13/11/2023
"C'est précisément pour sécuriser son avenir que le Premier ministre a imaginé l’élection directe du Premier ministre."
Italie. Revue de presse.
Les critiques de la Ligue sur la grève générale organisée par syndicats CGIL et UIL contre la loi de finances sont en Une : « Grève, la Ligue par à l’attaque [des syndicats] » (Corriere della Sera), « Le gouvernement a peur de la grève » (La Repubblica), « Landini veut paralyser l’Italie mais Salvini le bloque » (Giornale). Par ailleurs, les unes mettent en avant les efforts diplomatiques américains pour une trêve entre Israël et le Hamas et la négociation autour des otages qui semble stagner : « Otages, les conditions du Hamas : « Israël doit quitter les hôpitaux » » (La Stampa), « Gaza, inquiétudes autour du sort des otages » (Il Messaggero), « La guerre se fait dans les hôpitaux ; Biden et Xi cherchent une convergence » (Domani).
Les JT couvrent essentiellement la mort d’un nourrisson au Royaume-Uni atteint d’une maladie incurable pour lequel le gouvernement italien avait demandé le maintien en soins intensifs ou le transfert en Italie, la situation des hôpitaux de Gaza et les négociations en cours sur la libération des otages israéliens, et enfin le débat politique soulevé par la Ligue sur la grève générale organisée par syndicats CGIL et UIL.
SONDAGES, La Repubblica, d’I. Diamanti, “Le [régime politique attribuant davantage de prérogatives au chef du gouvernement] plaît moins mais un Italien sur deux est favorable à une élection au suffrage direct [du Président du Conseil] » : « Le climat politique en Italie apparait stable désormais depuis plusieurs mois, tant concernant les tendances électorales que la confiance vis-à-vis du gouvernement et des dirigeants. Des variations légères mais significatives émergent toutefois : la confiance accordée au gouvernement Meloni frôle la majorité absolue (50%), soit 3 points de plus qu’en septembre mais cet indice de confiance n’avait pas été aussi bas depuis le deuxième gouvernement Giuseppe Conte. Les estimations de vote en faveur des différents partis varient très peu et les partis restent très personnifiés autour de la figure du leader. Rien de surprenant donc à ce qu’une large majorité d’Italiens soit favorable à l’élection au suffrage direct du Président du Conseil, comme le prévoit le projet de réforme constitutionnelle approuvé par le gouvernement, qui devra également être approuvé par deux tiers du Parlement, sans quoi il fera l’objet d’une consultation directe des citoyens italiens à travers un référendum. 53% des interrogés se déclarent ‘’d’accord ou tout à fait d’accord’’. A noter toutefois qu’en septembre ils étaient 57% à être favorables. Attention donc à cette majorité incertaine, car ce ne serait pas la première fois qu’une réforme approuvée par le Parlement serait ‘’bloquée’’ par les citoyens qui pourraient en faire un vote de confiance (ou plutôt de censure). Giorgia Meloni a déjà déclaré que, même en cas d’issue négative à ce référendum, elle ne démissionnerait pas. Le parti de Giorgia Meloni, Fratelli d’Italia, reste en tête des sondages malgré un recul constant bien que limité, passant de 30,5% à 28,4% de février à novembre 2023. Il est suivi par le Parti démocrate qui dépasse en novembre 2023 la barre des 20% (contre 17,5% en février). Le Mouvement 5 Etoiles se situe à 16,7% qui recule de 0,5 point par rapport à septembre. La Ligue connait un déclin lent et constant, passant de 8,5% en février à 7,7% en novembre, alors que Forza Italia retrouve une certaine croissance, passant de 6,6% à 7,2% entre septembre et novembre après qu’Antonio Tajani a pris la tête du parti suite à la mort de Berlusconi. Autour du seuil des 3% on retrouve les Verts et la Gauche italienne (3,5%), Azione de Calenda (3,2%) et Italia Viva de Matteo Renzi (3%) avec une inversion des rapports de force puisque puisqu’Azione recule alors qu’Italia Viva monte dans des proportions semblables. Le leader le plus apprécié reste Mario Draghi qui bénéficie de 59% de sympathie, suivi de Giorgia Meloni (50%) et d’Antonio Tajani (43%, en hausse de 3 points depuis septembre). Emma Bonino, du parti +Europa, est quatrième du classement avec une côte de popularité qui passe de 37 à 43% depuis septembre. »
COULISSES, Repubblica, T. Ciriaco : « Manifestations et « large coalition » : Meloni craint l’union des luttes. Des réformes pour essayer de la bloquer » : « Alors qu’elle pensait que cela arriverait encore plus tôt, cela s'est produit par un frais samedi après-midi sur la Piazza del Popolo à Rome. Depuis des mois, le Palais Chigi attendait une « union des luttes » à gauche, après la défaite électorale. Une alliance entre le PD, le M5 et la gauche, ‘bénie’ par le syndicat CGIL. Pressentant ce processus et voyant des signaux alarmants, Giorgia Meloni a décidé de s'exposer. D'accélérer sur l’élection directe du Premier ministre et la loi électorale. Son objectif politique prioritaire est d’empêcher la naissance d'une authentique alliance large, d'une alternative politique qui pourrait être réellement une