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05/12/2023

"Salvini critique [la présidente du Parlement européen] Metsola, le gouvernement [italien] se divise sur l’Europe."

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Italie. Revue de presse.

Plusieurs sujets se partagent les Unes : les propos anti-européens de M. Salvini pendant le meeting à Florence des partis souverainistes de plusieurs pays : « Salvini, tensions au sein de la majorité » (Corriere della Sera), « Salvini critique Metsola (Malte), le gouvernement se divise sur l’Europe » (Repubblica), l’annonce d’un procès à Rome sur le meurtre au Caire du jeune chercheur italien Giulio Regeni « Les agents secrets égyptiens seront jugés » (Repubblica, Avvenire), la grève du personnel de santé contre les mesures prévues par la loi de finances : « Défendre la Santé publique » (Repubblica), « Les médecins sont en grève » (Avvenire) et des faits divers « Un bijoutier condamné à 17 ans de prison pour avoir tué deux voleurs » (MessaggeroCorriere).

COMMENTAIRE, Corriere della Sera, de M. Franco, « La Ligue est quasiment isolée sur ses positions sur   l’Europe et l’Ukraine » : « Il est légitime de se demander si les attaques venant des partis souverainistes de dimanche dernier à Florence contre l’Europe favoriseront ou pas du point de vue électoral Matteo Salvini. L’autre question est : quelles seront les retombées sur le reste de la majorité ? D’après les déclarations d’hier, Salvini serait isolé même au sein de sa propre coalition et il est difficile qu’il trouve un soutien de la part de Frères d’Italie et de Forza Italia. Il est vrai aussi qu’il y a des dynamiques différentes en politique intérieure italienne et au niveau européen. Forza Italia demeure critique contre le dirigeant léguiste, lui reprochant une proximité avec des partis qui insultent les institutions européennes mais aussi de faire une politique étrangère pouvant nuire à l’image du gouvernement. Il suffit de voir le froid avec lequel les alliés ont accueilli les propos sur les aides à l’Ukraine. Forza Italia répète qu’il ne peut y avoir d’alliance avec l’ultradroite. La ligne de Fratelli d’Italia est plus nuancée car elle ne veut pas offrir voix à un électorat qui est historiquement eurosceptique et que la Ligue tente de récupérer en désignant le Palais Chigi comme un ‘’traitre’’ de l’unité des partis de droite. Mais après les attaques contre von der Leyen (Allemagne) et Metsola (Malte), il sera difficile pour Frères d’Italie de garder un ton apaisé sur la Ligue. Une ambiguïté qui plane sur la majorité. Il n’est pas sûr que la Ligue adoucisse ses propos antieuropéens pour le reste de la campagne électorale. La stratégie de Salvini consiste à montrer du doigt Meloni et Tajani (Forza Italia) comme les partisans de la politique des ‘’combines’’ avec les socialistes. »

COULISSES, La Repubblica, T. Ciriaco, « Meloni invite la Présidente du Parlement Européen mais Salvini prépare un pacte contre les alliances » : « Il y a une sorte de piège que le Palais Chigi est en train d’analyser depuis quelques jours avec une inquiétude grandissante. Salvini pourrait proposer à Giorgia Meloni un ‘’pacte contre les combines’’ pour les élections européennes en lui demandant de sceller un engagement avant les celles-ci : ne pas donner son soutien à une Commission soutenue par les socialistes et les libéraux. Il est facile de prévoir le slogan que prévoit Salvini : ‘’ni avec Scholz ni avec Macron’’. L’escalade verbale de Salvini met la Présidente du Conseil sous pression, l’objectif étant de lui soustraire des voix. Les signaux adressés ces derniers jours étaient clairs : des critiques féroces contre Bruxelles, les attaques contre les populaires européens, soit les interlocuteurs avec qui Fratelli d’Italia est en train de dialoguer depuis des années, à commencer par Roberta Metsola. Ce n’est pas un hasard si cette dernière sera reçue demain par Meloni et elle pourrait même représenter le PPE au meeting annuel de Frères d’Italie à la place de von der Leyen. Meloni doit maintenant décider si soutenir à nouveau la présidente de la Commission (encore Mme von der Leyen) et voter ainsi avec les chefs socialistes et les libéraux présents au Conseil tout comme au Parlement Européen. Même en disant leur opposition, les parlementaires de Frères d’Italie pourraient toujours soutenir la nouvelle Commission dans le secret des urnes. Toutefois, le coût politique serait élevé et c’est bien l’objectif de la Ligue. Meloni pourrait éviter le piège en proposant l’abstention de Frères d’Italie et laisser Forza Italia participer à la ‘’majorité Ursula’’. Ce serait une solution pour garder les équilibres en Italie comme en Europe. Il s’agit pour l’instant de scenarii lointains, néanmoins, la Ligue de Salvini fait tout son possible pour soustraire des voix à ses alliés et éviter un résultat décevant.»

