17/11/2023
"L’étau se resserre sur les vols et les arnaques."
Italie. Revue de presse.
Les nouvelles mesures sécuritaires adoptées hier en Conseil des ministres sont en Une : « L’étau se resserre sur les vols et les arnaques » (Corriere della Sera), « Les agents pourront être armés même en civil » (La Stampa), « Un énième tour de vis » (Avvenire), « L’accès au métro sera désormais interdit aux voleurs » (Messaggero). Les suites de la polémique entre les syndicats et le ministère des transports sur la grève annoncée pour ce vendredi font la Une du quotidien Repubblica : « Le défi de la rue ».
Les JT couvrent essentiellement la grève organisée par les syndicats CGIL et UIL aujourd’hui, les nouvelles mesures sécuritaires adoptées hier en Conseil des ministres, l’opération militaire israélienne vers le sud de Gaz, et l’adoption d’une loi interdisant la production et la vente de viande de culture.
COMMENTAIRE, Corriere della Sera, M. Franco « L’avertissement de l’Europe [sur les concessions balnéaires] qui s’étend également à la ratification du MES » : « L’avertissement de la Commission européenne adressé à l’Italie sur les concessions balnéaires surprend par deux aspects. Le premier : bien que largement annoncé, la droite a fait semblant d’être prise de court, très attentive à ne pas se mettre à dos les électeurs d’une catégorie qui bénéficie de concessions privilégiées depuis des années. L’autre aspect est la fin du récit selon lequel l’Europe serait disposée à fermer un œil face au comportement du gouvernement visant à être en perpétuelle négociation. C’est surtout cet aspect qu’il faut analyser avec attention. Cela vaut pour toute la coalition, notamment pour ces partis qui ont utilisé leur opposition à ces demandes pour pouvoir mieux négocier avec le reste de l’Union en vue du nouveau Pacte de Stabilité. La lettre de la Commission qui donne à l’Italie deux ans pour se mettre en règle avec la directive Bolkenstein arrive à quelques jours du vote parlementaire sur le MES. C’est là une échéance que la Présidente Meloni évite depuis très longtemps. Mais ce report a déjà irrité les autres gouvernements qui, en cas de crise financière, ne pourraient pas faire appel à cet instrument de sauvetage. Ce sont surtout Frères d’Italie et la Ligue qui veulent temporiser, croyant qu’il sera ainsi plus facile d’obtenir davantage dans les négociations sur un nouveau Pacte de Stabilité considéré comme pénalisant pour l’Italie. Or, au sein de la majorité, les partis ne partagent pas la même posture. La lettre sur les concessions balnéaires, qui vise surtout les reports de Fratelli d’Italia, accentue les doutes de la Ligue. Quant au MES, Forza Italia n’a jamais caché vouloir le ratifier. Ce n’est que par loyauté que Tajani respecte la posture du Palais Chigi. Les différences concernent aussi les retraites. La décision du gouvernement hier d’engager sa confiance sur le texte s’explique par la volonté d’éviter des amendements présentés par une coalition divisée. Le mécontentement demeure entre le Palais Chigi, les présidences du Sénat et de la Chambre, jusqu’au ministère de la Santé et celui de l’Economie. »
COMMENTAIRE, Il Foglio, E. Antonucci « Le triomphe de la fourche » - le paquet sécurité adopté hier par le gouvernement en Conseil des ministres représente l’énième triomphe du populisme pénal : « Il s’agit d’une série de normes introduisant de nouveaux délits ou alourdissant les sanctions déjà existantes. C’est à cela que se réduit le décret sécurité adopté hier en Conseil des ministres. Il s’agit de l’énième preuve de populisme de la part de la Présidente du Conseil Meloni, avec l’implication de ses adjoints Salvini et Tajani (Forza Italia), et des ministres de l’Intérieur Matteo Piantedosi (Indépendant) et de la Justice Carlo Nordio (Frères d'Italie). Et ce malgré les propos modérés de ce dernier sur une justice basée sur la primauté de la présomption d’innocence. On trouve donc dans ce texte des délits comme l’occupation illégale de lieux de résidence (de 2 à 7 ans de prison) ou l’incitation ou l’utilisation de mineurs à des actes de mendicité (de 1 à 5 ans) et des mesures plus dures pour les femmes enceintes. Elles ne bénéficieront plus du renvoi obligatoire de l’exécution de la peine jusqu’à l’âge de 3 ans de leur enfant : c’est au juge d’en décider selon la gravité des délits et de la récidive. Cette mesure avait déjà été proposée par la Ligue pour viser notamment le phénomène des vols commis par les jeunes roms enceintes ou avec leurs enfants. Il n’est pas pensable de résoudre le problème par des déclarations orientées ou de simples modifications du code pénal face à un phénomène aussi complexe. Il ne serait pas surprenant que quelques magistrats prennent des décisions contraires aux souhaits de Monsieur Salvini. Par cette méthode, le gouvernement prépare l’énième terrain de bataille contre la magistrature. »
