Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

15/11/2023

"Salvini réduit de moitié la durée de la grève."

FI-AN.jpg

Ligue.jpg

M5S.jpg

Italie. Revue de presse. 

La décision du ministère des Transports de réduire la durée de la grève générale organisée par syndicats CGIL et UIL contre la loi de finances est en Une : « Grève, c'est le bras-de-fer : les syndicats désertent la réunion au ministère » (Corriere della Sera), « Salvini part à l'attaque et limite les heures de grève » (La Repubblica), « Salvini réduit de moitié la durée de la grève » (La Stampa) « La grève ne durera que quatre heures » (Il Messaggero). 

COMMENTAIRE, La Repubblica, de S. Folli, « Si le bras de fer n’est que politique » : « Depuis toujours, la relation entre les politiques et les syndicats peut être très délicate. Pendant des années on avait opté pour la concertation, parfois de manière trop optimiste, pour associer les forces syndicales aux décisions économiques. Mais cette période est révolue depuis un moment et nous nous trouvons actuellement face à une crise dangereuse, qui ne profiterait à personne. Le ministre et vice-président du Conseil, Matteo Salvini, a profité de la grève générale annoncée par les syndicats CGIL et UIL (pas par la CISL) pour montrer qu’il est l’homme fort du gouvernement de centre-droit, et non l’usurpatrice au Palais Chigi [Giorgia Meloni]. Il a voulu montrer à son électorat que le ‘’capitano’’ n’a pas perdu de sa superbe et a contribué à politiser cette confrontation. Réquisitionner les chauffeurs dans le secteur des transports est une mesure extrême mais pas exceptionnelle, mais il l’a fait en attisant les tensions sociales, en entament un bras-de-fer avec Landini. Salvini parvient pour cette fois à faire passer au second plan son alliée-rivale et attirer sur lui les lumières médiatiques. Un duel projeté vers les élections régionales et surtout vers les européennes, comme il y en aura bien d’autres d’ici là. La Ligue tente donc d’exploiter l’anxiété et le mécontentement des Italiens face au risque de paralysie du pays, très répandue au sein de l’opinion publique. Pour le secrétaire de la CGIL aussi, l’annonce d’une grève générale est une façon de faire monter la pression dans le conflit social, d’unifier la base des travailleurs, d’affirmer une sorte d’hégémonie culturelle par rapport au bloc Parti démocrate – M5S – Gauche et Verts. Mais si par le passé ce genre de grève avait pour but de déstabiliser le gouvernement voire de le faire tomber, Landini sait pertinemment que ce serait aujourd’hui une grave erreur, qu’il n’entend pas commettre. Il n’a pas intérêt à alimenter la tension et entrer dans le jeu de Salvini, il n’y a pas de bras-de-fer à remporter, mais une grande masse de travailleurs à défendre au mieux. L’Autorité Garante, qui devrait être neutre, a déjà proposé des horaires raisonnables pour la grève des transports. Suivre ses indications serait une manière de revendiquer les motivations du syndicat sans causer une gêne outre-mesure aux citoyens. » 