ENTRERIEN, Corriere della Sera, de Roberta Metsola, Présidente du Parlement européen, “Je suis du côté des forces pro-européennes ; je suis ici pour unir, [au-delà] des critiques de Salvini” : “Sur le dossier migratoire, nous sommes très satisfaits au Parlement européen d’être parvenus à sortir de l’impasse dans laquelle nous étions depuis plusieurs années. Nous discuterons dès cette semaine avec la Commission et le Conseil européen des instruments législatifs du nouveau Pacte sur l’immigration portant sur l’asile, la sécurité et la solidarité. La majorité existante au Conseil permettra sûrement de trouver un accord et donner une réponse à tous ces citoyens européens pour qui l’immigration est l’une des principales préoccupations. Notre paquet de mesures n’est peut-être pas encore parfait mais c’est une amélioration décisive du système actuel qui ne fonctionne tout simplement pas. Puisque les forces d’extrême-droite ont exploité le thème de l’immigration à leur avantage, nous devons nous aussi en discuter aujourd’hui ouvertement, comprenant nos erreurs et offrant des solutions. Des pays comme l’Italie ont été abandonnés mais aussi exemptés de toute responsabilité. Or l’Europe doit travailler de façon solidaire et assurer la sécurité des frontières. Concernant l’accord entre l’Italie et l’Albanie, je pense que si nous pouvons trouver des solutions qui prévoient les demandes d’asile hors des frontières de l’UE, nous devons les prendre en considération. Cela permet d’alléger la pression migratoire sur les pays du Sud de l’UE. Nous pourrons examiner cet accord lorsqu’il sera effectivement en place. Nous serons attentifs à ce que les règles européennes en matière de droits humains soient respectées. Le Green Deal sera un autre thème important de la campagne. Il y a d’énormes différences entre les pays membres. Je suis pragmatique : les lois qui nous ont été soumises sont nécessaires mais il faut laisser une marge de flexibilité aux pays qui n’arrivent pas à atteindre certains objectifs et faire attention que les standards que nous nous donnons ne nous fassent pas perdre en compétitivité par rapport à d’autres pays. La plus grande aide que nous puissions fournir à l’Ukraine est d’envoyer un message politique fort en engageant formellement les négociations pour l’adhésion. Tout le monde n’est pas d’accord mais je pense qu’il y a de bonnes perspectives. La “fatigue” de l’Europe quant au soutien à l’Ukraine m’inquiète. C’est un défi financier énorme qui s’ajoute à la pression du Next Génération EU sur les dettes nationales. Mais nous devons maintenir notre promesse faite à l’Ukraine. Pour ma part, en tant que présidente du Parlement européen, je ne ferai aucune concession à Poutine. Concernant une possible alliance entre Conservateurs et Populaires, ma préoccupation est que le plus de personnes aillent voter. Nous continuerons à travailler avec les forces pro-européennes même si ce sera plus difficiles. Quant à Salvini, je ne le prends pas comme une critique, j’ai d’excellents rapports avec tous les parlementaires européens italiens, et j’ai le plus grand respect pour eux car ils ont été élus. Je viens en Italie pour unir les gens, pour rapprocher l’Europe des citoyens. Je suis ici pour écouter, je comprends la frustration face à certains processus décisionnels, je veux aider à trouver des solutions constructives.”

