Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

29/11/2023

"Salvini tente une remontée en Italie mais joue également son va-tout en Europe."

FI-AN.jpg

Ligue.jpg

M5S.jpg

Italie. Revue de presse. 

L’ouverture du marché italien de l’électricité et du gaz à tous les opérateurs et la fin des mesures de compensation, provoquant un débat au sein de la majorité, fait la Une : « Bagarre sur les factures » (La Repubblica), « Tensions sur le bouclier tarifaire, Salvini et le PD critiquent le choix de Meloni » (Corriere della Sera), « Ce qui changera pour environ 9 millions d'usagers » (Sole 24 Ore), « Des conditions tarifaires qui divisent » (Avvenire). Le Corriere titre en Une sur l'entretien du ministre de la Justice « Carlo Nordio (Frères d'Italie) : Il est juste de pouvoir évaluer les juges ». 

Les JT couvrent essentiellement le feu vert de la Commission Européenne pour le versement de la 4e tranche du PNRRl’ouverture du marché italien de l’électricité et du gaz à tous les opérateurs et la fin des mesures de compensation, les négociations en cours entre Israël et le Hamas pour la prolongation de la trêve et la désignation de Riyad comme ville-hôte de l’Expo 2030. 

ARTICLE, Sole 24 Ore, de L. Palmerini « La stratégie de Salvini pour remporter le derby à droite » : « Le schéma pour le prochain match électoral est un derby à droite. Salvini veut marquer sa différence entre lui et son alliée. Conscient des limites de Meloni, qui a la responsabilité de diriger un gouvernement, il voit son alliée se déplacer sur des positions de plus en plus modérées. La Ligue peut alors s’emparer de cette ‘’primauté’’ du discours anti-système qui était autrefois la prérogative de Fratelli d’Italia. On verra avec quelle habileté les deux dirigeants gèreront la communication, mais il est vrai aussi que beaucoup dépendra de la situation sociale et économique. Paradoxalement, pour s’assurer un succès, Salvini doit miser sur le mécontentement et sur les faux pas de l’exécutif. Difficile que cette stratégie puisse fonctionner car la Présidente du Conseil le prive d’espace et trouve de nouveaux ennemis : le marché, les agences de notations, auxquels s’ajoutent maintenant une partie de la magistrature soupçonnée comploter contre son gouvernement. Le coup d’envoi de ce derby commencera dimanche prochain à Florence où Salvini a invité le nouveau vainqueur des élections aux Pays-Bas, Wilders. Marine Le Pen ne sera pas présente, mais elle sera représentée par son adjoint Bardella. Pour l’AfD, il y aura Tino Chrupalla. La présence de Wilders n’est pas sûre à 100% mais l’annonce suffit à lancer un avertissement à Meloni : de quel côté se place-t-elle ? Et quand on lui fait remarquer le profil de ses invités, Salvini répond :‘’qui devrais-je inviter ? Macron ?’’. C’est une façon de placer Meloni dans une position difficile, puisqu’elle doit nécessairement dialoguer avec le dirigeant français tout comme avec Scholz. Ce derby représente en réalité un match crucial, en Italie comme à l’extérieur. Salvini tente une remontée en Italie mais joue également son va-tout en Europe. Car si cette opération ‘’droite contre extrême-droite’’ ne réussit pas, il finira sur les bancs de touche du terrain politique européen. Meloni a un intérêt inverse : obtenir une place à la table des décisions si à la fin elle choisit de soutenir une ‘’majorité Ursula’’ élargie. Une telle asymétrie entre Rome et Bruxelles pourrait avoir des conséquences lourdes. » 

COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Folli « Si Renzi utilise le levier de la justice » : « Tout le monde sait que Matteo Renzi est considéré comme le paria de la gauche, car on ne lui pardonne pas ses erreurs du passé. Son retour dans une coalition qui s’est radicalisée dans l’intervalle apparait impossible. L’idée réformatrice qui alimente toujours le Labour anglais, qui se prépare à une victoire, ne semble pas avoir inspiré le PD, le M5S, Sinistra Italiana ou les Verts. On préfère la rhétorique qui galvanise les militants mais qui ne séduit pas un électorat plus large et réclamant des réponses claires et une vision pour la société de demain. Bâtir une opposition cohérente est difficile, il faut savoir saisir les points faibles de l’adversaire et le PD d’aujourd’hui ne semble pas posséder ce talent ou bien n’est pas intéressé. Revenons à Renzi : une opposition basée sur des remarques précises et sur des propositions alternatives peut être efficace même si cela est fait par un seul parlementaire sans troupes. Car il s’adresse à l’opinion publique, bien plus qu’aux parlementaires. L’accusation selon laquelle Renzi voudrait renforcer la coalition de droite pour ensuite monter à bord apparait injuste. Au contraire, il a l’ambition, peut-être velléitaire, de faire dérailler l’exécutif. Raison pour laquelle il a choisi le terrain de la justice, qui est également celui qu’a choisi Forza Italia. C’est aussi la raison de son soutien au ministre Nordio (Frères d'Italie) et à sa réforme libérale, actuellement enlisée au Palais Chigi sur un point crucial : la séparation des carrières.  Renzi parvient même à défendre le ministre Crosetto (Frères d'Italie) dans sa croisade contre les magistrats factieux. Il utilise la justice comme levier pour briser les certitudes d’un gouvernement qui a abandonné tout discours triomphaliste sur les réformes (à part celle sur l’élection directe du Président du Conseil) qui caractérisait l’exécutif Meloni à sa naissance. » 

ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Carlo Nordio, ministre de la Justice, « Le test d’aptitudes psychiques n’a rien de scandaleux, mais la question est très délicate » : « Ce que racontent les articles de presse évoquant un Conseil des ministres tumultueux ce lundi est faux. C’est moi qui ai présenté les mesures sur la justice en Conseil des ministres et tout a été approuvé à l’unanimité, sans que personne n’intervienne. Quant à la réunion technique précédant le Conseil des ministres, je n’y étais pas, les ministres n’y participent pas. Je n’ai pas non plus bloqué la proposition des tests d’aptitudes psychologiques pour les magistrats, tout simplement parce qu’elle ne figurait pas parmi les mesures présentées. Le texte examiné a été longuement préparé par notre service législatif et moi-même. Ceci dit, ce test est déjà prévu depuis longtemps pour la police judiciaire, ce ne serait pas scandaleux qu’il soit étendu également aux magistrats et aux procureurs. Mais c’est un sujet très délicat, qui doit être discuté sereinement et en concertation avec le Conseil supérieur de la magistrature et l’ordre des avocats. Je soutiens mon collègue Guido Crosetto : il n’a jamais parlé de complot, il a exprimé la préoccupation de la politique face à certains comportements des magistrats. Ces tensions ne sont pas nouvelles. Dans le scandale dit ‘’Palamara’’ nous avons découvert des conversations de magistrats disant que Salvini était innocent mais qu’il fallait tout de même l’attaquer, c’est indigne. Malgré la vague de radiations à l’époque, les soupçons vis-à-vis de la magistrature demeurent. Nous sommes sensibles à la question de l’autonomie de la justice mais nous soutenons l’idée que les résultats des enquêtes lancées par les juges doivent être évalués. Il faut limiter les enquêtes longues et destructrices pour la vie des personnes concernées et qui n’aboutissent à rien. Autre fake news : le premier paquet de la réforme est en cours d’examen par le Sénat, Meloni ne bloque pas la réforme. Une autre réforme, celle qui portera sur la question des écoutes dans les enquêtes sur la mafia, sera présentée prochainement, et d’autres réformes sont en cours de préparation. La séparation des carrières est bien prévue dans notre programme et va de paire avec la procédure pénale accusatoire, mais suivra la réforme plus importante de la loi électorale. Il vaut mieux procéder de manière distincte pour les deux réformes, notamment pour un éventuel référendum, afin de ne pas créer la confusion. » 

ARTICLE, Sole 24 Ore, de L. Palmerini, « Mattarella : "L'Europe a besoin d'une souveraineté partagée » : « Lors de sa rencontre avec le président de la République tchèque, Petr Pavel, Mattarella a répété qu’”opposer souveraineté européenne et souveraineté nationale" est un faux dilemme, et il a mis sur la table le concept de la "souveraineté partagée", qui a même connu quelques tentatives réussies : Pnrr, plafonnement des prix du gaz, vaccins. En revanche, sur de nombreux dossiers, à commencer par celui des migrants, l'UE piétine et la cause, pour le chef de l'État, réside dans l'inefficacité du mécanisme de gouvernance actuel. L'Europe, dont on critique la faiblesse, est le résultat des choix politiques des chefs de gouvernement de l'UE qui hésitent encore à passer au vote à la majorité. Sur la réforme du pacte de stabilité, Mattarella n'a pas changé d'avis quant à la nécessité de "nous doter d'instruments communs de politique financière".  "L'UE doit parler d'une seule voix en matière de politique étrangère et de sécurité" a-t-il dit. Et s'il faut avant tout bannir la règle de l'unanimité, il faut aussi "renforcer le Parlement européen, qui doit être l'expression authentique de la souveraineté des citoyens, une institution réellement représentative des Européens". La vision européiste de Mattarella, faite de changement et d’évolution, est ressortie des réflexions échangées avec le président de la République tchèque. Avec Pavel, ancien chef d'état-major de l'armée de la République tchèque et ancien président du comité militaire de l'OTAN, la guerre déclenchée par Poutine a été naturellement évoquée et le chef de l'Etat a réitéré sa "pleine solidarité avec Zelensky et le peuple ukrainien" ce qui, cependant, "n'exclut pas la recherche de la paix dont les conditions doivent évidemment être partagées par Kiev". Au-delà du conflit, le processus d'élargissement de l'UE à l'Ukraine, à la Moldavie et à la Géorgie, "que l'Italie voit d'un bon œil", M. Mattarella a dit souhaiter que "les Balkans occidentaux, qui ont fait de grands efforts pour adhérer à l'UE et dont les aspirations ne doivent pas être déçues, ne soient pas relégués au second plan". »