ENTRETIEN, Libero, de Matteo Salvini, ministre des Transports « Je suis prêt à limiter les heures de grèves pour les transports, ceux qui ne les respecteront pas seront sanctionnés » : « Je demanderai l’interdiction d’arrêter le secteur des transports, sauf de 9 à 13 heures, et à l’exception de celui des avions sur lequel les syndicats avaient déjà fait marche arrière. En tant que ministre des transports, je dois veiller au déplacement de 20 millions d’Italiens, cela relève de ma responsabilité. Le droit de faire grève est sacrosaint, tout comme celui de pouvoir se rendre au travail. L’autorité de garantie compétente a confirmé ce que j’avais proposé : je ne leur ai pas demandé de suspendre la grève mais de réduire les créneaux horaires. Il s’agissait d’un compromis de bon sens qui ne portait préjudice à personne. Je ne permettrai pas que l’Italie soit l’otage d’une minorité politisée. C’est une grève irréelle car il s’agit de la première organisée contre l’augmentation des salaires les plus bas. Ils font grève contre une loi de finances qui ne sera pas parfaite mais qui, comme l’a confirmé la Banque d’Italie, assurera une augmentation des salaires pour un grand nombre de familles. Nous avons augmenté le salaire à 14 millions de travailleurs. Concernant les retraites, des pas en avant ont été faits, comme l’a reconnu le ministre Giorgetti (Ligue). La réforme quota 41 sera adoptée d’ici la fin de la mandature. C’est en fait une grève signée CGIL-Parti démocrate. Peut-être que le secrétaire de la CGIL veut se porter candidat aux élections européennes, on verra. Pendant sa campagne électorale, la Ligue donnera la priorité à l’emploi et à la sécurité : la tutelle des entreprises italiennes et une Europe qui fasse davantage par rapport à ce qui n’a pas été fait ces 4 dernières années : être consciente que le problème de Lampedusa existe. L’Italie ne peut rester seule à gérer les flux migratoires qui provoquent des problèmes, y compris le risque potentiel d’arrivée de terroristes. […] » 

COMMENTAIRE, La Stampa, A. De Angelis « Le cadeau de Salvini à Landini » : « Poussé par l’exigence de trouver une place médiatique dans un paysage accaparé par Meloni, Salvini a fini par faire un gros cadeau à Landini. Sa posture antisyndicale, avec la complicité de l’autorité de garantie, et les attaques aux accents populistes à l’encontre du syndicat CGIL en comparant une grève à une promenade ont déplacé la tension sur un front purement politique. Le sujet est désormais le ‘’comment’’ et pas le ‘’pourquoi’’ de cette grève. En effet, le choix du secrétaire de la CGIL Landini d’organiser une grève dès le mois de juillet alors que la loi de finances n’existait pas, était purement politique. A vrai dire, contrairement à ce que lui reproche Salvini, le syndicalisme italien glisse sur un terrain politique car il a cessé de faire son travail. Contrairement à ses collègues français, allemands ou britanniques, il est devenu une ‘’institution’’ qui veut se mesurer exclusivement dans son rapport avec le gouvernement. Même s’il s’agit d’un dialogue entre sourds. » 