ENTRETIEN, Corriere della Sera, d’Elisabetta Casellati (Forza Italia), ministre des réformes « La réforme ne modifie pas les prérogatives du Quirinal, nous voulons que l’opposition ne fasse pas d’obstructionnisme » : « ‘Franchement, je ne vois pas tous de grands bouleversements avec la réforme. Au contraire, le texte s'inspire d'un critère minimal de modification de la Constitution. Neuf articles de la Constitution concernent le rôle et les prérogatives du chef de l'Etat. Rien n'a été touché, y compris le pouvoir de dissoudre les Chambres après avoir constaté l'échec d'un gouvernement. Les appels incessants et insensés de l'opposition au Quirinal me semblent n'être que des tentatives d'exploitation et de dissimulation maladroite de l'évidente absence de fondement des objections. Nous avons choisi l’élection directe du Président du Conseil précisément pour répondre aux exigences de la minorité, en nous présentant avec une formule ouverte à l'activité d'écoute de près d'un an avec les oppositions, les constitutionnalistes, les catégories économiques et les syndicats. J'attends une opposition qui n'érige pas de murs idéologiques. La réforme constitutionnelle ne concerne pas du tout ce gouvernement, mais l'avenir de notre pays. Le moment est venu de sortir de l'impasse. Les gouvernements techniques sont une exception politique italienne sans équivalent dans les démocraties mûres, le résultat d'un système qu'il faut réformer et non pas ménager." »
ARTICLE, Corriere della Sera, A. Ducci : « Le jour de la grève, les transports à l’arrêt pendant 4 heures. Landini ‘’ ce n’est qu’un début ‘’ » : « La tension reste forte entre les syndicats, qui font grève aujourd'hui, et le gouvernement. À la veille des manifestations qui porteront à un blocage de 4 heures des transports et de 8 heures des services scolaires, universitaires, sanitaires et postaux, le secrétaire de la CGIL, Maurizio Landini, s'en prend une nouvelle fois au gouvernement. La cible principale est, une fois de plus, le vice-président du Conseil et ministre des Transports, Matteo Salvini, "coupable" d'avoir ordonné la réquisition des travailleurs des transports. Au point que Landini a qualifié la démarche de Salvini et du gouvernement d'"attaque à 360 degrés contre le droit de grève et la Constitution", ainsi que d'acte sans précédent dans l'histoire de l'Italie démocratique. Un ton très dur, accompagné de l'annonce que "la CGIL et l'UIL préparent un recours contre les réquisitions". L'affrontement politique entre la CGIL et l'UIL et le gouvernement semble d'ailleurs destiné à se poursuivre. "Je crois que les places se rempliront [de manifestants] et nous n'en sommes qu'au début ; nous ne nous arrêterons pas tant que nous n'aurons pas obtenu de changer les politiques économiques et sociales''. La manifestation d'aujourd'hui est motivée par la volonté d'obtenir des augmentations de salaires et des embauches, et pour redire l'opposition à la réduction des retraites prévue par la loi de finances. Sur la réquisition, Salvini estime que : "Ce n'est pas une victoire personnelle, de la Ligue ou du gouvernement, mais demain (aujourd'hui, ndlr) 20 millions d'Italiens pourront prendre les transports publics pour aller au travail, étudier, passer des examens médicaux. Donc oui au droit de grève, mais aussi au droit au travail pour la grande majorité des Italiens". La secrétaire du Pd Elly Schlein : "Nous soutenons fermement les raisons de la grève et le droit constitutionnel et juste de faire grève. Le PD sera donc présent avec une délégation". En revanche, ni les syndicats Cisl et Ugl ne participent. »