ARTICLE, Repubblica, G. Di Feo : « Niger, la junte demande aux militaires italiens de rester. Et maintenant une opportunité se présente de pouvoir jouer un nouveau rôle en Afrique » : « Si le gouvernement Meloni à l’intention de rendre concret le ‘Plan Mattei’ qu'il a si souvent brandi, il a devant lui une opportunité unique au Niger : une piste tracée dans le sable rouge du désert, encore incertaine et pleine d'inconnues, qui pourrait cependant redonner à l’Italie un rôle de premier plan en Afrique. Le Niger est le pilier dont dépend la stabilité de tout le Sahel : s'il s'effondre, il deviendra impossible de contrôler les flux migratoires, de contrer l'insurrection djihadiste et d'arrêter l'avancée des mercenaires de Poutine. Ce pilier a été mis à mal par le coup d'État qui a pris le pouvoir le 26 juillet dernier en arrêtant le président démocratiquement élu Mohamed Bazoum. En effet, les généraux ont expulsé le contingent français, qui achèvera son retrait dans quelques jours, et les milices islamistes en profitent pour multiplier les attaques. A Niamey, en revanche, est resté le contingent des forces armées italiennes, qui a cessé toute activité depuis le coup d'Etat et dont l’effectif a été réduit à 250 hommes. Ces dernières années, il a assuré la formation de milliers de soldats et de gendarmes nigériens. La junte des généraux a fait savoir à Rome qu'elle considérait cette présence comme importante et que la reprise de la formation, éventuellement à plus grande échelle, serait la bienvenue. Il y a trois semaines, l'attaché militaire, le colonel Franco Merlino, s'est vu décerner une médaille par le président putschiste Tchiani en "reconnaissance des efforts qui ont permis la coopération". De manière discrète, les Etats-Unis poussent aussi l'Italie à jouer un nouveau rôle au Niger. "Nous voulons nous assurer que la sécurité du Sahel soit protégée", déclarait il y a quelques jours Judd Devermont, le responsable de la zone du Conseil national de sécurité. Ce pragmatisme s'explique par une prise de conscience de la menace djihadiste, qui "se rapproche des frontières des pays côtiers, si elle ne les a pas déjà franchies". Ainsi, une opportunité s'offre à l'Italie dans cette crise. Une opportunité qui nécessite un engagement diplomatique, économique et militaire sérieux, mais qui offrirait la perspective de protéger les intérêts nationaux et de contribuer à éviter une catastrophe humanitaire. Les prémisses sont là : les généraux de Niamey ont apprécié la position de dialogue du gouvernement Meloni, et en particulier des ministres Tajani et Crosetto, qui se sont opposés l'été dernier aux actions de force inspirées par Paris. Mais toute avancée dépendra de la capacité de la Farnesina à obtenir des putschistes une feuille de route crédible vers des élections et la libération du président Bazoum. La deuxième pierre angulaire est la construction d'un consensus européen pour assumer le rôle de leader d'un plan européen de relance des programmes de développement pour la population et d'assistance à l'armée. Il n'est pas exclu qu'un consensus parlementaire transversal aux forces politiques puisse également être trouvé sur le Sahel. Le président PD du Copasir, Lorenzo Guerini, a abordé la question : "Nous sommes là et nous devons y rester : le Niger est une plaque tournante stratégique et le quitter serait une erreur, d'autant plus qu'on ne nous le demande pas". Il reste un obstacle de taille : la France. Le retrait du Niger a marqué la fin d'une ère d'activisme au Sahel et l’opposition aux putschistes semble irrémédiable. Mais Paris reçoit, par les mines du Niger, un tiers de l'uranium destiné à ses centrales nucléaires : peut-elle courir le risque que ces approvisionnements soient compromis par Daech ou par les mercenaires de Moscou ? Il s’agit d’une autre inconnue qui pourrait jouer en faveur de l'Italie. À’ condition que le gouvernement Meloni soit réellement intéressé par un "plan Mattei" pour l'Afrique. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

Les commentaires sont fermés.