PREMIER PLAN, Sole 24 Ore, de G. Trovati, « Une Loi de finances austère pour les ministères mais expansive pour les bas revenus » : « Les auditions à la Chambre et au Sénat du ministre de l’Economie Giancarlo Giorgetti se sont achevées hier. Répondant aux critiques dénonçant à la fois une rigidité excessive et un laxisme creusant le déficit, il a présenté une Loi de Finances à deux faces : ‘’oui, c’est une Loi de Finances austère puisque nous avons demandé 9,6 milliards sur trois ans aux ministères, mais elle est aussi expansive puisque les deux tiers sont destinés aux revenus moyens et bas’’. Après avoir renoncé à fermer la porte à tout amendement possible, il se montre ouvert à revenir sur la réduction des ressources allouées aux municipalités et aux retraites des médecins en précisant que ‘’si on ajoute des ressources d’un côté, il faudra en retirer d’un autre’’. Le ministre de l’Economie souligne donc la double nature de ce budget, qui tente de tenir compte d’une conjoncture difficile, des taux d’intérêt qui gonflent le coût de la dette, du rétablissement des règles européennes. Le déficit ne sera donc creusé que pour des mesures jugées ‘’indispensables’’ pour les familles en difficulté face à l’inflation malgré une amorce de recul. Le ministre de l’Economie revient également sur les tensions avec les syndicats, ‘’tout à fait légitimes de manifester’’, mais selon lui il est inacceptable de dire que le gouvernement ne protège pas les travailleurs employés’’ puisque c’est à eux que s’adresse ‘’la seule partie expansive’’ du budget, avec la confirmation de ‘’11 milliards d’euros d’allègement des cotisations, 4,6 milliards de réduction de l’IRPEF, 5 milliards pour le renouvellement des contrats des fonctionnaires et 1,6 milliards pour les fringe benefit’’. Cette série de mesures représenteraient donc les ‘’deux tiers du budget de l’Etat’’ 2024. Un coup de pouce qui ne s’adresse en revanche pas aux entreprises : ‘’nous avons moins fait pour elles’’ admet Giorgetti rappelant que les ‘’mesures significatives du RepowerEU sont actuellement au cœur des négociations à Bruxelles’’. Il défend une Loi de Finances se ‘’concentrant inévitablement sur les difficultés présentes’’ et composant avec les ‘’contraintes internes et externes’’. Les demandes de Forza Italia pour une prolongation du bonus écologique n’ont pas beaucoup d’espoir d’aboutir, un bonus qui a encore coûté en octobre 4,2 milliards d’euros aux comptes publics. Autre mesure très coûteuse de ‘’l’âge d’or’’ comme l’appelle Giorgetti : la garantie de l’Etat sur les prêts bancaires qui pèse sur les caisses publiques à hauteur de plusieurs milliards. Sur le plan européen, Giorgetti se dit convaincu que l’Italie est en conformité avec les recommandations de l’UE, avec notamment le maintien du taux de croissance des dépenses primaires sous le seuil des 1,3% et le solde structurel qui s’améliore de 1,1%. Il assure que le ‘’gouvernement est pleinement engagé pour assurer l’ajustement nécessaire à moyen terme’’ à condition que les négociations sur le Pacte de Stabilité n’aboutissent pas à de nouvelles ‘’contraintes empêchant de faire face aux chocs extérieurs comme ceux que nous traversons actuellement’’. » 

ARTICLE, Repubblica, G. Di Feo : « La réforme de Crosetto (Frères d'Italia) pour l'armée italienne : "Créons une réserve prête à se mobiliser" » : « Le monde a changé et les forces armées italiennes doivent se renouveler profondément. Le ministre Guido Crosetto a déclaré aux parlementaires : " Nous devons recommencer à nous préparer au pire scénario possible ". Par beaucoup plus d’investissements pour la défense, car les 2 % du PIB fixés par l'OTAN ne sont aujourd'hui "qu'un point de départ, qui sera d’ailleurs difficile à atteindre à l’avenir ". Avec plus de soldats, en envisageant d'augmenter le nombre de ceux qui sont en service et de créer une réserve de vétérans prêts à être mobilisés sur le modèle israélien ou suisse. Et surtout en changeant la gestion du personnel, car les carrières bureaucratiques récompensent l'ancienneté alors que le métier des armes est fait pour les jeunes. En ce qui concerne l'état de préparation des forces armées, Crosetto a affirmé avoir ‘’trouvé l'armée de l'air en bon état, la marine dans une situation assez bonne, mais l'armée de terre avec de graves manques accumulés au cours des dernières années.‘’ Le ministre a en outre souligné que dans les plans de dépenses, les catégories qui souffrent le plus sont les plus importantes : l'entraînement des militaires et la maintenance, qui seront de plus réduits en 2024 par la révision des dépenses. En ce qui concerne les chars, un programme de plusieurs milliards d’euros a été lancé ‘en toute hâte’, avec la modernisation des Ariete et l'achat de Léopard 2. "Avant l'Ukraine, nous étions concentrés sur des missions de maintien de la paix avec des contingents limités ; nous envisageons maintenant autre chose.“ Le changement de paradigme imposé par l’agression russe a surpris tout le monde : le côté militaire, industriel et technologique. Il suffit de penser à la difficulté des usines européennes à répondre aux demandes de Kiev. Actuellement, la réduction du personnel a été suspendue et une augmentation de 10.000 hommes et femmes a été décrétée. Le ministre craint que cela ne soit pas suffisant. Mais le problème est toujours le même : la disponibilité des fonds. Crosetto a réaffirmé que "le 2 % pour les dépenses militaires ne peut pas devenir un élément de discussion politique : c'est un engagement pris avec l'OTAN par tous les gouvernements précédents. Le raisonnement que l'Italie peut tenir en Europe consiste à dire : il s'agit d'un objectif international partagé et, par conséquent, les investissements ne peuvent pas être en conflit avec d'autres besoins tels que la santé, l'éducation ou le bien-être. C'est pourquoi je pense que nous pouvons demander qu’il ne soit pas inclus dans le pacte de stabilité". Les nouveaux scénarios exigent également la prise en compte d'une "réserve activable dans une guerre comme celle de l'Ukraine". Crosetto a cité le modèle d'Israël, qui a mobilisé 350 000 soldats en quelques jours, et celui de la Suisse neutre, qui peut mobiliser deux fois plus de soldats italiens. »

