italie plus faible et surtout considérée comme peu fiable. Une situation qui rapproche l'Italie de la Hongrie. La comparaison est fréquente : tout comme Budapest a bloqué le budget, Rome a arrêté le MES. Le palais Chigi se situe donc sur un front souverainiste marginalisé et isolé. Le deuxième risque concerne les conséquences futures. Il est clair que la gêne provoquée chez les partenaires se manifestera à la première occasion. Le sens est le suivant : nous le leur ferons payer. La défaite subie sur la gouvernance économique risque donc d’être encore plus grave. Il en va de même lorsque ces mêmes règles sont appliquées. Personne n’accordera de rabais à notre pays. Sans parler de la possibilité d’une crise bancaire. En fait, notre système de crédit est actuellement très solide. Mais étant donné les dérapages du passé, personne ne peut garantir avec certitude que rien ne se passera. Dans ce cas, l’Italie risquerait de se retrouver seule. » 

COMMENTAIRE, La Repubblica, « La victoire du pacte populiste » par Stefano Folli : « Mercredi, le ministre de l'Économie, Giorgetti, membre de la Ligue, a approuvé avec ses collègues de l'Union le nouveau Pacte de stabilité, un compromis qui peut être jugé de diverses manières mais qui représente un progrès de la majorité, menée par Meloni et Salvini, vers une Europe réelle et non imaginaire. Hier, cette même majorité, à l'exception de Forza Italia, a voté contre la ratification du MES, c'est-à-dire qu'elle a pris un chemin complètement opposé à celui de la veille. Mercredi, la Ligue était le parti de Giorgetti, jeudi celui de Borghi et Bagnai, ennemis déclarés - et, il faut le reconnaître, toujours cohérents dans leur idéologie - du mécanisme technique décrit comme un nœud coulant autour du cou de l'Italie. Quel est le vrai visage de la Ligue salvinienne : la branche des extrémistes eurosceptiques ? Un centre d’opportunisme populiste sans centre de gravité ? Mais la vraie question est une autre : où était Giorgia Meloni ? Celle qui a développé d'excellentes relations avec Ursula von der Leyen, qui a su se faire entendre sur le Pnrr (grâce aux talents de négociateur du modéré Fitto) et entretient un contact en coulisses avec le Parti populaire européen. Nous sommes au-delà de l'ambiguïté à laquelle nous étions habitués dans un certain sens. Il est probable qu'il ne faudra pas aller très loin pour découvrir la vérité : pression de la Ligue, certains diront chantage avec menace de diviser la majorité de la droite. C’est donc l'échec de Meloni qui a choisi ce qui lui semblait être le moindre mal : un vote à Noël où les gens sont distraits, et puis combien comprennent ce qu'est le MES et comment il fonctionne ? En conséquence, nous sommes le seul pays européen à ne pas avoir ratifié le traité et à demander un « délai supplémentaire » après les élections européennes, dans l'espoir que la situation générale soit alors plus favorable aux forces nationalistes. Un pari dans le pari. La réalité des faits nous dit que la leader de Fratelli a raté une occasion historique d'être à la hauteur de l'image qu'elle a cultivée à l'égard de l'Europe. L’absence d’une grille de principes solides se traduit par la victoire de l’axe populiste Salvini-Conte et c’est le danger le plus grave qui menace le Palais Chigi. » 