ARTICLE, Corriere, F. Fubini, « Un pacte pour l’Union » : « Peut-être parce que l'aube arrive toujours après la nuit, les négociations sur les règles budgétaires européennes semblent entrer dans un labyrinthe indéchiffrable. Pourtant, en théorie du moins, le temps presse : jeudi, les ministres des finances de l'UE se réunissent à Bruxelles pour un dîner qui pourrait durer toute la nuit ; vendredi, ils devraient présenter un accord redessinant l'infrastructure de la deuxième monnaie de réserve de la planète. Le contexte international actuel devrait conseiller aux gouvernements européens de clore rapidement et raisonnablement le jeu du nouveau pacte de stabilité. Mais le raisonnable et la rapidité ne sont pas toujours de mise à Bruxelles. À ce stade, le cas le plus évident concerne l'Allemagne. La situation dans ce pays influe maintenant sur les événements, à Bruxelles et en Italie. À l'approche de l'échéance fixée pour la conclusion d'un accord sur le nouveau pacte de stabilité, M. Lindner a en effet ajouté de nouvelles exigences. Il a d'abord exigé une réduction mesurable de la dette publique d'au moins un certain niveau chaque année pour tout le monde, ce qui lui a été accordé. Il a ensuite demandé la même chose pour le déficit, ce qui a également été accordé. Il a ensuite demandé que les pays dont la dette dépasse 90 % du produit brut soient contraints à une réduction de la dette plus exigeante, de 1,5 % du PIB par an (alors que pour les autres, la réduction due ne serait que de 1 %). Enfin, M. Lindner tente d'introduire un traitement différentiel supplémentaire, qui obligerait les pays les plus endettés à réduire également leur déficit budgétaire de manière plus importante : jusqu'à 1 % du PIB, au lieu des 1,5 % qui s'appliqueraient à tous les autres. Ainsi, la vision allemande envisage deux ou trois classes distinctes de pays auxquels s'appliquent des règles différentes. L'Italie fait partie de la troisième classe et il était évident dès le départ que l'Italie ou la France devaient faire encore plus pour consolider la dette et le déficit. Le fait de procéder de manière différenciée selon les pays - en supposant qu'il y ait une logique financière - ne peut que produire des fruits politiquement empoisonnés. C’est le résultat de la méfiance de quelques gouvernements - l'Allemagne, l'Autriche, la Finlande, la Suède - en particulier envers nous, les Italiens. C'est pourquoi continuer à raviver les mythes souverainistes et les slogans gratuits contre l'Union européenne, comme le fait Matteo Salvini, ne peut que compliquer un jeu déjà difficile. A entendre le vice-premier ministre léguiste, les autres gouvernements seront tentés de serrer encore plus la vis à l'Italie. Au final, un compromis sur les règles à atteindre d'ici vendredi reste plausible : mais il ne faut pas y arriver en s’étant, tous seuls, lié les mains. »