ARTICLE, Sole 24 Ore, de M. Cappellini, « L’Italie interdit la viande cultivée en laboratoire ; ‘’[nous n’avons] aucune crainte quant à la réaction de l’UE’’ dit le ministre Lollobrigida » : « L’Italie interdit la viande cultivée en laboratoire avec 159 voix favorables à l’interdiction et 53 voix contre, de +Europa, du Mouvement 5 Etoiles et de l’Alliance des Verts et de la Gauche alors que le Parti démocrate et Azione se sont abstenus. Cette loi était fortement voulue par les ministres italiens de l’Agriculture, Francesco Lollobrigida (Frères d’Italie), et de la Santé, Orazio Schillacci (Indépendant), et interdit la production comme le commerce avec des amendes qui pourront aller de 10 000 à 60 000€ ou 10% du chiffre d’affaires réalisé, jusqu’à 150 000€. Le débat a été très animé autour des questions idéologiques et de jurisprudence. Le Parlement n’a pas jugé pertinente la question de la constitutionnalité de cette loi qui porterait préjudice à la liberté d’entreprise. Le ministre de l’Agriculture s’est dit satisfait de cette loi historique ‘’l’Italie est le premier pays à interdire la nourriture synthétique, nous sommes à l’avant-garde en Europe et dans le monde sur cette bataille civilisationnelle. Nous voudrions convaincre d’autres pays d’Europe de faire de même’’. L’association Coldiretti, principale organisation représentant l’agriculture italienne, est également satisfaite de cette loi, après avoir milité au cours des derniers mois contre la nourriture cultivée en laboratoire. Le directeur de Coldiretti, Ettore Prandini, se prépare à poursuivre la bataille au niveau européen : ‘’il serait paradoxal que l’UE autorise l’utilisation d’hormones et de produits pharmaceutiques pour la production de viande synthétique alors qu’elle a interdit leur usage pour les élevages’’. Mais l’Europe sera le véritable banc d’essai de cette loi italienne, notamment l’avis que doit émettre d’ici quelques mois l’EFSA, l’autorité européenne pour la sécurité des aliments, sur la commercialisation de viande d’origine moléculaire. Une approbation ouvrirait un contentieux avec l’Italie. ‘’Cela n’a pas de sens d’interdire un produit sûr et autorisé par l’Europe, la libre circulation des marchandises est la base du marché unique’’ dit l’Alliance des Verts et de la Gauche, ‘’avec cette décision, le gouvernement italien pourrait violer les normes européennes au détriment des entreprises et entraver la recherche italienne dans le secteur’’. La vente de viande de culture est déjà autorisée par Singapour, les Etats-Unis et Israël. Il y a également un vif débat autour des émissions produites par la viande de synthèse et la viande conventionnelle. »
SONDAGE, Repubblica, I. Diamanti, « Tous contre le Hamas, mais la guerre divise l’Italie. 3 personnes sur 4 veulent une solution à deux États » : « Le sondage mené par l’institut Demos pour la Repubblica montre que 53% des Italiens se disent “très préoccupés” par le conflit au Proche Orient (et 36% sont “assez préoccupés”), une guerre dont ils ont l’impression qu’elle est proche, notamment parce que les technologies de communications abolissent les distances, et que les médias racontent la guerre en direct. De plus, le conflit au Proche Orient s’est ajouté à la guerre en Ukraine, bien plus proche de nos frontières, et qui continue d’être un grand sujet de préoccupation (plus de 80% des italiens se disent “très préoccupés” ou “assez préoccupés” par la situation en Ukraine). De plus, si la condamnation du Hamas est unanime, 44% des italiens souligne qu’Israël a sa part de responsabilité – cette opinion est majoritaire parmi les électeurs de centre-gauche et ceux du M5S (ces derniers mettent en avant la responsabilité d’Israël à 50%). La proportion de la population qui soutient la solution à deux États est largement majoritaire – et 74% des italiens souhaitent arriver à cette solution sans prendre parti. Deux autres groupes se dégagent – quoique dans des proportions bien moindres – ceux du soutien à l’une des deux parties (10% pour l’État Palestinien et 7% pour Israël). Les deux tiers de l'échantillon souhaitent cependant que "le gouvernement reconnaisse l'État palestinien indépendant" afin de faciliter une solution au conflit. 40 % considèrent qu'il est prioritaire de "soutenir Israël, de concert avec les États-Unis et l'Occident". Reste donc une part importante des citoyens (32%) qui souhaite poursuivre les deux solutions, les considérant comme "complémentaires". Les sondés expriment une position en lien avec leur orientation politique : au centre gauche l’importance est donné au soutien à l’État palestinien; alors que le soutien à Israël fait consensus parmi les électeurs de centre droit. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
16:14 | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.