COMMENTAIRE, Corriere della Sera, « La (mauvaise) fête de l’ambiguïté. Voici comment le front populiste revient » par Roberto Gressi : « Le ministre de l'Économie, membre de la Ligue, Giancarlo Giorgetti, malgré mille hésitations et presque balbutiements, approuve, après médiations et conquêtes, le Pacte de stabilité proposé par l'Europe, ce qui semble avoir pour corollaire naturel l’approbaion du MES. Et au lieu de cela, on le nie, tout explose, entre accusations, contre-accusations, attaques féroces. Pour le palais Chigi, le Parlement est souverain, et explique que ce n'est pas grave, que notre système bancaire est solide, que les pays qui en ont besoin pourront accéder au MES d'une manière ou d'une autre, et qu'il y aura moyen de revenir sur le sujet avec les moyens appropriés. La saison du populisme, qui a causé tant de dégâts et semblait morte et enterrée, retrouve une nouvelle vie. La Ligue et les Cinq Étoiles retrouvent dans la bagarre les raisons qui les avaient poussés à gouverner ensemble, et entraînent avec eux les Fratelli, qui pour ne pas subir de dégâts en vue des élections européennes, se mettent en quelque sorte à la tête de la rupture avec la France et l'Allemagne. Le gouvernement, après quatorze mois, est confronté à une première scission sérieuse, avec l'abstention de Forza Italia et du groupe de Maurizio Lupi uniquement pour éviter le risque d'une rupture plus profonde, qui remettrait en question la poursuite même de la législature. A présent, un gigantesque point d'interrogation s'ouvre sur le continent quant à la fiabilité de l'Italie. Il est difficile pour les partenaires européens d'échapper au sentiment d'être tombés dans un piège, l'Italie faisant semblant de vouloir suivre une voie commune, obtenant des résultats, même partiels, après une négociation épuisante, puis changeant d’avis, laissant prévaloir les considérations souverainistes et électoralistes. Ou bien, deuxième option, c'est une réaction grossière, face aux alliés européens qui ont forcé la main sur le Pacte de stabilité, mettant l'Italie au pied du mur. Mais même l’opposition en ressort avec des os brisés. Le Mouvement Cinq Etoiles vote avec la Ligue et Fratelli d'Italia, le Parti Démocrate dit oui à la ratification du MES en compagnie de Matteo Renzi et Carlo Calenda, qui ne songent pas du tout à former un front commun à l'avenir, et aussi les Verts et la gauche de Nicola, Fratoianni et Angelo Bonelli se sont abstenus, sur le principe qu'on ne sait jamais ce qui est le plus pratique. Au moins d'un point de vue électoral, c'est Matteo Salvini qui marque un point : « Nous n'avions pas besoin du MES. Si quelque chose n'est pas utile, je ne vote pas pour. En effet, puisque l'Italie a investi de l'argent dans cet Institut, puisque nous n'en avons pas besoin, nous pouvons aussi demander le remboursement de cet argent."» 

COMMENTAIRE, La Stampa, M. Sorgi « Le sacrifice du MES » : « Le MES a été enterré, comme cela était prévisible depuis longtemps, pour le plus grand plaisir de Salvini qui voulait montrer que lui et la Ligue ne se pliaient pas aux diktats de l’Union Européenne et montrer aussi la conséquente soumission de Meloni, qui a tenté jusqu’au bout un compromis, sans y arriver. Il s’agit de la première et sérieuse division au sein de la majorité, puisque Forza Italia et Noi Moderati ont décidé de voter pour l’abstention. Il est possible de dire que Meloni s’est retrouvée au pied du mur sur ce dossier. Elle a choisi le « non » au MES, ce qui lui coûtera très cher. Une expérience parlementaire plus importante lui aurait permis d’évaluer d’autres solutions, comme par exemple de proposer le scrutin dans six mois, après les élections européennes. Salvini est parvenu à imposer à Meloni et à Fratelli d’Italia le rejet de la ratification. La relation avec le chef de la Ligue – qui est à la fois son allié et son rival – est une question ouverte sur le chemin de la Présidente du Conseil. Si, pour tenter de suivre Salvini, Meloni devait démonter tous les efforts faits pour se construire une crédibilité en Europe, le bilan pour elle serait bien maigre au lendemain des élections européennes, au-delà du score qu’elle prévoit important. Il est difficile qu’elle puisse à nouveau obtenir l’aide de la Présidente de la Commission Ursula von der Leyen comme cela fut le cas lors de sa visite-éclair sur l’île de Lampedusa au moment où Salvini invitait Marine Le Pen au meeting annuel de la Ligue. Il faudra voir ensuite quelle sera la réponse des marchés internationaux, avec lesquels il n’est pas permis de jouer avec trop de légèreté. » 