ENTRETIEN, La Stampa, Lucia Annunziata, journaliste, et Alessandra Ghisleri, sondeuse, par Federico Monga, vice-directeur de La Stampa, “La réforme de la loi électorale est compromise mais Meloni tient bon, Elly Schlein est une sorte d’Obama sans ‘yes we can’” : “Les chiffres nous disent que malgré toutes les difficultés, la confiance vis-à-vis de Giorgia Meloni tient. L’opinion publique apprécie aussi tout particulièrement les ministres Giorgetti (Économie-Ligue), Sangiuliano (Culture - Indépendant), Crosetto (Défense – Frères d’Italie) et Piantedosi (Intérieur - Indépendant) alors que d’autres reculent dans les sondages, comme Daniela Santanchè (Frères d’Italie), pas tant pour sa politique en matière de tourisme que pour les affaires qui la visent personnellement. Matteo Salvini recule également et s’arrête à 24%, cédant du terrain à Giuseppe Conte et Antonio Tajani qui oscillent entre 27 et 30%. D’emblée Giorgia Meloni a fait en sorte de détacher sa propre image de celle de son gouvernement. Du reste, c’est la plus grande promotrice du régime politique conférant davantage de poids au Président du Conseil. L’idée qu’à la longue un gouvernement a besoin d’une solide classe dirigeante émerge toutefois des sondages. Les ministres Giancarlo Giorgetti, Guido Crosetto et Matteo Piantedosi apparaissent comme le noyau dur, l’épine dorsale du gouvernement Meloni. Elly Schlein quant à elle est arrivée à la tête du PD de façon assez anormale pour la structure du parti, en passant par l’Europe et grâce aux voix des non-inscrits lors des primaires. Elle représente une large partie de l’opinion publique, mais pas l’intérieur de son parti. Son approche typiquement “américaine” de la politique semble aussi peu compatible avec le monde démocrate. Elle se comporte comme Obama, un président toujours en campagne électorale, à coup de slogans, mais elle n’a pas les rênes de son parti pour l’instant. Elle parvient à parler aux jeunes et aux non-inscrits qui penchent à gauche sans avoir encore d’étiquette politique. Mais son langage est trop complexe, il lui manque son ‘yes we can’ à elle. Elle s’améliore mais elle doit faire attention à la compétition avec Giuseppe Conte. La principale erreur des oppositions jusqu’à présent est de demander sans cesse la démission de secrétaires d’Etat et de ministres. Aucun parti n’a réussi pour l’instant à convaincre les modérés qui, en Italie, sont catholiques. La gauche ne s’adresse pas à cet électorat qui a valu un grand succès à Prodi par le passé. La droite quant à elle ne parvient pas à prendre la relève de Berlusconi. L’ex leader de Forza Italia a laissé un véritable ‘testament politique’ fait des batailles comme celle sur la Justice, mais il est difficile de remplacer 30 ans d’hégémonie. Concernant l’Europe, toutes les données des différents pays vont dans le sens d’une majorité fondée sur l’alliance entre le PPE et les Conservateurs. Reste à voir si Meloni pourra s’éloigner d’Identité et Démocratie en Europe tout en maintenant l’équilibre avec la Ligue au sein de son gouvernement en Italie. Cela dépendra aussi des résultats de chacun. Pour l’instant il est difficile de dire s’il sera possible d’arrêter la vague souverainiste comme en 2019, après l’élection de Geert Wilders il faut rester vigilant. En tous cas, Meloni entend participer à la création d’un vaste centre au niveau européen et est en train de se reporter vers le centre pour cela. Les électeurs sont plus sensibles à ce qui se passera d’ici 10 jours qu’à une vision sur le long terme, quand ils vont voter c’est leur portefeuille qui les intéresse avant tout. Avec les deux guerres en cours, en Ukraine et au Proche-Orient, tous les gouvernements européens sont mis à l’épreuve sur leurs capacités à gouvernement les crises économiques. Et la défiance augmente. Concernant le Pont sur le détroit de Messine, les sondages nous disent que pour les Italiens les routes sont plus importantes que les ponts pour l’instant. Le problème est également financier, le gouvernement ne parviendra pas à trouver les ressources nécessaires. Quant à la réforme de la loi électorale, si les européennes se passent bien, le gouvernement pourra faire un premier pas, mais je doute qu’il parvienne à modifier la Constitution sous cette législature. »

ARTICLE, La Repubblica, V.Conte « Médecins, c’est le jour de la grève” “La santé publique bradée » Des manifestations dans de nombreuses villes, de Turin à Cagliari. Les infirmiers et les employés du secteur privé descendent également dans la rue : “Peu de ressources dans la loi des finances. « Aujourd'hui le secteur de la santé est en grève contre le plan du gouvernement Meloni. Un million et demi de prestations médicales ne seront peut-être pas assurées, seuls les services d’urgences sont garantis. Une première dans le secteur médical, uni et solidaire pour affirmer que “la santé publique ne doit pas être bradée, elle doit être défendue”. Les cinq demandes adressées au Palais Chigi sont : le recrutement du personnel, la détaxation d’une partie des salaires, l’allocation des ressources adéquates pour les contrats, la dépénalisation de l’acte médical et l’annulation des baisses des retraites. Les syndicats se disent oubliés après “ les éloges de la période Covid”. “ Ils pensent nous faire travailler davantage au lieu de recruter. Cependant nous avons cinq millions de jours fériés non compensés et dix millions de journées de travail supplémentaire non rémunérées” déclare Pierino Di Silverio, leader du syndicat Annao Assomed . “ Pour nous, infirmiers, aucune valorisation, qu'elle soit économique ou de carrière” rajoute Antonio De Palma. Carmela De Rango, secrétaire nationale de la Cimop, rappelle que la convention collective des médecins dans le secteur privé de la santé est échue depuis 2005. “ C’est une situation honteuse. Nos rémunérations sont inférieures de 50-60% en comparaison avec les collègues du secteur public, avec des rémunérations de 1.500 euros bruts”. Le Ministre des Relations avec le Parlement, Luca Ciriani, assure que “l’amendement correctif du gouvernement arrivera d’ici la fin de la semaine”. L’adoption de la loi de finances pourrait être reportée après la période de Noël. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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