alternative à son exécutif. Et, aussi, pour bloquer un accord qui impliquerait aussi l’adhésion du troisième pôle. Meloni - et son conseiller Giovanbattista Fazzolari - estiment que la meilleure façon d'y parvenir est d'utiliser les réformes. Il s'agit de saboter - ou du moins de rendre très compliqué - un pacte des oppositions. Quelque chose bouge dans le pays, constate-t-on au Palais Chigi. Les oppositions commencent à agir de manière plus coordonnée. Il y a quelques jours, la majorité a été sauvée au Sénat par deux voix seulement. La marge de la droite n'est pas aussi large et il faut s'attendre à d'autres 'embuscades' dans l'hémicycle. Et puis on entrevoit des sursauts dans la lutte syndicale : les médecins indignés, mais surtout les transports en grève le 17 novembre. La CGIL mène la résistance à la politique du gouvernement autour de la loi de finances, le PD et le M5S soutiennent l'effort. La ligne dure de Matteo Salvini alimente le niveau du conflit. C'est précisément pour sécuriser son avenir que la Première ministre a imaginé l’élection directe du premier ministre, car identifier un candidat commun pour une éventuelle coalition qui irait de la gauche au troisième pôle, est, selon les dirigeants de FDI, bien plus complexe que de garantir le leadership de Meloni à droite. La loi électorale est l'autre pilier de l'opération de boycott de l’« alliance large ». La proposition actuellement à l’étude est de mettre en place un mécanisme qui évite le double tour. Le cas échéant, Meloni autorisera un double seuil : avec 40 % du consensus, celui qui arrive en tête obtiendrait 55 % des sièges. Si personne n'atteint 40 %, une prime sera tout de même déclenchée : avec 33 %, entre 40 et 45 % des députés seront attribués. D'une part, cela oblige le Troisième pôle à choisir, en acceptant une alliance difficile. D'autre part, Calenda et Renzi - ou quiconque se positionnerait au centre - pourraient exploiter un consensus limité pour se rendre indispensable et permettre la naissance d'un gouvernement après le vote, sans être contraints de s'allier avec le PD et le Mouvement 5 étoiles. C'est le sabotage de l’alliance large, qui a commencé il y a quelques semaines, mais qui est devenu plus urgent après la manifestation de Piazza del Popolo. »
COMMENTAIRE, La Stampa, F. Schianchi « Les raisons pour lesquelles, même après le succès de la manifestation de samedi, le chemin pour avoir une grande coalition à gauche est encore long » : « Au lendemain de la manifestation à Rome, la dirigeante du Parti démocrate peut se détendre. La place était pleine et il n’y a eu aucun incident polémique pouvant ternir l’initiative. Par ailleurs, la réponse via les réseaux sociaux de Giorgia Meloni, commençant par un « Chère Elly » – comme si la Présidente du Conseil guettait de près son adversaire – ressemble encore plus à une légitimation, à la reconnaissance du fait que le vrai match politique en Italie se joue entre les deux femmes. Le PD avait besoin d’adresser un signal, de faire comprendre qu’il existe bel et bien et que son peuple est là. Surtout, le PD avait besoin de montrer qu’il est encore le vecteur d’une future alternance. Le tout, maintenant, est de comprendre comment procéder : comment concrétiser les mots de la dirigeante ‘’c’est de cette manifestation que commence une nouvelle phase’’, comment trouver ‘’les convergences avec les autres oppositions’’ et comment réaliser cette large coalition. Ou plutôt cette « juste coalition » dans l’interprétation de Giuseppe Conte. Le chemin est encore long. En effet, les partis centristes ont pris visiblement toute autre voie. Deuxièmement, le dirigeant 5 Etoiles, qui était l’invité spécial de samedi, garde une approche très prudente : le dialogue avec le PD est en cours mais ‘’le M5S ne sera la béquille de quelqu’un’’. Dans la perspective des élections européennes de juin, chacun fera sa campagne en solitaire et tentera de marquer les différences avec les autres pour se distinguer. Il y a compétition souterraine et inévitable entre les dirigeants du PD et du M5S pour diriger la coalition. Sans aller directement aux élections de juin, il ne faut pas oublier les élections régionales qui se tiendront au printemps en Sardaigne, aux Abruzzes, en Basilicate et au Piémont. Le système électoral étant majoritaire et avec un seul tour, les coalitions seront fondamentales. Un accord a en effet déjà été trouvé pour la Sardaigne et les Abruzzes. Comme l’a dit Schlein samedi, il faudra tenter d’impliquer le premier parti italien : celui des abstentionnistes. Pour ce faire, il faudra s’adresser au monde associatif. Le défilé piazza del popolo de ces derniers n’a pas été un hasard. Toutefois, trouver une convergence stable entre les deux principaux partis d’opposition ne sera pas un chemin aisé. »
Giorgia Meloni
ARTICLE, Stampa, D. Ceccarelli, « 180 000 personnes défilent à Paris contre l’antisémitisme. Borne et Le Pen présentes dans le cortège, mais pas Macron. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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