ENTRETIEN, Sole 24 Ore, d’Antonio Tajani (Forza Italia) « Forza Italia a été cohérent sur le MES. Il n’y aura aucune retombée sur le gouvernement » : « ‘’Notre position n’est pas contre le MES. Toutefois, depuis le début, nous disons que l’extension de la garantie aux banques ne nous convainc pas, notamment sur la manière avec laquelle est organisé le contrôle sur la gestion du Mécanisme. Par ailleurs, la réforme conduit à faire du MES le dernier payeur en cas de crise bancaire. Alors, pourquoi bloque-t-on depuis 7 ans la troisième étape de l’Union Bancaire, à savoir celle de l’EDIS, l’assurance européenne sur les dépôts ? Cela vaut aussi pour le marché des capitaux que nous n’arrivons pas à compléter. Q : Craignez vous que le vote de la Chambre pèse dans vos relations avec les partenaires européens ? Le gouvernement s’en est remis au Parlement. Nous avons été cohérents. Q : Sur le pacte de stabilité, que dites vous à ceux qui disent que vous vous êtes pliés aux injonctions de Berlin ? Ce sont des accusations infondéesUn principe important est enfin passé : la suppression de certaines dépenses du calcul [du déficit], comme celles, importantes, pour la défense. Ce principe vaut aussi pour la possibilité de ne pas inclure les dépenses liées à l’augmentation des intérêts de la dette. Le Pacte de Stabilité devra maintenant être discuté au Parlement européen dans ce qu’on appelle le « trilogue ». Ce n’est qu’à ce moment que nous aurons sa version définitive. Même si, je crois, il n’y aura pas de modifications substantielles.’’ » 

ENTRETIEN, Repubblica, de Romano Prodi : “Un choix insensé qui isole le pays et l’affaiblit. Un signe d’instabilité » par G. Egidio : « J'ai toujours pensé que la litanie des déclarations sur le MES n'aboutirait à rien, convaincu que je l'étais et que je le suis, que cela n'avait aucun sens de dire non à un plan qui ne coûte rien. Mais si l'Italie a choisi de le rejeter, ce qui est unique en Europe, nous nous trouvons face à un choix absurde. Choisir d’isoler le pays dans une phase comme celle-ci ne peut être que risqué, tant d’un point de vue politique qu’économique. On se place sur le même plan qu’Orban. J'ai toujours pensé que les menaces de voter contre faisaient partie d'une logique de chantage, pour obtenir quelque chose de l'Europe. Et même si je ne suis pas du tout d'accord avec la stratégie - convaincu qu'une attitude collaborative rapporte bien plus à Bruxelles -, il me semblait inévitable qu'au final le vote soit favorable. Mais je n'avais pas pris en compte la folie. Si un parti majoritaire s’abstient d’une décision aussi importante, qui isole l’Italie du reste des pays européens, parce qu’il n’est pas d’accord sur le fond, cela signifie que la fracture au sein du gouvernement est profonde. Le pacte de stabilité qui vient d’être revu était justement un compromis, surtout pour l'Italie. Si les règles précédentes étaient mauvaises, celles-ci le sont moins, ce qui est en tout cas une avancée. Tous les pays disposent de plus de temps et de flexibilité pour gérer leur dette publique, et l’Italie en bénéficiera également. Mais l’Italie n'a pas contribué à la rédaction de l'accord et a simplement suivi la position de la France, qui connaît une situation similaire mais moins grave. Cela dit, même avec une plus grande flexibilité désormais, l'Italie aura besoin d'un autre type de loi de finances pour respecter les paramètres. Disons que l'Italie a travaillé [sur la réforme du pacte de stabilité] en prenant les avocats des autres [pays européens]. Sauf que l’Italie a toujours joué le rôle de médiateur, mais maintenant, dans cette dernière négociation, l’Espagne a joué ce rôle. Ce n’est pas exactement un succès diplomatique. L'horizon du PD aux élections européennes doit être de s'affirmer comme le premier parti d'opposition. Il sera également très important de voir comment, c’est-à-dire avec quel avantage, il arrivera premier. Et pour y parvenir, il devra s’efforcer de tenir à distance les divergences internes. » 

ARTICLE, Corriere della Sera, A. Duc. « La loi de finances arrive à la Chambre une fois adoptée par le Sénat » : « Les travaux sur la loi de finances de 2024 – qui doit être adoptée d’ici le 31 décembre – vont de l’avant. Hier, la Commission Budget du Sénat a donné son feu vert à l’amendement pour lequel le gouvernement a demandé une motion de confiance des Sénateurs. Le texte sera donc voté aujourd’hui. Une fois adopté, il sera transmis à la commission pour le budget de la Chambre tandis que la présentation dans l’hémicycle est prévue pour le 28 décembre. Le scrutin final, sans motion de confiance, est prévu pour le 29 décembre. Parmi les mesures figurent le prolongement de la baisse des charges salariales et le passage de 4 à 3 taux d’imposition. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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