ARTICLE, Sole 24 Ore « Pacte européen et ratification du MES, Meloni rencontre ses alliés pour une négociation jusqu’au bout avec Bruxelles » : « La réunion convoquée hier par Giorgia Meloni avec ses deux adjoints, A Tajani (Forza Italia) et M. Salvini, et les ministres G. Giorgetti (Economie - Ligue) et R.Fitto (Affaires européennes – Frères d’Italie) a été utile pour faire le point sur les étapes difficiles qui l'attendent d'ici la fin de l'année sur certains dossiers décisifs. A commencer notamment par le nouveau pacte de stabilité. Lors du dernier Conseil Ecofin, le ministre de l'Economie a laissé entendre que l'Italie était prête à maintenir le Pacte en vigueur avant la pandémie, plutôt que d'accepter des règles pénalisantes. Un durcissement destiné à augmenter (du moins dans les intentions du ministre) les marges de négociation avec ses homologues européens. C'est la même approche plusieurs fois répétée par Meloni sur la non-ratification de la réforme du MES par l'Italie (seul pays à ne pas l'avoir approuvée) qui bloque son entrée en vigueur. Ce point a également été évoqué hier lors de la réunion au Palais Chigi. La semaine prochaine, en effet, le sujet du MES devrait être à l'ordre du jour de la Chambre des députés. Mais avec l’ensemble des décrets en attente et risquant d'expirer, le report du débat demandé par l'opposition est déjà acquis. Entretemps, Meloni (et Giorgetti) continueront à négocier les nouvelles règles. Il s'agira d'une négociation tous azimuts qui affectera aussi directement le MES. Meloni a également répété lors du dernier sommet à Bruxelles que le feu vert pour le MES ne pouvait pas arriver sans connaître le contexte, c'est-à-dire le futur pacte de stabilité. En d'autres termes, l'ensemble du « paquet » doit être discuté. Une nouvelle étape importante pourrait être franchie la semaine prochaine à l'occasion de la réunion en tête-à-tête qui se tiendra à Berlin entre Giorgia Meloni et le chancelier allemand Olaf Scholz : il est inévitable que l'attention se porte sur le nouveau Pacte de Stabilité sur lequel les positions restent pour l'instant éloignées. Toujours au cours de cette réunion au Palais Chigi, la question des concessions balnéaires a également été abordée. Aujourd'hui, on attend l'avis motivé de Bruxelles qui indiquera le délai contraignant dans lequel l'Italie sera appelée à répondre. Le chef de la délégation de Frères d’Italie au Parlement européen Carlo Fidanza a expliqué que la discussion avec la Commission européenne était ouverte. La thèse du gouvernement est qu'avec 67 % du littoral libre, il n'y a pas de pénurie de ressources et qu'il est donc possible d'éviter d'appliquer la loi Bolkestein et de remettre les concessions existantes à de nouveaux appels d’offre. Par ailleurs, le gouvernement cherche à obtenir une nouvelle extension, ce qui serait ‘’une première victoire, mais une victoire importante" comme l'a déclaré le ministre des politiques maritimes, Nello Musumeci (Frères d’Italie). »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

Les commentaires sont fermés.